Saïdou KANE
Non! Cette inacceptable barbarie ne saurait être oubliée. Elle reste vivace dans nos esprits et nos cœurs. Elle se dresse devant nous comme pour nous obliger à mieux reconnaître le sens d'une histoire fatale à la Mauritanie. Une histoire de destruction sauvage de son semblable. De ses parents, voisins et compatriotes sur l'Autel de la religion de la cupidité, de la haine et du racisme. Une histoire qui a cassé la Mauritanie en deux pays qui se côtoient sans se parler franchement.
Une Mauritanie qui ne sait plus où elle va et se nourrit de mythes fondateurs de trajectoires qui nous font table rase de l'essentiel : le devoir de justice à l'endroit de toutes les victimes du principât de Ould Taya et du système de favoritisme qui, en 45 ans a transformé la Mauritanie en terre où une partie de ses citoyens sont relégués à la seconde zone et qui, pour survivre, doivent tendre leur sébile ou vendre leur âme à l'autre partie de citoyens.
Les morts d'Inal; des prisons-mouroirs de Oualata, dans les charniers des villages de la Moyenne vallée, dans cette terre d'islam, tout au long de 7 années de répression sans faille, ces assassinés, ces vidimes d'un Holocauste programmée, mais râté, demandent que justice leur soit rendu.
Leurs ayant-droits attendent, si tant qu'ils sont encore des Mauritaniens, qu'ils soient édifiés, de la part de ceux qui veulent ré-inaugurer la République, sur ce qui doit être fait pour les réparations des torts commis par la République à leur égard et à celui de leurs parents massacrés par leurs concitoyens.
Les ruptures et les ratures dans l'histoire d'une indépendance confisquée depuis 1965, la culpabilité postcoloniale, les fuites en avant des "intellectuels" de l'instantané, la démission des élites, le silence coupable de tous ceux qui cherchent, coûte que coûte à arriver au pouvoir, croyant pouvoir régler quoique ce soit s'ils y arrivaient, ne font que consacrer les symbolisations hégémoniques convenues à ne jamais remettre en cause. En d'autres termes, l'indépendance confisquée dans un Etat apprivoisé par une élite ethnico-raciale et culturelle qui ne cache plus son arrogance dans la voie royale de la sous-humanisation de l'ensemble de la Mauritanie.
Comment oser fêter en grande pompe l'anniversaire de notre indépendance quand ceux qui l'avaient fêté en 1990 en pendant 28 enfants du pays pour marquer ce jour d'indépendance se pavanent comme si de rien n'était?
Le temps est mûr pour une reconfiguration des armatures d'une société de justice et de démocratie véritable, maintenant, mais pas demain.
Les tares de la société d'un côté et les torts et le silence insolent sur ces torts commis, de l'autre, s'accommodent mal aux discours sur la bonne gouvernance, la démocratie instituée par mimétisme et à tout universalisme qui occulte l'arbitraire et notre histoire particulière.
Le sang des victimes du régime de terreur de Ould Taya est encore chaud et frais qui réclame que justice soit faite.
De l'autre côté du Karakoro, sur la rive gauche du fleuve Sénégal, il y a des mauritaniens qui attendent que leur Etat leur fasse signe sur ses chances de revenir dignement dans leur pays et qu'ils recouvrent leurs biens ou être justement indemnisés. Leurs revendications doivent être, si nous discours sont en accord avec nos actes, si nos intentions sont en accord avec notre conscience et sens de responsabilité (aussi vrai que nous ne sommes pas venus sur terre uniquement pour manger et boire; nous avons certainement une mission plus noble), notre patriotisme et foi proclamés, nous ne saurons passer l'éponge sur la forfaiture qui a fini par tuer l'âme de la Mauritanie qu'il faudra, coûte que coûte régénérer. Les raccourcis en sont possibles si la volonté s'y porte pour empêcher que s'élargisse la fracture de notre communauté nationale.
L'aternance au pouvoir doit est d'offrir l’alternative aux Mauritaniens pour que la nouvelle infrastructure culturelle d'abord, économique et politique, ensuite, permette de reconnaître les droits individuels et collectifs de toutes nos composantes.
Aussi vrai que l'histoire conjoncturelle de l'Afrique est celle de la montée de nouvelles classes hégémoniques qui ont apprivoisé l'Etat pour leurs propres comptes, en instrumentalisant les différences de tous ordres comme discours idéologiques de leur ascension, il reste également vrai que la prise de conscience aiguë du chef et de son entourage des dangers qui nous guettent peut obliger à des prises de décisions salvatrices.
Nos compatriotes attendent au bord du Karakoro, de l'autre côté de notre Chamama, sur la Meuse ou le Rhin, la baie de Hudson ou du Saint Laurent, de l'Ebre ou du Rhône, qu'un signal clair sur la fin de la philosophie qui a sou-tendu le long règne de Ould Taya leur soit signifié. Il ne sert à rien d'envoyer des délégations à Bruxelles ou à Paris si c'est pour demander que des plaintes contre Ould Taya soient retirées. Il ne sert strictement à rien de laisser le temps aux divers nationalismes sectaires de récupérer une situation-archive d'un modèle qui n'a plus sa raison d'être. Ce qu'il faut, c'est la reconnaissance des torts faits. Ce qu'il faut, entre musulman, c'est de prôner le pardon, mais dans la reconnaissance des actes commis et de la réparation de tous ordres. Ce qu'il faut c'est de faire repartir la Mauritanie sur des bases justes et non pas chercher, pour conserver insolemment la confiscation par une élite aveugle et cupide de notre indépendance; ce qu'il faut, c'est de réunir les Mauritaniens autour d'idées-forces et régénératrices de notre unité nationale.
Toutes mes condoléances à la famille mauritanienne pour les massacres et les manquements volontaires commis contre elle. Toutes mes condoléances aux victimes directes de cette forfaiture du régime de Ould Taya.
Toutes mes doléances pour une autre Mauritanie de justice vont à tous ceux qui sont épris de justice et de paix et qui ont une conscience aiguë de leurs devoirs pour s'atteler définitivement à mettre fin aux crispations nationationalitaires, les distanciations ethniques, raciales, tribales et sociales.
Professeur Saïdou Kane
avomm.com
Une Mauritanie qui ne sait plus où elle va et se nourrit de mythes fondateurs de trajectoires qui nous font table rase de l'essentiel : le devoir de justice à l'endroit de toutes les victimes du principât de Ould Taya et du système de favoritisme qui, en 45 ans a transformé la Mauritanie en terre où une partie de ses citoyens sont relégués à la seconde zone et qui, pour survivre, doivent tendre leur sébile ou vendre leur âme à l'autre partie de citoyens.
Les morts d'Inal; des prisons-mouroirs de Oualata, dans les charniers des villages de la Moyenne vallée, dans cette terre d'islam, tout au long de 7 années de répression sans faille, ces assassinés, ces vidimes d'un Holocauste programmée, mais râté, demandent que justice leur soit rendu.
Leurs ayant-droits attendent, si tant qu'ils sont encore des Mauritaniens, qu'ils soient édifiés, de la part de ceux qui veulent ré-inaugurer la République, sur ce qui doit être fait pour les réparations des torts commis par la République à leur égard et à celui de leurs parents massacrés par leurs concitoyens.
Les ruptures et les ratures dans l'histoire d'une indépendance confisquée depuis 1965, la culpabilité postcoloniale, les fuites en avant des "intellectuels" de l'instantané, la démission des élites, le silence coupable de tous ceux qui cherchent, coûte que coûte à arriver au pouvoir, croyant pouvoir régler quoique ce soit s'ils y arrivaient, ne font que consacrer les symbolisations hégémoniques convenues à ne jamais remettre en cause. En d'autres termes, l'indépendance confisquée dans un Etat apprivoisé par une élite ethnico-raciale et culturelle qui ne cache plus son arrogance dans la voie royale de la sous-humanisation de l'ensemble de la Mauritanie.
Comment oser fêter en grande pompe l'anniversaire de notre indépendance quand ceux qui l'avaient fêté en 1990 en pendant 28 enfants du pays pour marquer ce jour d'indépendance se pavanent comme si de rien n'était?
Le temps est mûr pour une reconfiguration des armatures d'une société de justice et de démocratie véritable, maintenant, mais pas demain.
Les tares de la société d'un côté et les torts et le silence insolent sur ces torts commis, de l'autre, s'accommodent mal aux discours sur la bonne gouvernance, la démocratie instituée par mimétisme et à tout universalisme qui occulte l'arbitraire et notre histoire particulière.
Le sang des victimes du régime de terreur de Ould Taya est encore chaud et frais qui réclame que justice soit faite.
De l'autre côté du Karakoro, sur la rive gauche du fleuve Sénégal, il y a des mauritaniens qui attendent que leur Etat leur fasse signe sur ses chances de revenir dignement dans leur pays et qu'ils recouvrent leurs biens ou être justement indemnisés. Leurs revendications doivent être, si nous discours sont en accord avec nos actes, si nos intentions sont en accord avec notre conscience et sens de responsabilité (aussi vrai que nous ne sommes pas venus sur terre uniquement pour manger et boire; nous avons certainement une mission plus noble), notre patriotisme et foi proclamés, nous ne saurons passer l'éponge sur la forfaiture qui a fini par tuer l'âme de la Mauritanie qu'il faudra, coûte que coûte régénérer. Les raccourcis en sont possibles si la volonté s'y porte pour empêcher que s'élargisse la fracture de notre communauté nationale.
L'aternance au pouvoir doit est d'offrir l’alternative aux Mauritaniens pour que la nouvelle infrastructure culturelle d'abord, économique et politique, ensuite, permette de reconnaître les droits individuels et collectifs de toutes nos composantes.
Aussi vrai que l'histoire conjoncturelle de l'Afrique est celle de la montée de nouvelles classes hégémoniques qui ont apprivoisé l'Etat pour leurs propres comptes, en instrumentalisant les différences de tous ordres comme discours idéologiques de leur ascension, il reste également vrai que la prise de conscience aiguë du chef et de son entourage des dangers qui nous guettent peut obliger à des prises de décisions salvatrices.
Nos compatriotes attendent au bord du Karakoro, de l'autre côté de notre Chamama, sur la Meuse ou le Rhin, la baie de Hudson ou du Saint Laurent, de l'Ebre ou du Rhône, qu'un signal clair sur la fin de la philosophie qui a sou-tendu le long règne de Ould Taya leur soit signifié. Il ne sert à rien d'envoyer des délégations à Bruxelles ou à Paris si c'est pour demander que des plaintes contre Ould Taya soient retirées. Il ne sert strictement à rien de laisser le temps aux divers nationalismes sectaires de récupérer une situation-archive d'un modèle qui n'a plus sa raison d'être. Ce qu'il faut, c'est la reconnaissance des torts faits. Ce qu'il faut, entre musulman, c'est de prôner le pardon, mais dans la reconnaissance des actes commis et de la réparation de tous ordres. Ce qu'il faut c'est de faire repartir la Mauritanie sur des bases justes et non pas chercher, pour conserver insolemment la confiscation par une élite aveugle et cupide de notre indépendance; ce qu'il faut, c'est de réunir les Mauritaniens autour d'idées-forces et régénératrices de notre unité nationale.
Toutes mes condoléances à la famille mauritanienne pour les massacres et les manquements volontaires commis contre elle. Toutes mes condoléances aux victimes directes de cette forfaiture du régime de Ould Taya.
Toutes mes doléances pour une autre Mauritanie de justice vont à tous ceux qui sont épris de justice et de paix et qui ont une conscience aiguë de leurs devoirs pour s'atteler définitivement à mettre fin aux crispations nationationalitaires, les distanciations ethniques, raciales, tribales et sociales.
Professeur Saïdou Kane
avomm.com