A Nouakchott, la mendicité est devenue une industrie lucrative et peu coûteuse pour ses adeptes. Le métier ne requiert en effet aucun capital, sauf une impotence avérée ou fausse, un physique pitoyable et beaucoup d’endurance. La manne qu’ouvre la mendicité est telle que le nombre des adhérents s’est beaucoup accru ces derniers temps.
Presque tout le monde s’y est mis, de la jeune fille forte et robuste, aux vieux manants, en passant par les gosses dépenaillées, les chômeurs, les vieux briscards. Et tout ce monde se dispute des mètres d’asphalte en centre ville, là où la concurrence devenue rude, provoque parfois des bagarres pittoresques pour le partage du butin qu’un automobiliste pressé jette sur une main tendue.
Dépassées, les autorités baissent les bras, vaincues par des années de bras-de-fer avec les armées de gueux qui peuplent la capitale. Les cars qui servaient à ramasser les mendiants, tout comme les centres d’accueil qui offraient gîte, couvert et prises en charges, ont été remisés dans les tiroirs de l’oubli.
Nouakchott et ses mosquées, ses épiceries, ses banques, ses avenues, ses hôpitaux, ses marchés, ses gares routières et ses ministères, est devenu ainsi le pré carré de bataillons de mendiants qui narguent les pouvoirs publics, jusque dans leurs derniers retranchements. Certains n’hésitent plus à forcer les portes, traquant les clients dans leurs ultimes intimités.
Imperturbables, ils bravent la chaleur et le vent, l’enfer des embouteillages et la cohue des foules pressées, la main tendue et les yeux avides. Rien ne les décourage, ni l’indifférence des uns ni l’arrogance des autres.
De temps en temps, une pièce tombe dans leur escarcelle. Rarement, de bonnes âmes, ou certains superstitieux désireux de voir leur journée fleurie d’abondances divines, s’osent à des billets écornés.
Impossible d’échapper à Nouakchott à ces hordes qui ont colonisé la ville et ses recoins les plus reculés. Mais l’endroit le plus prisé par les mendiants de Nouakchott reste le feu de signalisation dans certains carrefours de la ville.
Assis sur des fauteuils roulants, clopinant ou bien planté sur leurs pieds, ils vous harcèlent, fouillant de leurs mains rugueuses, les tréfonds des cabines des véhicules que le feu rouge oblige à l’arrêt.
C’est l’instant idéal pour pousser des complaintes. Dans ce jeu de la misère étalée, les femmes battent le record de présence et de cupidité. Drapées dans des voiles rapiécés ou enroulés dans des pagnes à la propreté douteuse, elles prennent d’assaut les passants, envahissent les stations d’essence.
A côté des mendiants professionnels, tournent toute une faune d’opportunistes. Ceux-là sont souvent mieux habillés. La main lestée d’une ordonnance, ils invoquent un malade couché à l’hôpital. D’autres vous vendent carrément l’image apocalyptique d’enfants laissés à la maison sans nourriture.
Beaucoup de ces professionnels, méritent pourtant la prison pour escroquerie quotidienne et exploitation de la sensibilité des gens. La pauvreté et la misère extrême, ou l’incapacité de travail qui devaient justifier la mendicité sont battues en brèche par l’arnaque en plein air exercé par des gens bien portants, dont certains sont même réputés être riches comme crésus. La mendicité est devenue synonyme de fraude, de vol et de falsification.
Il consiste à soutirer aux honnêtes gens de l’argent par une fausse infirmité ou une situation mensongère. Certaines histoires de riches par la mendicité seraient à l’origine de la ruée constatée vers une pratique qui en temps normal est avilissante, dégradante, immorale. Selon le récit de quelques mendiants, ils gagnent par jour entre 2.000 et 3.000 UM, parfois le double. Le salaire d’un haut fonctionnaire de l’Etat.
Mohamed Abdellahi Dahhy (Stagiaire)
Source: authentic
Presque tout le monde s’y est mis, de la jeune fille forte et robuste, aux vieux manants, en passant par les gosses dépenaillées, les chômeurs, les vieux briscards. Et tout ce monde se dispute des mètres d’asphalte en centre ville, là où la concurrence devenue rude, provoque parfois des bagarres pittoresques pour le partage du butin qu’un automobiliste pressé jette sur une main tendue.
Dépassées, les autorités baissent les bras, vaincues par des années de bras-de-fer avec les armées de gueux qui peuplent la capitale. Les cars qui servaient à ramasser les mendiants, tout comme les centres d’accueil qui offraient gîte, couvert et prises en charges, ont été remisés dans les tiroirs de l’oubli.
Nouakchott et ses mosquées, ses épiceries, ses banques, ses avenues, ses hôpitaux, ses marchés, ses gares routières et ses ministères, est devenu ainsi le pré carré de bataillons de mendiants qui narguent les pouvoirs publics, jusque dans leurs derniers retranchements. Certains n’hésitent plus à forcer les portes, traquant les clients dans leurs ultimes intimités.
Imperturbables, ils bravent la chaleur et le vent, l’enfer des embouteillages et la cohue des foules pressées, la main tendue et les yeux avides. Rien ne les décourage, ni l’indifférence des uns ni l’arrogance des autres.
De temps en temps, une pièce tombe dans leur escarcelle. Rarement, de bonnes âmes, ou certains superstitieux désireux de voir leur journée fleurie d’abondances divines, s’osent à des billets écornés.
Impossible d’échapper à Nouakchott à ces hordes qui ont colonisé la ville et ses recoins les plus reculés. Mais l’endroit le plus prisé par les mendiants de Nouakchott reste le feu de signalisation dans certains carrefours de la ville.
Assis sur des fauteuils roulants, clopinant ou bien planté sur leurs pieds, ils vous harcèlent, fouillant de leurs mains rugueuses, les tréfonds des cabines des véhicules que le feu rouge oblige à l’arrêt.
C’est l’instant idéal pour pousser des complaintes. Dans ce jeu de la misère étalée, les femmes battent le record de présence et de cupidité. Drapées dans des voiles rapiécés ou enroulés dans des pagnes à la propreté douteuse, elles prennent d’assaut les passants, envahissent les stations d’essence.
A côté des mendiants professionnels, tournent toute une faune d’opportunistes. Ceux-là sont souvent mieux habillés. La main lestée d’une ordonnance, ils invoquent un malade couché à l’hôpital. D’autres vous vendent carrément l’image apocalyptique d’enfants laissés à la maison sans nourriture.
Beaucoup de ces professionnels, méritent pourtant la prison pour escroquerie quotidienne et exploitation de la sensibilité des gens. La pauvreté et la misère extrême, ou l’incapacité de travail qui devaient justifier la mendicité sont battues en brèche par l’arnaque en plein air exercé par des gens bien portants, dont certains sont même réputés être riches comme crésus. La mendicité est devenue synonyme de fraude, de vol et de falsification.
Il consiste à soutirer aux honnêtes gens de l’argent par une fausse infirmité ou une situation mensongère. Certaines histoires de riches par la mendicité seraient à l’origine de la ruée constatée vers une pratique qui en temps normal est avilissante, dégradante, immorale. Selon le récit de quelques mendiants, ils gagnent par jour entre 2.000 et 3.000 UM, parfois le double. Le salaire d’un haut fonctionnaire de l’Etat.
Mohamed Abdellahi Dahhy (Stagiaire)
Source: authentic