Les Justes de la France ont été célébrés la semaine dernière par Chirac. Ces justes, ce sont tous ceux qui, durant l’occupation et la guerre, ont refusé de collaborer et de se salir les mains dans le massacre des juifs. Il s’en est trouvé qui ont même protégé les juifs en proie à la haine.
Le geste de Chirac, que les observateurs ont inscrit comme suite logique de sa reconnaissance, il y a quelques années, de la responsabilité de l’Etat français dans la rafle du Vel d’Hiv en 1942 et dans les faits antisémites sous l’occupation, est hautement symbolique.
S’il peut procéder d’une reconnaissance officielle à l’endroit de personnes simples qui se sont élevées dans un contexte où tous les autres ont brillé par la bassesse, l’acte de rendre hommage aux Justes n’est pas donné à n’importe quel dirigeant. Rare sont ceux qui acceptent que le mauvais souvenir soit évoqué. Presque inexistants sont ceux qui gardent le sang froid quand on leur demande de penser à ceux qu’ils ont lésés dans l’histoire.
Ceci pour dire que nous autres mauritaniens sommes dans l’attente de celui qui un jour dira courageusement au peuple : « Dans ce pays beaucoup de mal a été fait sous la dictée de l’Etat d’exception. Il est temps d’en parler sans détour et sans passion…» Car nous aussi, nous avons eu nos justes en Mauritanie. Ceux qui ont courageusement refusé de participer aux pogroms et à l’épuration ethnique. Il s’est trouvé des hommes et des femmes, en 1989, qui ont sauvé la vie à des gens sur qui des hordes de vandales s’acharnaient à coups de gourdins.
Parmi ces justes-là, une mauresque, en état de grossesse, que j’ai vue plonger spontanément sur un homme en sang. Cet homme, une meute de badauds surexcités voulait l’achever. C’était en 1989, au 5e arrondissement. Elle avait prononcé ces paroles dans sa langue : « Tuez-moi d’abord, si vous tenez tant à l’achever ! » L’homme disait : « Epargnez-moi, je jeune ! »
Cette femme, juste parmi tous ces justes anonymes de chez nous, sera récompensée par Allah. Elle n’a que faire de ce qu’un homme politique pourrait lui apporter.
Un autre juste que j’ai vu alors que nous étions tous pris au piège de la peur, c’était un garde qui avait rencontré une dame. Celle-ci venait d’acquérir une armoire qui lui avait été cédée à vil prix. L’armoire était un butin pris à une famille qui venait d’être vandalisée. Il a déconseillé sa parente en ces termes : « Ceci n’est pas licite, rends-le ! »
La femme avait compris. Elle s’est débarrassée de l’objet en pleine rue…
Je n’ai pas cité toutes ces familles qui ont caché des gens dans leurs maisons à leurs risques et périls. Tous ces gens qui ont passé des journées et des nuits chez leurs voisins pour convaincre les « tueurs » que ceux-ci étaient bien des mauritaniens et pas autre chose…
Pour la Mauritanie, ces justes sont une fierté. Mais officiellement elle ne le sait pas. A cause de ceux qui la dirigent et qui refusent de commencer par le commencement : l’audace de gérer avec justice les sales dossiers du passé…
[kissimousman@ yahoo.fr]mail:kissimousman@ yahoo.fr
source : flamnet
Le geste de Chirac, que les observateurs ont inscrit comme suite logique de sa reconnaissance, il y a quelques années, de la responsabilité de l’Etat français dans la rafle du Vel d’Hiv en 1942 et dans les faits antisémites sous l’occupation, est hautement symbolique.
S’il peut procéder d’une reconnaissance officielle à l’endroit de personnes simples qui se sont élevées dans un contexte où tous les autres ont brillé par la bassesse, l’acte de rendre hommage aux Justes n’est pas donné à n’importe quel dirigeant. Rare sont ceux qui acceptent que le mauvais souvenir soit évoqué. Presque inexistants sont ceux qui gardent le sang froid quand on leur demande de penser à ceux qu’ils ont lésés dans l’histoire.
Ceci pour dire que nous autres mauritaniens sommes dans l’attente de celui qui un jour dira courageusement au peuple : « Dans ce pays beaucoup de mal a été fait sous la dictée de l’Etat d’exception. Il est temps d’en parler sans détour et sans passion…» Car nous aussi, nous avons eu nos justes en Mauritanie. Ceux qui ont courageusement refusé de participer aux pogroms et à l’épuration ethnique. Il s’est trouvé des hommes et des femmes, en 1989, qui ont sauvé la vie à des gens sur qui des hordes de vandales s’acharnaient à coups de gourdins.
Parmi ces justes-là, une mauresque, en état de grossesse, que j’ai vue plonger spontanément sur un homme en sang. Cet homme, une meute de badauds surexcités voulait l’achever. C’était en 1989, au 5e arrondissement. Elle avait prononcé ces paroles dans sa langue : « Tuez-moi d’abord, si vous tenez tant à l’achever ! » L’homme disait : « Epargnez-moi, je jeune ! »
Cette femme, juste parmi tous ces justes anonymes de chez nous, sera récompensée par Allah. Elle n’a que faire de ce qu’un homme politique pourrait lui apporter.
Un autre juste que j’ai vu alors que nous étions tous pris au piège de la peur, c’était un garde qui avait rencontré une dame. Celle-ci venait d’acquérir une armoire qui lui avait été cédée à vil prix. L’armoire était un butin pris à une famille qui venait d’être vandalisée. Il a déconseillé sa parente en ces termes : « Ceci n’est pas licite, rends-le ! »
La femme avait compris. Elle s’est débarrassée de l’objet en pleine rue…
Je n’ai pas cité toutes ces familles qui ont caché des gens dans leurs maisons à leurs risques et périls. Tous ces gens qui ont passé des journées et des nuits chez leurs voisins pour convaincre les « tueurs » que ceux-ci étaient bien des mauritaniens et pas autre chose…
Pour la Mauritanie, ces justes sont une fierté. Mais officiellement elle ne le sait pas. A cause de ceux qui la dirigent et qui refusent de commencer par le commencement : l’audace de gérer avec justice les sales dossiers du passé…
[kissimousman@ yahoo.fr]mail:kissimousman@ yahoo.fr
source : flamnet