La Nouvelle Expression : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Ousmane Sarr : Je suis le président de l’Association d'aides aux Veuves et Orphelins de Militaires Mauritaniens, AVOMM. Je suis un ex-sergent de l' Armée Nationale réfugié en France, j' ai fait ma formation militaire à Bejaia en Algérie à l' Ecole d' application de l' infrastructure de 1982 à 1984 où j' ai fini major de ma promotion à l' issu du stage, de retour en Mauritanie j' ai servi au génie militaire avant d' être muté à l' état major national au 4eme bureau où je suis resté jusqu' au 22 Octobre 1987 date de mon arrestation, suite à ce que les autorités nationales avaient baptisé tentative de coup d' état des militaires négro mauritaniens.
Au terme d’un procès bidon au camp de J'reida j’ai été condamné à 20 ans de travaux forcés, j’ai fait la prison mouroir de Oualata , puis celle d' Aioun avant d' être libéré le 7 Mars 1991. J’avais été arrêté avec les Lts Sarr Amadou, Ba Seydi, Sy Saidou trois officiers qui furent lâchement exécutés à J'reida par le régime Taya. Je fus détenu avec Le Lt Ba Abdoul Koudouss, Téne Youssouf, Ba Alassane Oumar tous assassinés à Oualata, qu’ils reposent en paix. A leurs mémoires nous continuerons, inch Allah, le combat que nos illustres martyrs nous ont légué jusqu' à la victoire sur ce système hypocrite et injuste qui a causé tant de souffrance à notre peuple.
La Nouvelle Expression : Parlez nous de votre plainte contre Ould Taya ? Ousmane Sarr : Permettez moi de présenter d' abord l’ AVOMM à vos lecteurs avant de répondre à votre question .Comme vous le savez, notre organisation est née voilà 12 ans à Paris par la volonté d’une dizaine d’anciens militaires ayant fui la terreur et l’oppression inacceptable du régime Taya .Un régime ignoble dont la cruauté à l’égard des négro mauritaniens ne peut souffrir d’aucune contestation. Des citoyens avaient été violés, torturés, massacrés injustement parce qu’ils étaient noirs et haalpular et cela dans toute la vallée du fleuve Sénégal. Ces massacres horribles n’avaient pas épargné les casernes militaires, celles qui, jadis, constituaient des sanctuaires et des symboles de la défense nationale furent à leur tour le théâtre d’atrocités inimaginables, honteuses et criminelles. Des horreurs qui ne pouvaient se produire dans ces lieux sans la bénédiction des plus hautes autorités de l'armée et du pays. De Oualata à Inal , de Azlat à Néma , du nord au sud sur toute l' immensité de la Mauritanie ce fut la chasse aux Fulani ( peul en langue maure ou arabe si vous préférez ), des commissions de tortures furent crées , des pelotons d' exécutions mis sur pied dans les casernes pour éliminer la composante nègre de l' armée , elle qu' on accusait d' avoir abusé de l' hospitalité des maures qui seraient les seuls nationaux et par conséquent les seuls ayant les droits de prétendre veiller aux destinées du pays. Les membres fondateurs de l' AVOMM dont moi même, victimes de cette catastrophe humanitaire qu’on désigne pudiquement sous le vocable de passif humanitaire avaient juré le 25 Décembre 1995 à Paris de dénoncer cette horreur, d’apporter assistance aux rescapés civils et militaires et surtout de porter le combat contre l’impunité de tous ceux qui avaient une responsabilité dans ces faits indignes de notre peuple. C’est cela qui explique qu' en 2002, profitant de la loi dite de compétence universelle proclamée par la Belgique que nous ayons déposé une plainte de tortures et de crimes contre l' humanité à Bruxelles contre le président de la République Islamique de Mauritanie , le colonel Sid Ahmed ould Taya .Une plainte qui suit son cours normal malgré à l' époque la volonté de Taya et de ses sbires, y compris de ses infiltrés dans nos rangs. Eux qui ont tout fait pour discréditer nos actions et en particulier la plainte qui hante encore le sommeil de l’exilé du Qatar et de beaucoup d’officiers retraités ou au sein du CMJD qui savent que nous aurons inchallah le dernier mot, car on peut enterrer la vérité mais elle ressurgira toujours et encore.
La Nouvelle Expression : Précisément, votre action juridique est-elle dirigée contre un système ou contre la personne de Taya ? Ousmane Sarr : Dans tous les régimes dictatoriaux, le système de gouvernement est en osmose avec le chef, ici Ould Taya est le système et vice versa. Alors dans ces conditions vous comprendrez aisément que nous ne pouvons dédouaner ni l’un ni l’autre. Quand on sait l'organisation de l' Etat policier de Taya , dirigé par lui même chef suprême des armées, ministre de la défense nationale, chef de la magistrature, épaulé par le ministre de l' intérieur chef de la garde nationale qui relevait de Ould Taya à l' époque qui n' avait pas de premier ministre et qui était le chef du gouvernement, si on y ajoute la liste des hommes qui dirigeaient l' appareil sécuritaire : Le colonel Hadi qui commandait le bataillon de commandement et de service (bcs) , un neveu du président et qui était plus puissant que le chef de l' état major de l' armée, et que ce Hadi rendait compte directement au président. Quand on sait que le colonel Ely ould Mohamed Vall l' actuel "démocrate " de Mauritanie était le chef de la police qui exécuta toutes les basses besognes au niveau des commissariats par des tortures, des assassinats et des déportations y compris de policiers noirs, lui Ely qui avait toute la confiance de Maawiya et qui le rencontrait quotidiennement, ce que nous disons est vérifiable. Quand on se rappelle que les régions militaires, les hommes clés du système étaient de la tribu de Taya alors on ne peut citer les bras, les jambes, les oreilles de Taya, le système était Ould Taya. C' est ce qui explique qu' en déposant la plainte contre Taya, on s' en prend à lui et à son système odieux et exécrable qui a fait de nous ce que nous sommes aujourd'hui des gens éparpillés à travers toute la planète à la recherche de toits plus cléments. En clair cette action juridique vise Taya et tous ceux qui ont trempé dans cette salle histoire de purge, de racisme, d'idéologie nauséabonde inspirée d'un panarabisme déplacé, étroit et d'un autre âge. La Nouvelle Expression : Comment évolue votre plainte ? Ousmane Sarr : La plainte suit son cours normal. Nous avons été reçus, les dirigeants de l'AVOMM dont moi même, le 25 Avril 2006 à Bruxelles au tribunal de grande instance. Accompagnés de notre avocat Me Marc Libert, avocat au barreau de Bruxelles, nous avons été informés par Mr Philip Meyre le procureur fédéral que les conditions étaient présentement réunies pour poursuivre Taya, lui qui avait perdu son immunité présidentielle, et qu' au moins l' un des plaignants était de nationalité belge. Voilà une déclaration qui nous remplit d' espoirs en particulier celle de voir Taya devant les tribunaux internationaux, lui qui n' aura même pas besoin que l' Union Africaine statue sur son sort puisque réfugié en dehors du continent africain La Nouvelle Expression : Ould Taya dans le box des accusés, avez-vous une idée de la date de cette comparution ? Ousmane Sarr : Taya sera dans le box des accusés, je ne puis dire quand, mais il répondra de ces actes et le monde entier suivra les images de son procès. Vous savez qu'une procédure en justice est lente surtout en Europe où tout le monde a le droit de se défendre, fut ce t-il Taya. La Nouvelle Expression : Pensez-vous que le Qatar extradera Maaouya et pourquoi ? Ousmane Sarr : Le Qatar extradera Ould Taya, cela ne fait pas l'ombre d'un doute, car il est signataire de tous les traités et conventions internationaux. Et, c'est un Etat moderne et sensible aux réactions de l’occident qui j’en suis sûr, n’aura aucun choix si la justice belge le demande, que d'extrader ce réfugié encombrant..
La Nouvelle Expression : Quelle est votre analyse de la situation actuelle de la Mauritanie ? Ousmane Sarr : Au lendemain du 3 Août 2005, un souffle d’espoir a balayé notre pays .Il est vrai, malgré le portrait sans complaisance et juste que nous faisons de celui qui a dirigé pendant deux décennies la police nationale. Beaucoup de mauritaniens ont pensé naïvement que celui qui a été au coeur du système Taya sans états d' âme, pouvait entrer dans le camp du bien en permettant à la Mauritanie de prendre enfin le bon départ dans la construction d'une société juste, démocratique et égalitaire. Mais cela n’a pas était le cas, le tombeur de son ami n’a pas pu se départir de ses convictions qu’il partage avec tous ceux qui rêvent d’une Mauritanie débarrassée de sa composante négro mauritanienne. Aidé en cela par le silence complice de beaucoup de chefs de partis dont le souci premier est d’avoir les soutiens du CMJD qui a promis de remettre le pays à un pouvoir civil dans un an maintenant .La précipitation des hommes politiques et d’une grande partie de la société civile, à appeler au ralliement et à accepter tous les diktats du CMJD n’a pas aidé et c’est dommage ! Nous passerons cette "transition" sans régler un seul grand dossier et pourtant ce n' est pas compliqué, nos problèmes sont connus : - la cohabitation, le racisme, l' esclavage, le passif humanitaire, le retour organisé des déportés. Le problème de la Mauritanie n’est pas aujourd'hui un problème de constitution, et d' ailleurs que vaut une constitution en Afrique ? Demander le aux nombreux pays qui ont tripatouillé leurs constitutions. Une constitution, la meilleure du monde ne peut empêcher un coup d’état, ou un soulèvement populaire ou autre catastrophe que personne ne peut souhaiter pour son pays. Ce qui peut sauver un pays c’est l’amour que ses dirigeants lui portent .Et quand je dis peuple c’est le peuple c’est à dire dans toutes ses composantes.
La Nouvelle Expression : Quelle solution préconisez-vous pour la question des déportés mauritaniens et du passif humanitaire ? Ousmane Sarr : Les déportés mauritaniens, leur place est chez eux et nulle part ailleurs, et seul un retour digne, organisé avec des garanties de recouvrer intégralement leur citoyenneté, constituera l'unique solution acceptable. Quant au passif humanitaire, son règlement doit passer par les tribunaux, et passera par les tribunaux .Toute autre solution sera vouée à l’échec. Le pouvoir en place tente de banaliser ces questions essentielles et sans leur résolution définitive, on ne peut bâtir la nation mauritanienne. La Mauritanie est à la croisée des chemins, nous sommes tous conscients de ce fait, l’aimer c’est regarder la vérité en face, se regarder bien dans les yeux arabes et négro mauritaniens et se dire que ce pays nous appartient à nous tous. Et c’est ensemble, négro mauritaniens et arabo-berberes, que nous ferons la patrie mauritanienne. Je vous remercie très chaleureusement de m’avoir permis de m’adresser à nos concitoyens.
Propos recueillis par Camara Seydi Moussa
Ousmane Sarr : Je suis le président de l’Association d'aides aux Veuves et Orphelins de Militaires Mauritaniens, AVOMM. Je suis un ex-sergent de l' Armée Nationale réfugié en France, j' ai fait ma formation militaire à Bejaia en Algérie à l' Ecole d' application de l' infrastructure de 1982 à 1984 où j' ai fini major de ma promotion à l' issu du stage, de retour en Mauritanie j' ai servi au génie militaire avant d' être muté à l' état major national au 4eme bureau où je suis resté jusqu' au 22 Octobre 1987 date de mon arrestation, suite à ce que les autorités nationales avaient baptisé tentative de coup d' état des militaires négro mauritaniens.
Au terme d’un procès bidon au camp de J'reida j’ai été condamné à 20 ans de travaux forcés, j’ai fait la prison mouroir de Oualata , puis celle d' Aioun avant d' être libéré le 7 Mars 1991. J’avais été arrêté avec les Lts Sarr Amadou, Ba Seydi, Sy Saidou trois officiers qui furent lâchement exécutés à J'reida par le régime Taya. Je fus détenu avec Le Lt Ba Abdoul Koudouss, Téne Youssouf, Ba Alassane Oumar tous assassinés à Oualata, qu’ils reposent en paix. A leurs mémoires nous continuerons, inch Allah, le combat que nos illustres martyrs nous ont légué jusqu' à la victoire sur ce système hypocrite et injuste qui a causé tant de souffrance à notre peuple.
La Nouvelle Expression : Parlez nous de votre plainte contre Ould Taya ? Ousmane Sarr : Permettez moi de présenter d' abord l’ AVOMM à vos lecteurs avant de répondre à votre question .Comme vous le savez, notre organisation est née voilà 12 ans à Paris par la volonté d’une dizaine d’anciens militaires ayant fui la terreur et l’oppression inacceptable du régime Taya .Un régime ignoble dont la cruauté à l’égard des négro mauritaniens ne peut souffrir d’aucune contestation. Des citoyens avaient été violés, torturés, massacrés injustement parce qu’ils étaient noirs et haalpular et cela dans toute la vallée du fleuve Sénégal. Ces massacres horribles n’avaient pas épargné les casernes militaires, celles qui, jadis, constituaient des sanctuaires et des symboles de la défense nationale furent à leur tour le théâtre d’atrocités inimaginables, honteuses et criminelles. Des horreurs qui ne pouvaient se produire dans ces lieux sans la bénédiction des plus hautes autorités de l'armée et du pays. De Oualata à Inal , de Azlat à Néma , du nord au sud sur toute l' immensité de la Mauritanie ce fut la chasse aux Fulani ( peul en langue maure ou arabe si vous préférez ), des commissions de tortures furent crées , des pelotons d' exécutions mis sur pied dans les casernes pour éliminer la composante nègre de l' armée , elle qu' on accusait d' avoir abusé de l' hospitalité des maures qui seraient les seuls nationaux et par conséquent les seuls ayant les droits de prétendre veiller aux destinées du pays. Les membres fondateurs de l' AVOMM dont moi même, victimes de cette catastrophe humanitaire qu’on désigne pudiquement sous le vocable de passif humanitaire avaient juré le 25 Décembre 1995 à Paris de dénoncer cette horreur, d’apporter assistance aux rescapés civils et militaires et surtout de porter le combat contre l’impunité de tous ceux qui avaient une responsabilité dans ces faits indignes de notre peuple. C’est cela qui explique qu' en 2002, profitant de la loi dite de compétence universelle proclamée par la Belgique que nous ayons déposé une plainte de tortures et de crimes contre l' humanité à Bruxelles contre le président de la République Islamique de Mauritanie , le colonel Sid Ahmed ould Taya .Une plainte qui suit son cours normal malgré à l' époque la volonté de Taya et de ses sbires, y compris de ses infiltrés dans nos rangs. Eux qui ont tout fait pour discréditer nos actions et en particulier la plainte qui hante encore le sommeil de l’exilé du Qatar et de beaucoup d’officiers retraités ou au sein du CMJD qui savent que nous aurons inchallah le dernier mot, car on peut enterrer la vérité mais elle ressurgira toujours et encore.
La Nouvelle Expression : Précisément, votre action juridique est-elle dirigée contre un système ou contre la personne de Taya ? Ousmane Sarr : Dans tous les régimes dictatoriaux, le système de gouvernement est en osmose avec le chef, ici Ould Taya est le système et vice versa. Alors dans ces conditions vous comprendrez aisément que nous ne pouvons dédouaner ni l’un ni l’autre. Quand on sait l'organisation de l' Etat policier de Taya , dirigé par lui même chef suprême des armées, ministre de la défense nationale, chef de la magistrature, épaulé par le ministre de l' intérieur chef de la garde nationale qui relevait de Ould Taya à l' époque qui n' avait pas de premier ministre et qui était le chef du gouvernement, si on y ajoute la liste des hommes qui dirigeaient l' appareil sécuritaire : Le colonel Hadi qui commandait le bataillon de commandement et de service (bcs) , un neveu du président et qui était plus puissant que le chef de l' état major de l' armée, et que ce Hadi rendait compte directement au président. Quand on sait que le colonel Ely ould Mohamed Vall l' actuel "démocrate " de Mauritanie était le chef de la police qui exécuta toutes les basses besognes au niveau des commissariats par des tortures, des assassinats et des déportations y compris de policiers noirs, lui Ely qui avait toute la confiance de Maawiya et qui le rencontrait quotidiennement, ce que nous disons est vérifiable. Quand on se rappelle que les régions militaires, les hommes clés du système étaient de la tribu de Taya alors on ne peut citer les bras, les jambes, les oreilles de Taya, le système était Ould Taya. C' est ce qui explique qu' en déposant la plainte contre Taya, on s' en prend à lui et à son système odieux et exécrable qui a fait de nous ce que nous sommes aujourd'hui des gens éparpillés à travers toute la planète à la recherche de toits plus cléments. En clair cette action juridique vise Taya et tous ceux qui ont trempé dans cette salle histoire de purge, de racisme, d'idéologie nauséabonde inspirée d'un panarabisme déplacé, étroit et d'un autre âge. La Nouvelle Expression : Comment évolue votre plainte ? Ousmane Sarr : La plainte suit son cours normal. Nous avons été reçus, les dirigeants de l'AVOMM dont moi même, le 25 Avril 2006 à Bruxelles au tribunal de grande instance. Accompagnés de notre avocat Me Marc Libert, avocat au barreau de Bruxelles, nous avons été informés par Mr Philip Meyre le procureur fédéral que les conditions étaient présentement réunies pour poursuivre Taya, lui qui avait perdu son immunité présidentielle, et qu' au moins l' un des plaignants était de nationalité belge. Voilà une déclaration qui nous remplit d' espoirs en particulier celle de voir Taya devant les tribunaux internationaux, lui qui n' aura même pas besoin que l' Union Africaine statue sur son sort puisque réfugié en dehors du continent africain La Nouvelle Expression : Ould Taya dans le box des accusés, avez-vous une idée de la date de cette comparution ? Ousmane Sarr : Taya sera dans le box des accusés, je ne puis dire quand, mais il répondra de ces actes et le monde entier suivra les images de son procès. Vous savez qu'une procédure en justice est lente surtout en Europe où tout le monde a le droit de se défendre, fut ce t-il Taya. La Nouvelle Expression : Pensez-vous que le Qatar extradera Maaouya et pourquoi ? Ousmane Sarr : Le Qatar extradera Ould Taya, cela ne fait pas l'ombre d'un doute, car il est signataire de tous les traités et conventions internationaux. Et, c'est un Etat moderne et sensible aux réactions de l’occident qui j’en suis sûr, n’aura aucun choix si la justice belge le demande, que d'extrader ce réfugié encombrant..
La Nouvelle Expression : Quelle est votre analyse de la situation actuelle de la Mauritanie ? Ousmane Sarr : Au lendemain du 3 Août 2005, un souffle d’espoir a balayé notre pays .Il est vrai, malgré le portrait sans complaisance et juste que nous faisons de celui qui a dirigé pendant deux décennies la police nationale. Beaucoup de mauritaniens ont pensé naïvement que celui qui a été au coeur du système Taya sans états d' âme, pouvait entrer dans le camp du bien en permettant à la Mauritanie de prendre enfin le bon départ dans la construction d'une société juste, démocratique et égalitaire. Mais cela n’a pas était le cas, le tombeur de son ami n’a pas pu se départir de ses convictions qu’il partage avec tous ceux qui rêvent d’une Mauritanie débarrassée de sa composante négro mauritanienne. Aidé en cela par le silence complice de beaucoup de chefs de partis dont le souci premier est d’avoir les soutiens du CMJD qui a promis de remettre le pays à un pouvoir civil dans un an maintenant .La précipitation des hommes politiques et d’une grande partie de la société civile, à appeler au ralliement et à accepter tous les diktats du CMJD n’a pas aidé et c’est dommage ! Nous passerons cette "transition" sans régler un seul grand dossier et pourtant ce n' est pas compliqué, nos problèmes sont connus : - la cohabitation, le racisme, l' esclavage, le passif humanitaire, le retour organisé des déportés. Le problème de la Mauritanie n’est pas aujourd'hui un problème de constitution, et d' ailleurs que vaut une constitution en Afrique ? Demander le aux nombreux pays qui ont tripatouillé leurs constitutions. Une constitution, la meilleure du monde ne peut empêcher un coup d’état, ou un soulèvement populaire ou autre catastrophe que personne ne peut souhaiter pour son pays. Ce qui peut sauver un pays c’est l’amour que ses dirigeants lui portent .Et quand je dis peuple c’est le peuple c’est à dire dans toutes ses composantes.
La Nouvelle Expression : Quelle solution préconisez-vous pour la question des déportés mauritaniens et du passif humanitaire ? Ousmane Sarr : Les déportés mauritaniens, leur place est chez eux et nulle part ailleurs, et seul un retour digne, organisé avec des garanties de recouvrer intégralement leur citoyenneté, constituera l'unique solution acceptable. Quant au passif humanitaire, son règlement doit passer par les tribunaux, et passera par les tribunaux .Toute autre solution sera vouée à l’échec. Le pouvoir en place tente de banaliser ces questions essentielles et sans leur résolution définitive, on ne peut bâtir la nation mauritanienne. La Mauritanie est à la croisée des chemins, nous sommes tous conscients de ce fait, l’aimer c’est regarder la vérité en face, se regarder bien dans les yeux arabes et négro mauritaniens et se dire que ce pays nous appartient à nous tous. Et c’est ensemble, négro mauritaniens et arabo-berberes, que nous ferons la patrie mauritanienne. Je vous remercie très chaleureusement de m’avoir permis de m’adresser à nos concitoyens.
Propos recueillis par Camara Seydi Moussa