Rétro/ Déclaration de l'AVOMM à l'occasion de son vingtième anniversaire

AVOMM a 20 ans, disons près d’un quart de siècle d’engagement acharné et déterminé contre le système raciste d’Ould Taya (1984-2005), dont le régime s’est illustré par la mise en pratique d’une machine à tuer, en organisant une chasse à l’homme au nom du racisme, du nationalisme chauvin et sectaire et au nom d’une volonté politique d’homogénéité identitaire. Cette politique a mobilisé les forces armées, la gendarmerie, la police, la garde nationale, l’administration territoriale et les militants zélés d’une Mauritanie exclusivement arabe, dans le but d’exterminer les populations africaines noires mauritaniennes. C’est dans ce contexte que des civils et des militaires, tous coupables du seul fait de la couleur de leur peau, furent sauvagement assassinés ou achevés, suite à des tortures dans les camps mouroirs devenus tristement célèbres par des opérations de mise à mort des vies innocentes que la folie, la haine, le racisme ont convoquées à un sort tragique. Rien ne put s’opposer ou résister à cette politique inhumaine et barbare.

C’est pour se donner un cadre d’action, d’expression, de sensibilisation et de combat qu’un groupe d’anciens militaires rescapés des camps de la mort dont les plus célèbres sont Oualata et Inal a pris l’initiative de créer une association. Cette association fut dénommée : Association d’Aide aux Veuves et Orphelins de Militaires Mauritaniens(AVOMM).

Cette dénomination a trouvé son sens et sa pertinence dans la volonté de ne pas oublier les soldats désormais martyrs d’une cause qui devrait regrouper tous les compagnons d’armes des victimes du racisme d’Etat qui a franchi les limites jamais atteintes dans l’histoire politique de la Mauritanie. Cette naissance dans la douleur a marqué AVOMM, au fil des années, à travers des péripéties difficiles, des scissions, des résistances internes et externes. L’association a forgé son identité, sa place dans le paysage politique et associatif de la diaspora mauritanienne par sa présence aussi efficace que remarquable, parvenant ainsi à sa stature d’association de défense des droits humains, pour la justice, le devoir de mémoire et la lutte contre l’impunité. Des initiatives, des actions de soutien, d’aide, des caravanes de santé, des parrainages, des déclarations, des conférences, des animations diverses et variées pour la cause sont à l’actif de l’association.

Mieux AVOMM a déposé une plainte contre l’ancien dictateur sanguinaire Ould Taya pour crime contre l’humanité auprès des tribunaux belges. Cette plainte comme d’autres actions de sensibilisation comme l’exigence de justice et le devoir de mémoire, symbolisent le combat de l’association de défense des droits humains. AVOMM a montré avec rigueur et constance sa mobilisation pour toutes les activités des organisations de la diaspora en matière de lutte contre l’impunité et les différentes atteintes et violations des droits de l’homme en Mauritanie.

Il convient de souligner la volonté constante des dirigeants de l’AVOMM pour la résolution des problèmes de la composante victime du système raciste et esclavagiste par des rencontres avec les autorités à chaque fois que cela fut possible et opportun. C’est dans ce cadre que les représentants de l’association ont rencontré les présidents Sidi Ould Cheick Abdellahi et Mohamed Ould Abdel Aziz à leur arrivée au pouvoir. Même si ces rencontres n’ont pas été à la hauteur des attentes, elles ont eu le mérite de prouver que l’objectif prioritaire de l’AVOMM est de faire avancer les revendications de toutes les victimes du système injuste et arbitraire qui dirige la Mauritanie. A cette occasion, il est important de rendre un hommage mérité à des femmes et à des hommes qui, contre vents et marées, poursuivent le combat depuis plus deux décennies, avec persévérance et détermination.

Depuis sa création, AVOMM a traversé, certes des crises, mais a su rebondir en approfondissant et en élargissant ses actions par un positionnement résolu, clair et ferme sur le combat contre le racisme, l’esclavage et l’impunité. AVOMM n’a jamais varié sur l’exigence de justice pour que les auteurs et acteurs des crimes de génocide et des commanditaires de la politique du meurtre durant les années de terreur et d’extermination de 1986 à 1991, soient traduits devant les juridictions nationales ou internationales compétentes. A Paris, à Bruxelles, aux Etats-Unis et au Québec, AVOMM a consolidé son attachement à la cause des victimes, des déportés, des rapatriés, des apatrides, des privés de leurs droits civiques, des dépossédés de leurs biens, de leurs terres et de leur dignité.

Avec abnégation les membres de l’AVOMM résistent contre la politique négationniste du système raciste et esclavagiste qui sévit toujours en Mauritanie. Une assise humaniste consistante et constante constitue l’identité de l’association par son refus de toute compromission et de toute diversion par rapport à des agents de la division dont le seul objectif est d’étouffer notre aspiration légitime à recouvrer nos droits et notre dignité. Pour une Mauritanie juste, égalitaire et démocratique, notre engagement ne cédera pas aux marchands d’illusion et autres repentis, mystificateurs médiocres et cyniques, alliés objectifs des vaincus sans avoir combattu et autres désespérés d’un nouveau genre. Notre choix est celui de la résistance pour la dignité et l’honneur. Nous continuerons à dire non au racisme, à l’esclavage, à l’impunité, à la lâcheté, à la compromission et à l’opportunisme. Pour la justice contre le mensonge, pour la mémoire, contre l’oubli, nous avons scellé un pacte avec toutes les victimes et tous les martyrs.

A l’occasion de son vingtième anniversaire, par ma voix, AVOMM réaffirme son combat pour la justice et le devoir de mémoire. Il y a encore du chemin à faire, la lutte continue jusqu’à l’éradication du système raciste et injuste, dont la politique du meurtre est à l’origine de la naissance de notre association. Vive AVOMM.

Hamdou Rabby SY
Porte-parole de l’AVOMM