Le jeudi 1er août 2024, a eu lieu l’investiture du président mauritanien Ould Ghazouani, qui s’est succédé à lui-même, de manière banale et ordinaire, sans programme, ni projet, non sans violence et désolation. En 64 ans d’indépendance, la seule réalisation indéniable, si c’est en une, c’est l’effacement de la composante africaine noire dans sa diversité. La négation de la citoyenneté de la composante qui a donné le meilleur d’elle-même et qui a toujours été présente dans tous les secteurs du pays avec compétence et dignité.
La seule réponse au mérite, c’est l’exclusion, la déportation et le génocide.
La Mauritanie de Ghazouani poursuit avec acharnement et détermination le projet de finalisation de la négation de la diversité constitutive de la Mauritanie. Le régime de Ghazouani a approfondi et élargi toute la machine de guerre raciste et esclavagiste. L’Etat tribal est en train de célébrer la phase ultime de son aboutissement idéologique. L’Etat boutiquier connaît son heure de gloire et ses privilégiés se pavanent librement dans le pays. Ould Ghazouani, faut-il le souligner, est dans la continuation et la pérennisation de l’ère Ould Taya par d’autres méthodes. C’est le président le plus fidèle à l’esprit et à la démarche d’Ould Taya dans sa conduite du système politique raciste, esclavagiste et tribal qui gouverne la Mauritanie depuis les indépendances.
Certes, le système de domination et d’oppression de la composante africaine noire et harratine repose sur une cohérence sans faille depuis 1960, mais sa radicalisation s’est faite avec les années Ould Taya et pour connaître son point culminant avec Ould Ghazouani. Ce n’est pas un hasard s’il n’a rien énoncé, dans son discours, sur le fond du problème politique systémique avec son cortège de crimes, d’impunité, d’exclusion des populations noires et de négation de toutes les perspectives et initiatives en faveur de la décrispation de la situation politique, sociale et économique du pays.
C’est dans cet esprit que le président mauritanien réélu à sa propre succession a célébré son 2ème mandat où il sera question, dans les cinq ans à venir, de consolidation des institutions dont le seul objectif est de rendre inamovible la dictature militaire raciste, esclavagiste et tribale.
Dans son discours d’investiture, il a évité de mentionner les morts de Kaëdi, les arrestations arbitraires de militants morts sous les tortures policières, des pratiques qui rappellent ainsi les années de terreur sous l’ère Ould Taya. Il n’a pas évoqué les droits des orphelins, des veuves des militaires assassinés, les victimes du système depuis 1986, les assassinats, les déportations et le génocide physique et biométrique. Ould Ghazouani a omis de rappeler l’exigence de justice, de réparation, de vérité, de devoir de mémoire, conditions non négociables pour une Mauritanie apaisée et réconciliée avec elle-même.
Le président réélu à sa propre succession n’a pas mentionné les aspirations de tout le peuple mauritanien, dans sa diversité méprisée et niée, à une société démocratique, juste, libre et solidaire. Il a peur de nommer la réalité d’une société plurielle, multiculturelle en utilisant des catégories modernes. Il se perd dans l’énumération des éléments de langage avec une voix impassible, terne, aphone et inaudible. Une stratégie de contournement pour enrober la vérité sous le voile des mots virtuels, sans aucune teneur, ni signification, encore moins du sens. Rien qui signale une prise de conscience critique et inquiète de la situation sociale, économique et géopolitique du monde. Aucun message adressé aux catégories sociales en souffrance à l’échelle nationale et aux pays plongés dans des crises dramatiques, où tous les jours, il y a des victimes de violences meurtrières, celles de la guerre et des conflits dans le monde.
Rien, également, n’a été mentionné sur la misère, la faim, la maladie, l’obscurantisme, l’impunité, l’injustice, les inégalités qui sont le lot quotidien de la majorité de la population. Ould Ghazouani, avec ce discours, a bien montré que la Mauritanie est en panne, plongée dans une misère, non seulement sociale et économique, mais culturelle, morale et spirituelle. Il n’a pas évoqué, ne serait-ce qu’en filigrane, la recherche scientifique, les sciences sociales, la philosophie, la production intellectuelle, la promotion de la lecture et l’accès aux livres, les bibliothèques, les musées.
La Mauritanie a pour vocation, pour Ould Ghazouani, à être un désert intellectuel, scientifique et culturel ! C’est le choix de la nuit de l’esprit, de l’absence des lumières de la raison, le déni du progrès, de l’émancipation et de la transformation sociale, donc de l’obscurantisme pour étouffer toute forme de résistance avec les armes de l’esprit critique, du questionnement et de l’argumentation rationnelle. Le rêve n’est plus permis, encore moins, le projet pour le rayonnement de la Mauritanie.
Le discours du président a réaffirmé le choix déterminé pour le culte de la médiocrité et du nivellement par le bas. C’est l’avenir de plusieurs générations qui est ainsi compromis. A quand la prise de conscience de la jeunesse et des jeunes officiers, partie prenante de la composante dominante et privilégiée pour dire non à ce système qui conduit le pays vers le désastre ? Pourquoi tant de solidarité et de cohésion dans l’aveuglement, l’obscurantisme et l’impunité ? A qui profite vraiment cette volonté politique qui fait sombrer tout un pays, depuis les indépendances et que tous les régimes politiques n’ont fait qu’amplifier dans sa descente aux enfers du crime, des assassinats, de l’exclusion, du déni d’humanité de l’autre composante du pays et du génocide?
Le discours d’investiture d’Ould Ghazouani est l’illustration parfaite que rien ne fera reculer le système dans sa négation du vivre ensemble démocratique. L’obscurantisme a été réaffirmé comme axe politique majeur et incontournable et comme mode de gouvernance. Avec cette investiture, le peuple mauritanien, dans toutes ses composantes, doit s’attendre au pire.
L’incompétence et la suffisance auréolées par l’irresponsabilité et la vacuité intellectuelle ont ponctué les orientations politiques et idéologiques martelées entre les lignes de chaque phrase du discours prononcé par le président réélu. Ce discours transpirait le manque de convictions et d’engagement du président devant un peuple désespéré et médusé.
Il faut dire que le discours d’investiture du président mauritanien annonce une fin de règne et un cri de désespoir de tout un peuple dont l’aveuglement des privilégiés est en écho avec le désespoir des victimes, depuis toujours du système politique raciste, esclavagiste et tribal instauré en 1960.
Le manque de souffle dans sa ponctuation est le symptôme de l’épuisement et de la lassitude du projet, dont il entend être le porteur et le garant, dans sa phase crépusculaire et décadente.
Il s’est agi, faut-il le souligner, d’une torture morale et spirituelle de prononcer un discours qui, de A à Z, est en dissonance avec ses intentions et les objectifs de la feuille de route non dévoilée, mais qui sera le programme politique à suivre à la trace : poursuivre l’application du système dans ses pratiques les plus inavouables à destination de la composante cible à qui, il ne faut accorder aucune reconnaissance, ni de droit, encore moins de dignité.
Avec la nouvelle mandature d’Ould Ghazouani, la Mauritanie doit s’attendre à un horizon sans lendemain, annonciateur des plus grands dangers. Puisse cette nouvelle législature sonner le glas d’un système politique aussi monstrueux que cruel avant son terme!
Hamdou Rabby Sy
Philosophe militant
des droits de l'homme.
Paris le 4 août 2024
La seule réponse au mérite, c’est l’exclusion, la déportation et le génocide.
La Mauritanie de Ghazouani poursuit avec acharnement et détermination le projet de finalisation de la négation de la diversité constitutive de la Mauritanie. Le régime de Ghazouani a approfondi et élargi toute la machine de guerre raciste et esclavagiste. L’Etat tribal est en train de célébrer la phase ultime de son aboutissement idéologique. L’Etat boutiquier connaît son heure de gloire et ses privilégiés se pavanent librement dans le pays. Ould Ghazouani, faut-il le souligner, est dans la continuation et la pérennisation de l’ère Ould Taya par d’autres méthodes. C’est le président le plus fidèle à l’esprit et à la démarche d’Ould Taya dans sa conduite du système politique raciste, esclavagiste et tribal qui gouverne la Mauritanie depuis les indépendances.
Certes, le système de domination et d’oppression de la composante africaine noire et harratine repose sur une cohérence sans faille depuis 1960, mais sa radicalisation s’est faite avec les années Ould Taya et pour connaître son point culminant avec Ould Ghazouani. Ce n’est pas un hasard s’il n’a rien énoncé, dans son discours, sur le fond du problème politique systémique avec son cortège de crimes, d’impunité, d’exclusion des populations noires et de négation de toutes les perspectives et initiatives en faveur de la décrispation de la situation politique, sociale et économique du pays.
C’est dans cet esprit que le président mauritanien réélu à sa propre succession a célébré son 2ème mandat où il sera question, dans les cinq ans à venir, de consolidation des institutions dont le seul objectif est de rendre inamovible la dictature militaire raciste, esclavagiste et tribale.
Dans son discours d’investiture, il a évité de mentionner les morts de Kaëdi, les arrestations arbitraires de militants morts sous les tortures policières, des pratiques qui rappellent ainsi les années de terreur sous l’ère Ould Taya. Il n’a pas évoqué les droits des orphelins, des veuves des militaires assassinés, les victimes du système depuis 1986, les assassinats, les déportations et le génocide physique et biométrique. Ould Ghazouani a omis de rappeler l’exigence de justice, de réparation, de vérité, de devoir de mémoire, conditions non négociables pour une Mauritanie apaisée et réconciliée avec elle-même.
Le président réélu à sa propre succession n’a pas mentionné les aspirations de tout le peuple mauritanien, dans sa diversité méprisée et niée, à une société démocratique, juste, libre et solidaire. Il a peur de nommer la réalité d’une société plurielle, multiculturelle en utilisant des catégories modernes. Il se perd dans l’énumération des éléments de langage avec une voix impassible, terne, aphone et inaudible. Une stratégie de contournement pour enrober la vérité sous le voile des mots virtuels, sans aucune teneur, ni signification, encore moins du sens. Rien qui signale une prise de conscience critique et inquiète de la situation sociale, économique et géopolitique du monde. Aucun message adressé aux catégories sociales en souffrance à l’échelle nationale et aux pays plongés dans des crises dramatiques, où tous les jours, il y a des victimes de violences meurtrières, celles de la guerre et des conflits dans le monde.
Rien, également, n’a été mentionné sur la misère, la faim, la maladie, l’obscurantisme, l’impunité, l’injustice, les inégalités qui sont le lot quotidien de la majorité de la population. Ould Ghazouani, avec ce discours, a bien montré que la Mauritanie est en panne, plongée dans une misère, non seulement sociale et économique, mais culturelle, morale et spirituelle. Il n’a pas évoqué, ne serait-ce qu’en filigrane, la recherche scientifique, les sciences sociales, la philosophie, la production intellectuelle, la promotion de la lecture et l’accès aux livres, les bibliothèques, les musées.
La Mauritanie a pour vocation, pour Ould Ghazouani, à être un désert intellectuel, scientifique et culturel ! C’est le choix de la nuit de l’esprit, de l’absence des lumières de la raison, le déni du progrès, de l’émancipation et de la transformation sociale, donc de l’obscurantisme pour étouffer toute forme de résistance avec les armes de l’esprit critique, du questionnement et de l’argumentation rationnelle. Le rêve n’est plus permis, encore moins, le projet pour le rayonnement de la Mauritanie.
Le discours du président a réaffirmé le choix déterminé pour le culte de la médiocrité et du nivellement par le bas. C’est l’avenir de plusieurs générations qui est ainsi compromis. A quand la prise de conscience de la jeunesse et des jeunes officiers, partie prenante de la composante dominante et privilégiée pour dire non à ce système qui conduit le pays vers le désastre ? Pourquoi tant de solidarité et de cohésion dans l’aveuglement, l’obscurantisme et l’impunité ? A qui profite vraiment cette volonté politique qui fait sombrer tout un pays, depuis les indépendances et que tous les régimes politiques n’ont fait qu’amplifier dans sa descente aux enfers du crime, des assassinats, de l’exclusion, du déni d’humanité de l’autre composante du pays et du génocide?
Le discours d’investiture d’Ould Ghazouani est l’illustration parfaite que rien ne fera reculer le système dans sa négation du vivre ensemble démocratique. L’obscurantisme a été réaffirmé comme axe politique majeur et incontournable et comme mode de gouvernance. Avec cette investiture, le peuple mauritanien, dans toutes ses composantes, doit s’attendre au pire.
L’incompétence et la suffisance auréolées par l’irresponsabilité et la vacuité intellectuelle ont ponctué les orientations politiques et idéologiques martelées entre les lignes de chaque phrase du discours prononcé par le président réélu. Ce discours transpirait le manque de convictions et d’engagement du président devant un peuple désespéré et médusé.
Il faut dire que le discours d’investiture du président mauritanien annonce une fin de règne et un cri de désespoir de tout un peuple dont l’aveuglement des privilégiés est en écho avec le désespoir des victimes, depuis toujours du système politique raciste, esclavagiste et tribal instauré en 1960.
Le manque de souffle dans sa ponctuation est le symptôme de l’épuisement et de la lassitude du projet, dont il entend être le porteur et le garant, dans sa phase crépusculaire et décadente.
Il s’est agi, faut-il le souligner, d’une torture morale et spirituelle de prononcer un discours qui, de A à Z, est en dissonance avec ses intentions et les objectifs de la feuille de route non dévoilée, mais qui sera le programme politique à suivre à la trace : poursuivre l’application du système dans ses pratiques les plus inavouables à destination de la composante cible à qui, il ne faut accorder aucune reconnaissance, ni de droit, encore moins de dignité.
Avec la nouvelle mandature d’Ould Ghazouani, la Mauritanie doit s’attendre à un horizon sans lendemain, annonciateur des plus grands dangers. Puisse cette nouvelle législature sonner le glas d’un système politique aussi monstrueux que cruel avant son terme!
Hamdou Rabby Sy
Philosophe militant
des droits de l'homme.
Paris le 4 août 2024