En publiant les décrets N°2006-1349 et N°2006-1350 portant d’une part la convocation du corps électoral et d’autre part la répartition des sièges de députés pour les prochaines élections présidentielles et législatives fixées le 25 Février 2007, le Président de la République a voulu couper court aux supputations qui font état d’un éventuel report des élections. Or rien n’autorise à croire que cette simple formalité garantit précisément la tenue des élections à la date due.
La récente prise de position de la CENA (Commission Electorale Nationale Autonome), rappelant à l’ordre le Pouvoir Exécutif, met le Président de la République et le Gouvernement face à leurs responsabilités dans le processus électoral qui semble être chahuté.
Quelles que soient les difficultés qui ont jalonné sa mise en place, force est de constater que la CENA est dans la dynamique de sa mission qu’elle poursuit avec courage, détermination et responsabilité malgré les faibles moyens dont elle dispose. Cet organisme dont on attend beaucoup, devrait communiquer davantage pour mieux informer l’opinion publique et préparer les preuves de son innocence devant le risque, plus que probable, de manœuvres qu’on voit se profiler à l’horizon des prochaines échéances électorales.
LA RESPONSABILITE DE WADE DANS L’ECHEC DU PROCESSUS ELECTORAL
Il y a 3 ans, en renonçant au fichier électoral consensuel de 2000 - 2001 et en prenant la décision unilatérale de refondre les listes électorales avec l’instauration des nouvelles cartes nationales d’identité et d’électeur numérisées, le Président Wade a introduit le doute et la suspicion dans le processus électoral.
Depuis 2 ans, le Président Wade et le Ministre de l’Intérieur ont développé une campagne de communication pour rassurer l’opinion nationale et internationale sur leur maîtrise du processus électoral et du calendrier républicain.
Aujourd’hui, la CENA et le Ministère de l’Intérieur ne sont pas d’accord sur les chiffres globaux du fichier électoral. Le désaccord n’est pas sur quelques milliers d’inscrits mais on parle d’un écart de plus d’1,5 Million d’électeurs inscrits à tort sur les listes publiées par le Ministère de l’Intérieur.
La décision de recourir aux cartes numérisées, qui est purement politique, a été prise sans aucune étude technique ni économique préalable sérieuse. La biométrie annoncée comme la parade absolue à toute fraude n’a jamais été mise en œuvre de manière efficiente et le coût initial de 7 milliards de FCFA est finalement passé au triple, soit 21 Milliards.
La responsabilité du Pouvoir en place est donc clairement engagée et toutes les conséquences politiques devront en être tirées.
POUR DES ELECTIONS CREDIBLES, DEMOCRATIQUES ET TRANSPARENTES.
Le 25 février 2007, il ne s’agit pas d’organiser des élections aux rabais. Le Gouvernement, en charge de l’organisation des élections, doit assumer ses responsabilités. Il doit garantir à chaque électeur sénégalais inscrit, la production et la distribution de sa carte d’électeur avant le jour du scrutin.
En 2000, le candidat Wade a été élu aux termes d’élections régulières, démocratiques et transparentes saluées partout dans le monde. Le serment qu’il a pris devant le peuple lui impose d’organiser, à son tour, des élections présidentielles crédibles à date due, à la fin de son mandat en Février 2007.
Toute décision de report des élections présidentielles ou de passage en force avec des élections tronquées serait anticonstitutionnelle, comme l’est la prolongation du mandat de députés à l’Assemblée nationale.
PAS DE PROLONGATION POUR WADE.
Malgré les propos rassurants qu’il a tenus la semaine dernière sur France 24, la nouvelle chaîne française d’information continue, techniquement, l’organisation d’élections crédibles le 25 Février 2007 semble compromise. Le Président Wade cherche aujourd’hui l’alibi qui lui permettrait d’annoncer le report des élections présidentielles.
Mais, au nom de la démocratie, de la bonne gouvernance, de ses règles universelles, du respect du suffrage populaire, de la dignité et du souci de mettre fin à l'amateurisme de nos gouvernants, aucun argument ne saurait être avancé pour une prolongation du mandat du Président Wade. Il est bien regrettable qu’une partie de la classe politique soit prête à entrer dans ces « deals » déshonorants.
La détermination des partis politiques, des leaders de l’Opposition, des membres de la Société Civile et de tous les patriotes, devra être totale et sans faille pour refuser l’inacceptable.
Le Président Wade doit comprendre qu’aucune prolongation de son magistère ne sera acceptée, sans la tenue d’élections régulières, démocratiques et transparentes.
Si le Président Wade n’est pas en mesure d’organiser des élections crédibles à l’échéance de son mandat, le 25 Février 2007, il ne sera plus le Président légitime de la République du Sénégal. Au-delà de cette date, il deviendra purement et simplement un putschiste comme ses pairs dont il doutait de la légitimité à Durban.
Aucun accord politique avec des partis ou coalitions de partis, encore moins une loi votée par une assemblée nationale illégitime, ne pourra constituer une caution pour une telle forfaiture.
Avait-t-on laissé un seul jour de plus au prédécesseur de Wade, qui promettait que rien ne serait plus comme avant ?
Aucune oeuvre humaine ne requiert le degré éternel. Chacun laboure sa part et les successeurs prennent le relais.
Or, aujourd’hui le Président Wade semble vouloir poursuivre son « règne » avec ou sans élections.
Dans les deux hypothèses, le Sénégal se trouvera dans une situation inédite avec le syndrome d’une crise à l’ivoirienne ou à la congolaise.
Après l’instauration de fait d’un Pouvoir Législatif illégitime, le Sénégal ne peut se permettre de courir le risque de conserver à sa tête, un Pouvoir Exécutif devenu illégitime.
Donc à situation exceptionnelle, il faudra des mesures d’exception.
DES SOLUTIONS DE SORTIE DE CRISE.
Si des élections présidentielles et législatives ne sont pas organisées le 25 Février 2007, le Président Wade devra quitter son poste et une concertation nationale avec une forte participation de la Société Civile, devra être organisée.
L’objectif visé devra être l’installation d’une équipe de transition sur une courte période (6 à 12 mois). Cette équipe aura la charge d’auditer profondément le fichier électorale et les cartes d’identité numérisées et d’organiser des élections démocratiques, libres et transparentes.
Malheureusement, l’hypothèse d’un passage en force n’est pas à exclure. Ces derniers temps, le Pouvoir Exécutif avec la complicité du Législateur, s’est appliqué à réformer les textes pour échapper aux exigences d’une légitimité minimale. Tous les germes d’une manipulation des résultats du scrutin sont là.
Par conséquent, si le Président Wade décidait de se maintenir au pouvoir avec des élections truquées, nous irions inévitablement vers une période d’un contentieux post-électoral à l’issue incertaine.
Dès lors une immixtion de la communauté internationale dans notre processus démocratique n’est pas à exclure. Les fondements juridiques d’une telle ingérence existent, l’Union Africaine, les Nations Unies ou d’autres organisations internationales s’y sont déjà appuyées pour maintenir une stabilité sociale et parer ainsi à l’éventualité de graves tensions, dans d’autres pays
J'appelle les patriotes de tous bords à se concerter, pour défendre la paix, la stabilité et restaurer la démocratie dans notre pays qui a perdu tous ses repères institutionnels et éthiques.
Il y va de l'intérêt de la République.
Mansour Gueye
Paris
La récente prise de position de la CENA (Commission Electorale Nationale Autonome), rappelant à l’ordre le Pouvoir Exécutif, met le Président de la République et le Gouvernement face à leurs responsabilités dans le processus électoral qui semble être chahuté.
Quelles que soient les difficultés qui ont jalonné sa mise en place, force est de constater que la CENA est dans la dynamique de sa mission qu’elle poursuit avec courage, détermination et responsabilité malgré les faibles moyens dont elle dispose. Cet organisme dont on attend beaucoup, devrait communiquer davantage pour mieux informer l’opinion publique et préparer les preuves de son innocence devant le risque, plus que probable, de manœuvres qu’on voit se profiler à l’horizon des prochaines échéances électorales.
LA RESPONSABILITE DE WADE DANS L’ECHEC DU PROCESSUS ELECTORAL
Il y a 3 ans, en renonçant au fichier électoral consensuel de 2000 - 2001 et en prenant la décision unilatérale de refondre les listes électorales avec l’instauration des nouvelles cartes nationales d’identité et d’électeur numérisées, le Président Wade a introduit le doute et la suspicion dans le processus électoral.
Depuis 2 ans, le Président Wade et le Ministre de l’Intérieur ont développé une campagne de communication pour rassurer l’opinion nationale et internationale sur leur maîtrise du processus électoral et du calendrier républicain.
Aujourd’hui, la CENA et le Ministère de l’Intérieur ne sont pas d’accord sur les chiffres globaux du fichier électoral. Le désaccord n’est pas sur quelques milliers d’inscrits mais on parle d’un écart de plus d’1,5 Million d’électeurs inscrits à tort sur les listes publiées par le Ministère de l’Intérieur.
La décision de recourir aux cartes numérisées, qui est purement politique, a été prise sans aucune étude technique ni économique préalable sérieuse. La biométrie annoncée comme la parade absolue à toute fraude n’a jamais été mise en œuvre de manière efficiente et le coût initial de 7 milliards de FCFA est finalement passé au triple, soit 21 Milliards.
La responsabilité du Pouvoir en place est donc clairement engagée et toutes les conséquences politiques devront en être tirées.
POUR DES ELECTIONS CREDIBLES, DEMOCRATIQUES ET TRANSPARENTES.
Le 25 février 2007, il ne s’agit pas d’organiser des élections aux rabais. Le Gouvernement, en charge de l’organisation des élections, doit assumer ses responsabilités. Il doit garantir à chaque électeur sénégalais inscrit, la production et la distribution de sa carte d’électeur avant le jour du scrutin.
En 2000, le candidat Wade a été élu aux termes d’élections régulières, démocratiques et transparentes saluées partout dans le monde. Le serment qu’il a pris devant le peuple lui impose d’organiser, à son tour, des élections présidentielles crédibles à date due, à la fin de son mandat en Février 2007.
Toute décision de report des élections présidentielles ou de passage en force avec des élections tronquées serait anticonstitutionnelle, comme l’est la prolongation du mandat de députés à l’Assemblée nationale.
PAS DE PROLONGATION POUR WADE.
Malgré les propos rassurants qu’il a tenus la semaine dernière sur France 24, la nouvelle chaîne française d’information continue, techniquement, l’organisation d’élections crédibles le 25 Février 2007 semble compromise. Le Président Wade cherche aujourd’hui l’alibi qui lui permettrait d’annoncer le report des élections présidentielles.
Mais, au nom de la démocratie, de la bonne gouvernance, de ses règles universelles, du respect du suffrage populaire, de la dignité et du souci de mettre fin à l'amateurisme de nos gouvernants, aucun argument ne saurait être avancé pour une prolongation du mandat du Président Wade. Il est bien regrettable qu’une partie de la classe politique soit prête à entrer dans ces « deals » déshonorants.
La détermination des partis politiques, des leaders de l’Opposition, des membres de la Société Civile et de tous les patriotes, devra être totale et sans faille pour refuser l’inacceptable.
Le Président Wade doit comprendre qu’aucune prolongation de son magistère ne sera acceptée, sans la tenue d’élections régulières, démocratiques et transparentes.
Si le Président Wade n’est pas en mesure d’organiser des élections crédibles à l’échéance de son mandat, le 25 Février 2007, il ne sera plus le Président légitime de la République du Sénégal. Au-delà de cette date, il deviendra purement et simplement un putschiste comme ses pairs dont il doutait de la légitimité à Durban.
Aucun accord politique avec des partis ou coalitions de partis, encore moins une loi votée par une assemblée nationale illégitime, ne pourra constituer une caution pour une telle forfaiture.
Avait-t-on laissé un seul jour de plus au prédécesseur de Wade, qui promettait que rien ne serait plus comme avant ?
Aucune oeuvre humaine ne requiert le degré éternel. Chacun laboure sa part et les successeurs prennent le relais.
Or, aujourd’hui le Président Wade semble vouloir poursuivre son « règne » avec ou sans élections.
Dans les deux hypothèses, le Sénégal se trouvera dans une situation inédite avec le syndrome d’une crise à l’ivoirienne ou à la congolaise.
Après l’instauration de fait d’un Pouvoir Législatif illégitime, le Sénégal ne peut se permettre de courir le risque de conserver à sa tête, un Pouvoir Exécutif devenu illégitime.
Donc à situation exceptionnelle, il faudra des mesures d’exception.
DES SOLUTIONS DE SORTIE DE CRISE.
Si des élections présidentielles et législatives ne sont pas organisées le 25 Février 2007, le Président Wade devra quitter son poste et une concertation nationale avec une forte participation de la Société Civile, devra être organisée.
L’objectif visé devra être l’installation d’une équipe de transition sur une courte période (6 à 12 mois). Cette équipe aura la charge d’auditer profondément le fichier électorale et les cartes d’identité numérisées et d’organiser des élections démocratiques, libres et transparentes.
Malheureusement, l’hypothèse d’un passage en force n’est pas à exclure. Ces derniers temps, le Pouvoir Exécutif avec la complicité du Législateur, s’est appliqué à réformer les textes pour échapper aux exigences d’une légitimité minimale. Tous les germes d’une manipulation des résultats du scrutin sont là.
Par conséquent, si le Président Wade décidait de se maintenir au pouvoir avec des élections truquées, nous irions inévitablement vers une période d’un contentieux post-électoral à l’issue incertaine.
Dès lors une immixtion de la communauté internationale dans notre processus démocratique n’est pas à exclure. Les fondements juridiques d’une telle ingérence existent, l’Union Africaine, les Nations Unies ou d’autres organisations internationales s’y sont déjà appuyées pour maintenir une stabilité sociale et parer ainsi à l’éventualité de graves tensions, dans d’autres pays
J'appelle les patriotes de tous bords à se concerter, pour défendre la paix, la stabilité et restaurer la démocratie dans notre pays qui a perdu tous ses repères institutionnels et éthiques.
Il y va de l'intérêt de la République.
Mansour Gueye
Paris