Contribution de la Société Civile
Dans un contexte régional marqué par l’instabilité politique, la menace terroriste et le développement sans précédent du narcotrafic, la Mauritanie tente tant bien que mal de préserver une paix sociale fragilisée par des tensions intercommunautaires jamais égalées. Pays multiculturel et multiethnique, la Mauritanie est en effet confrontée à des défis majeurs hérités de son histoire récente et qui, s’ils ne sont pas résolus, risqueraient de mettre en péril l’existence même du pays. Les conséquences de la gestion désastreuse par l’Etat des rapports intercommunautaires qui s’est traduite par la répression sanglante et les déportations contre la communauté négro-africaine pendant les années de braise de l’histoire nationale et celle de la perpétuation de pratiques esclavagistes au sein de l’ensemble des composantes nationales continuent de mettre à mal la cohésion nationale. L’Etat de droit a certes connu des progrès dans le pays à travers la reconnaissance par l’Etat de ces tares et par l’engagement de celui-ci à les combattre mais des insuffisances notoires persistent quant aux questions de la justice sociale et de la bonne gouvernance. Or, la lutte contre le sous-développement endémique dans lequel se débat le pays ne peut être véritablement efficiente qu’à la condition d’un vivre ensemble harmonieux et apaisé entre les différentes composantes de la population. La question de la justice sociale est donc primordiale pour amorcer la lutte pour le développement. La Mauritanie se doit donc de prendre en charge avec le soutien du système des Nations unies :
- Le règlement définitif de la question du passif humanitaire et du problème des déportés. Ces questions ont certes connu un début de règlement mais cela reste largement insuffisant. Les victimes et ayants- droit de la répression des années 1990 n’ont obtenu jusque-là qu’une réparation financière. Quant au problème de la déportation, si un peu plus de vingt-quatre milles anciens déportés ont pu retourner dans leur pays dans le cadre de l’accord tripartite entre la Mauritanie, le Sénégal et le HCR, des milliers d’autres Mauritaniens sont encore au Mali et au Sénégal ne demandant qu’à rentrer dignement dans leur pays
- La question de l’esclavage a connu elle aussi des progrès majeurs puisque l’esclavage est désormais inscrit dans la constitution comme un crime contre l’humanité mais le pays a besoin d’un accompagnement conséquent de l’ONU pour l’éradication totale de ce fléau
- Le problème des terres de culture vivrière dans un pays où près de 80% du territoire est désertique constitue une préoccupation majeure pouvant se transformer en poudrière du fait du déni des droits fonciers traditionnels qui se traduit par la confiscation des terres par l’Etat dans la vallée du fleuve Sénégal.
- Le renforcement de l’état de droit et de la bonne gouvernance permettant de faire participer tous les citoyens, dans leur diversité, à la gestion du pays et garantissant une meilleure répartition des richesses nationales.
- La valorisation des langues nationales et leur utilisation dans tous les rouages de la vie nationale (éducation, administration publique, télévisions, radios) pour un égal accès des citoyens à la gestion de leur quotidien par les pouvoirs publics reste un vœu pieux malgré la consécration par la constitution de la diversité culturelle mauritanienne.
- L’absence d’un cadre de dialogue permanent entre l’Etat et la société civile d’une part et entre les différents pôles politiques du pays, d’autre part, pour une gestion apaisée des conflits en amont.
- Le renforcement des libertés d’expression, de réunion et d’association pourtant garanties par la constitution mais soumises, dans les faits, au diktat des pouvoirs publics. La société civile, par exemple, continue à fonctionner sous le régime des autorisations et donc selon le bon vouloir de l’Etat
- La question du genre connait un progrès certain mais qui reste insuffisant dans son intensité et dans sa diversité. En effet, si les femmes sont de plus en plus représentées dans tous les rouages de la vie nationale, il reste que cette représentation ne rend pas compte de la diversité ethnique et culturelle mauritanienne.
- L’école mauritanienne ne donne pas les mêmes chances aux élèves en particulier selon qu’ils se trouvent en ville ou dans les campagnes ou qu’ils relèvent des milieux favorisés ou défavorisés. L’école publique se débat en effet dans une crise multiforme qui fait qu’elle ne remplit plus sa mission première de mettre le savoir à la disposition de tous. D’une part les langues nationales sont exclues de la sphère scolaire en dépit du droit de chaque enfant d’être scolarisé d’abord dans sa langue maternelle. D’autre part, seules les familles plus ou moins aisées peuvent assurer à leurs enfants le droit à l’éducation en les inscrivant dans des institutions privées tandis que les autres, l’immense majorité, sont condamnées à la déperdition scolaire et à l’abandon.
- Le droit des personnes handicapées est insuffisamment respecté. De fait, les personnes handicapées se sentent discriminées et exclues de tous les rouages de la vie nationale.
L’organisation des Nations Unies dont la mission première est de travailler pour la promotion de la paix, des droits de l’homme et du développement se doit d’accompagner la Mauritanie dans cette lutte contre les défis de l’heure. C’est à ce seul prix que la Mauritanie pourra préserver la relative paix sociale qui y règne et demeurer un havre de paix indispensable pour tout développement, dans un contexte régional des plus menacés.
Les signataires
• Forum des Organisations nationales des Droits humains (FONADH)
• Association Mauritanienne des Droits de l’Homme (AMDH)
• Collectif des Rescapés Anciens Détenus Politiques Civils Torturés (CRADPOCIT)
• Collectif des Veuves
• Comité de Solidarité avec les Victimes des Violations des droits de l’homme (CSVVDH)
• Groupe d’Etudes et de Recherches sur la Démocratie et le Développement Economique et Social (GERDDES)
• Ligue Africaine de Droits de l’Homme / Section Mauritanie
• Regroupement des Victimes des Evénements 89 -91 (REVE)
• SOS-Esclaves
• Association Des Femmes Chefs de Familles (AFCF)
• Association Mauritanienne pour la Promotion de la Culture et de la Langue Sonninke (AMPCLS)
• Association pour la Renaissance du Pulaar en Mauritanie (ARPRIM)
• Association pour la Promotion de la Langue Wolof (APROLAW)
• Association d’Appui au Développement à la Base des Communautés (SALNDOU)
• Association pour le Développement Intègre de l’Enfant (APDE)
• Association pour le Renforcement de la Démocratie et l’Education Citoyenne (ARDEC)
• Ligue Mauritanienne des Droits de l’Homme(LMDH)
• Coalition Action contre la Discrimination Raciale et l'Exclusion: CADRE
• Coordination des organisations des Victimes de la répression: COVIRE
• Collectif des Veuves
• Collectif Des rescapés Militaires :COREMI
• Collectif des Rescapés Anciens Détenus Politiques Civils Torturés:CRADPOCIT
• Collectifs des Orphelins des Victimes Civiles et Militaires :COVICIM
• Collectif Mooyta Koota
• Collectifs des Anciens Fonctionnaires de la Police Victimes des Evènements de 1989/1991
• kawtal Ngam Yellitaare
• Club UNESCO Dialogue des Cultures
• Touche Pas à Ma Nationalité (TPMN)
Source: FONADH
Dans un contexte régional marqué par l’instabilité politique, la menace terroriste et le développement sans précédent du narcotrafic, la Mauritanie tente tant bien que mal de préserver une paix sociale fragilisée par des tensions intercommunautaires jamais égalées. Pays multiculturel et multiethnique, la Mauritanie est en effet confrontée à des défis majeurs hérités de son histoire récente et qui, s’ils ne sont pas résolus, risqueraient de mettre en péril l’existence même du pays. Les conséquences de la gestion désastreuse par l’Etat des rapports intercommunautaires qui s’est traduite par la répression sanglante et les déportations contre la communauté négro-africaine pendant les années de braise de l’histoire nationale et celle de la perpétuation de pratiques esclavagistes au sein de l’ensemble des composantes nationales continuent de mettre à mal la cohésion nationale. L’Etat de droit a certes connu des progrès dans le pays à travers la reconnaissance par l’Etat de ces tares et par l’engagement de celui-ci à les combattre mais des insuffisances notoires persistent quant aux questions de la justice sociale et de la bonne gouvernance. Or, la lutte contre le sous-développement endémique dans lequel se débat le pays ne peut être véritablement efficiente qu’à la condition d’un vivre ensemble harmonieux et apaisé entre les différentes composantes de la population. La question de la justice sociale est donc primordiale pour amorcer la lutte pour le développement. La Mauritanie se doit donc de prendre en charge avec le soutien du système des Nations unies :
- Le règlement définitif de la question du passif humanitaire et du problème des déportés. Ces questions ont certes connu un début de règlement mais cela reste largement insuffisant. Les victimes et ayants- droit de la répression des années 1990 n’ont obtenu jusque-là qu’une réparation financière. Quant au problème de la déportation, si un peu plus de vingt-quatre milles anciens déportés ont pu retourner dans leur pays dans le cadre de l’accord tripartite entre la Mauritanie, le Sénégal et le HCR, des milliers d’autres Mauritaniens sont encore au Mali et au Sénégal ne demandant qu’à rentrer dignement dans leur pays
- La question de l’esclavage a connu elle aussi des progrès majeurs puisque l’esclavage est désormais inscrit dans la constitution comme un crime contre l’humanité mais le pays a besoin d’un accompagnement conséquent de l’ONU pour l’éradication totale de ce fléau
- Le problème des terres de culture vivrière dans un pays où près de 80% du territoire est désertique constitue une préoccupation majeure pouvant se transformer en poudrière du fait du déni des droits fonciers traditionnels qui se traduit par la confiscation des terres par l’Etat dans la vallée du fleuve Sénégal.
- Le renforcement de l’état de droit et de la bonne gouvernance permettant de faire participer tous les citoyens, dans leur diversité, à la gestion du pays et garantissant une meilleure répartition des richesses nationales.
- La valorisation des langues nationales et leur utilisation dans tous les rouages de la vie nationale (éducation, administration publique, télévisions, radios) pour un égal accès des citoyens à la gestion de leur quotidien par les pouvoirs publics reste un vœu pieux malgré la consécration par la constitution de la diversité culturelle mauritanienne.
- L’absence d’un cadre de dialogue permanent entre l’Etat et la société civile d’une part et entre les différents pôles politiques du pays, d’autre part, pour une gestion apaisée des conflits en amont.
- Le renforcement des libertés d’expression, de réunion et d’association pourtant garanties par la constitution mais soumises, dans les faits, au diktat des pouvoirs publics. La société civile, par exemple, continue à fonctionner sous le régime des autorisations et donc selon le bon vouloir de l’Etat
- La question du genre connait un progrès certain mais qui reste insuffisant dans son intensité et dans sa diversité. En effet, si les femmes sont de plus en plus représentées dans tous les rouages de la vie nationale, il reste que cette représentation ne rend pas compte de la diversité ethnique et culturelle mauritanienne.
- L’école mauritanienne ne donne pas les mêmes chances aux élèves en particulier selon qu’ils se trouvent en ville ou dans les campagnes ou qu’ils relèvent des milieux favorisés ou défavorisés. L’école publique se débat en effet dans une crise multiforme qui fait qu’elle ne remplit plus sa mission première de mettre le savoir à la disposition de tous. D’une part les langues nationales sont exclues de la sphère scolaire en dépit du droit de chaque enfant d’être scolarisé d’abord dans sa langue maternelle. D’autre part, seules les familles plus ou moins aisées peuvent assurer à leurs enfants le droit à l’éducation en les inscrivant dans des institutions privées tandis que les autres, l’immense majorité, sont condamnées à la déperdition scolaire et à l’abandon.
- Le droit des personnes handicapées est insuffisamment respecté. De fait, les personnes handicapées se sentent discriminées et exclues de tous les rouages de la vie nationale.
L’organisation des Nations Unies dont la mission première est de travailler pour la promotion de la paix, des droits de l’homme et du développement se doit d’accompagner la Mauritanie dans cette lutte contre les défis de l’heure. C’est à ce seul prix que la Mauritanie pourra préserver la relative paix sociale qui y règne et demeurer un havre de paix indispensable pour tout développement, dans un contexte régional des plus menacés.
Les signataires
• Forum des Organisations nationales des Droits humains (FONADH)
• Association Mauritanienne des Droits de l’Homme (AMDH)
• Collectif des Rescapés Anciens Détenus Politiques Civils Torturés (CRADPOCIT)
• Collectif des Veuves
• Comité de Solidarité avec les Victimes des Violations des droits de l’homme (CSVVDH)
• Groupe d’Etudes et de Recherches sur la Démocratie et le Développement Economique et Social (GERDDES)
• Ligue Africaine de Droits de l’Homme / Section Mauritanie
• Regroupement des Victimes des Evénements 89 -91 (REVE)
• SOS-Esclaves
• Association Des Femmes Chefs de Familles (AFCF)
• Association Mauritanienne pour la Promotion de la Culture et de la Langue Sonninke (AMPCLS)
• Association pour la Renaissance du Pulaar en Mauritanie (ARPRIM)
• Association pour la Promotion de la Langue Wolof (APROLAW)
• Association d’Appui au Développement à la Base des Communautés (SALNDOU)
• Association pour le Développement Intègre de l’Enfant (APDE)
• Association pour le Renforcement de la Démocratie et l’Education Citoyenne (ARDEC)
• Ligue Mauritanienne des Droits de l’Homme(LMDH)
• Coalition Action contre la Discrimination Raciale et l'Exclusion: CADRE
• Coordination des organisations des Victimes de la répression: COVIRE
• Collectif des Veuves
• Collectif Des rescapés Militaires :COREMI
• Collectif des Rescapés Anciens Détenus Politiques Civils Torturés:CRADPOCIT
• Collectifs des Orphelins des Victimes Civiles et Militaires :COVICIM
• Collectif Mooyta Koota
• Collectifs des Anciens Fonctionnaires de la Police Victimes des Evènements de 1989/1991
• kawtal Ngam Yellitaare
• Club UNESCO Dialogue des Cultures
• Touche Pas à Ma Nationalité (TPMN)
Source: FONADH