Pourtant, Israël qui a privé au Hamas le droit de faire campagne à Jérusalem, avait permis au plus célèbre prisonnier palestinien, Barghouti, d'y diffuser sa profession de foi. Ce parti-pris de l'Etat hébreu en dit long sur sa préférence. Dans tous les cas, le "tsunami politique" du Hamas s'explique plus par le mécontentement des électeurs que par un discours politique ou un projet de société élaboré.
Au demeurant, les œuvres caritatives et charitables du mouvement de Cheikh Yacine sont reconnues et appréciées à leur juste valeur par les couches déshéritées, victimes des contre-coups du bouclage de Gaza. La solidarité des frères d'Egypte, du prélèvement de la Zakat, l'aumône légale, reversée par des organisations charitables des pays du Golfe et des contributions des militants de la diaspora, ont donné au Hamas la possibilité de joueur un rôle social considérable pour pallier aux difficultés d'existence des couches défavorisées.
Maintenant, comment expliquer le choix des urnes pour une organisation islamiste radicale ? L'éclatant succès obtenu par les frères musulmans en Egypte aux élections législatives du 7 décembre 2005, avec 88 sièges, n'est pas étranger à ce changement d'attitude. D'autant plus que le Hamas est créé en 1987, lors de la première Intifada, à partir du noyau de la section de Fm, fondée en Palestine depuis 1945. Les islamistes sunnites irakiens ont aussi accepté de s'engager dans la bataille politique aux dernières élections législatives du début janvier courant et ont engrangé 55 sièges.
Est-ce que le fait de prendre part aux joutes électorales, ne traduit-il pas une stratégie de rupture par rapport à l'opinion de la lutte armée tous azimuts ? Est-ce pour répondre aux aspirations d'une bonne frange de palestiniens, y compris chez les islamistes, qui jugent irréversible le processus de paix ?
Deux positions contradictoires s'affrontent si l'on en juge par les premières déclarations de quelques responsables du Hamas. D'une part, Mahmoud Zahar, tête de liste à Gaza, a exprimé la volonté de son organisation à poursuivre la lutte armée jusqu'à la victoire finale. Pour lui, le Hamas "ne changerait pas un mot de sa charte" qui ne reconnaît pas à Israël le droit à l'existence. D'autre part, la tête de liste des vainqueurs, Ismail Haniyah, explique leur participation pour "sauvegarder l'unité nationale". Ainsi la guerre civile, tant recherchée par le gouvernement de Sharon, n'aura pas lieu. La cohabitation entre le Fatah et le Hamas semble être désormais privilégiée à l'affrontement entre les brigades d'Izz Din Qasam (Hamas) et des martyrs d'Al Aqsa (Fatah). Peut-être la solution du futur Etat palestinien passera par la collaboration des deux plus importantes composantes palestiniennes.
Quel type de gouvernement pourra prendre en charge la dynamique de paix ? Est-ce dans le cadre d'un gouvernement d'union nationale ? Cette dynamique nous semble s'imposer, car toutes les institutions actuelles de l'autorité palestinienne émanent justement des accords d'Oslo du 13 septembre 1993 et ceux de Taba en 2001 consacrant la "feuille de route". Mais si les islamistes ne se sentent pas liés par ces clauses qu'ils ont toujours dénoncées, ils ont l'obligation morale de respecter les engagements pris par les présidents Yasser Arafat et Mahmoud Abbas. Sur ce point, tous les analystes palestiniens sont unanimes, y compris Azzam al Tamimi, directeur de l'Institut de la pensée islamique. Car, pensent-ils, le fait de prendre part au scrutin suppose en principe l'acceptation du processus de paix.
Il appartient à la Ligue arabe, à l'Union européenne et aux Etats-Unis de faciliter la transition de Hamas et sa transformation, d'un mouvement islamiste armé, en un parti politique acceptant le jeu démocratique et conscient de ses responsabilités historiques dans l'Etat palestinien en construction.
Si le Hamas est classé par l'Union européenne parmi les organisations terroristes et considéré par Israël et les Etats-Unis comme une simple "bande terroriste", l'Olp de Yasser Arafat est passée par cette étape, avant d'être reconnue, solennellement par la communauté internationale, comme "le représentant légitime du peuple palestinien" par l'Assemblée générale de l'Onu en 1974. Afin de hâter le processus de paix, la communauté internationale se doit d'impulser et d'encourager un nouvel esprit de dialogue entre Israël et le prochain gouvernement qui sera dirigé par le Hamas.
Les menaces de sanctions financières de l'Europe et des Etats-Unis à l'égard du prochain gouvernement des islamistes ne nous semblent pas constituer une réponse adéquate à la situation nouvelle. Ce ne sont pas, non plus, des interventions énergiques contre le Hamas ni son isolement diplomatique, préconisés par certains spécialistes occidentaux, qui vont faire évoluer les islamistes. Bien au contraire, il vaut mieux accroître les pressions diplomatiques susceptibles de garantir la sécurité en Palestine et en Israël, tout en maintenant une conséquente aide financière à l'Autorité palestinienne. Car la suspension de l'aide aggravera la crise économique qui recèle tous les facteurs de désœuvrement d'une jeunesse frappée de plein fouet par le chômage et le découragement. Une telle suspension encouragera des actes de violence, surtout des attentats-suicides.
Dans la perspective de conduire à terme le processus de paix, toutes les parties du conflit ont l'obligation de renoncer à la violence et à la provocation. Le terrorisme d'Etat d'Israël visant la destruction d'infrastructures, de maisons des Palestiniens, voire tuer de jeunes enfants à mains nues, est condamnable énergiquement par la communauté internationale.
Aujourd'hui, aucune partie n'a intérêt à saper les fragiles base de la paix, après le retrait unilatéral d'Israël de la bande de Gaza. Acte symbolique qui traduit la volonté d'une partie de la droite israélienne à renoncer au mythique "Eretz Israël", le grand Israël, et la volonté de reconnaître enfin l'inéluctable co-existence entre un Etat hébreu et un Etat palestinien ayant des frontières sûres et internationalement garanties.
La création du parti "Kadima" de Sharon et l'acceptation de Hamas de participer aux élections démocratiques et transparentes qui lui vaut son éclatant succès, préfigurent un changement de vision et de perspectives nouvelles pour le dénouement du conflit israélo-palestinien. Dans cette phase déterminante de l'histoire des relations internationales, les héritiers de Cheik Yacine et de Rentissi vont-ils relever le défi de la paix globale, contribuer à rétablir le capital de confiance, renforcer l'identité collective palestinienne qui a connu une certaine fragmentation depuis la disparition du président Arafat ?
Enfin, le Hamas est condamné à apporter des solutions urgentes au rétablissement de l'ordre public à l'intérieur des territoires et surtout de respecter le droit des minorités chrétiennes, dont une grande partie affirme avoir contribué par leur vote à la victoire des islamistes.
Babacar SAMB Maître-assistant Département d'Arabe Flsh - Ucad
Au demeurant, les œuvres caritatives et charitables du mouvement de Cheikh Yacine sont reconnues et appréciées à leur juste valeur par les couches déshéritées, victimes des contre-coups du bouclage de Gaza. La solidarité des frères d'Egypte, du prélèvement de la Zakat, l'aumône légale, reversée par des organisations charitables des pays du Golfe et des contributions des militants de la diaspora, ont donné au Hamas la possibilité de joueur un rôle social considérable pour pallier aux difficultés d'existence des couches défavorisées.
Maintenant, comment expliquer le choix des urnes pour une organisation islamiste radicale ? L'éclatant succès obtenu par les frères musulmans en Egypte aux élections législatives du 7 décembre 2005, avec 88 sièges, n'est pas étranger à ce changement d'attitude. D'autant plus que le Hamas est créé en 1987, lors de la première Intifada, à partir du noyau de la section de Fm, fondée en Palestine depuis 1945. Les islamistes sunnites irakiens ont aussi accepté de s'engager dans la bataille politique aux dernières élections législatives du début janvier courant et ont engrangé 55 sièges.
Est-ce que le fait de prendre part aux joutes électorales, ne traduit-il pas une stratégie de rupture par rapport à l'opinion de la lutte armée tous azimuts ? Est-ce pour répondre aux aspirations d'une bonne frange de palestiniens, y compris chez les islamistes, qui jugent irréversible le processus de paix ?
Deux positions contradictoires s'affrontent si l'on en juge par les premières déclarations de quelques responsables du Hamas. D'une part, Mahmoud Zahar, tête de liste à Gaza, a exprimé la volonté de son organisation à poursuivre la lutte armée jusqu'à la victoire finale. Pour lui, le Hamas "ne changerait pas un mot de sa charte" qui ne reconnaît pas à Israël le droit à l'existence. D'autre part, la tête de liste des vainqueurs, Ismail Haniyah, explique leur participation pour "sauvegarder l'unité nationale". Ainsi la guerre civile, tant recherchée par le gouvernement de Sharon, n'aura pas lieu. La cohabitation entre le Fatah et le Hamas semble être désormais privilégiée à l'affrontement entre les brigades d'Izz Din Qasam (Hamas) et des martyrs d'Al Aqsa (Fatah). Peut-être la solution du futur Etat palestinien passera par la collaboration des deux plus importantes composantes palestiniennes.
Quel type de gouvernement pourra prendre en charge la dynamique de paix ? Est-ce dans le cadre d'un gouvernement d'union nationale ? Cette dynamique nous semble s'imposer, car toutes les institutions actuelles de l'autorité palestinienne émanent justement des accords d'Oslo du 13 septembre 1993 et ceux de Taba en 2001 consacrant la "feuille de route". Mais si les islamistes ne se sentent pas liés par ces clauses qu'ils ont toujours dénoncées, ils ont l'obligation morale de respecter les engagements pris par les présidents Yasser Arafat et Mahmoud Abbas. Sur ce point, tous les analystes palestiniens sont unanimes, y compris Azzam al Tamimi, directeur de l'Institut de la pensée islamique. Car, pensent-ils, le fait de prendre part au scrutin suppose en principe l'acceptation du processus de paix.
Il appartient à la Ligue arabe, à l'Union européenne et aux Etats-Unis de faciliter la transition de Hamas et sa transformation, d'un mouvement islamiste armé, en un parti politique acceptant le jeu démocratique et conscient de ses responsabilités historiques dans l'Etat palestinien en construction.
Si le Hamas est classé par l'Union européenne parmi les organisations terroristes et considéré par Israël et les Etats-Unis comme une simple "bande terroriste", l'Olp de Yasser Arafat est passée par cette étape, avant d'être reconnue, solennellement par la communauté internationale, comme "le représentant légitime du peuple palestinien" par l'Assemblée générale de l'Onu en 1974. Afin de hâter le processus de paix, la communauté internationale se doit d'impulser et d'encourager un nouvel esprit de dialogue entre Israël et le prochain gouvernement qui sera dirigé par le Hamas.
Les menaces de sanctions financières de l'Europe et des Etats-Unis à l'égard du prochain gouvernement des islamistes ne nous semblent pas constituer une réponse adéquate à la situation nouvelle. Ce ne sont pas, non plus, des interventions énergiques contre le Hamas ni son isolement diplomatique, préconisés par certains spécialistes occidentaux, qui vont faire évoluer les islamistes. Bien au contraire, il vaut mieux accroître les pressions diplomatiques susceptibles de garantir la sécurité en Palestine et en Israël, tout en maintenant une conséquente aide financière à l'Autorité palestinienne. Car la suspension de l'aide aggravera la crise économique qui recèle tous les facteurs de désœuvrement d'une jeunesse frappée de plein fouet par le chômage et le découragement. Une telle suspension encouragera des actes de violence, surtout des attentats-suicides.
Dans la perspective de conduire à terme le processus de paix, toutes les parties du conflit ont l'obligation de renoncer à la violence et à la provocation. Le terrorisme d'Etat d'Israël visant la destruction d'infrastructures, de maisons des Palestiniens, voire tuer de jeunes enfants à mains nues, est condamnable énergiquement par la communauté internationale.
Aujourd'hui, aucune partie n'a intérêt à saper les fragiles base de la paix, après le retrait unilatéral d'Israël de la bande de Gaza. Acte symbolique qui traduit la volonté d'une partie de la droite israélienne à renoncer au mythique "Eretz Israël", le grand Israël, et la volonté de reconnaître enfin l'inéluctable co-existence entre un Etat hébreu et un Etat palestinien ayant des frontières sûres et internationalement garanties.
La création du parti "Kadima" de Sharon et l'acceptation de Hamas de participer aux élections démocratiques et transparentes qui lui vaut son éclatant succès, préfigurent un changement de vision et de perspectives nouvelles pour le dénouement du conflit israélo-palestinien. Dans cette phase déterminante de l'histoire des relations internationales, les héritiers de Cheik Yacine et de Rentissi vont-ils relever le défi de la paix globale, contribuer à rétablir le capital de confiance, renforcer l'identité collective palestinienne qui a connu une certaine fragmentation depuis la disparition du président Arafat ?
Enfin, le Hamas est condamné à apporter des solutions urgentes au rétablissement de l'ordre public à l'intérieur des territoires et surtout de respecter le droit des minorités chrétiennes, dont une grande partie affirme avoir contribué par leur vote à la victoire des islamistes.
Babacar SAMB Maître-assistant Département d'Arabe Flsh - Ucad