Réponse au Professeur Hamdou Rabbi SY
J’ai lu avec beaucoup d’intérêt comme d’habitude, l’intervention du philosophe Hamdou Rabbi Sy qui, depuis longtemps déjà, participe au déblayage idéologique permettant aux militants de la liberté que nous prétendons être de ne pas se tromper de chemin et de combat. A ma connaissance, il fait partie d’une minorité agissant dans ce sens et c’est heureux qu’à chaque fois, il puisse nous interpeller afin que nous nous remettions en cause, étant convaincus comme Lenine que « sans théorie révolutionnaire pas de pratique révolutionnaire ».
Dans l’exposé qu’il a donné à l’occasion de la journée de l’AVOMM,cette fois-ci, je ne sais pas si j’ai réellement compris son message, je souhaiterais ne l’avoir pas bien compris, quand donc j’ai pensé lire que ‘’l’ enjeu de notre combat n’est plus la question de la cohabitation entre nos communautés mais la démocratie ».
J’ai sursauté en lisant ce passage et le développement qui a suivi ne l’infirmant point, je me suis revu des décennies en arrière, vers les années 70, lorsqu’au sein du Mouvement Démocratique dans lequel nous militions, (je rappelle que j’étais déjà membre du PMT en 1972( le Parti Mauritanien du Travail qui, à l’époque était dirigé par les Ladji Traoré et Daffa Bakari, certains semblent l’avoir oublié ) ; les éléments arabes qui venaient de créer le PKM(PARTI DES KADIHINE DE MAURITANIE) et absorbé le PMT avec l’aide de certains camarades négro africains du PMT ;devant notre instance pour débattre sur la question nationale au sein du mouvement, nous répondaient que : « ce n’est pas une question principale à l’heure actuelle, que la question principale, c’est la lutte contre l’impérialisme et le néocolonialisme ».
En terme clair cela signifie que le principal à l’époque c’était de réaliser l’indépendance politique réelle en menant une lutte pour l’instauration d’un régime démocratique et populaire au sein duquel les masses joueraient un rôle essentiel.
Le grand divorce entre les tenants de cette option et nous sur cette question fondamentale, nous emmènera à mettre sur pied l’UDM (l’Union Démocratique Mauritanienne) avec le professeur Saïdou Kane qui posera dans « l’état arabo-berbère », la nécessité de régler la question nationale en priorité pour permettre la mise sur pied d’un état démocratique national et égalitaire.
Je ne vais pas épiloguer plus longtemps sur la priorité entre l’instauration de l’état démocratique qui résoudrait du coup, la question nationale (ce qui n’est pas évident et nous le verrons tout à l’heure) et la lutte pour gagner des batailles pour que les communautés qui sont obligées de vivre ensemble arrivent à un modus-vivendi lequel les engagerait ensemble à lutter pour plus de démocratie et de paix sociale au sein de la société en général. Je voudrais simplement que le professeur relise « l’empire éclaté » de Mme Hélène Carrere D'Encausse de l’Académie Française, ou les écrits des grands penseurs allemands et russes sur la question nationale, il verra bien que c’est à cause de cette question nationale que l’Union Soviétique a volé en éclat. Le professeur doit convenir avec moi que le Canada même s’il est symboliquement sous la couronne,est tout de même une démocratie très avancée où les questions culturelles et de souveraineté nationale se posent pour le Québec. En Belgique, une vieille civilisation encore dirigée, il est vrai, par un monarque, la démocratie parlementaire donne justement la liberté aux Flamands et autres Wallons de revisiter la question de leur cohabitation. Qu’en est-il de la France mère de la démocratie avec sa Corse et j’en passe.
Pour en revenir à la Mauritanie, je ne suis pas convaincu qu’il soit possible de réaliser la démocratie sans au préalable régler la question de cohabitation ou la question nationale tout court. Le système actuel est un système de domination nationale, d’exclusion, un système esclavagiste, dirigé par une oligarchie ethno- raciale . Souvenez-vous en 1989-1991,face à la grande épuration ethnique, même ceux qui prétendaient être des révolutionnaires parmi les arabes ont eu une attitude, pour le moins, de passivité coupable, alors qu’on est prêt à tout moment pour voler au secours du frère palestinien, assez loin de chez nous. Le réflexe identitaire sera toujours un frein pour réaliser même des élections transparentes avec un homme une voix. Les propriétaires d’esclaves, les chefs de tribus et ceux qui détiennent les moyens économiques et financiers sont connus, ils ne permettront pas l’alternance politique sur des bases purement démocratiques.
Je ne peux pas encore comprendre que certains nous parlent de parenthèse démocratique avec Sidi Ould Cheikh Abdallahi (que je respecte bien , par ailleurs) ; relisez à ce niveau « La transition en dérive» et vous comprendrez que pour nous, son élection n’a jamais été démocratique. C’est pourquoi, nous n’avions pas exigé son rétablissement, ni le respect de cette constitution que nous sommes obligés de subir mais que nous avions boycottée comme celle de Maaouiya en 1991.
Donc professeur, si je ne vous ai pas compris dites le moi, si non je vous prie de prendre en compte dans vos analyses les considérations ci-dessus car nous suivons beaucoup ce que vous écrivez et loin de polémiquer c’est dans un esprit militant que j’apporte cette contribution.
Que les contradictions internes au sein du pouvoir déroutent tout le monde,je peux comprendre vos appréhensions du moment et les conclusions que vous en tirez ,continuons de réfléchir prudemment tout en restant éveillé et alerte.
IBRAHIMA MOCTAR SARR
Président de l’AJD/MR
source: AJD/MR
* L' exposé du professeur Hamdou Rabbi SY: ICI
J’ai lu avec beaucoup d’intérêt comme d’habitude, l’intervention du philosophe Hamdou Rabbi Sy qui, depuis longtemps déjà, participe au déblayage idéologique permettant aux militants de la liberté que nous prétendons être de ne pas se tromper de chemin et de combat. A ma connaissance, il fait partie d’une minorité agissant dans ce sens et c’est heureux qu’à chaque fois, il puisse nous interpeller afin que nous nous remettions en cause, étant convaincus comme Lenine que « sans théorie révolutionnaire pas de pratique révolutionnaire ».
Dans l’exposé qu’il a donné à l’occasion de la journée de l’AVOMM,cette fois-ci, je ne sais pas si j’ai réellement compris son message, je souhaiterais ne l’avoir pas bien compris, quand donc j’ai pensé lire que ‘’l’ enjeu de notre combat n’est plus la question de la cohabitation entre nos communautés mais la démocratie ».
J’ai sursauté en lisant ce passage et le développement qui a suivi ne l’infirmant point, je me suis revu des décennies en arrière, vers les années 70, lorsqu’au sein du Mouvement Démocratique dans lequel nous militions, (je rappelle que j’étais déjà membre du PMT en 1972( le Parti Mauritanien du Travail qui, à l’époque était dirigé par les Ladji Traoré et Daffa Bakari, certains semblent l’avoir oublié ) ; les éléments arabes qui venaient de créer le PKM(PARTI DES KADIHINE DE MAURITANIE) et absorbé le PMT avec l’aide de certains camarades négro africains du PMT ;devant notre instance pour débattre sur la question nationale au sein du mouvement, nous répondaient que : « ce n’est pas une question principale à l’heure actuelle, que la question principale, c’est la lutte contre l’impérialisme et le néocolonialisme ».
En terme clair cela signifie que le principal à l’époque c’était de réaliser l’indépendance politique réelle en menant une lutte pour l’instauration d’un régime démocratique et populaire au sein duquel les masses joueraient un rôle essentiel.
Le grand divorce entre les tenants de cette option et nous sur cette question fondamentale, nous emmènera à mettre sur pied l’UDM (l’Union Démocratique Mauritanienne) avec le professeur Saïdou Kane qui posera dans « l’état arabo-berbère », la nécessité de régler la question nationale en priorité pour permettre la mise sur pied d’un état démocratique national et égalitaire.
Je ne vais pas épiloguer plus longtemps sur la priorité entre l’instauration de l’état démocratique qui résoudrait du coup, la question nationale (ce qui n’est pas évident et nous le verrons tout à l’heure) et la lutte pour gagner des batailles pour que les communautés qui sont obligées de vivre ensemble arrivent à un modus-vivendi lequel les engagerait ensemble à lutter pour plus de démocratie et de paix sociale au sein de la société en général. Je voudrais simplement que le professeur relise « l’empire éclaté » de Mme Hélène Carrere D'Encausse de l’Académie Française, ou les écrits des grands penseurs allemands et russes sur la question nationale, il verra bien que c’est à cause de cette question nationale que l’Union Soviétique a volé en éclat. Le professeur doit convenir avec moi que le Canada même s’il est symboliquement sous la couronne,est tout de même une démocratie très avancée où les questions culturelles et de souveraineté nationale se posent pour le Québec. En Belgique, une vieille civilisation encore dirigée, il est vrai, par un monarque, la démocratie parlementaire donne justement la liberté aux Flamands et autres Wallons de revisiter la question de leur cohabitation. Qu’en est-il de la France mère de la démocratie avec sa Corse et j’en passe.
Pour en revenir à la Mauritanie, je ne suis pas convaincu qu’il soit possible de réaliser la démocratie sans au préalable régler la question de cohabitation ou la question nationale tout court. Le système actuel est un système de domination nationale, d’exclusion, un système esclavagiste, dirigé par une oligarchie ethno- raciale . Souvenez-vous en 1989-1991,face à la grande épuration ethnique, même ceux qui prétendaient être des révolutionnaires parmi les arabes ont eu une attitude, pour le moins, de passivité coupable, alors qu’on est prêt à tout moment pour voler au secours du frère palestinien, assez loin de chez nous. Le réflexe identitaire sera toujours un frein pour réaliser même des élections transparentes avec un homme une voix. Les propriétaires d’esclaves, les chefs de tribus et ceux qui détiennent les moyens économiques et financiers sont connus, ils ne permettront pas l’alternance politique sur des bases purement démocratiques.
Je ne peux pas encore comprendre que certains nous parlent de parenthèse démocratique avec Sidi Ould Cheikh Abdallahi (que je respecte bien , par ailleurs) ; relisez à ce niveau « La transition en dérive» et vous comprendrez que pour nous, son élection n’a jamais été démocratique. C’est pourquoi, nous n’avions pas exigé son rétablissement, ni le respect de cette constitution que nous sommes obligés de subir mais que nous avions boycottée comme celle de Maaouiya en 1991.
Donc professeur, si je ne vous ai pas compris dites le moi, si non je vous prie de prendre en compte dans vos analyses les considérations ci-dessus car nous suivons beaucoup ce que vous écrivez et loin de polémiquer c’est dans un esprit militant que j’apporte cette contribution.
Que les contradictions internes au sein du pouvoir déroutent tout le monde,je peux comprendre vos appréhensions du moment et les conclusions que vous en tirez ,continuons de réfléchir prudemment tout en restant éveillé et alerte.
IBRAHIMA MOCTAR SARR
Président de l’AJD/MR
source: AJD/MR
* L' exposé du professeur Hamdou Rabbi SY: ICI