Projecteurs de l'AVOMM a rencontré pour vous Mme Maimouna Sy Secrétaire Générale du Collectif des Veuves. Elle incarne la lutte menée depuis de longues années par ces grandes dames qui nous ont toujours fascinés par la constance de leur combat, leur courage et leur détermination à faire toute la lumière sur les crimes dont ont été victimes leurs enfants, leurs époux ou leurs frères.
Une longue marche de plus de 17 ans en quête de justice, une lutte dont elles sont fières d'avoir été la locomotive. Leurs revendications s'imposent aujourd'hui et sont devenues une réalité incontournable, un préalable à toute réconciliation après avoir été juste un rêve.
Qui donc, à part elles, pouvait donner ce sens à cette lutte contre l ‘oubli ?
Elles, qui n'ont jamais pensé à se dérober de leur responsabilité, elles, qui ont pris leur décision d'une manière courageuse et audacieuse et qui ont subi toutes formes d'intimidation, de répression voir de tentatives de corruption. Elles n'ont jamais plié parce qu'elles sont animées d'une volonté d'aller jusqu'au bout, de connaître toute la vérité, de juger les responsables de ces crimes, de pouvoir faire le deuil des êtres qui leurs sont chers. Une réelle volonté de réconciliation nationale avec la mémoire qui leur interdit toute compromission, toute hésitation ou toute forme de renonciation. Ces dames dignes et généreuses, gardiennes de la mémoire mauritanienne méritent tout notre respect et notre solidarité.
Med
L'entretien :
AVOMM : Mme Maimouna Sy parlez-nous du Collectif de vos déceptions et des vos attentes en cette fin de transition ?
Le Collectif est né en 1992 à la suite des massacres des centaines de militaires negro-mauritaniens ; les épouses ; les mères ; les pères ;les cousins et les frères des disparus se sont constitues en collectifs pour réclamer leurs morts que le gouvernement de ould Taya n'a pas voulu reconnaître jusqu'à nos jours.
Avec les évènements du 3 août et l'arrivée du CMJD on avait espéré que les choses allaient changer ; mais ce fut une grosse déception car le gouvernement de transition ne veut pas en parler.
AVOMM : Le Collectif des Veuves a-t-il reçu des assurances des nouveaux élus quant au traitement de vos revendications ?
Le collectif n'a reçu aucune assurance des nouveaux élus et pour ce qui est du CMJD ; il a rencontré plusieurs personnes ; ONG ; syndicats etc.. sauf les victimes c'est à dire les veuves et les rescapes.
Le collectif des veuves a adresse trois lettres pour demander une audience auprès du chef de l'Etat mais ce fut un refus total de nous rencontrer car il n'y a eu aucune réponse à nos lettres.
Le CMJD qui a comme devise : JUSTICE ET DEMOCRATIE ne devait pas refuser de parler de ce problème car c'est d'assassinats qu'il s'agit donc c'est un problème de justice. Pourquoi ce gouvernement de transition refuse-t-il de parler de ce problème
Serait-il coupable ? Serait-il complice?
Pas d'assurance des nouvelles autorités ; c'est une déception de plus qui se traduit par la promulgation de l'ordonnance N0 2006-015 portant institution d'une Commission Nationale des Droits de l'Homme CNDH ; une commission sur mesure dont l'article 5 stipule que seules les situations d'atteinte aux droits de l'homme survenue après l'entrée en vigueur de la dite ordonnance sont concernées. Une façon de renier tous les crimes survenus postérieurement à la date de la création de la dite commission.
AVOMM : Quels sont les relations du Collectif avec l'AVOMM ?
Nos relations avec l'AVOMM sont des relations de travail, de fraternité, l'AVOMM nous représente à l'extérieur, elle nous a soutenu dans toutes nos actions de lutte, de revendication et dans nos problèmes financiers.
AVOMM : Ould Taya , le premier responsable de tous ces crimes fait l'objet d'une plainte pour crimes contre l'humanité introduite par l'AVOMM auprès de la justice belge, quels sentiments éprouvez-vous face à cette démarche ?
C'est des sentiments de confiance. Ce sont des frères qui ont cru en notre lutte, ils sont des defenseurs des Droits humains, des militants contre l'impunité. Ils ont parlé et ont agi en notre place, je les en remercie beaucoup car en Mauritanie il n'y a pas de justice pour nos disparus.
AVOMM : Quel message souhaiteriez-vous adresser au prochain gouvernement qui sera constitue pour gouverner le pays ?
On souhaiterait demander au prochain gouvernement qui sera en place de ne pas être comme le gouvernement de Taya et le gouvernement de transition, on le convie à traiter le problème du passif humanitaire, à combattre l'impunité à faire la lumière sur les assassinats afin que les coupables soient connus et jugés et qu'on indemnise les ayants droits.
AVOMM : Approuvez-vous le refus des FLAM de participer à la transition du fait qu'elle exclue le règlement du passif humanitaire et le retour des réfugies ?
Absolument, on les félicite car le règlement du passif humanitaire et le retour des réfugies sont des points qu'il faut régler pour que notre pays soit en paix avec lui même d'abord et avec ses fils ensuite.
AVOMM : Etes-vous optimistes ?
Oui je suis optimiste, car pour moi, c'est un problème qu'il faut débattre et pour lequel il faut trouver une solution. Si le passif humanitaire n'est pas résolu, la Mauritanie ne sera pas réconciliée avec ses fils, en plus il ne faut pas que ça se répète, il faut que la lumière soit faite.
AVOMM : Mme Maimouna Sy, merci d'avoir répondu à notre invitation, merci pour le noble combat que vous menez à la mémoire de vos martyrs, de nos martyrs, des martyrs de notre Mauritanie.
C'est moi qui vous remercie pour m'avoir donné l'occasion de m'exprimer sur notre problème qui reste encore sans solution. Encore une fois, j'appelle tous les mauritaniens à lutter avec les veuves car c'est notre problème à tous, pour combattre l'impunité, pour que la justice soit faite et qu'on sache qui a fait quoi. Merci.
Propos recueillis par Mohamed Dogui et Adama Sarr
Une longue marche de plus de 17 ans en quête de justice, une lutte dont elles sont fières d'avoir été la locomotive. Leurs revendications s'imposent aujourd'hui et sont devenues une réalité incontournable, un préalable à toute réconciliation après avoir été juste un rêve.
Qui donc, à part elles, pouvait donner ce sens à cette lutte contre l ‘oubli ?
Elles, qui n'ont jamais pensé à se dérober de leur responsabilité, elles, qui ont pris leur décision d'une manière courageuse et audacieuse et qui ont subi toutes formes d'intimidation, de répression voir de tentatives de corruption. Elles n'ont jamais plié parce qu'elles sont animées d'une volonté d'aller jusqu'au bout, de connaître toute la vérité, de juger les responsables de ces crimes, de pouvoir faire le deuil des êtres qui leurs sont chers. Une réelle volonté de réconciliation nationale avec la mémoire qui leur interdit toute compromission, toute hésitation ou toute forme de renonciation. Ces dames dignes et généreuses, gardiennes de la mémoire mauritanienne méritent tout notre respect et notre solidarité.
Med
L'entretien :
AVOMM : Mme Maimouna Sy parlez-nous du Collectif de vos déceptions et des vos attentes en cette fin de transition ?
Le Collectif est né en 1992 à la suite des massacres des centaines de militaires negro-mauritaniens ; les épouses ; les mères ; les pères ;les cousins et les frères des disparus se sont constitues en collectifs pour réclamer leurs morts que le gouvernement de ould Taya n'a pas voulu reconnaître jusqu'à nos jours.
Avec les évènements du 3 août et l'arrivée du CMJD on avait espéré que les choses allaient changer ; mais ce fut une grosse déception car le gouvernement de transition ne veut pas en parler.
AVOMM : Le Collectif des Veuves a-t-il reçu des assurances des nouveaux élus quant au traitement de vos revendications ?
Le collectif n'a reçu aucune assurance des nouveaux élus et pour ce qui est du CMJD ; il a rencontré plusieurs personnes ; ONG ; syndicats etc.. sauf les victimes c'est à dire les veuves et les rescapes.
Le collectif des veuves a adresse trois lettres pour demander une audience auprès du chef de l'Etat mais ce fut un refus total de nous rencontrer car il n'y a eu aucune réponse à nos lettres.
Le CMJD qui a comme devise : JUSTICE ET DEMOCRATIE ne devait pas refuser de parler de ce problème car c'est d'assassinats qu'il s'agit donc c'est un problème de justice. Pourquoi ce gouvernement de transition refuse-t-il de parler de ce problème
Serait-il coupable ? Serait-il complice?
Pas d'assurance des nouvelles autorités ; c'est une déception de plus qui se traduit par la promulgation de l'ordonnance N0 2006-015 portant institution d'une Commission Nationale des Droits de l'Homme CNDH ; une commission sur mesure dont l'article 5 stipule que seules les situations d'atteinte aux droits de l'homme survenue après l'entrée en vigueur de la dite ordonnance sont concernées. Une façon de renier tous les crimes survenus postérieurement à la date de la création de la dite commission.
AVOMM : Quels sont les relations du Collectif avec l'AVOMM ?
Nos relations avec l'AVOMM sont des relations de travail, de fraternité, l'AVOMM nous représente à l'extérieur, elle nous a soutenu dans toutes nos actions de lutte, de revendication et dans nos problèmes financiers.
AVOMM : Ould Taya , le premier responsable de tous ces crimes fait l'objet d'une plainte pour crimes contre l'humanité introduite par l'AVOMM auprès de la justice belge, quels sentiments éprouvez-vous face à cette démarche ?
C'est des sentiments de confiance. Ce sont des frères qui ont cru en notre lutte, ils sont des defenseurs des Droits humains, des militants contre l'impunité. Ils ont parlé et ont agi en notre place, je les en remercie beaucoup car en Mauritanie il n'y a pas de justice pour nos disparus.
AVOMM : Quel message souhaiteriez-vous adresser au prochain gouvernement qui sera constitue pour gouverner le pays ?
On souhaiterait demander au prochain gouvernement qui sera en place de ne pas être comme le gouvernement de Taya et le gouvernement de transition, on le convie à traiter le problème du passif humanitaire, à combattre l'impunité à faire la lumière sur les assassinats afin que les coupables soient connus et jugés et qu'on indemnise les ayants droits.
AVOMM : Approuvez-vous le refus des FLAM de participer à la transition du fait qu'elle exclue le règlement du passif humanitaire et le retour des réfugies ?
Absolument, on les félicite car le règlement du passif humanitaire et le retour des réfugies sont des points qu'il faut régler pour que notre pays soit en paix avec lui même d'abord et avec ses fils ensuite.
AVOMM : Etes-vous optimistes ?
Oui je suis optimiste, car pour moi, c'est un problème qu'il faut débattre et pour lequel il faut trouver une solution. Si le passif humanitaire n'est pas résolu, la Mauritanie ne sera pas réconciliée avec ses fils, en plus il ne faut pas que ça se répète, il faut que la lumière soit faite.
AVOMM : Mme Maimouna Sy, merci d'avoir répondu à notre invitation, merci pour le noble combat que vous menez à la mémoire de vos martyrs, de nos martyrs, des martyrs de notre Mauritanie.
C'est moi qui vous remercie pour m'avoir donné l'occasion de m'exprimer sur notre problème qui reste encore sans solution. Encore une fois, j'appelle tous les mauritaniens à lutter avec les veuves car c'est notre problème à tous, pour combattre l'impunité, pour que la justice soit faite et qu'on sache qui a fait quoi. Merci.
Propos recueillis par Mohamed Dogui et Adama Sarr