Encore une fois le président du CMJD, le colonel Ely Ould Mohamed Vall a évoqué, mardi dernier, le possible retour au pays de lancien président Maaouiya Ould SidAhmed Taya, affirmant que celui-ci avait "le droit de vivre dans son pays en citoyen libre et de profiter des avantages que la loi accorde aux anciens chefs dEtat".
Exactement comme il l'avait dit dans un entretien avec le quotidien sénégalais "Le Matin" le 24 août 2005 : "lex-président a la possibilité de rentrer en Mauritanie et je lui garantis sécurité et honneurs dus à son rang dancien président de la République".
Le président du CMJD sest, en fait, saisi de la récente interview accordée à la chaîne arabe Al-Arabiya pour aller un peu plus dans les détails de ce retour dont les mauritaniens navaient plus entendu parler depuis septembre 2005 (Nouakchott Info n°846 du 16/09/05 "Et si Ould Taya revenait ?"). Certes, dira-t-il en substance, lancien président Ould Taya peut revenir mais "il ne pourra pas faire de politique dans le pays durant la phase transitoire : "il lui sera interdit de participer aux élections prévues dans le cadre dune transition démocratique en cours jusquen 2007".
Le Président du CMJD justifiera cette décision par le fait que les membres du CMJD et du gouvernement sétant déclarés inéligibles "aux futures échéances électorales pour garantir toute limpartialité nécessaire à un processus démocratique transparent, il ne saurait en être autrement pour lancien-président. Autrement dit, la participation de lancien Président viserait à biaiser le jeu politique, à défavoriser le reste de la classe politique et à dénaturer littéralement les objectifs du mouvement de restructuration mené par le CMJD".
Le président Ould Mohamed Vall dira que, passée cette période transitoire, lancien président Ould Taya, "pourra sadonner à la politique comme il lentendra".
Quoi que puisse en penser le concerné lui-même dont on imagine mal quil cherche encore à revenir au pouvoir, le Peuple semble sêtre fait à sa retraite en soutenant le projet du CMJD. La communauté internationale ayant, pour sa part, choisie daccompagner la transition mauritanienne, le retour éventuel de lancien président, dans le contexte politique actuel, ne saurait laisser indifférente la classe politique nationale.
Aussi avons-nous jugé opportun de recueillir le point de vue des uns et des autres sur le sujet.
La classe politique réagit
La question-type, adressée aux acteurs politiques que nous avons été contraints de limiter à ceux que nous avons pu contacter, était de savoir ce quils pensent de ce retour de lancien président Ould Taya?
Pour le président du RPM, Dr. Cheikh Ould Horma Ould Babana : "Nous estimons que les choses doivent être bâties sur des bases où la comparaison entre le bien et le mal est prise en compte. Est-ce que ce retour de lancien président est bon ou mauvais pour la Mauritanie ?
Car ce quil faut voir, au-delà de toute considération personnelle, cest lintérêt de la Mauritanie. Sil est mieux pour lui de rester jusquà ce quil y ait un climat apaisé, il serait préférable quil sy résigne. Il est, par exemple, au cur du dossier du passif humanitaire pour lequel nous essayons de trouver une solution. Nous entamons une réconciliation nationale et il est souhaitable quil ne vienne pas détériorer ce climat. Nous navons rien, en particulier, contre lui et cest à l'histoire de le juger, mais chacun doit penser à la Mauritanie".
Pour M. Ahmed Ould Daddah, président du RFD, "tout citoyen, quelque soit son passé, a le droit de revenir dans son pays".
Même son de cloche, sinon plus explicite chez le PRDR, dont le secrétaire général, Sidi Mohamed Ould Mohamed Vall dit Ghrini, nous dira : "Nous avons apprécié la constance de la position du président du CMJD à ce sujet ; position confirmée par sa toute dernière interview avec Al Arabiya. Nous estimons que cette position est conforme aux principes que nous défendons tous, à savoir, ceux du respect des droits de tous les Mauritaniens de regagner librement leur patrie et dy vivre dans la dignité et la sécurité".
Au Hatem de Saleh Ould Hanena, cest un autre argument que le chargé de la communication, M. Izidbih Ould Mohamed El Béchir nous livrera : "Nous sommes contre le retour de lancien président Maaouiya Ould SidAhmed Taya pour plusieurs raisons. Dabord parce quil doit répondre de sa mauvaise gestion du pays durant tout son règne et ensuite parce que son retour dans cette phase transitoire renforcera les détourneurs des deniers publics qui se sont illicitement enrichis et gardent jalousement leur fortune pour faire de la politique".
Un avis qui ne séloigne pas trop de celui de la mouvance dite islamiste, dont lune des figures emblématiques, M. Mohamed Jemil Mansour nous affirmera: "Par principe, nous ne sommes contre le retour daucun Mauritanien pour vivre en paix dans son pays. Mais dun autre côté, nous considérons que Maaouiya Ould SidAhmed Taya a tellement de comptes à rendre au Peuple mauritanien quil na pas intérêt à revenir et nous lui conseillons de ne pas le faire. De toute façon, il n'est pas le bienvenu politiquement."
A l'AJD, le Secrétaire général M. Cissé Amadou Cheikhou nous dira : "Le problème de l'ancien président Maaouiya Ould SidAhmed Taya est très clair et au lendemain du changement du 3 août 2005, nous avons exprimé notre intention de porter plainte contre lui pour les crimes contre lhumanité quil a commis. Cette plainte reste valable. Maaouiya a fait très mal à la Mauritanie et sil revient au pays, nous saisirons la justice pour le juger."
Le Secrétaire général du PAD, M. Mohamed Abdallahi Ould Taleb Ethmane est, quant à lui, carrément acquis à lancien président : "Je suis pour le retour de Maaouiya Ould SidAhmed Taya en tant que Chef de lEtat et on doit, s'il le veut, le laisser faire de la politique dans cette phase de la transition".
Ainsi, la question du retour de lancien président Ould Taya, - un homme qui pourrait constituer un cheval de bataille, pour ou contre, au cours des futures échéances électorales -, est tout de même légitime.
Cest peut-être pourquoi le CMJD et son Président ne cessent den parler comme pour la banaliser, même si, au passage, ils lui garantissent, sil voulait sen tenir à sa retraite, "les honneurs dus à son rang dancien président de la République".
Alors, Ould Taya reviendra-t-il au pays avant ou après la transition en cours?
Mohamed Ould Khattat
mmkhattatt@hotmail.com
Exactement comme il l'avait dit dans un entretien avec le quotidien sénégalais "Le Matin" le 24 août 2005 : "lex-président a la possibilité de rentrer en Mauritanie et je lui garantis sécurité et honneurs dus à son rang dancien président de la République".
Le président du CMJD sest, en fait, saisi de la récente interview accordée à la chaîne arabe Al-Arabiya pour aller un peu plus dans les détails de ce retour dont les mauritaniens navaient plus entendu parler depuis septembre 2005 (Nouakchott Info n°846 du 16/09/05 "Et si Ould Taya revenait ?"). Certes, dira-t-il en substance, lancien président Ould Taya peut revenir mais "il ne pourra pas faire de politique dans le pays durant la phase transitoire : "il lui sera interdit de participer aux élections prévues dans le cadre dune transition démocratique en cours jusquen 2007".
Le Président du CMJD justifiera cette décision par le fait que les membres du CMJD et du gouvernement sétant déclarés inéligibles "aux futures échéances électorales pour garantir toute limpartialité nécessaire à un processus démocratique transparent, il ne saurait en être autrement pour lancien-président. Autrement dit, la participation de lancien Président viserait à biaiser le jeu politique, à défavoriser le reste de la classe politique et à dénaturer littéralement les objectifs du mouvement de restructuration mené par le CMJD".
Le président Ould Mohamed Vall dira que, passée cette période transitoire, lancien président Ould Taya, "pourra sadonner à la politique comme il lentendra".
Quoi que puisse en penser le concerné lui-même dont on imagine mal quil cherche encore à revenir au pouvoir, le Peuple semble sêtre fait à sa retraite en soutenant le projet du CMJD. La communauté internationale ayant, pour sa part, choisie daccompagner la transition mauritanienne, le retour éventuel de lancien président, dans le contexte politique actuel, ne saurait laisser indifférente la classe politique nationale.
Aussi avons-nous jugé opportun de recueillir le point de vue des uns et des autres sur le sujet.
La classe politique réagit
La question-type, adressée aux acteurs politiques que nous avons été contraints de limiter à ceux que nous avons pu contacter, était de savoir ce quils pensent de ce retour de lancien président Ould Taya?
Pour le président du RPM, Dr. Cheikh Ould Horma Ould Babana : "Nous estimons que les choses doivent être bâties sur des bases où la comparaison entre le bien et le mal est prise en compte. Est-ce que ce retour de lancien président est bon ou mauvais pour la Mauritanie ?
Car ce quil faut voir, au-delà de toute considération personnelle, cest lintérêt de la Mauritanie. Sil est mieux pour lui de rester jusquà ce quil y ait un climat apaisé, il serait préférable quil sy résigne. Il est, par exemple, au cur du dossier du passif humanitaire pour lequel nous essayons de trouver une solution. Nous entamons une réconciliation nationale et il est souhaitable quil ne vienne pas détériorer ce climat. Nous navons rien, en particulier, contre lui et cest à l'histoire de le juger, mais chacun doit penser à la Mauritanie".
Pour M. Ahmed Ould Daddah, président du RFD, "tout citoyen, quelque soit son passé, a le droit de revenir dans son pays".
Même son de cloche, sinon plus explicite chez le PRDR, dont le secrétaire général, Sidi Mohamed Ould Mohamed Vall dit Ghrini, nous dira : "Nous avons apprécié la constance de la position du président du CMJD à ce sujet ; position confirmée par sa toute dernière interview avec Al Arabiya. Nous estimons que cette position est conforme aux principes que nous défendons tous, à savoir, ceux du respect des droits de tous les Mauritaniens de regagner librement leur patrie et dy vivre dans la dignité et la sécurité".
Au Hatem de Saleh Ould Hanena, cest un autre argument que le chargé de la communication, M. Izidbih Ould Mohamed El Béchir nous livrera : "Nous sommes contre le retour de lancien président Maaouiya Ould SidAhmed Taya pour plusieurs raisons. Dabord parce quil doit répondre de sa mauvaise gestion du pays durant tout son règne et ensuite parce que son retour dans cette phase transitoire renforcera les détourneurs des deniers publics qui se sont illicitement enrichis et gardent jalousement leur fortune pour faire de la politique".
Un avis qui ne séloigne pas trop de celui de la mouvance dite islamiste, dont lune des figures emblématiques, M. Mohamed Jemil Mansour nous affirmera: "Par principe, nous ne sommes contre le retour daucun Mauritanien pour vivre en paix dans son pays. Mais dun autre côté, nous considérons que Maaouiya Ould SidAhmed Taya a tellement de comptes à rendre au Peuple mauritanien quil na pas intérêt à revenir et nous lui conseillons de ne pas le faire. De toute façon, il n'est pas le bienvenu politiquement."
A l'AJD, le Secrétaire général M. Cissé Amadou Cheikhou nous dira : "Le problème de l'ancien président Maaouiya Ould SidAhmed Taya est très clair et au lendemain du changement du 3 août 2005, nous avons exprimé notre intention de porter plainte contre lui pour les crimes contre lhumanité quil a commis. Cette plainte reste valable. Maaouiya a fait très mal à la Mauritanie et sil revient au pays, nous saisirons la justice pour le juger."
Le Secrétaire général du PAD, M. Mohamed Abdallahi Ould Taleb Ethmane est, quant à lui, carrément acquis à lancien président : "Je suis pour le retour de Maaouiya Ould SidAhmed Taya en tant que Chef de lEtat et on doit, s'il le veut, le laisser faire de la politique dans cette phase de la transition".
Ainsi, la question du retour de lancien président Ould Taya, - un homme qui pourrait constituer un cheval de bataille, pour ou contre, au cours des futures échéances électorales -, est tout de même légitime.
Cest peut-être pourquoi le CMJD et son Président ne cessent den parler comme pour la banaliser, même si, au passage, ils lui garantissent, sil voulait sen tenir à sa retraite, "les honneurs dus à son rang dancien président de la République".
Alors, Ould Taya reviendra-t-il au pays avant ou après la transition en cours?
Mohamed Ould Khattat
mmkhattatt@hotmail.com