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Le bureau exécutif de l'AVOMM

"L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous." Jean-Paul Sartre

"L'Association d'aides aux veuves et aux orphelins de mauritanie (AVOMM) qui nous rassemble, a été créée le 25/12/95 à PARIS par d'ex-militaires mauritaniens ayant fui la terreur, l'oppression, la barbarie du colonel Mawiya o/ sid'ahmed Taya ......
Ces rescapés des geôles de ould Taya, et de l'arbitraire, décidèrent, pour ne jamais oublier ce qui leur est arrivé, pour garder aussi la mémoire des centaines de martyrs, de venir en aide aux veuves, aux orphelins mais aussi d'engager le combat contre l'impunité décrétée par le pouvoir de Mauritanie."
E-mail : avommavomm@yahoo.fr

Bureau exécutif

*Ousmane SARR, président
*Demba Niang, secrétaire général
*Secrétaire général Adjt; Demba Fall
*Alousseyni SY, Chargé des relations extérieures
*Mme Rougui Dia, trésorière
*Chargé de l’organisation Mariame Diop
*adjoint Ngolo Diarra
*Mme Mireille Hamelin, chargée de la communication
*Chargé de mission Bathily Amadou Birama
Conseillers:
*Kane Harouna
*Hamdou Rabby SY










AVOMM

PASSIF HUMANITAIRE - LES VEUVES : 15 ANS DE CALVAIRE


PASSIF HUMANITAIRE - LES VEUVES : 15 ANS DE CALVAIRE
Depuis l'arrivé du CMJD au pouvoir en Mauritanie, le débat sur le passif humanitaire est plus que jamais relancé.
Les veuves ne cessent de se considérer comme les oubliées du nouveau régime. Après une longue bataille contre l'ancien dictateur, voilà qu'une nouvelle offensive est engagée pour remettre les coupables sur la sellette !

Qui ne connait pas le collectif des veuves ? Pourtant le nouveau régime feint de l'ignorer, sous le seul prétexte qu'il n'a pas été reconnu par le régime de Taya. Chose tout à fait absurde. Le gouvernement de Taya pouvait-il reconnaitre ce collectif sachant sa responsabilité sur ce qu'on peut qualifier d'une hécatombe sans précédent dans l'histoire de la Mauritanie.

Pour ceux qui ne connaissent pas encore les veuves, nous rappelons que ce sont ces femmes dont les maris au nombre de 503, tous négro mauritaniens - soldats, sous-officiers, officiers parfois civiles- ont été arrêtés en 1990 sous les régime totalitaire de Taya, torturés, soumis à toutes formes d'humiliations, puis exécutés froidement par leurs frères d'armes.
Qui dira où reposent leurs corps ? Leurs bourreaux seuls détiennent le secret.

Que sont-elles devenues ces femmes ? Des êtres rongés par la douleur avec de terribles souvenirs rapportés par des rescapés revenant des mouroirs qui n'ont rien à envier aux camps de concentrations nazis. Un rappel destiné à rafraîchir la mémoire à ceux qui laissent croire que rien de spécial ne s'est passée. Le devoir d'exhiber ces horreurs que le sol mauritanien cache et de tout réparer s'impose plus que jamais. C'est un devoir envers toute l'humanité.

Malgré le calvaire qu'elles ont enduré pendant une quinzaine d'années, ces veuves ont toujours sollicité avec le sens de la mesure, la justice de leur pays, quand bien même le judiciaire est fortement inféodé à l'exécutif.

Le 5 septembre 2005, les veuves adressent une lettre au Président du CMJD. Les propos de la Présidente du collectif résumaient l'espoir et le changement qu'elles attendaient du nouveau régime ayant pourtant promis la justice à tous. "Depuis votre accession au pouvoir le 3 août, votre action a été marquée par une volonté d'ouverture et de dialogue entre Mauritaniens. Dans le but de trouver une solution aux nombreux problèmes que le pays travers, la dialogue que vous avez initié est à encourager... suivant votre disponibilité, une délégation serait heureuse de pouvoir vous rencontrer". Demande restée sans suite.

Le même jour, une lettre est déposée au Ministère de la justice pour le garde des Sceaux. Celui-ci au bout d'un mois décide finalement de recevoir une délégation de 3 personnes et l'entretien a duré à peine 3 minutes et le Ministre de promettre une seconde rencontre - peut-être une façon de se dérober- ce qui est resté un voeux pieux.

L'attitude du Ministre traduit-elle l'indifférence ou l'incompétence de prendre une décision sérieuse dans l'aval du CMJD. L'un ou l'autre des cas semble dénoter une volonté manifeste d'occulter la question du passif humanitaire au risque d'indisposer de gros calibres militaires dont certains sont reconvertis dans la vie civile. Toujours décidées à trouver une solution par le dialogue - et selon toute apparence, dialogue voulu jusqu'à présent par une seule partie - cette fois-ci la coordination des collectifs des victimes de 1986 à 1991, adresse une lettre au Secrétaire Permanent du CMJD le 11 octobre 2005, toujours sans suite. Et le 28 novembre, une autre correspondance est adressée de nouveau au président du CMJD. Cette fois la lettre exprime un désespoir qui s'empare de ces femmes éplorées. La présidente, une septuagénaire déclare : " Des centaines de familles ayant perdu leur soutien, vivent dans une extrême pauvreté. C'est dans ces conditions que le collectif attire votre attention pour que les veuves recouvrent leurs droits par une assistance de la part du régime ".

Elles qui ne demandent qu'une simple rencontre se heurtent à la fermeté des autorités. Loin de baisser les bras, elles tentent d'établir un contact avec Maître Wade le prétendu sage de la sous-région, pour trouver une solution. Le doyen africain a soit, oublié l'audience demandée ou soit jugé plus urgent de renforcer les liens entre Etats plutôt de risquer de fâcher le voisin du Nord qui abrite des dizaines de milliers de sénégalais. Le tandem Wade/Vall fonctionne à merveille et peut s'éterniser tant que la question du passif humanitaire ne sera pas évoquée.

Aujourd'hui se lit sur le visage de ces pauvres veuves, le sentiment d'abandon. Elles vivent dans la misère totale. Pourquoi un tel silence sur cette affaire ? Sommes-nous tous responsables. Et la classe politique dans ce débat ?

Le CMJD en refusant obstinément de se prononcer sur cette question risque de porter un lourd préjudice à ce dossier du passif humanitaire. Plus absurde, la junte militaire n'arrive à avancer aucun argument qui justifie sa position ambigüe. On se souvient encore, que le 10 décembre, la police a débarqué dans les locaux des ONG des Droits de l'Homme, chargeant les femmes et confisquant les banderoles. On ignore qui a donné l'ordre.

Comme elle l'a fait pour la libération des putschistes le 8 juin la junte gagnerait encore à trouver une solution à cette épineuse question et soulager la souffrance des familles affectées par ce drame !

L'abrogation de la loi d'amnistie de 1993 aidera à situer les responsabilités. Les parlementaires de l'époque ont osé pardonner à la place des proches des victimes. Cette loi scélérate va-t-elle continuer à protéger les bourreaux ? La justice doit s'appliquer à tous. Quand au pardon il ne se décrète pas on ne l'impose pas.

Abdoul Birane WANE

LE RENOVATEUR n°071 du 29 mars 2006
Mardi 11 Avril 2006 - 10:32
Mardi 11 Avril 2006 - 10:36
LE RENOVATEUR
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