Présidentielle 2007 : 19 candidats dans le brouillard électoral

Finalement 19 candidats sont sur la ligne de départ pour le marathon du 11 mars 2007. Le leader du Front Populaire Chbih Ould Cheikh Melainine a renoncé à la bataille avant le déclenchement des hostilités. Il a préféré faire allégeance au candidat Mohamed Khouna Ould Haidalla. Décidemment Chbih n’a pas fini d’abattre ses cartes. Après son retrait de la CFCD, voilà qu’il vient de signer un « contrat » avec l’ex challenger de Ould Taya en formant avec Tamam, le PUDS, le RD… un bloc politique.

Pourquoi tant d’hésitations et de versatilité de la part de cet ancien ministre de Ould Taya tombé en disgrâce et devenu un adversaire gênant du Président déchu ? On se rappelle encore tout récemment sa déclaration en faveur du prolongement de la transition. Déclaration que lui-même n’a pas respecté en se portant candidat à la course présidentielle.

Pourquoi encore avoir attendu la validation des candidatures par la Cour constitutionnelle pour désister en invoquant des raisons qui sont bien antérieures à sa décision. Chbih Ould Cheikh sera-t-il enfin à sa dernière tergiversation politique ? Ce dernier calcul politique est peut-être le résultat d’un accord plus important qu’une aventure présidentielle à laquelle (comme du reste beaucoup de candidats), il s’est avoué vaincu.



Le candidat Haidalla « non rassasié » du fauteuil présidentiel qu’il n’a occupé que pendant trois petites années, n’est pas à sa première expérience. Il s’est présenté en 2001 contre le président Ould Taya l’homme qui l’avait renversé le 12/12/84. Les années de prison, de solitude ont laissé des stigmates sur la tête de Khouna Ould Haidalla sur qui certains Mauritaniens gardent des souvenirs d’homme proche du peuple, l’homme du « blé » comme l’appellent nostalgiquement ses admirateurs.

Mais avec la nouvelle configuration politique du pays caractérisée par une multiplicité de candidatures, la popularité de Haidalla trouvera difficilement un terreau favorable pour se renforcer. Son frêle causé par des années de chagrin, cet homme sans fortune remarquable (de son bien, on cite la maison qu’il occupe et quelques troupeaux de chameaux), mobilisera-t-il l’argent de sa campagne. A côté d’hommes fortunés prêts à sacrifier leur trésor de guerre contre un fauteuil présidentiel, les chances ne sont pas égales.

Par ailleurs, la scène politique offre des équations à plusieurs inconnues. Les observateurs politiques ont du mal à voir clair dans ce brouillard électoral où le phénomène des indépendants a secrété à une ou deux exceptions, des broutilles de candidats qui vont croiser le fer avec une CFCD qui compte en son sein 3 partis bien structurés (le RFD, l’UFP, l’APP) mais qui s’engagent dans la bataille en ordre dispersé. Ces trois formations politiques ont du mal à évaluer leur poids réel dans un contexte où les électeurs sont soumis à toutes sortes de pression. Les élections passées ont démontré que les électeurs Mauritaniens ne votent pas forcément des principes où un programme mais le ventre.


Déjà cette tendance commence à apparaître au sein de quelques formations politiques dont certaines ont perdu des pans importants de leurs cadres, partis faire allégeance ailleurs où l’odeur de l’argent se dégage. Comment la CFCD va-t-elle venir à bout de telles situations, sachant que cette fois-ci la cristallisation autour de la famille politique est moins évidente que pour les municipales et législatives. Quelle stratégie politique adopter pour convaincre les futurs électeurs à voter l’homme du changement. Cet homme par qui la surprise viendra un jour du 11 mars 2007.


Encadré

La pré- campagne a commencé



En cette période préélectorale, la scène politique est entrée en ébullition. Les Etats Major des candidats vivent sous le rythme de la fièvre préélectorale à quelques jours du lancement officiel de la campagne prévue le 23 février en cours. Les points de presse, déclarations tournées à l’intérieur du pays sont à l’ordre du jour. 19 candidats sont sur la ligne de départ. Le marathon ira-t-il jusqu’à la fin pour tous ces coureurs de « condition physique » différente.



Déjà un, a, après un bilan sanitaire déclaré son inaptitude à tenir le cross. D’autres n’ont pas voulu suivre l’exemple, croyant encore au miracle. Chacun joue son va-tout. Les concertations vont bon train. Dans la foulée, les petits gabarits mènent une campagne de proximité en attendant les moyens prévus pour financer la grande campagne. Les gros mammouths ne comptent pas sur cette opportunité pour effectuer leur tournée à l’intérieur du pays. Ils savent que c’est dans la Mauritanie profonde, que tout va se jouer.

La conquête des grandes villes a débuté pour des candidats comme Zein Ould Zeidane qui a entamé une tournée à l’intérieur en commençant par le sud du pays – un sud où l’enjeu politique risque de changer avec l’entrée en lice d’un ex bagnard de Oualata, Ibrahima Sarr, un dissident de l’APP qui est en train d’affûter ses armes pour l’échéance cruciale. Le candidat de l’UFP, Mohamed Ould Maouloud qui a déjà fait une visite à Kiffa, se prépare de nouveau pour un déplacement préélectoral.

Sidi Ould Cheikh Abdellahi multiplie les manœuvres pour ratisser large. Le leader du RFD est loin d’être en reste, lui qui rêve depuis belle lurette du palais ocre. Dans ce climat d’effervescence préélectorale, toutes les cartes se jouent, les alliances et contre alliances se nouent et se dénouent. Tout est diffus, conjoncturel, précaire…


Cheikh Tidjane Dia


source : Le Rénovateur Quotidien (Mauritanie) via cridem