34 ans après leur arrivée, ils font partie du décor. Ils se sont totalement intégrés. Les réfugiés mauritaniens, établis le long du fleuve Sénégal, qui ont vu leurs enfants y naître, grandir et faire leurs études, ont pourtant la tête tournée vers le Nord : ils savent qu’ils ne sont pas chez eux même s’ils sont en paix ainsi que leur progéniture. Hier, lors de la Journée internationale des réfugiés, l’Onu a montré que tout le monde n’a pas cette chance. Selon ses chiffres, au cours de l’année 2022, 2.9 millions de nouvelles demandes d’asile individuel ont été recensées dans 162 pays.
Leurs villages sont juste à côté… En 1989, des populations ont été contraintes de laisser derrière elles champs, bétail et autres biens pour échapper aux massacres avec le déclenchement du conflit sénégalo-mauritanien. 34 ans après où la Communauté internationale célèbre la Journée internationale des refugiés, la grande communauté originaire de la Mauritanie établie le long de la vallée du fleuve Sénégal, malgré son intégration, a toujours l’esprit au pays.
Le rapatriement entamé en 2008 par le Haut-commissariat aux réfugiés (Hcr) dans leur village d’origine n’a été pas effectif, plus de 15 ans après. Et la majorité des réfugiés mauritaniens des «événements de 1989» se trouvent toujours dans la vallée du fleuve Sénégal. Avec une forte concentration entre Taredji, Ndioum, Dodel, Mboumba, Pété et Lougué. Des refugiés qui ont vu leurs enfants naître et grandir au Sénégal. Loin de leur terre d’origine. Avec l’accompagnement du Hcr et l’Etat du Sénégal, les réfugiés ont fini de s’installer, tout en ayant l’esprit au pays d’origine.
Intégration réussie
Après 34 ans au Sénégal, les réfugiés n’abdiquent pas pour un retour à leur pays d’origine. L’attachement à la Mauritanie se traduit chaque fois par le mouvement de certains d’entre eux qui vont y séjourner des mois pour revenir dans leur pays d’accueil. Malgré le retour raté, plusieurs d’entre eux pensent qu’il peut être possible. Amadou, âgé de 54 ans, rencontré à Diam Bouri (hameau de réfugiés situé à 1 km de Lougué), explique : «Je viens justement de chez moi (la Mauritanie) où j’ai passé 4 mois. J’ai été réfugié à l’âge de 20 ans, mais je sais que nous tous autant que nous sommes, nous voulons retourner au pays.» Dans ce hameau créé depuis 1989, malgré le souhait de retourner, les populations ont tout : des terres à cultiver mais aussi une adduction d’eau potable et une école élémentaire. Comme dans tous les sites d’accueil dans le département de Podor.
A Ndioum, leur habitat, qui porte le nom de Base, est devenu un quartier indispensable dans la commune. A Pété, avec l’appui d’un ancien président de la communauté rurale, les «refoulés», comme on les appelle communément au Fouta, ont bénéficié d’acte de délibération de leur habitat à leur nom où sont construits la deuxième école élémentaire et le lycée de la commune. Sous l’anonymat, un réfugié résidant à Mboumba confie : «L’idée d’un retour est dans la tête de 3/4 des réfugiés mauritaniens vivant dans la vallée du fleuve Sénégal. Mais le problème est qu’au retour, nous ne retrouverons rien de ce que nous avions abandonné pour sauver nos vies. Alors qu’ici, nous nous sommes refait une autre vie. Et nous avons des papiers du Sénégal.»
Après 34 ans, si les plus âgés (jeunes pour la plupart lors des événements de 1989) n’arrivent pas à chasser l’idée du retour au pays d’origine, leurs enfants nés au Sénégal et admis dans les écoles n’ont pas le même sentiment que leurs parents. Ils n’ont connu qu’un seul pays : le Sénégal.
Par Demba NIANG
Source : Le Quotidien (Sénégal)
Leurs villages sont juste à côté… En 1989, des populations ont été contraintes de laisser derrière elles champs, bétail et autres biens pour échapper aux massacres avec le déclenchement du conflit sénégalo-mauritanien. 34 ans après où la Communauté internationale célèbre la Journée internationale des refugiés, la grande communauté originaire de la Mauritanie établie le long de la vallée du fleuve Sénégal, malgré son intégration, a toujours l’esprit au pays.
Le rapatriement entamé en 2008 par le Haut-commissariat aux réfugiés (Hcr) dans leur village d’origine n’a été pas effectif, plus de 15 ans après. Et la majorité des réfugiés mauritaniens des «événements de 1989» se trouvent toujours dans la vallée du fleuve Sénégal. Avec une forte concentration entre Taredji, Ndioum, Dodel, Mboumba, Pété et Lougué. Des refugiés qui ont vu leurs enfants naître et grandir au Sénégal. Loin de leur terre d’origine. Avec l’accompagnement du Hcr et l’Etat du Sénégal, les réfugiés ont fini de s’installer, tout en ayant l’esprit au pays d’origine.
Intégration réussie
Après 34 ans au Sénégal, les réfugiés n’abdiquent pas pour un retour à leur pays d’origine. L’attachement à la Mauritanie se traduit chaque fois par le mouvement de certains d’entre eux qui vont y séjourner des mois pour revenir dans leur pays d’accueil. Malgré le retour raté, plusieurs d’entre eux pensent qu’il peut être possible. Amadou, âgé de 54 ans, rencontré à Diam Bouri (hameau de réfugiés situé à 1 km de Lougué), explique : «Je viens justement de chez moi (la Mauritanie) où j’ai passé 4 mois. J’ai été réfugié à l’âge de 20 ans, mais je sais que nous tous autant que nous sommes, nous voulons retourner au pays.» Dans ce hameau créé depuis 1989, malgré le souhait de retourner, les populations ont tout : des terres à cultiver mais aussi une adduction d’eau potable et une école élémentaire. Comme dans tous les sites d’accueil dans le département de Podor.
A Ndioum, leur habitat, qui porte le nom de Base, est devenu un quartier indispensable dans la commune. A Pété, avec l’appui d’un ancien président de la communauté rurale, les «refoulés», comme on les appelle communément au Fouta, ont bénéficié d’acte de délibération de leur habitat à leur nom où sont construits la deuxième école élémentaire et le lycée de la commune. Sous l’anonymat, un réfugié résidant à Mboumba confie : «L’idée d’un retour est dans la tête de 3/4 des réfugiés mauritaniens vivant dans la vallée du fleuve Sénégal. Mais le problème est qu’au retour, nous ne retrouverons rien de ce que nous avions abandonné pour sauver nos vies. Alors qu’ici, nous nous sommes refait une autre vie. Et nous avons des papiers du Sénégal.»
Après 34 ans, si les plus âgés (jeunes pour la plupart lors des événements de 1989) n’arrivent pas à chasser l’idée du retour au pays d’origine, leurs enfants nés au Sénégal et admis dans les écoles n’ont pas le même sentiment que leurs parents. Ils n’ont connu qu’un seul pays : le Sénégal.
Par Demba NIANG
Source : Le Quotidien (Sénégal)