Madame la Ministre de l’Agriculture (M.A), faisant suite à ma question écrite, transmise par l’Assemblée Nationale sous le numéro 007 du 31/01/2018 et restée sans suite de votre part, je vous renouvelle la même question libellée ainsi comme suit :
L’Etat mauritanien a engagé ces dernières années, de vastes chantiers, pour aménager ou réhabiliter plusieurs périmètres agricoles villageois dans la Moughataa de Boghé. Paradoxalement, plusieurs de ces chantiers ne sont guère terminés (plus de 10 ans). Pour ceux qui ont été livrés aux bénéficiaires, plusieurs sont abandonnés par défaut d’aménagement ou du matériel d’exhaures (moteurs, tuyauteries etc..)
Madame la Ministre, comme mes innombrables passages dans vos bureaux n’ont rien servi, alors pouvez-vous édifier l’opinion publique, des mesures prises par votre Département, pour rendre ces périmètres opérationnels afin que les populations qui attendent désespérément depuis des années, puissent les exploiter convenablement ?
Moctar Aliou SOW,
Député à l’Assemblée Nationale
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Discutions question orale adressée à Mme la Ministre de l’Agriculture (13/06/2018)
C’est à contre cœur que j’ai posé cette question orale suivie de débats à Mme la Ministre de l’Agriculture car j’ai essayé vainement de trouver une solution à certains de ces problèmes en venant régulièrement dans son bureau mais en vain. Finalement j’ai eu même honte de revenir couramment, en ne trouvant souvent que des réponses contradictoires et sans aucune volonté de solution réelle de sa part.
Cette gêne qui m’anime est dû au fait que je suis très sensible et tout à fait reconnaissant des efforts inlassables et de l’attention particulière que son Excellence le Président Mohamed Ould Abdel Aziz, a donnée au secteur agricole notamment à la filière riz, depuis son arrivée au pouvoir.
En ma qualité de Député de Boghé, je ne peux pas passer sous silence du gigantesque chantier qui se réalise au niveau du casier pilote de Boghé pour plus de 3 000 ha (extension et réhabilitation) en faveur de 6 000 exploitants. C’est un rêve qui devient réalité car on l’attendait depuis plus de 30 ans. Merci au président Mhd Ould Abdel Aziz, qui a instruit au département de l’agriculture, de prendre en compte les préoccupations légitimes des propriétaires terriens.
Je profite de cette prise de parole pour lui renouveler les remerciements des bénéficiaires, tout en souhaitant qu’une solution soit trouvée pour des milliers des ayant droits recensés non servis en plus des ceux sans terres qui vivaient de cette plaine, depuis des millénaires.
Mes remerciements vont aussi aux fils du terroir, membres du comité de pilotage qui se sont portés volontaires, pour accompagner l’état, en corrigeant les insuffisances constatées sur le dossier d'étude, afin que le périmètre soit un modèle de réussite, dans un esprit de bonne gouvernance. Là aussi, malgré quelques soubresauts, la tutelle a pris en compte plusieurs de ces doléances.
En revenant à ma question qui se rapporte à d’autres chantiers dont certains datent de plus de 10 ans, la liste serait longue car du Trarza au Gorgol, c’est le même cri de détresse de chantiers inachevés ; sans pouvoir lister tous ces périmètres dans un laps de temps compté, je ne pourrais pas les énoncer tous mais je me limiterais à ceux qui me paraissent les plus essentiels se situant dans la Moughataa de Boghé, objet de ma question.
Toujours au niveau de la Commune de Boghé, plusieurs petits périmètres villageois sont soit abandonnés à cause des éléments cités plus hauts (périmètre de N’Gorel en exploitation depuis 1988 devenu vétuste et sans équipements) auquel s’ajoutent les autres périmètres mitoyens : Sarandogou Diadiabé, Dioullom, Sarandogou Djibéry tous en chantiers inachevés depuis des années.
A la Commune de Dar El Avia, il y a le périmètre de Miftah El Khaîr et celui des rapatriés du village de N’Diorol (Diakré), tous abandonnés.
A la Commune de Ould Birom :
- le périmètre de N’Goral Guidalla qui était pourtant en exploitation mais que l’état a voulu réhabiliter, sans finir et le rendant inopérationnel depuis lors, idem pour celui de Taboîty.
- le grand périmètre de Beylane qui était prévu pour 1930 ha dont 312 aménagés pour quelques habitants des villages de la commune avec un grand nombre qui attend la seconde partie non encore aménagée. Alors, au niveau de ce périmètre de Beylane, les exploitants ont voulu supporter les erreurs d’aménagement en continuant à s’endetter annuellement avec une ardoise de plus de 34 millions. Aujourd’hui, seuls 72 ha sur les 312 sont allés en campagne de contre saison à cause des impayés et les défauts techniques. 1 seule pompe marche, le chenal mal compacté, pas profond et sèche avant la récolte.
Je terminerais par la Commune de Dar El Barka, en guise de rappel (Dar El Barka) est le premier village de Mauritanie à avoir un périmètre rizicole (des années de l’indépendance 260 ha) sur lequel il ne reste présentement que les traces d’abri de la station pompage. Malgré cette distinction, la Commune est la plus mal lotie en matière de périmètres villageois ; avec une population qui dépasse 13 000 habitants, elle ne dispose que de 734 ha (aménagés) donc les 2/3 de sa population n’ont pas de parcelles de riz. Celles qui en ont, cultivent des superficies moindres, et cela date de plus de 30 ans avec un agrandissement des familles.
S’ajoute à cela les familles dont les parcelles ont été reprises par l’administration de la période d’exception au profit d’autres, créant un problème de cohabitation parmi les communautés. Certains villages de cette commune avait la chance d’avoir des périmètres qui étaient bien aménagés par Italian Pointy ; l’état, en voulant les réhabiliter, les a rendu inexploitables : il s’agit des villages de Aly Guélel, Sinthiane, Diaw, N’Gourdiane, Donaye, Ando et de Testem etc.….
Mme la Ministre, votre département connaît mieux que quiconque les montants alloués à ce secteur afin de réduire notre dépendance de l’extérieur pour nos besoins alimentaires et aussi diminuer les poches de pauvreté de plus en plus grandissantes, mais hélas, les paysans s’appauvrissent et se lessivent davantage à cause du retard sur le calendrier cultural, des défauts d’aménagements et de la cherté des moyens d’exhaures (engrais, motopompes, tuyauteries, gasoil etc.….).
Pauvreté, oui car à la fin de chaque campagne, l’ardoise des redevances de gestion fait des millions sur le dos des paysans alors que la production ne couvre guère ces impayés. A titre d’exemple, pour une parcelle de 25 ares, j’ai eu à payer 54 000 UM avec un rendement d’1 sac de 50 kg de riz brut récolté, en plus de la paille bien sûr.
C’est pour cela que plusieurs périmètres villageois n’ont pas pu continué d’exister dans ces conditions particulièrement difficiles. Parmi les autres problèmes dont souffrent ces populations, sur les plaines de décrue figure :
- Au niveau de Boghé, la fermeture du bras de fleuve appelé FAMA (village de N’Gorel) par la Sonader lors du début des travaux d’aménagement du CPB ; c’est cet endroit qui facilitait l’inondation de plusieurs plaines, en parallèle avec l’ouvrage de N’Diorol jusqu’à Koundi à l’ouest ;
- Au niveau de Dar El Barka (village de Aly Guélel) c’est l’assèchement du marigot Diou alimentant le Koundi. Là aussi, en plus du phénomène de la désertification, il y a la responsabilité de l’état qui a effectué des travaux mal étudiés créant plus de dégâts à ce joyeux don de Dieu qui irriguait des milliers d’ha en décrue en permettant le maraîchage de contre-saison et la pêche en abondance.
- Présentement, il y a sur place un nouveau projet que votre département vient de lancer il y a de cela un an qui est entrain de reprendre les mêmes erreurs des projets similaires en matière d’approche communautaire et d’aménagement. Ces projets devraient se réaliser sur base des études socio-économiques durables (sans couper coller) en concertation avec les bénéficiaires finaux des ouvrages pour faire reculer à jamais le cercle vicieux de la pauvreté.
Pour conclure, l’objet de ma question c’est de trouver une solution durable afin de permettre à ces populations de vivre dignement, au lieu de s’appauvrir à cause de ces terres qui devraient raisonnablement les servir comme ça avait été depuis des millénaires. Aussi, on doit se départir de nos manières d’aménager les terres, en se tournant vers des méthodes modernes ; le monde a évolué, le pays ne doit pas rester à la traîne de l’innovation et du savoir faire. Pour moi, les défauts d’aménagements sont dus soit au manque de savoir faire des responsables, soit par déficit en équipement ou les 2 à la fois. Si non comment pourrons-nous comprendre ou accepter que depuis plus de 10 ans, aucun aménagement effectué n’est fiable et on continue de le faire en fermant les yeux !.
Pour se faire, je propose une mission de parlementaires pour aller sur le terrain voir la situation lamentable que vivent ces pauvres paysans, en apportant de solutions définitives à ces problèmes qui freinent le développement du secteur de l’Agriculture.
Source : Rédaction Cridem
L’Etat mauritanien a engagé ces dernières années, de vastes chantiers, pour aménager ou réhabiliter plusieurs périmètres agricoles villageois dans la Moughataa de Boghé. Paradoxalement, plusieurs de ces chantiers ne sont guère terminés (plus de 10 ans). Pour ceux qui ont été livrés aux bénéficiaires, plusieurs sont abandonnés par défaut d’aménagement ou du matériel d’exhaures (moteurs, tuyauteries etc..)
Madame la Ministre, comme mes innombrables passages dans vos bureaux n’ont rien servi, alors pouvez-vous édifier l’opinion publique, des mesures prises par votre Département, pour rendre ces périmètres opérationnels afin que les populations qui attendent désespérément depuis des années, puissent les exploiter convenablement ?
Moctar Aliou SOW,
Député à l’Assemblée Nationale
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Discutions question orale adressée à Mme la Ministre de l’Agriculture (13/06/2018)
C’est à contre cœur que j’ai posé cette question orale suivie de débats à Mme la Ministre de l’Agriculture car j’ai essayé vainement de trouver une solution à certains de ces problèmes en venant régulièrement dans son bureau mais en vain. Finalement j’ai eu même honte de revenir couramment, en ne trouvant souvent que des réponses contradictoires et sans aucune volonté de solution réelle de sa part.
Cette gêne qui m’anime est dû au fait que je suis très sensible et tout à fait reconnaissant des efforts inlassables et de l’attention particulière que son Excellence le Président Mohamed Ould Abdel Aziz, a donnée au secteur agricole notamment à la filière riz, depuis son arrivée au pouvoir.
En ma qualité de Député de Boghé, je ne peux pas passer sous silence du gigantesque chantier qui se réalise au niveau du casier pilote de Boghé pour plus de 3 000 ha (extension et réhabilitation) en faveur de 6 000 exploitants. C’est un rêve qui devient réalité car on l’attendait depuis plus de 30 ans. Merci au président Mhd Ould Abdel Aziz, qui a instruit au département de l’agriculture, de prendre en compte les préoccupations légitimes des propriétaires terriens.
Je profite de cette prise de parole pour lui renouveler les remerciements des bénéficiaires, tout en souhaitant qu’une solution soit trouvée pour des milliers des ayant droits recensés non servis en plus des ceux sans terres qui vivaient de cette plaine, depuis des millénaires.
Mes remerciements vont aussi aux fils du terroir, membres du comité de pilotage qui se sont portés volontaires, pour accompagner l’état, en corrigeant les insuffisances constatées sur le dossier d'étude, afin que le périmètre soit un modèle de réussite, dans un esprit de bonne gouvernance. Là aussi, malgré quelques soubresauts, la tutelle a pris en compte plusieurs de ces doléances.
En revenant à ma question qui se rapporte à d’autres chantiers dont certains datent de plus de 10 ans, la liste serait longue car du Trarza au Gorgol, c’est le même cri de détresse de chantiers inachevés ; sans pouvoir lister tous ces périmètres dans un laps de temps compté, je ne pourrais pas les énoncer tous mais je me limiterais à ceux qui me paraissent les plus essentiels se situant dans la Moughataa de Boghé, objet de ma question.
Toujours au niveau de la Commune de Boghé, plusieurs petits périmètres villageois sont soit abandonnés à cause des éléments cités plus hauts (périmètre de N’Gorel en exploitation depuis 1988 devenu vétuste et sans équipements) auquel s’ajoutent les autres périmètres mitoyens : Sarandogou Diadiabé, Dioullom, Sarandogou Djibéry tous en chantiers inachevés depuis des années.
A la Commune de Dar El Avia, il y a le périmètre de Miftah El Khaîr et celui des rapatriés du village de N’Diorol (Diakré), tous abandonnés.
A la Commune de Ould Birom :
- le périmètre de N’Goral Guidalla qui était pourtant en exploitation mais que l’état a voulu réhabiliter, sans finir et le rendant inopérationnel depuis lors, idem pour celui de Taboîty.
- le grand périmètre de Beylane qui était prévu pour 1930 ha dont 312 aménagés pour quelques habitants des villages de la commune avec un grand nombre qui attend la seconde partie non encore aménagée. Alors, au niveau de ce périmètre de Beylane, les exploitants ont voulu supporter les erreurs d’aménagement en continuant à s’endetter annuellement avec une ardoise de plus de 34 millions. Aujourd’hui, seuls 72 ha sur les 312 sont allés en campagne de contre saison à cause des impayés et les défauts techniques. 1 seule pompe marche, le chenal mal compacté, pas profond et sèche avant la récolte.
Je terminerais par la Commune de Dar El Barka, en guise de rappel (Dar El Barka) est le premier village de Mauritanie à avoir un périmètre rizicole (des années de l’indépendance 260 ha) sur lequel il ne reste présentement que les traces d’abri de la station pompage. Malgré cette distinction, la Commune est la plus mal lotie en matière de périmètres villageois ; avec une population qui dépasse 13 000 habitants, elle ne dispose que de 734 ha (aménagés) donc les 2/3 de sa population n’ont pas de parcelles de riz. Celles qui en ont, cultivent des superficies moindres, et cela date de plus de 30 ans avec un agrandissement des familles.
S’ajoute à cela les familles dont les parcelles ont été reprises par l’administration de la période d’exception au profit d’autres, créant un problème de cohabitation parmi les communautés. Certains villages de cette commune avait la chance d’avoir des périmètres qui étaient bien aménagés par Italian Pointy ; l’état, en voulant les réhabiliter, les a rendu inexploitables : il s’agit des villages de Aly Guélel, Sinthiane, Diaw, N’Gourdiane, Donaye, Ando et de Testem etc.….
Mme la Ministre, votre département connaît mieux que quiconque les montants alloués à ce secteur afin de réduire notre dépendance de l’extérieur pour nos besoins alimentaires et aussi diminuer les poches de pauvreté de plus en plus grandissantes, mais hélas, les paysans s’appauvrissent et se lessivent davantage à cause du retard sur le calendrier cultural, des défauts d’aménagements et de la cherté des moyens d’exhaures (engrais, motopompes, tuyauteries, gasoil etc.….).
Pauvreté, oui car à la fin de chaque campagne, l’ardoise des redevances de gestion fait des millions sur le dos des paysans alors que la production ne couvre guère ces impayés. A titre d’exemple, pour une parcelle de 25 ares, j’ai eu à payer 54 000 UM avec un rendement d’1 sac de 50 kg de riz brut récolté, en plus de la paille bien sûr.
C’est pour cela que plusieurs périmètres villageois n’ont pas pu continué d’exister dans ces conditions particulièrement difficiles. Parmi les autres problèmes dont souffrent ces populations, sur les plaines de décrue figure :
- Au niveau de Boghé, la fermeture du bras de fleuve appelé FAMA (village de N’Gorel) par la Sonader lors du début des travaux d’aménagement du CPB ; c’est cet endroit qui facilitait l’inondation de plusieurs plaines, en parallèle avec l’ouvrage de N’Diorol jusqu’à Koundi à l’ouest ;
- Au niveau de Dar El Barka (village de Aly Guélel) c’est l’assèchement du marigot Diou alimentant le Koundi. Là aussi, en plus du phénomène de la désertification, il y a la responsabilité de l’état qui a effectué des travaux mal étudiés créant plus de dégâts à ce joyeux don de Dieu qui irriguait des milliers d’ha en décrue en permettant le maraîchage de contre-saison et la pêche en abondance.
- Présentement, il y a sur place un nouveau projet que votre département vient de lancer il y a de cela un an qui est entrain de reprendre les mêmes erreurs des projets similaires en matière d’approche communautaire et d’aménagement. Ces projets devraient se réaliser sur base des études socio-économiques durables (sans couper coller) en concertation avec les bénéficiaires finaux des ouvrages pour faire reculer à jamais le cercle vicieux de la pauvreté.
Pour conclure, l’objet de ma question c’est de trouver une solution durable afin de permettre à ces populations de vivre dignement, au lieu de s’appauvrir à cause de ces terres qui devraient raisonnablement les servir comme ça avait été depuis des millénaires. Aussi, on doit se départir de nos manières d’aménager les terres, en se tournant vers des méthodes modernes ; le monde a évolué, le pays ne doit pas rester à la traîne de l’innovation et du savoir faire. Pour moi, les défauts d’aménagements sont dus soit au manque de savoir faire des responsables, soit par déficit en équipement ou les 2 à la fois. Si non comment pourrons-nous comprendre ou accepter que depuis plus de 10 ans, aucun aménagement effectué n’est fiable et on continue de le faire en fermant les yeux !.
Pour se faire, je propose une mission de parlementaires pour aller sur le terrain voir la situation lamentable que vivent ces pauvres paysans, en apportant de solutions définitives à ces problèmes qui freinent le développement du secteur de l’Agriculture.
Source : Rédaction Cridem