Des interpellations ont été menées, depuis lundi, pour placer en rétention les premiers demandeurs d'asile expulsables vers le Rwanda, dans le cadre du plan voté la semaine dernière par le Royaume-Uni. Le Home Office n'a pas encore détaillé le nombre et les nationalités de ces personnes interpellées, mais réitère son objectif de faire décoller les premiers vols en juillet et d'atteindre 5 700 expulsions d'ici la fin de l'année.
Le Royaume-Uni affirme avoir procédé, depuis lundi, aux premières arrestations de demandeurs d'asile susceptibles d'être renvoyés vers le Rwanda. Dans une vidéo mise en ligne mercredi 1er mai, le Home Office (équivalent britannique du ministère de l'Intérieur) montre ces premières interpellations et placements en détention. Selon le Times, des femmes se trouvaient parmi les personnes appréhendées par les quelque 800 agents déployés sur le territoire pour ces raids d'interpellation.
Ces arrestations font suite à l'adoption du plan Rwanda dans la nuit du lundi 22 au mardi 23 avril, après de longs mois de contestation de la société civile, de recours en justice et d'aller-retours parlementaires. Pour rappel, ce plan consiste à éloigner sous la contrainte, vers ce pays d'Afrique de l'est, des exilés primo-arrivants sur le sol britannique, afin d'y faire examiner leur demande d'asile.
Les mineurs non-accompagnés, seule exception aux arrestations
Sollicité par Infomigrants, le Home Office ne souhaite pas "communiquer de détails opérationnels" concernant le nombre d'arrestations effectuées jusqu'ici. Ni les nationalités des personnes interpellées. Il affirme simplement, dans un communiqué publié le 1er mai, que cette opération "est un élément clé du plan visant à acheminer des vols vers le Rwanda dans les 9 à 11 semaines à venir".
Londres confirme ainsi le calendrier annoncé pour son plan Rwanda, à savoir : des premiers vols pour juillet. Avec pour objectif : 5 700 migrants renvoyés sur le sol rwandais d'ici la fin de l’année. Ces derniers ont déjà été identifiés. Tous sont arrivées depuis janvier 2022 au plus tôt sur le sol britannique. Ils ont ensuite reçus, entre leur date d'arrivée et juin 2023, un document, appelé "Notice of Intent", leur annonçant l'intention de l'administration de traiter leur demande d'asile comme irrecevable.
La liste de ce premier groupe de migrants expulsables a été envoyée au Rwanda, qui a accepté leur prise en charge. Mais selon une étude d'impact publiée par le Home Office lundi, seuls 2 145 exilés parmi les 5 700 identifiés "continuent de se présenter" aux services de l'Intérieur et peuvent ainsi être localisés rapidement "en vue d'une détention".
Seule exception à ce plan Rwanda : les mineurs non accompagnés, "qui ne peuvent pas être considérés comme inadmissibles sur le territoire", confirme le Home Office dans cette étude d'impact. En dehors de ces enfants, le gouvernement ne prévoit aucune autre exception à la mise en œuvre des interpellations et placements en rétention.
2 200 places en rétention, dans des conditions parfois "inacceptables"
En prévision des prochaines semaines d'arrestations, l'Intérieur a "augmenté la capacité de détention à plus de 2 200 places", affirme-t-il dans le communiqué. Le gouvernement assure également avoir "formé 200 nouveaux assistants sociaux pour traiter rapidement les demandes et a préparé 500 escortes hautement qualifiées" pour mener les expulsions. S'agissant de la logistique, des charters commerciaux ont d'ores et déjà été réservés pour les vols futurs - le Home Office ne souhaitant pas nous communiquer le nom des compagnies aériennes concernées.
Certains centres de détention sont particulièrement critiqués pour les conditions d'enfermement qui y règnent. Dans un rapport diffusé le 30 avril, l’inspecteur en chef des prisons, Charlie Taylor, a par exemple épinglé les conditions "inacceptables" du centre de détention situé à côté de l’aéroport de Luton. "Nous étions particulièrement inquiets de constater que les enfants étaient placés dans des salles d'attente surpeuplées avec des adultes n'ayant aucun lien de parenté avec eux", alerte-t-il. En outre, les migrants demeurent "beaucoup trop longtemps" dans ces installations mal équipées pour de longs séjours, juge-t-il encore.
Outre les arrestations qui promettent de se multiplier, des départs "volontaires" ont déjà lieu vers le Rwanda. Selon la presse britannique, un premier demandeur d'asile, dont la nationalité n'a pas été précisé mais qui serait ressortissant d'un pays africain, y a été expulsé en début de semaine. Celui-ci avait vu sa demande d'asile refusée fin 2023. Il faisait partie d'un programme basé sur le volontariat pour les migrants déboutés - un cadre bien distinct du plan Rwanda actuel. En acceptant l'expulsion, ces personnes déboutées peuvent recevoir une contrepartie financière pouvant aller jusqu’à 3 000 livres sterling (3 500 euros environ), selon le Times.
Politique dissuasive ?
Pour rappel, le plan Rwanda s'inscrit dans le cadre d'une politique plus large, intitulée "Stop the boats" par le gouvernement britannique. "La politique rwandaise dissuadera les migrants de faire des voyages périlleux à travers la Manche", affirment ainsi les autorités dans le communiqué.
Pourtant, dans le nord de la France, les exilés rencontrés par Infomigrants ont un tout autre discours. L'immense majorité espère échapper aux expulsions une fois sur le sol britannique, ou affirme simplement n'avoir pas d'autre choix, après avoir parcouru des milliers de kilomètres depuis leur pays d'origine. A l'instar de Racho, 18 ans, pour qui l'Angleterre constitue "le dernier espoir".
"J’ai fui le Sud-Soudan, traversé la Libye, la Tunisie, la Méditerranée, l’Italie… J'ai déjà essayé de passer la Manche au moins 20 fois", a-t-il raconté à nos équipes sur place. "À chaque fois, la police nous a arrêtés, en perçant le canot ou en jetant des gaz lacrymogène. Et vous pensez qu’une loi va m’arrêter ?".
Plus de 7 200 personnes ont traversé la Manche à bord de canots de fortune depuis le début de l’année, un record historique pour les quatre premiers mois de l’année.
Maïa Courtois
Source : Info Migrants (France)
Le Royaume-Uni affirme avoir procédé, depuis lundi, aux premières arrestations de demandeurs d'asile susceptibles d'être renvoyés vers le Rwanda. Dans une vidéo mise en ligne mercredi 1er mai, le Home Office (équivalent britannique du ministère de l'Intérieur) montre ces premières interpellations et placements en détention. Selon le Times, des femmes se trouvaient parmi les personnes appréhendées par les quelque 800 agents déployés sur le territoire pour ces raids d'interpellation.
Ces arrestations font suite à l'adoption du plan Rwanda dans la nuit du lundi 22 au mardi 23 avril, après de longs mois de contestation de la société civile, de recours en justice et d'aller-retours parlementaires. Pour rappel, ce plan consiste à éloigner sous la contrainte, vers ce pays d'Afrique de l'est, des exilés primo-arrivants sur le sol britannique, afin d'y faire examiner leur demande d'asile.
Les mineurs non-accompagnés, seule exception aux arrestations
Sollicité par Infomigrants, le Home Office ne souhaite pas "communiquer de détails opérationnels" concernant le nombre d'arrestations effectuées jusqu'ici. Ni les nationalités des personnes interpellées. Il affirme simplement, dans un communiqué publié le 1er mai, que cette opération "est un élément clé du plan visant à acheminer des vols vers le Rwanda dans les 9 à 11 semaines à venir".
Londres confirme ainsi le calendrier annoncé pour son plan Rwanda, à savoir : des premiers vols pour juillet. Avec pour objectif : 5 700 migrants renvoyés sur le sol rwandais d'ici la fin de l’année. Ces derniers ont déjà été identifiés. Tous sont arrivées depuis janvier 2022 au plus tôt sur le sol britannique. Ils ont ensuite reçus, entre leur date d'arrivée et juin 2023, un document, appelé "Notice of Intent", leur annonçant l'intention de l'administration de traiter leur demande d'asile comme irrecevable.
La liste de ce premier groupe de migrants expulsables a été envoyée au Rwanda, qui a accepté leur prise en charge. Mais selon une étude d'impact publiée par le Home Office lundi, seuls 2 145 exilés parmi les 5 700 identifiés "continuent de se présenter" aux services de l'Intérieur et peuvent ainsi être localisés rapidement "en vue d'une détention".
Seule exception à ce plan Rwanda : les mineurs non accompagnés, "qui ne peuvent pas être considérés comme inadmissibles sur le territoire", confirme le Home Office dans cette étude d'impact. En dehors de ces enfants, le gouvernement ne prévoit aucune autre exception à la mise en œuvre des interpellations et placements en rétention.
2 200 places en rétention, dans des conditions parfois "inacceptables"
En prévision des prochaines semaines d'arrestations, l'Intérieur a "augmenté la capacité de détention à plus de 2 200 places", affirme-t-il dans le communiqué. Le gouvernement assure également avoir "formé 200 nouveaux assistants sociaux pour traiter rapidement les demandes et a préparé 500 escortes hautement qualifiées" pour mener les expulsions. S'agissant de la logistique, des charters commerciaux ont d'ores et déjà été réservés pour les vols futurs - le Home Office ne souhaitant pas nous communiquer le nom des compagnies aériennes concernées.
Certains centres de détention sont particulièrement critiqués pour les conditions d'enfermement qui y règnent. Dans un rapport diffusé le 30 avril, l’inspecteur en chef des prisons, Charlie Taylor, a par exemple épinglé les conditions "inacceptables" du centre de détention situé à côté de l’aéroport de Luton. "Nous étions particulièrement inquiets de constater que les enfants étaient placés dans des salles d'attente surpeuplées avec des adultes n'ayant aucun lien de parenté avec eux", alerte-t-il. En outre, les migrants demeurent "beaucoup trop longtemps" dans ces installations mal équipées pour de longs séjours, juge-t-il encore.
Outre les arrestations qui promettent de se multiplier, des départs "volontaires" ont déjà lieu vers le Rwanda. Selon la presse britannique, un premier demandeur d'asile, dont la nationalité n'a pas été précisé mais qui serait ressortissant d'un pays africain, y a été expulsé en début de semaine. Celui-ci avait vu sa demande d'asile refusée fin 2023. Il faisait partie d'un programme basé sur le volontariat pour les migrants déboutés - un cadre bien distinct du plan Rwanda actuel. En acceptant l'expulsion, ces personnes déboutées peuvent recevoir une contrepartie financière pouvant aller jusqu’à 3 000 livres sterling (3 500 euros environ), selon le Times.
Politique dissuasive ?
Pour rappel, le plan Rwanda s'inscrit dans le cadre d'une politique plus large, intitulée "Stop the boats" par le gouvernement britannique. "La politique rwandaise dissuadera les migrants de faire des voyages périlleux à travers la Manche", affirment ainsi les autorités dans le communiqué.
Pourtant, dans le nord de la France, les exilés rencontrés par Infomigrants ont un tout autre discours. L'immense majorité espère échapper aux expulsions une fois sur le sol britannique, ou affirme simplement n'avoir pas d'autre choix, après avoir parcouru des milliers de kilomètres depuis leur pays d'origine. A l'instar de Racho, 18 ans, pour qui l'Angleterre constitue "le dernier espoir".
"J’ai fui le Sud-Soudan, traversé la Libye, la Tunisie, la Méditerranée, l’Italie… J'ai déjà essayé de passer la Manche au moins 20 fois", a-t-il raconté à nos équipes sur place. "À chaque fois, la police nous a arrêtés, en perçant le canot ou en jetant des gaz lacrymogène. Et vous pensez qu’une loi va m’arrêter ?".
Plus de 7 200 personnes ont traversé la Manche à bord de canots de fortune depuis le début de l’année, un record historique pour les quatre premiers mois de l’année.
Maïa Courtois
Source : Info Migrants (France)