Le Calame - Mohamed Ould Cheikh El Ghazwani était à Rosso et à Keur Macène le lundi 5 Juillet. Ce déplacement occupe tout le gouvernement dont le ministère de l’agriculture, maître d’œuvre de cette visite où le Président donnera le coup d’envoi de la campagne agricole 21/22.
Une fois de plus, des milliards seront annoncés pour améliorer la production et des engins exposés pour faire croire que ces gadgets sont là pour les exploitants. Toujours la même rengaine, les mêmes discours, les mêmes visages, les mêmes mains à applaudir le Raïs… et les mêmes dépenses pour les mêmes luxueuses voitures dont certaines furent mal acquises.
Pour en revenir à la campagne agricole, on se rappellera qu’en dépit des milliards injectés et des hectares promis à l’emblavement, notre pays peine, depuis l’UNCACEM, à atteindre son autosuffisance en riz et légumes.
Nos marchés sont inondés de produits en provenance du Maroc et, désormais en moindre mesure, du Sénégal, deux pays voisins qui n’ont pas plus de terre et d’eau que nous, ni beaucoup plus de bras. Au lieu de dresser un sérieux audit de ce secteur prédateur, nos gouvernants continuent à appliquer la politique de l’autruche. Circulez, y a rien à voir !
Côté discours
Lors du lancement de la campagne 20/21, le ministre du Développement rural – à l’époque Dy ould Zeïn – avait fixé l’objectif de mettre en valeur 250 000 ha dont 70 000 dans l’irrigué, en vue de produire 458 000 tonnes dont 108 000 de céréales traditionnelles et 35 000 de riz blanc.
Le ministre espérait ainsi porter à 87,5% la couverture des besoins nationaux en riz à la fin de la campagne et atteindre l’autosuffisance en 2022, grâce, disait-il, à « l’extension de technologies nouvelles dans le système de production pluviale, la sélection des semences, la préparation à la menace des criquets pèlerins et l’adoption de mesures mieux adaptées à l’environnement (30 nouveaux barrages et 200 digues, pour une superficie totale de plus de 4 000 hectares) ».
La production par hectare devait passer, quant à elle, de 5,4 tonnes à 5,5 et les superficies cultivables atteindre 80 000 hectares.
À l’heure du bilan, son remplaçant à la tête du département doit livrer des chiffres et nous indiquer, preuves à l’appui, si les objectifs furent atteints, avant de décliner, lui aussi, sa feuille de route.
Côté folklore
Les déplacements du président de la République à l’intérieur du pays sont devenus, depuis des années, l’occasion d’un show des acteurs politiques, embarquant dans leur spectacle les pauvres populations qui devraient rencontrer le Rais pour lui exposer de vive voix leurs préoccupations ; et les élus locaux toujours accusés de ne jamais transmettre les doléances de leurs électeurs ; pis, de faire le plus souvent écran, filtrant les audiences, entre celui-là et les citoyens lambda.
Depuis quelques jours, ceux de Rosso inondent les réseaux sociaux pour se plaindre de l’inactivité de leurs élus. Il suffit de constater l’état piteux des voies de la ville et l’image pitoyable qu’elle offre à chaque saison des pluies pour comprendre leurs récriminations…
En plus de l’obstacle des élus, les populations-hôtes sont envahies par des hordes de laudateurs venues d’on ne sait où ni pourquoi. En tout cas, pas pour les beaux yeux des Rossossois. Et le président Ghazwani ne semble pas décidé à enrayer cette compétition dans le « voyez-moi » et l’exhibitionnisme dont font montre les élus et cadres locaux, accompagnés de leurs amis des autres régions et de leurs troubadours.
La circulaire publiée par le ministère de l’Intérieur le 24 Février 2020 interdisant des réunions à caractère tribal avait été pourtant bien appréciée par l’opinion. Chassez le naturel, il revient au galop.
Aussi bien à Timbedra, Kaédi qu’à Rosso, les rencontres entre les « accueilleurs convenus » du Président tombent presque toutes sous le coup de cette circulaire. Et de se livrer une compétition effrénée en alignant des cortèges de luxueux 4x4, chameaux ou pauvres citoyens sous le soleil et la poussière. Tout cela pour des positionnements politiques avec, à la clef, la promotion d’un cadre de la tribu ou de la famille.
Parfaitement au courant de ses errements qui coûtent cher à la Mauritanie (location de voitures, carburant, frais de mission...), le cabinet de la Présidence et le ministère de l’Intérieur laissent faire, malgré le COVID 19 dont la troisième vague menace le pays. Opportunisme, quand tu nous tiens ! Un imam de Nouakchott a fustigé celui des religieux qui s’empressent de ramper sous les bottes des politiques, oubliant les enseignements du Saint Coran et du prophète Mohamed (PBL).
Une visite de travail devrait être très circonscrite, ne concerner que les bénéficiaires et les hôtes directs ; pas toute la République ; et ne jamais provoquer l’arrêt de toute l’administration. « « Il faut attendre la fin de la visite du Président » : pénible leitmotiv devenu de tradition dans tous les départements ministériels à la veille d’un tel déplacement. Comme si celui-ci devait primer sur le fonctionnement de nos institutions !
D.L.
Source : Le Calame
Une fois de plus, des milliards seront annoncés pour améliorer la production et des engins exposés pour faire croire que ces gadgets sont là pour les exploitants. Toujours la même rengaine, les mêmes discours, les mêmes visages, les mêmes mains à applaudir le Raïs… et les mêmes dépenses pour les mêmes luxueuses voitures dont certaines furent mal acquises.
Pour en revenir à la campagne agricole, on se rappellera qu’en dépit des milliards injectés et des hectares promis à l’emblavement, notre pays peine, depuis l’UNCACEM, à atteindre son autosuffisance en riz et légumes.
Nos marchés sont inondés de produits en provenance du Maroc et, désormais en moindre mesure, du Sénégal, deux pays voisins qui n’ont pas plus de terre et d’eau que nous, ni beaucoup plus de bras. Au lieu de dresser un sérieux audit de ce secteur prédateur, nos gouvernants continuent à appliquer la politique de l’autruche. Circulez, y a rien à voir !
Côté discours
Lors du lancement de la campagne 20/21, le ministre du Développement rural – à l’époque Dy ould Zeïn – avait fixé l’objectif de mettre en valeur 250 000 ha dont 70 000 dans l’irrigué, en vue de produire 458 000 tonnes dont 108 000 de céréales traditionnelles et 35 000 de riz blanc.
Le ministre espérait ainsi porter à 87,5% la couverture des besoins nationaux en riz à la fin de la campagne et atteindre l’autosuffisance en 2022, grâce, disait-il, à « l’extension de technologies nouvelles dans le système de production pluviale, la sélection des semences, la préparation à la menace des criquets pèlerins et l’adoption de mesures mieux adaptées à l’environnement (30 nouveaux barrages et 200 digues, pour une superficie totale de plus de 4 000 hectares) ».
La production par hectare devait passer, quant à elle, de 5,4 tonnes à 5,5 et les superficies cultivables atteindre 80 000 hectares.
À l’heure du bilan, son remplaçant à la tête du département doit livrer des chiffres et nous indiquer, preuves à l’appui, si les objectifs furent atteints, avant de décliner, lui aussi, sa feuille de route.
Côté folklore
Les déplacements du président de la République à l’intérieur du pays sont devenus, depuis des années, l’occasion d’un show des acteurs politiques, embarquant dans leur spectacle les pauvres populations qui devraient rencontrer le Rais pour lui exposer de vive voix leurs préoccupations ; et les élus locaux toujours accusés de ne jamais transmettre les doléances de leurs électeurs ; pis, de faire le plus souvent écran, filtrant les audiences, entre celui-là et les citoyens lambda.
Depuis quelques jours, ceux de Rosso inondent les réseaux sociaux pour se plaindre de l’inactivité de leurs élus. Il suffit de constater l’état piteux des voies de la ville et l’image pitoyable qu’elle offre à chaque saison des pluies pour comprendre leurs récriminations…
En plus de l’obstacle des élus, les populations-hôtes sont envahies par des hordes de laudateurs venues d’on ne sait où ni pourquoi. En tout cas, pas pour les beaux yeux des Rossossois. Et le président Ghazwani ne semble pas décidé à enrayer cette compétition dans le « voyez-moi » et l’exhibitionnisme dont font montre les élus et cadres locaux, accompagnés de leurs amis des autres régions et de leurs troubadours.
La circulaire publiée par le ministère de l’Intérieur le 24 Février 2020 interdisant des réunions à caractère tribal avait été pourtant bien appréciée par l’opinion. Chassez le naturel, il revient au galop.
Aussi bien à Timbedra, Kaédi qu’à Rosso, les rencontres entre les « accueilleurs convenus » du Président tombent presque toutes sous le coup de cette circulaire. Et de se livrer une compétition effrénée en alignant des cortèges de luxueux 4x4, chameaux ou pauvres citoyens sous le soleil et la poussière. Tout cela pour des positionnements politiques avec, à la clef, la promotion d’un cadre de la tribu ou de la famille.
Parfaitement au courant de ses errements qui coûtent cher à la Mauritanie (location de voitures, carburant, frais de mission...), le cabinet de la Présidence et le ministère de l’Intérieur laissent faire, malgré le COVID 19 dont la troisième vague menace le pays. Opportunisme, quand tu nous tiens ! Un imam de Nouakchott a fustigé celui des religieux qui s’empressent de ramper sous les bottes des politiques, oubliant les enseignements du Saint Coran et du prophète Mohamed (PBL).
Une visite de travail devrait être très circonscrite, ne concerner que les bénéficiaires et les hôtes directs ; pas toute la République ; et ne jamais provoquer l’arrêt de toute l’administration. « « Il faut attendre la fin de la visite du Président » : pénible leitmotiv devenu de tradition dans tous les départements ministériels à la veille d’un tel déplacement. Comme si celui-ci devait primer sur le fonctionnement de nos institutions !
D.L.
Source : Le Calame