SENEGAL : CRISE CASAMANÇAISE LAURENT GBAGBO RECUPERE SALIF SADIO

L’adversité qui oppose le chef de l’Etat sénégalais, le Président Abdoulaye Wade à son homologue ivoirien, Laurent Gbagbo, connaîtrait un nouveau développement. Après les déclarations et le soutien à un Sénégalais recherché pour tentative de coup d’Etat, c’est au tour de Salif Sadio de rejoindre le camp de Gbagbo. Le chef d’Atika a quitté la Gambie à bord d’un avion. Selon plusieurs sources, il est depuis quatre jours l’hôte du maître d’Abidjan. Information qui n’a pas été confirmée de source officielle mais qui, selon plusieurs agents et responsables de sécurité, ne souffre d’aucun doute.
La crise qui, depuis plus de vingt ans, perdure dans la région sud du pays, risque, dans les semaines ou les mois à venir, de connaître une nouvelle tournure.

Contrairement au vœu des populations casamançaises qui réclament la fin des hostilités qui ont trop endeuillé le Sénégal, Salif Sadio, le chef de la rébellion armée casamançaise a décidé de faire perdurer la souffrance du peuple sénégalais. Dans ce projet macabre, «Salif Sadio a, selon un agent de renseignements, trouvé un allié de taille, dans sa haine contre l’Etat du Sénégal, en la personne de Laurent Gbagbo». Invité récemment pour la commémoration du douzième anniversaire de l’accession au pouvoir de Yaya Jammeh, Laurent Gbagbo, arrivé en Gambie le 21 juillet vers 18 heures, est resté plus de quarante-huit heures à Banjul. En plus de faire le tour de la Gambie, en compagnie de son homologue Gambien, pour faire l’éloge de ce dernier, Laurent Gbagbo aurait rencontré des combattants de la branche radicale du MFDC.

Pour étayer cette information faisant état de l’immixtion du Président ivoirien dans la crise qui mine le Sénégal, notre interlocuteur affirme que «le Président Gbagbo a emmené le chef rebelle dans ses bagages». Interpellées, des sources gambiennes soutiennent que «Salif Sadio a bel et bien quitté la Gambie depuis quatre jours à bord d’un avion». Pour quelle destination ? Si les agents gambiens du renseignement que nous avons joints disent qu’ «il est parti pour un pays arabe», en faisant allusion à la Libye du colonel Khadafi, notre source est catégorique et formelle : «Salif Sadio est parti pour la Côte d’Ivoire». Pour notre source, «Kadhafi n’a aucun intérêt à soutenir la rébellion casamançaise». Or, ce n’est pas le cas de Laurent Gbagbo.

Farouche adversaire du chef de l’Etat Sénégalais, le Président ivoirien n’a jamais raté l’occasion d’attaquer Abdoulaye Wade, lorsque l’opportunité lui est offerte. Pour mémoire, c’est vers lui qu’a trouvé refuge et protection, Abiboulah Touré. Avec un groupe d’anciens militaires qu’il a recrutés, cet ancien étudiant sénégalais établi au Canada, avait mis en place une équipe qui devait abattre le chef de l’Etat Sénégalais, à l’aéroport de Dakar. Mais, l’affaire est ébruitée et trois anciens militaires ont été arrêtés. Ceux-ci sont toujours en détention à la prison centrale de Dakar. Présenté comme le cerveau du complot, Abiboulah Touré qui, selon les aveux de ses présumés éléments, «était parti acheter des armes en Europe de l’Est», a été informé de l’ébruitement de l’affaire. Finalement, après quelques mois de clandestinité, il s’est présenté aux Ivoiriens comme une victime de l’acharnement du chef de l’Etat sénégalais.

Et, chaque fois qu’il est invité à se prononcer sur un sujet concernant Me Wade, le Président Gbagbo a toujours déclaré que «Wade doit s’occuper de sa Casamance». Les relations trop étroites de Wade avec son «fils» Guillaume Soro n’ont fait qu’empirer la situation déjà exécrable. «Aujourd’hui», selon notre source, «avec le rapprochement entre Salif Sadio et Gbagbo, il faut s’attendre à ce que la rébellion casamançaise redevienne plus forte». Ce voyage, selon nos différents recoupements, s’est déroulé dans la soirée du dimanche 23 au lundi 24 juillet. Contactées, nos sources à Abidjan n’ont pas encore donné suite à notre requête. Dans les hautes sphères des Renseignements sénégalais, les réactions sont laconiques. «On ne commente pas l’affaire». Du côté de la frontière sud du Sénégal et de la Gambie, des mouvements militaires sont signalés ; principalement dans le Bignona. L’Armée a de nouveau occupé des positions qu’elle avait abandonnées.