On le disait la semaine dernière : la presse française est très sévère ces derniers temps contre Wade. Après la grande presse (les journaux), c'est aux radios d'entrer dans la danse. RTL, la plus grosse station française s'est vraiment moquée de Wade dans sa chronique matinale du lundi. Par la voix de Isabelle Dath du service étranger, RTL peint le tableau du pays au moment où Wade reçoit son prix Houphouët Boigny. Nous vous proposons la version texte et la version sonore.
Audio : Version téléchargeable de cette chronique de RTL
Quand on lui parle distinction, qui plus est prestigieuse, et celle là en est une, Abdoulaye Wade est comme un gosse devant un paquet de bonbons, il adore ça. Ça flatte son ego qui n'est pas mince. Sept chefs d'Etat, six Africains et Jacques Chirac, seront à ses côtés mardi. Son opposition elle, a décliné l'invitation. Mais elle sera là, dans les rues de Paris, pour protester contre la remise de ce prix qu'à ses yeux il ne mérite pas. De fait, on peut se demander si le moment est bien choisi pour lui faire une telle faveur. Il est vrai que sa victoire en mai 2000, après 40 ans de pouvoir socialiste, avait été saluée comme un "modèle de transition démocratique" en Afrique. Mais aujourd'hui, son image s'est brouillée. Il n'y a pas un jour où l'opposition et la société civile ne dénoncent ses dérives despotiques. Et à moins de dix mois des élections législatives et de la présidentielle, cela ne fait que s'aggraver. On ne compte plus les fermetures de journaux, de radios, les interpellations ou convocations d'opposants, de journalistes, d'artistes, voire d'anciens ministres traités comme de vulgaires escrocs. Aucune tête ne doit dépasser. Pour s'être interrogé par exemple sur la mystérieuse disparition de 600 millions d'euros, un dirigeant de l'opposition a été embastillé. Un autre attaqué à coups de marteau pour avoir sorti un disque au nom trop évocateur : "Wade bouge de là". Et puis, sa décision de prolonger de huit mois le mandat des députés et son projet de suppression du second tour de l'élection présidentielle ne font que pourrir un peu plus le climat.
Il est contesté jusque dans son propre camp...
… Vous qui connaissez votre Jules César sur le bout des doigts, je vais vous citer cette locution latine : "Tu quoque mi fili". Wade a trouvé son Brutus. Son fils spirituel vient d'annoncer sa candidature à la présidentielle. Ses sept mois de détention sans jugement ont eu raison de ses derniers scrupules. Il veut maintenant tuer le père, une décision qui lui fera plus de mal qu'aucune opposition ne peut lui en causer. Ancien Premier ministre, Idrissa Seck va jouer sur la désillusion. Tant qu'Abdoulaye Wade dissimulera ses échecs par l'intimidation, il trouvera des adeptes.
Le pays ne va pas bien ?
Non, d'abord le conflit de la Casamance que Wade devait régler en 100 jours, est en train de reprendre, parce qu'il n'y a toujours pas eu de règlement politique digne de ce nom. Ensuite, le pays reste un des plus pauvres de la planète : 68% des Sénégalais vivent en dessous du seuil de pauvreté. L'analphabétisme touche encore 63% de la population. Pourtant, la croissance est là mais elle n'a éradiqué ni la pauvreté ni la corruption.
Audio : Version téléchargeable de cette chronique de RTL
Quand on lui parle distinction, qui plus est prestigieuse, et celle là en est une, Abdoulaye Wade est comme un gosse devant un paquet de bonbons, il adore ça. Ça flatte son ego qui n'est pas mince. Sept chefs d'Etat, six Africains et Jacques Chirac, seront à ses côtés mardi. Son opposition elle, a décliné l'invitation. Mais elle sera là, dans les rues de Paris, pour protester contre la remise de ce prix qu'à ses yeux il ne mérite pas. De fait, on peut se demander si le moment est bien choisi pour lui faire une telle faveur. Il est vrai que sa victoire en mai 2000, après 40 ans de pouvoir socialiste, avait été saluée comme un "modèle de transition démocratique" en Afrique. Mais aujourd'hui, son image s'est brouillée. Il n'y a pas un jour où l'opposition et la société civile ne dénoncent ses dérives despotiques. Et à moins de dix mois des élections législatives et de la présidentielle, cela ne fait que s'aggraver. On ne compte plus les fermetures de journaux, de radios, les interpellations ou convocations d'opposants, de journalistes, d'artistes, voire d'anciens ministres traités comme de vulgaires escrocs. Aucune tête ne doit dépasser. Pour s'être interrogé par exemple sur la mystérieuse disparition de 600 millions d'euros, un dirigeant de l'opposition a été embastillé. Un autre attaqué à coups de marteau pour avoir sorti un disque au nom trop évocateur : "Wade bouge de là". Et puis, sa décision de prolonger de huit mois le mandat des députés et son projet de suppression du second tour de l'élection présidentielle ne font que pourrir un peu plus le climat.
Il est contesté jusque dans son propre camp...
… Vous qui connaissez votre Jules César sur le bout des doigts, je vais vous citer cette locution latine : "Tu quoque mi fili". Wade a trouvé son Brutus. Son fils spirituel vient d'annoncer sa candidature à la présidentielle. Ses sept mois de détention sans jugement ont eu raison de ses derniers scrupules. Il veut maintenant tuer le père, une décision qui lui fera plus de mal qu'aucune opposition ne peut lui en causer. Ancien Premier ministre, Idrissa Seck va jouer sur la désillusion. Tant qu'Abdoulaye Wade dissimulera ses échecs par l'intimidation, il trouvera des adeptes.
Le pays ne va pas bien ?
Non, d'abord le conflit de la Casamance que Wade devait régler en 100 jours, est en train de reprendre, parce qu'il n'y a toujours pas eu de règlement politique digne de ce nom. Ensuite, le pays reste un des plus pauvres de la planète : 68% des Sénégalais vivent en dessous du seuil de pauvreté. L'analphabétisme touche encore 63% de la population. Pourtant, la croissance est là mais elle n'a éradiqué ni la pauvreté ni la corruption.