Le Calame : Pour la troisième fois en moins de six mois, le président Mohamed Ould Abdel Aziz a réitéré son offre de dialogue inclusif à l’opposition, notamment le FNDU qui, lui aussi se dit disposé au dialogue. Qu’est-ce qui, à votre avis entrave la mise en branle de ce processus censé, pour les uns et les autres, solder la crise née du renversement de Sidi Ould Cheikh Abdallahi, en août 2008 ?
Bâ Mamadou Bocar : Avant l’élection présidentielle de 2009, la crise était telle que des pays amis ont dû s’impliquer fortement pour arriver aux accords de Dakar qui ont permis l’organisation d’une élection consensuelle durant laquelle le FNDD avait obtenu l’essentiel des garanties en ayant obtenu, suite aux négociations, le ministère de l’intérieur et la présidence de la CENI. Malgré cela, le président du HCE de l’époque est passé au premier tour. Notre parti, engagé déjà dans la campagne, a dû suspendre celle-ci sur la demande de l’UA pour favoriser le consensus entre toute la classe politique, consensus que nous avons toujours appelé de nos vœux. Mais au finish, nous avons été exclus de ces accords alors que nous étions partie prenante.
Nous sommes pour tout ce qui peut favoriser l’apaisement du climat social pour permettre à notre pays d’aller de l’avant.
Je pense qu’aussi bien le pouvoir que le FNDU ont des arrières pensés politiciennes qui empêchent le dialogue de s’enclencher.
En ce qui nous concerne, nous savons les limites du pouvoir en place pour garantir une réelle transparence au niveau des élections (administrations, grands électeurs, achat de consciences etc.…). C’était pire qu’au temps d’Ould Taya mais pourtant tout le monde participait à toutes les élections exceptées les élections législatives de 1992.
Pour notre part, nous pensons que le dialogue souhaité par le FNDU doit se transformer en débat national engageant toutes les composantes du pays autour des problèmes fondamentaux que sont la cohabitation entre nos différentes communautés, la place de nos langues et cultures dans les médias, le partage du pouvoir politique et la redistribution des richesses etc.
C’est cela l’approche que nous avons toujours privilégiée, posant les problèmes de fond plutôt qu’un dialogue circonstanciel qui se résume en ôte-toi de là que je m’y mette ;
Quelle solution préconise l’AJD/MR pour régler les problèmes de la cohabitation en Mauritanie?
Nous préconisons un débat national qui s’attèlera d’abord à résoudre définitivement :
- Le passif humanitaire selon le triptyque devoir de réparation, devoir de justice et devoir de mémoire.
-Le problème de l’esclavage.
Si ces préalables sont réglés, nous pourrons aborder les questions de fond à savoir :
-Le partage du pouvoir politique.
-La redistribution des richesses nationales, les questions culturelles et éducationnelles.
- La diplomatie etc.
Comprenez-vous les revendications des négro-mauritaniens dans leur ensemble et les Harratine qui se considèrent comme des « marginalisés » du « système » qui gouverne le pays ?
Bien sûr c’est tout le sens de notre combat pour lequel l’essentiel de nos cadres ont payé un lourd tribut pour avoir porté ces revendications sur la scène nationale et internationale.
Ce sont ces revendications qui nous ont conduit à Walata en décembre 1987, où à cause des mauvais traitements, nous avons perdu Ba Alassane Oumar,Tène Youssouf Guèye, Ba Abdoul Khoudouss et Djigo Tapsirou, paix à leurs âmes.
Mais Dieu merci la cause semble être entendue car aujourd’hui le débat est à l’ordre du jour suscité par le Président de la république.
Nous devons profiter de l’occasion pour sortir définitivement notre pays de cette impasse.
Ces revendications ou réactions ne traduisent pas d’une certaine façon l’échec des partis politiques censés prendre en charge ces questions ?
Effectivement, ces réactions traduisent un échec des partis politiques traditionnels qui en fait se préoccupent peu des revendications de ces couches marginalisées.
Tout le monde sait que l’essentiel des dirigeants de ces partis n’aspirent qu’à remplacer le chef pour continuer ce qu’il fait ou même faire pire.
C’est pourquoi nous disons que nous ne combattons pas un régime mais un système organisé, raciste et esclavagiste.
Propos recueillis par DL
Le Calame
Bâ Mamadou Bocar : Avant l’élection présidentielle de 2009, la crise était telle que des pays amis ont dû s’impliquer fortement pour arriver aux accords de Dakar qui ont permis l’organisation d’une élection consensuelle durant laquelle le FNDD avait obtenu l’essentiel des garanties en ayant obtenu, suite aux négociations, le ministère de l’intérieur et la présidence de la CENI. Malgré cela, le président du HCE de l’époque est passé au premier tour. Notre parti, engagé déjà dans la campagne, a dû suspendre celle-ci sur la demande de l’UA pour favoriser le consensus entre toute la classe politique, consensus que nous avons toujours appelé de nos vœux. Mais au finish, nous avons été exclus de ces accords alors que nous étions partie prenante.
Nous sommes pour tout ce qui peut favoriser l’apaisement du climat social pour permettre à notre pays d’aller de l’avant.
Je pense qu’aussi bien le pouvoir que le FNDU ont des arrières pensés politiciennes qui empêchent le dialogue de s’enclencher.
En ce qui nous concerne, nous savons les limites du pouvoir en place pour garantir une réelle transparence au niveau des élections (administrations, grands électeurs, achat de consciences etc.…). C’était pire qu’au temps d’Ould Taya mais pourtant tout le monde participait à toutes les élections exceptées les élections législatives de 1992.
Pour notre part, nous pensons que le dialogue souhaité par le FNDU doit se transformer en débat national engageant toutes les composantes du pays autour des problèmes fondamentaux que sont la cohabitation entre nos différentes communautés, la place de nos langues et cultures dans les médias, le partage du pouvoir politique et la redistribution des richesses etc.
C’est cela l’approche que nous avons toujours privilégiée, posant les problèmes de fond plutôt qu’un dialogue circonstanciel qui se résume en ôte-toi de là que je m’y mette ;
Quelle solution préconise l’AJD/MR pour régler les problèmes de la cohabitation en Mauritanie?
Nous préconisons un débat national qui s’attèlera d’abord à résoudre définitivement :
- Le passif humanitaire selon le triptyque devoir de réparation, devoir de justice et devoir de mémoire.
-Le problème de l’esclavage.
Si ces préalables sont réglés, nous pourrons aborder les questions de fond à savoir :
-Le partage du pouvoir politique.
-La redistribution des richesses nationales, les questions culturelles et éducationnelles.
- La diplomatie etc.
Comprenez-vous les revendications des négro-mauritaniens dans leur ensemble et les Harratine qui se considèrent comme des « marginalisés » du « système » qui gouverne le pays ?
Bien sûr c’est tout le sens de notre combat pour lequel l’essentiel de nos cadres ont payé un lourd tribut pour avoir porté ces revendications sur la scène nationale et internationale.
Ce sont ces revendications qui nous ont conduit à Walata en décembre 1987, où à cause des mauvais traitements, nous avons perdu Ba Alassane Oumar,Tène Youssouf Guèye, Ba Abdoul Khoudouss et Djigo Tapsirou, paix à leurs âmes.
Mais Dieu merci la cause semble être entendue car aujourd’hui le débat est à l’ordre du jour suscité par le Président de la république.
Nous devons profiter de l’occasion pour sortir définitivement notre pays de cette impasse.
Ces revendications ou réactions ne traduisent pas d’une certaine façon l’échec des partis politiques censés prendre en charge ces questions ?
Effectivement, ces réactions traduisent un échec des partis politiques traditionnels qui en fait se préoccupent peu des revendications de ces couches marginalisées.
Tout le monde sait que l’essentiel des dirigeants de ces partis n’aspirent qu’à remplacer le chef pour continuer ce qu’il fait ou même faire pire.
C’est pourquoi nous disons que nous ne combattons pas un régime mais un système organisé, raciste et esclavagiste.
Propos recueillis par DL
Le Calame