UNE TRANSITION QUI S'IMPLANTE !

Une Transition qui s'implante !

De son vivant, le roi Hassan II du Maroc avait « institué » une méthode ingénieuse pour préparer le règne de son successeur. Tous les excellents élèves du Royaume étaient sélectionnés et inscrits au collège royal. Ils bénéficiaient ainsi, à côté du prince, de cours dispensés par les meilleurs professeurs venant de tous les horizons. A la fin de leur cursus universitaire, ils sont immédiatement insérés dans les administrations.

Dès l'intronisation de Mohamed VI, celui-ci pouvait déjà compter sur une Administration que ses amis du collège royal avaient domptée. Il maîtrisa ainsi tous les rouages administratifs grâce à son réseau de relations que son père avait minutieusement tissé. On serait tenté de croire que ce scénario explique l'attitude de l'équipe de la Transition qui s'agite actuellement dans tous les sens.

Il a été procédé à d'importantes nominations individuelles lors des deux derniers conseils de ministres. Tous les grands services administratifs ont été touchés. Pourtant le Cmjd et le gouvernement de Transition auraient pu procéder à ces changements il y a longtemps, au moment où tout le monde pensait, à juste titre, que l'Administration est truffée d'anciens acolytes du régime déchu et que rien de nouveau ne pouvait être construit sans leur éviction préalable.



Il avait fait la sourde oreille avant d'entamer, finalement, une cure administrative qui avait touché les Walis et les Hakems. Mais cette cure n'a guère d'importance, si ce n'est sur le plan formel, puisque la campagne référendaire a démontré que la notion de neutralité est une chimère chez nous.

Des Walis avaient ostensiblement fait campagne en faveur du oui. Cela prouve que le Cmjd avait pêché dans la même mare que Ould Taya. Aucune différence entre ceux-ci et ceux là, ceux qui entrent et ceux qui sortent. Comment expliquer alors l'empressement des autorités de Transition à laisser leurs empruntes où bon leur semble ? Une seule chose est certaine : ces nouvelles nominations ne sont pas le résultat du souci d'assainir l'Administration. La seule intention qui semble les animer est la volonté manifeste de l'équipe de Transition d'étendre ses tentacules. Chaque ministre avait dans sa poche une liste de parents à caser quelque part et c'est le moment, ou jamais, de passer à l'action. Auparavant on avait étudié soigneusement qui était acquis aux causes des autorités du moment et qui ne l'étaient pas.

On entrevoit clairement à quoi ressemblera notre pays après Mars 2007. Rien d'autre qu'un prolongement de la Transition, de la même manière que celle-ci n'a été qu'une suite du Tayisme. Autant donc s'empêcher de rêver dès à présent pour ne pas être pris par les déceptions amères des lendemains déchanteurs. Faites donc vos jeux Mesdames et Messieurs et ne pensez pas au futur gouvernement. Il ne pourra réaliser rien de substantiel et sera en perpétuel danger puisque le collège de la Transition œuvre à miner le terrain et à l'occuper largement. Cette Transition là survivra aux transitaires. Ne vous méprenez pas ! Demain nous vivrons sous le règne du Duplicata-Transition ou Transition-Bis. Et la vie continuera de plus belle avec tous les dysfonctionnements déjà connus.

Des administrateurs loin des réalités des citoyens qui ont l'extraordinaire don de transformer leurs bureaux en des domiciles. Faites un tour dans les ministères et voyez ce qui s'y passe. Des secrétaires occupées à naviguer sur le net, des chefs de service toujours au téléphone…et des factures salées sur le compte de l'Etat. Dans les hôpitaux le même désordre : des médecins urgentistes jamais en place, des infirmières qui se dandinent se croyant en défilé de mode.

Lorsque le Colonel-Président prétend que toute anomalie serait corrigée, qu'entend-il par anomalie ? Seulement des détournements de deniers publics ??? Non Monsieur le Président. Des fonctionnaires occupés à tout sauf à la mission qui leur est assignée, des citoyens qui courent désespérément après leurs droits, des hommes d'affaires qui dictent la conduite à tenir au gouvernement, des procédures judiciaires irrégulières, des prisonniers inhumainement traités, une justice à deux poids deux mesures, une urbanisation anarchique, une archaïque circulation routière, et j'en passe, sont aussi des anomalies et non des moindres.

Il est triste de remarquer qu'elles ont la vie dure. Plus triste encore de constater qu'on préfère toujours les dénoncer sans les combattre. Nous voulons croire que tout ira bien demain. Mais hélas les agissements sournois de votre Transition nous en empêchent. Naturellement nous restons convaincus qu'un jour, tôt ou tard, la Mauritanie connaîtra des perspectives meilleures. Elle en a les potentialités à travers ses richesses naturelles. Tout ce qui lui fait défaut ce sont ses ressources humaines. On ne peut pas étouffer éternellement une Nation en gardant dans l'ombre ses éléments progressistes. Ils émergeront, bon gré mal gré et avec eux jaillira à jamais la lumière !

Yassa Moussa

Note: Info source : L'Information (Mauritanie)