Comme on s'y attendait, les procès-verbaux d'enquêtes préliminaires des cinq détenus connus couramment sous le nom de « détenus de la Constitution », colonel Ould Lekwar et compagnie, ont révélé l'existence d'un plan de déstabilisation piloté à partir de sa retraite à Doha par l'ancien président de la République, Maaouiya Ould Sid'Ahmed Taya, renversé le 3 août dernier par son entourage alors qu'il présentait ses obsèques aux autorités saoudiennes.
Ces PV soulèvent plusieurs points sensibles. Entre autres, les enquêteurs ont révélé que l'arrestation des exécutants est intervenu à un moment crucial alors que le plan de déstabilisation était arrivé à sa dernière phase. N'eût été le coup de fil salvateur d'un officier impliqué dans l'affaire et qui au dernier moment avait décidé d'avertir le Chef de l'Etat, le colonel Ely Ould Mohamed Vall, le coup aurait été déclenché à la date fixée.
L'enquête supervisée par le directeur de la police politique, en compagnie de plusieurs civils, d'officiers de l'Etat major de la gendarmerie nationale, et de quelques militaires, s'est heurtée à un mur d'interrogations, les enquêteurs n'étant pas parvenu à percer tous les contours de ce sombre dossier. Il a été cependant noté que sans contestation, les cellules les plus importantes de ce complot restent contrôlées par l'ancien président Ould Taya, qui s'est abstenu de livrer leurs noms aux éxécutants en attendant l'heure ultime précédant l'opération. Il s'agit globalement d'officiers de la garde présidentielle et de l'Etat-major des Forces Armées, sans compter quelques unités militaires en service à l'intérieur du pays.
Ahmed Ould Saleck, président de Démocratie Sans Frontière, considéré comme le cerveau du groupe actuellement en détention, aurait déclaré durant son interrogatoire, que l'opération a commencé réellement à prendre forme à partir de la mi-avril dernière, sur demande expresse de l'ancien président Ould Taya, réfugié au Qatar. Il a indiqué que trois groupes principaux devaient finaliser le coup d'Etat. Après des débats houleux, il a été convenu, selon lui, de circonscrire l'action à la capitale Nouakchott , de prendre contact ensuite avec les unités de l'intérieur pour les informer de la réussite du coup et les associer par la suite dans la conduite des affaires du pays.
Le premier groupe a été confié au commandant Mohamed Ould Salem, natif des années soixante, originaire du Ksar, en service avant son interpellation, à la 6ème Région Militaire. Il s'agit du groupe le plus dangereux qui comprendrait plusieurs officiers aux grades divers. Cette unité aurait été chargée de neutraliser l'Etat-major des Forces Armées, le Bataillon des Blindés, la radio et la télévision, mais aussi de bloquer les sorties de la Capitale pour empêcher toute fuite. Elle était également chargée de la coordination avec le 3ème groupe, appelée par les enquêteurs « Groupe du Président ».
Le deuxième groupe serait commandé par l'ex-colonel Abderrahmane Ould Lekwar, ancien Directeur de la Marine Nationale, dernièrement Conseiller à la Défense Nationale. Il aurait été choisi parmi les plus proches et serait chargé du financement de toutes les actions, selon les procès-verbaux. Sa mission était la surveillance des trois plus importantes figures du Conseil Militaire pour la Justice et la Démocratie, et cela d'une manière journalière, pour pouvoir les neutraliser dès le déclenchement des opérations qui aurait été prévue le 26 juin 2006.
Ce groupe avait aussi pour rôle la surveillance du colonel Mohamed Ould Abdel Aziz, qui comme dans ses habitudes ne déroge jamais à son jogging matinal, mais aussi le colonel Abderrahmane Ould Boubacar, Chef d'Etat-major des Forces Armées Nationales qui effectue toujours ses prières de Sobh et Icha dans une mosquée bien connue. Cette surveillance s'étendait aussi au Directeur général de la Sûreté nationale, le colonel Mohamed Ould Ghazwani, qu'il fallait tenir discrètement à l'œil, en attendant le signal pour le neutraliser en même temps que les autres, signal dont seul Ould Taya, Mohamed Ould Salem et quelques officiers, connaissaient le timing.
Enfin, le troisième groupe ou «Groupe du Président », dont les détenus qui sont passés aux aveux, déclarent ne connaître que très peu. Tout ce qu'ils savent, c'est que ce groupe était chargé de neutraliser le Président du CMJD, le colonel Ely Ould Mohamed Vall dans l'enceinte du Palais. Il devait aussi annoncer la réussite du coup d'Etat, en coordination avec le commandant Mohamed Ould Salem, le chef du groupe n°1, contacter les unités basées à l'intérieur et quelques membres du CMJD de peu d'envergure, selon les termes des P.V.
Scénarios
Selon les procès-verbaux d'enquête, Ould Taya avait confié à chaque groupe le soin de peaufiner un plan d'action et de le lui envoyer afin qu'il mette sur pied un plan global et définitif. Parmi les plans qui auraient le plus suscité son intérêt, celui présenté par le groupe n°1, notamment le Plan du 26 ou du 30 août 2006, qui devait être exécuté aux environs de 7 heures du matin, après la neutralisation des trois plus importants éléments du CMJD. Aussitôt après, une unité d'appui relevant de ce groupe devait contrôler l'Etat-major des Forces Armées nationales et les Blindés, au même moment où le «Groupe du Président» neutralisait le colonel Ely Ould Mohamed Vall, après avoir écarté du circuit le colonel Ould Abdel Aziz.
Ould Taya aurait par contre rejeté le Plan présenté par le groupe du colonel Abderrahmane Ould Lekwar. Celui-ci proposait l'arrestation des membres du CMJD au cours d'une de leurs réunions ordinaires. Ahmed Ould Saleck aurait expliqué ce refus en soutenant que « peut-être Ould Taya ne voulait pas arrêter certains membres du CMJD qui seraient de son bord ».
Mais ce qui semble surtout avoir retenu l'attention des enquêteurs, ce serait cette hargne de Ahmed Ould Saleck à minimiser le rôle de Mini Ould Lekwar, le fils du colonel Ould Lekwar, et de Mohamed Ould Mohamed Ali, l'ex-ambassadeur de la Mauritanie à l'Unesco. Ces derniers seraient à ses yeux incapables de suivre l'opération, alors que le collectif décidait d'un commun accord d'écarter l'ex-colonel Ould Vaïda, jugé peu sûr.
Selon Ould Saleck «Yahya Ould Lekwar (Mini) a été mis à la touche. On l'a jugé trop jeune et tout juste sorti de l'adolescence pour pouvoir supporter le poids d'une telle responsabilité qui requiert de l'endurance, de la patience mais surtout de l'expérience, toutes qualités qu'il n'avait pas, ni lui, ni Mohamed Ould Mohamed Ali, ce qui a finalement poussé les groupes à se suffire des militaires ».
Il aurait soutenu par ailleurs que pour le cas de Ould Vaida, il était prévu qu'il joue le rôle du colonel Ould Lekwar, seulement le commandant Mohamed Ould Salem avait indiqué qu'il ne le connaissait pas bien et qu'il ne pouvait lui faire confiance, surtout dans ce genre d'action. Ainsi, il a été décidé de l'éloigner de l'opération avec une extrême méfiance.
Pourtant, les enquêtes se sont focalisées sur le jeune Yahya Ould Lekwar, surtout qu'il était chargé de pister le colonel Abderrahmane Ould Boubacar. La mémoire de son portable contenait également plusieurs numéros de téléphones extérieur, en particulier ceux de son épouse qui se trouvait en Espagne ainsi que ceux son beau-père, mais aussi d'autres numéros du Maroc ainsi que celui d'un policier en service dans une ambassade au Mali.
Précautions sécuritaires
Ahmed Ould Saleck a reconnu également devant les enquêteurs, que l'ancien Président Ould Taya avait pris des précautions sur le plan sécuritaire et ne leur parlait qu'après qu'ils aient prononcé le mot de passe «3777 ». Il a aussi affirmé l'avoir informé dès l'interpellation du colonel Ould Lekwar, ce qui pourrait le pousser à prendre encore plus de précautions.
Cependant, tous les détenus ont soutenu n'avoir aucune idée des taupes composant le Groupe du Président Ould Taya, ces fantassins sur lesquels il semble s'appuyer et qui se trouveraient à la Présidence de la République, ni sur les commandants d'unités à l'intérieur. Il a été aussi noté que Ould Taya était soumis à une surveillance rapprochée de la part des autorités qataries et il se rabattait souvent sur des numéros internationaux pris aux Emirats ou ceux de son épouse domiciliés en France.
Importances particulières
L'un des détenus aurait soutenu que Ould Taya et son épouse étaient extrêmement intéressés par tout ce qui se passait en Mauritanie. Aïcha Mint Tolba demandait ainsi souvent des nouvelles du parti républicain, du degré de cohésion qui existerait encore en son sein après les nombreuses défections qu'il avait enregistrées, sur sa capacité politique et sur ses relations avec les nouvelles autorités.
De son côté, Ould Taya se serait beaucoup intéressé sur les divergences qui existeraient entre le colonel Abderrahmane Ould Boubacar et le colonel Mohamed Ould Ghazwani et se demandait souvent sur les opportunités qu'avait ce dernier à être nommé à la tête de l'Etat-major des Forces Armées. Il téléphonait très souvent, utilisait beaucoup Internet pour envoyer des mails à des personnalités importantes du pays.
Par contre les détenus auraient nié avoir pris connaissance d'un quelconque appui étranger à l'opération envisagé, soutenant que les appels importants étaient du ressort de Ould Taya et qu'il était le seul à détenir des informations sur ce plan.
Informations floues
Ainsi, les informations concernant l'ancien président de la République continuent de nourrir la polémique, certains trouvant bizarre son entêtement à penser à revenir au pouvoir, même de la part des plus proches de son cercle. De même, les enquêteurs se trouvent incapables de démasquer les cellules dormantes au sein du Palais présidentiel, tout comme les chefs d'unités impliqués dans l'opération. Il n'est pas ainsi écarté que les leaders militaires mettent au point un plan de filtrage pour mettre à l'écart tous ceux qui pourraient être soupçonnés pour éviter le scénario qui vient d'être démantelé et son activation dans les mois à venir.
Les dossiers des interrogatoires des cinq détenus posent ainsi plusieurs questions : quelle est cette puissance étrangère qui a assez d'intérêt pour que le pays retourne à la situation d'avant 3 août 2005 ? Existe-t-il réellement des auxiliaires de Ould Taya au sein du CMJD ? Pourquoi le ministère de l'Intérieur a choisi de leurrer les leaders politiques lors de la première rencontre organisation à leur intention après les premières arrestations ? Les jours à venir sont-ils porteurs d'avantage d'éclaircissement sur une énigme qui continue de nourrir les appréhensions et les commentaires ?
Il faut juste souligner que ces éléments d'analyse traités dans cet article ont été repris de l'agence d'information Al Akhbar, sur la base des procès-verbaux qu'elle affirme avoir parcouru. La source rapporte en dernier lieu que les cinq détenus ont refusé de signer les procès-verbaux d'interrogatoires qui leur ont été présenté et que seul le directeur de la Sûreté d'Etat aurait paraphé.
Ces PV soulèvent plusieurs points sensibles. Entre autres, les enquêteurs ont révélé que l'arrestation des exécutants est intervenu à un moment crucial alors que le plan de déstabilisation était arrivé à sa dernière phase. N'eût été le coup de fil salvateur d'un officier impliqué dans l'affaire et qui au dernier moment avait décidé d'avertir le Chef de l'Etat, le colonel Ely Ould Mohamed Vall, le coup aurait été déclenché à la date fixée.
L'enquête supervisée par le directeur de la police politique, en compagnie de plusieurs civils, d'officiers de l'Etat major de la gendarmerie nationale, et de quelques militaires, s'est heurtée à un mur d'interrogations, les enquêteurs n'étant pas parvenu à percer tous les contours de ce sombre dossier. Il a été cependant noté que sans contestation, les cellules les plus importantes de ce complot restent contrôlées par l'ancien président Ould Taya, qui s'est abstenu de livrer leurs noms aux éxécutants en attendant l'heure ultime précédant l'opération. Il s'agit globalement d'officiers de la garde présidentielle et de l'Etat-major des Forces Armées, sans compter quelques unités militaires en service à l'intérieur du pays.
Ahmed Ould Saleck, président de Démocratie Sans Frontière, considéré comme le cerveau du groupe actuellement en détention, aurait déclaré durant son interrogatoire, que l'opération a commencé réellement à prendre forme à partir de la mi-avril dernière, sur demande expresse de l'ancien président Ould Taya, réfugié au Qatar. Il a indiqué que trois groupes principaux devaient finaliser le coup d'Etat. Après des débats houleux, il a été convenu, selon lui, de circonscrire l'action à la capitale Nouakchott , de prendre contact ensuite avec les unités de l'intérieur pour les informer de la réussite du coup et les associer par la suite dans la conduite des affaires du pays.
Le premier groupe a été confié au commandant Mohamed Ould Salem, natif des années soixante, originaire du Ksar, en service avant son interpellation, à la 6ème Région Militaire. Il s'agit du groupe le plus dangereux qui comprendrait plusieurs officiers aux grades divers. Cette unité aurait été chargée de neutraliser l'Etat-major des Forces Armées, le Bataillon des Blindés, la radio et la télévision, mais aussi de bloquer les sorties de la Capitale pour empêcher toute fuite. Elle était également chargée de la coordination avec le 3ème groupe, appelée par les enquêteurs « Groupe du Président ».
Le deuxième groupe serait commandé par l'ex-colonel Abderrahmane Ould Lekwar, ancien Directeur de la Marine Nationale, dernièrement Conseiller à la Défense Nationale. Il aurait été choisi parmi les plus proches et serait chargé du financement de toutes les actions, selon les procès-verbaux. Sa mission était la surveillance des trois plus importantes figures du Conseil Militaire pour la Justice et la Démocratie, et cela d'une manière journalière, pour pouvoir les neutraliser dès le déclenchement des opérations qui aurait été prévue le 26 juin 2006.
Ce groupe avait aussi pour rôle la surveillance du colonel Mohamed Ould Abdel Aziz, qui comme dans ses habitudes ne déroge jamais à son jogging matinal, mais aussi le colonel Abderrahmane Ould Boubacar, Chef d'Etat-major des Forces Armées Nationales qui effectue toujours ses prières de Sobh et Icha dans une mosquée bien connue. Cette surveillance s'étendait aussi au Directeur général de la Sûreté nationale, le colonel Mohamed Ould Ghazwani, qu'il fallait tenir discrètement à l'œil, en attendant le signal pour le neutraliser en même temps que les autres, signal dont seul Ould Taya, Mohamed Ould Salem et quelques officiers, connaissaient le timing.
Enfin, le troisième groupe ou «Groupe du Président », dont les détenus qui sont passés aux aveux, déclarent ne connaître que très peu. Tout ce qu'ils savent, c'est que ce groupe était chargé de neutraliser le Président du CMJD, le colonel Ely Ould Mohamed Vall dans l'enceinte du Palais. Il devait aussi annoncer la réussite du coup d'Etat, en coordination avec le commandant Mohamed Ould Salem, le chef du groupe n°1, contacter les unités basées à l'intérieur et quelques membres du CMJD de peu d'envergure, selon les termes des P.V.
Scénarios
Selon les procès-verbaux d'enquête, Ould Taya avait confié à chaque groupe le soin de peaufiner un plan d'action et de le lui envoyer afin qu'il mette sur pied un plan global et définitif. Parmi les plans qui auraient le plus suscité son intérêt, celui présenté par le groupe n°1, notamment le Plan du 26 ou du 30 août 2006, qui devait être exécuté aux environs de 7 heures du matin, après la neutralisation des trois plus importants éléments du CMJD. Aussitôt après, une unité d'appui relevant de ce groupe devait contrôler l'Etat-major des Forces Armées nationales et les Blindés, au même moment où le «Groupe du Président» neutralisait le colonel Ely Ould Mohamed Vall, après avoir écarté du circuit le colonel Ould Abdel Aziz.
Ould Taya aurait par contre rejeté le Plan présenté par le groupe du colonel Abderrahmane Ould Lekwar. Celui-ci proposait l'arrestation des membres du CMJD au cours d'une de leurs réunions ordinaires. Ahmed Ould Saleck aurait expliqué ce refus en soutenant que « peut-être Ould Taya ne voulait pas arrêter certains membres du CMJD qui seraient de son bord ».
Mais ce qui semble surtout avoir retenu l'attention des enquêteurs, ce serait cette hargne de Ahmed Ould Saleck à minimiser le rôle de Mini Ould Lekwar, le fils du colonel Ould Lekwar, et de Mohamed Ould Mohamed Ali, l'ex-ambassadeur de la Mauritanie à l'Unesco. Ces derniers seraient à ses yeux incapables de suivre l'opération, alors que le collectif décidait d'un commun accord d'écarter l'ex-colonel Ould Vaïda, jugé peu sûr.
Selon Ould Saleck «Yahya Ould Lekwar (Mini) a été mis à la touche. On l'a jugé trop jeune et tout juste sorti de l'adolescence pour pouvoir supporter le poids d'une telle responsabilité qui requiert de l'endurance, de la patience mais surtout de l'expérience, toutes qualités qu'il n'avait pas, ni lui, ni Mohamed Ould Mohamed Ali, ce qui a finalement poussé les groupes à se suffire des militaires ».
Il aurait soutenu par ailleurs que pour le cas de Ould Vaida, il était prévu qu'il joue le rôle du colonel Ould Lekwar, seulement le commandant Mohamed Ould Salem avait indiqué qu'il ne le connaissait pas bien et qu'il ne pouvait lui faire confiance, surtout dans ce genre d'action. Ainsi, il a été décidé de l'éloigner de l'opération avec une extrême méfiance.
Pourtant, les enquêtes se sont focalisées sur le jeune Yahya Ould Lekwar, surtout qu'il était chargé de pister le colonel Abderrahmane Ould Boubacar. La mémoire de son portable contenait également plusieurs numéros de téléphones extérieur, en particulier ceux de son épouse qui se trouvait en Espagne ainsi que ceux son beau-père, mais aussi d'autres numéros du Maroc ainsi que celui d'un policier en service dans une ambassade au Mali.
Précautions sécuritaires
Ahmed Ould Saleck a reconnu également devant les enquêteurs, que l'ancien Président Ould Taya avait pris des précautions sur le plan sécuritaire et ne leur parlait qu'après qu'ils aient prononcé le mot de passe «3777 ». Il a aussi affirmé l'avoir informé dès l'interpellation du colonel Ould Lekwar, ce qui pourrait le pousser à prendre encore plus de précautions.
Cependant, tous les détenus ont soutenu n'avoir aucune idée des taupes composant le Groupe du Président Ould Taya, ces fantassins sur lesquels il semble s'appuyer et qui se trouveraient à la Présidence de la République, ni sur les commandants d'unités à l'intérieur. Il a été aussi noté que Ould Taya était soumis à une surveillance rapprochée de la part des autorités qataries et il se rabattait souvent sur des numéros internationaux pris aux Emirats ou ceux de son épouse domiciliés en France.
Importances particulières
L'un des détenus aurait soutenu que Ould Taya et son épouse étaient extrêmement intéressés par tout ce qui se passait en Mauritanie. Aïcha Mint Tolba demandait ainsi souvent des nouvelles du parti républicain, du degré de cohésion qui existerait encore en son sein après les nombreuses défections qu'il avait enregistrées, sur sa capacité politique et sur ses relations avec les nouvelles autorités.
De son côté, Ould Taya se serait beaucoup intéressé sur les divergences qui existeraient entre le colonel Abderrahmane Ould Boubacar et le colonel Mohamed Ould Ghazwani et se demandait souvent sur les opportunités qu'avait ce dernier à être nommé à la tête de l'Etat-major des Forces Armées. Il téléphonait très souvent, utilisait beaucoup Internet pour envoyer des mails à des personnalités importantes du pays.
Par contre les détenus auraient nié avoir pris connaissance d'un quelconque appui étranger à l'opération envisagé, soutenant que les appels importants étaient du ressort de Ould Taya et qu'il était le seul à détenir des informations sur ce plan.
Informations floues
Ainsi, les informations concernant l'ancien président de la République continuent de nourrir la polémique, certains trouvant bizarre son entêtement à penser à revenir au pouvoir, même de la part des plus proches de son cercle. De même, les enquêteurs se trouvent incapables de démasquer les cellules dormantes au sein du Palais présidentiel, tout comme les chefs d'unités impliqués dans l'opération. Il n'est pas ainsi écarté que les leaders militaires mettent au point un plan de filtrage pour mettre à l'écart tous ceux qui pourraient être soupçonnés pour éviter le scénario qui vient d'être démantelé et son activation dans les mois à venir.
Les dossiers des interrogatoires des cinq détenus posent ainsi plusieurs questions : quelle est cette puissance étrangère qui a assez d'intérêt pour que le pays retourne à la situation d'avant 3 août 2005 ? Existe-t-il réellement des auxiliaires de Ould Taya au sein du CMJD ? Pourquoi le ministère de l'Intérieur a choisi de leurrer les leaders politiques lors de la première rencontre organisation à leur intention après les premières arrestations ? Les jours à venir sont-ils porteurs d'avantage d'éclaircissement sur une énigme qui continue de nourrir les appréhensions et les commentaires ?
Il faut juste souligner que ces éléments d'analyse traités dans cet article ont été repris de l'agence d'information Al Akhbar, sur la base des procès-verbaux qu'elle affirme avoir parcouru. La source rapporte en dernier lieu que les cinq détenus ont refusé de signer les procès-verbaux d'interrogatoires qui leur ont été présenté et que seul le directeur de la Sûreté d'Etat aurait paraphé.