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Le bureau exécutif de l'AVOMM

"L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous." Jean-Paul Sartre

"L'Association d'aides aux veuves et aux orphelins de mauritanie (AVOMM) qui nous rassemble, a été créée le 25/12/95 à PARIS par d'ex-militaires mauritaniens ayant fui la terreur, l'oppression, la barbarie du colonel Mawiya o/ sid'ahmed Taya ......
Ces rescapés des geôles de ould Taya, et de l'arbitraire, décidèrent, pour ne jamais oublier ce qui leur est arrivé, pour garder aussi la mémoire des centaines de martyrs, de venir en aide aux veuves, aux orphelins mais aussi d'engager le combat contre l'impunité décrétée par le pouvoir de Mauritanie."
E-mail : avommavomm@yahoo.fr

Bureau exécutif

*Ousmane SARR, président
*Demba Niang, secrétaire général
*Secrétaire général Adjt; Demba Fall
*Alousseyni SY, Chargé des relations extérieures
*Mme Rougui Dia, trésorière
*Chargé de l’organisation Mariame Diop
*adjoint Ngolo Diarra
*Mme Mireille Hamelin, chargée de la communication
*Chargé de mission Bathily Amadou Birama
Conseillers:
*Kane Harouna
*Hamdou Rabby SY










AVOMM

Que faire de la manne pétrolière ?


Que faire de la manne pétrolière ?
En février 2006, un pétrole léger et de haute qualité a commencé à couler des puits offshore de Chinguetti, au large de la Mauritanie. Ces puits produiront 75 000 barils/jour pendant neuf ans. Thiof, le second gisement, situé 25 km plus au nord, pourrait produire quelque 100 millions de barils, sans parler d'une importante quantité de gaz naturel. A 7 500 km plus à l'est, les sociétés pétrolières s'intéressent de près à Madagascar, où les réserves pourraient se révéler prometteuses. Plusieurs compagnies ont déjà signé des permis de recherche et d'exploitation. C'est le cas du géant américain Exxon, qui va prospecter 36 000 km2 en haute mer au large de Mahajanga, à l'ouest du pays. Trois autres compagnies feront de même : la chinoise Sunpec, l'américaine Vanco Energy et la norvégienne Norsk Hydro. D'ici à 2010, la Grande Ile pourrait à son tour devenir productrice d'or noir.

Madagascar, la Mauritanie, le Tchad... ont rejoint, ou sont en passe de rejoindre, la Guinée-Equatoriale, le Gabon, l'Angola, le Nigeria, la Libye... au club des producteurs africains de pétrole. Si le Nigeria, l'Algérie et la Libye sont les seuls Etats du continent membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), l'Association des producteurs de pétrole africains (APPA) compte, elle, quatorze membres (1). Certains sont, certes, de petits – et anciens – producteurs (Congo-Brazzaville, Côte d'Ivoire, etc.). La Mauritanie, à l'inverse, ignorait encore à la charnière des deux siècles qu'elle possédait du pétrole. Le Tchad, lui, ne produit que depuis 2003.

Et ce mouvement n'est pas fini : les recherches et les découvertes se poursuivent au large de la Côte d'Ivoire, du Liberia, de la Guinée, de la Sierra Leone, du Sénégal et de la Gambie. L'autre versant du continent est aussi concerné, au Kenya, au Mozambique et à Madagascar. Certes, au total, l'Afrique ne « pèse » que 10,2 % de la production et 7,3 % des réserves mondiales. Son premier producteur, le Nigeria, n'est qu'au 11e rang mondial (2), et la Libye, deuxième producteur africain, est au 16e rang mondial. Mais dans le classement des exportateurs, ils sont respectivement 7e et 10e. En effet, le continent noir raffine et consomme proportionnellement moins que sa part dans la production (3) : un schéma que l'on retrouve pour l'ensemble des matières premières du continent, peu transformées sur place.

La croissance du nombre de sites de production en Afrique est d'abord due à la hausse des cours, qui rentabilise les recherches et l'exploitation. En outre, l'accroissement de la demande mondiale et les incertitudes pesant sur l'offre rendent vital, pour les grands consommateurs, le contrôle de nouveaux gisements. Ce sont souvent les Etats-Unis que l'on accuse de telles visées. Leur mode de vie « énergétivore » les conduit en effet à accaparer 25 % de la consommation mondiale de pétrole, dont la moitié seulement est couverte par leur propre production. Mais ils ne sont pas les seuls.

La Chine se trouve désormais dans la même situation, ne produisant que la moitié de ce qu'elle consomme. Le Soudan, notamment, est un nouveau producteur largement sous l'emprise des Chinois. Dès 1997, un vaste projet a associé à Muglad, dans le sud du pays, Soudanais, Chinois, Malaisiens et Canadiens (4). C'est précisément parce que l'Afrique est arrivée plus tard dans le concert des producteurs que la situation y est moins cadenassée par les majors traditionnelles, et que de nouveaux intervenants peuvent y prendre pied. Les Européens (Elf-Total-Fina, Shell, Repsol...) sont aussi présents, mais en situation de repli ; ils s'accrochent dès lors à leurs positions, comme au Gabon.

L'influence des entreprises pétrolières transnationales n'est pas neuve (5). Mais la croissance de l'exploitation entraîne de nouvelles questions, dont la principale est celle de l'utilisation de la manne. C'est au Tchad que cet enjeu est apparu de la manière la plus explicite (6). Les investissements nécessaires à l'exploitation pétrolière dans la région de Doba et à l'exportation via le port camerounais de Kribi ont été soutenus notamment par la Banque mondiale, qui en a profité pour imposer au pays des règles dites de « bonne gouvernance ». Parmi celles-ci, la loi 001, édictée sous la pression des bailleurs de fonds, visait une gestion « transparente » et une redistribution équitable des revenus de l'or noir. Un Fonds pour les générations futures a été créé, alimenté à hauteur de 10 % des revenus pétroliers placés sur un compte séquestre à Londres. Il devait servir à financer des secteurs prioritaires comme la santé, l'éducation, les infrastructures, l'approvisionnement en eau.

Mais deux ans plus tard, fin 2005, prétextant une crise de trésorerie et arguant de sa souveraineté, le pays dénonçait ses engagements. La Banque mondiale a alors fait bloquer les revenus de la vente du pétrole tchadien sur un compte à Londres. N'Djamena a réagi en menaçant de fermer les robinets. Début mai, juste avant l'élection présidentielle, la Banque a fléchi « pour des raisons humanitaires ». En contrepartie, N'Djamena a accepté de consacrer, dans le budget 2006 révisé, 70 % des revenus pétroliers à la lutte contre la pauvreté. Cependant, rien ne garantit qu'il respectera ses engagements (7), N'Djamena, avril 2006.]].

Ce débat est emblématique d'un dilemme fréquent : en l'absence de démocratie, faut-il imposer de l'extérieur des mesures destinées à assurer le bien-être d'une population et à éviter l'accaparement des ressources par une élite, ou donner priorité absolue à la souveraineté, même lorsque celle-ci aboutit à l'enrichissement d'une minorité ?

L'affaire est suivie avec attention dans d'autres pays africains producteurs de pétrole, où le monde associatif estime aussi que, sans l'adoption de règles claires, l'or noir continuera à alimenter les conflits et la corruption. C'est à partir de ce constat qu'a été adoptée l'Initiative pour la transparence des industries extractives (ITIE). Lancée en juin 2003 par le gouvernement britannique, l'ITIE a notamment développé un modèle de publication pour s'assurer que les versements des compagnies extractives sont bien encaissés par le Trésor public. En Afrique, neuf pays, dont l'Angola, le Cameroun, le Tchad, le Gabon et le Niger, l'ont récemment approuvée. D'autres ont déjà commencé à la mettre en œuvre. C'est le cas du Congo-Brazzaville, de São-Tomé-et-Príncipe et du Ghana. L'ITIE engage chaque pays dans un processus tripartite : le gouvernement, la « société civile » et les entreprises extractives doivent œuvrer à ce que les revenus miniers ne finissent pas dans les poches de quelques nantis...

Il n'est pas exclu que les revenus du pétrole donnent de la marge de manœuvre à certains Etats, les libérant quelque peu d'autres pressions. Ainsi, la Mauritanie, qui doit négocier avant le 31 juillet un accord de pêche avec l'Union européenne, n'a plus le couteau aussi serré sur la gorge que lors des négociations précédentes, grâce aux revenus de l'or noir. De là à placer tous ses espoirs dans la manne pétrolière... Comme d'habitude, la population ne voit pas nécessairement la couleur de cet argent. Au Nigeria par exemple, premier producteur du continent, la population a, à plusieurs reprises durant l'année 2005, manifesté contre la hausse du prix sur le marché local, prix qui a plus que quadruplé entre 1994 et 2004. Paradoxalement, le Nigeria, qui tire de l'or noir plus de 95 % de ses recettes d'exportation, est exposé à des pénuries régulières de produits pétroliers, parce qu'il exporte vers l'Occident, surtout aux Etats-Unis, presque la totalité des 2,5 millions de barils de brut qu'il produit par jour, et se voit donc contraint, pour satisfaire ses propres besoins en produits raffinés, de s'approvisionner sur un marché international aux cours fluctuants. Ces augmentations résultent aussi au Nigeria d'une mauvaise gestion des capacités de raffinage. La Nigeria National Petroleum Corporation dispose certes de quatre raffineries qui, « avec une capacité de production de 45 millions de litres de produits finis par jour, pourraient satisfaire la demande locale quotidienne, estimée à 30 millions de litres, et même exporter le reste », analyse Aliyou Daouda, journaliste économique nigérian. Mais, mal entretenues et mal gérées, ces entreprises ne tournent qu'à 40 % de leurs capacités. Responsabilités internes et externes ne s'excluent pas, mais se complètent.

André Linard
Jeudi 21 Septembre 2006 - 15:51
Jeudi 21 Septembre 2006 - 15:53
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