Avant d'entreprendre sa tournée dans la vallée du fleuve où il a tenu un meeting à Boghé et une réunion de cadres à Bababé, le président de l'UFP, Mohamed Ould Maouloud, nous a accordé une interview, au cours de laquelle, il s'est prononcé sur la création d'une coalition de partis pour le changement, la crainte du retour au pouvoir de l'ancien régime, son appréciation du discours du Chef de l'Etat, la gestion des problèmes nationaux... C'est un leader de parti, détendu, en meilleure forme, posant ses mots, qui nous a reçu. En homme politique rompu à son art.
E-H : Selon vous, l'ancien régime ne peut pas se repentir et être porteur ainsi de changement ?
M.O.M : L'ancien système est condamné historiquement par les événements. S'il a été renversé, c'est qu'il ne pouvait plus tenir. Je pense que c'est plutôt une mauvaise voie que de cherchera le ramener. C'est évidemment le point de vue de notre parti. Les ténors de l'ancien régime pensent peut-être qu'il est possible de rétablir le clientélisme pour revenir au pouvoir. Mais je crois que c'est une mauvaise voie parce que même si un tel système réussissait à gagner formellement les élections, c'est quand même dangereux pour la stabilité du pays. Parce qu'il est clair que, politiquement, les citoyens ne veulent plus de ce mode de gouvernement. Il leur sera très difficile de se soumettre longtemps au retour d'un tel régime.
Eveil-Hebdo : Certains leaders de partis politiques se sont rencontrés ces derniers jours pour mettre en place une coalition pour le changement. Peut-on en avoir plus de précision?
Mohamed Ould Maouloud : Oui, il s'agit en fait d'une option qui a été prise par certains partis pou discuter de la possibilité de créer une coalition qui vise à garantir un véritable changement à l'issue de la période de transition et à ce qu'on empêche ainsi politiquement et démocratiquement l'ancien système de revenir au pouvoir. Voilà l'objectif de cette coalition. Il nous reste, cependant, à définir ses grandes lignes d'action une fois qu'elle sera au pouvoir, son mode d'organisation et également ses formules d'alliances électorales.
E-H : Ce qui veut dire que le principe de sa mise en place est accepté ?
M.O.M : Effectivement, le principe est acquis. Maintenant comme je l'ai dit tantôt, c'est le comment qui fait l'objet de discussions. Cette coalition pourrait regrouper une douzaine de partis politiques qui se sont réunis au siège du parti Sawab. Il s'agit pratiquement de tous les partis de la coalition des huit et puis, avec eux, le Hatem, les réformistes centristes, le mouvement de la démocratie directe, les islamistes et le parti unioniste. Bien évidemment, d'autres formations étaient invitées, mais elles n'ont pas répondu à l'appel.
E-H : Il semble que vous nourrissez un sentiment de crainte quant au retour probable de l'ancien régime aux affaires ?
M.O.M : Ecoutez, il est normal de le prévoir parce qu'il était là ; il reste même en partie. Il n'y a pas eu de révolution et non plus l'avènement d'un nouveau régime. Il y a eu un intermède ou une parenthèse qui a l'objet d'organiser la compétition électorale. L'ancien système peut revenir, démocratiquement. C'est pourquoi le fait d'envisager la possibilité de créer une coalition est tout à fait raisonnable. Il est tout autant raisonnable de se préparer à y faire face et à ouvrir surtout la voie à un véritable changement. Parce que c'est cela le challenge en définitive. Il ne s'agit pas d'être contre telle ou telle personne. Ce que nous voulons, c'est de produire un changement réel et de garantir un mode de gouvernement autre que celui qui a été jusqu'à présent fait. Nous disons donc la bienvenue au sein de la coalition à tous ceux qui sont qualifiés à œuvrer dans le même sens que nous.
E-H : Selon vous, l'ancien régime ne peut pas se repentir et être porteur ainsi de changement ?
M.O.M : L'ancien système est condamné historiquement par les événements. S'il a été renversé, c'est qu'il ne pouvait plus tenir. Je pense que c'est plutôt une mauvaise voie que de chercher à le ramener. C'est évidemment le point de vue de notre parti. Les ténors de l'ancien régime pensent peut-être qu'il est possible de rétablir le clientélisme pour revenir au pouvoir. Mais je crois que c'est une mauvaise voie parce que même si un tel système réussissait à gagner formellement les élections, c'est quand même dangereux pour la stabilité du pays. Parce qu'il est clair que, politiquement, les citoyens ne veulent plus de ce mode de gouvernement. Il leur sera très difficile de se soumettre longtemps au retour d'un tel régime.
E-H : Mais s'il revient par des moyens démocratiques, ça veut dire qu'il a réussi à convaincre les électeurs ?
M.O.M : C'est vrai que s'il revient aux affaires, ça peut vouloir dire qu'il y a des gens qui le soutiennent. Nous le savons d'ailleurs qu'il y a beaucoup d'électeurs qui peuvent voter en sa faveur. Mais sa réussite probable peut vouloir dire également qu'on a utilisé les gros moyens décriés par le passé. Mais dans ce cas de figure, la légitimité ne coïncide pas avec la victoire formelle. Une telle victoire, obtenue par l'achat des voix, ne permet pas non plus de dire qu'il y a une adhésion populaire réelle. En tout cas, si l'ancien régime gagne les élections, on se retrouvera dans une situation politique dangereuse.
E-H : Pour beaucoup, ce retour des ténors du régime déchu est à prendre au sérieux, compte tenu des moyens d'influence dont ils disposent toujours. Quelle est la portée dans ce cas des actions du CMJD ?
M.O.M : Je pense que nous nous éloignons de la question de la coalition. Mais je dois vous répondre que l'interrogation existe dans l'esprit de tous les acteurs de la vie politique nationale qui ne souhaitent pas qu'on réédite les mêmes méthodes pour gagner les élections. Il y a quand même un risque réel parce que l'ancienne opposition est dans des conditions déterminées, ainsi que les partisans de l'ancien pouvoir. Si l'on va dans une compétition de moyens, il n'y aura pas de commune mesure. Ce qu'on doit tous chercher à faire pour garantir le succès de la transition, qui doit se traduire par l'avènement d'un régime stable, accepté et reconnu légitime par la majorité de la population, c'est de veiller à ce que l'argent joue le rôle le moins important possible et que l'adhésion politique soit un facteur déterminant pour départager les candidats.
E-H : D'après vous, aucun parti politique, pris singulièrement, n'est capable d'apporter le changement attendu ?
M.O.M : Non, je pense que la carte politique nationale est éclatée. Cela commande donc des regroupements. C'est d'ailleurs une bonne chose pour les électeurs de se retrouver devant des choix plus précis. S'il y a une coalition de partis qui prônent le changement contre une autre qui veut reconduire l'ancien système, on se retrouvera dans une compétition entre les réformateurs et les conservateurs. Cette situation incite à créer des coalitions et peut même jouer un rôle positif dans la stabilité du pays. Car, le dialogue sera possible entre les pôles bien délimités. Ce qui permettrait de surmonter les crises entre les blocs et de canaliser aussi les événements et les tensions. A mon avis, il vaut mieux, opter pour cette approche qui ne veut pas dire cependant que nous allons faire une candidature unique. La confusion s'installe dans l'esprit de beaucoup de gens qui pensent que la coalition est synonyme de candidature unique. Non, nous coalisons nos forces pour qu'au total nous ayons la majorité au parlement.
E.H : La coalition regroupe des partis qui n'ont rien en commun, constatent certains. Qu'en répondez-vous ?
M.O.M : Ah, non ! Ce sont des partis politiques qui se sont toujours retrouvés par moment pour s'entendre sur des actions communes d'opposition avant le 3 août 2005. Ces partis ont eu à travailler ensemble dans le cadre de la lutte politique contre l'ancien système. Qu'ils cherchent à fédérer leurs actions dans le changement actuel, cela s'inscrit dans la logique des choses. L'essentiel, c'est de nous entendre sur le programme du changement. C'est seulement après que tout le reste suivra et de façon beaucoup plus simple.
E-H : Certains partis politiques étaient habitués à commenter le discours l'ancien président à l'occasion de ses visites à l'intérieur du pays. Avec l'actuel, les communiqués ne fusent pas. Quelle appréciation faites-vous aujourd'hui de son discours ?
M.O.M : Il n'y a pas à dire qu'il faut traiter le président actuel comme on traitait son prédécesseur. Si on le faisait, ce serait injuste. Mais je rectifie qu'on n'a jamais eu à faire des déclarations à chaque déplacement de l'ancien chef de l'Etat. On le faisait lorsqu'il y avait un grand événement politique significatif. Dans le cadre de la tournée actuelle du président du CMJD, nous sommes présents ou représentés par le fédéral de notre parti. C'est beaucoup plus significatif, à mon sens. Cette tournée me semble importante dans la mesure où le chef de l'Etat attire l'attention sur la consultation référendaire alors qu'il n'est pas évident de le faire avec des électeurs. Le discours tenu par le chef de l'Etat semble tout à fait pertinent.
E -H : Vous adhérez donc à tous les éléments du discours ?
M.O.M : Ce qu'il a dit sur le référendum est tout à fait important pour mobiliser les électeurs et on souhaite que cette constitution passe démocratiquement. La tournée du chef de l'Etat est sans doute un événement quia montré qu'il y a un problème dans ce pays. Il a abordé aussi d'autres points sur lesquels nous avons des opinions qui, parfois, ne coïncident pas avec celles développées.
E-H : Que pensez-vous par exemple de la gestion du dossier du passif humanitaire ?
M.OM : Sur cette question, notre position a toujours été claire. Nous avons toujours pensé que c'est une affaire qui requiert l'adhésion de tous les acteurs de la vie nationale mauritanienne pour chercher un consensus mauritanien sur la nécessité de trouver des solutions. Ce consensus faisait progressivement son chemin jusqu'avant le 3 août 2005. Vous vous souvenez d'un événement qui a prouvé qu'il existe dans ce pays beaucoup de gens qui souhaitent que cette question soit soldée. C'est bien entendu le forum organisé parle RDU. Et depuis le changement, toutes les grandes concertations ont confirmé aujourd'hui qu'un niveau de consensus national est maintenu sur l'urgence et la nécessité de régler le dossier en vue de libérer les esprits. Sur la question des déportés, vous savez très bien que tout le monde est unanime là-dessus. Donc je pense que dans tous les cas de figure, il n'y a pas de raison que ce ne soient pas les mauritaniens qui règlent leurs problèmes. Car il ne faut pas donner à d'autres l'occasion de s'en mêler peut-être de bonne foi, mais qui risquent de nous compliquer les choses avec leur maladresse et leurs visions particulières.
E-H : Vous aviez effectué une visite en France. Pour certains, vous étiez parti chercher l'argent?
M.O.M : La presse n'a peut-être pas d'argent et pense que chaque fois qu'un leader politique voyage, c'est pour en chercher. Écoutez, l'objet de ma visite en France, c'était de prendre contact avec la communauté mauritanienne qui ne doit pas être laissée pour compte dans ce processus de transition. Les mauritaniens de l'étranger sont concernés par ce qui se passe et doivent par conséquent être informés. Nous devons tous oeuvrer à ce qu'ils obtiennent le droit de vote. Car nous les considérons comme des mauritaniens. Nous venons les voir pour leur expliquer notre vision du devenir de la Mauritanie. En plus de cela, nous essayons de faire connaître notre parti et son projet de société à l'opinion publique internationale et aux forces politiques partenaires de la Mauritanie. Je pense que ce n'est pas du bon journalisme de faire l'amalgame ou des insinuations gratuites. Par contre, si vous avez des doutes de X ou Y, osez être précis.
Propos recueillis par Wane Abdoulaye
E-H : Selon vous, l'ancien régime ne peut pas se repentir et être porteur ainsi de changement ?
M.O.M : L'ancien système est condamné historiquement par les événements. S'il a été renversé, c'est qu'il ne pouvait plus tenir. Je pense que c'est plutôt une mauvaise voie que de cherchera le ramener. C'est évidemment le point de vue de notre parti. Les ténors de l'ancien régime pensent peut-être qu'il est possible de rétablir le clientélisme pour revenir au pouvoir. Mais je crois que c'est une mauvaise voie parce que même si un tel système réussissait à gagner formellement les élections, c'est quand même dangereux pour la stabilité du pays. Parce qu'il est clair que, politiquement, les citoyens ne veulent plus de ce mode de gouvernement. Il leur sera très difficile de se soumettre longtemps au retour d'un tel régime.
Eveil-Hebdo : Certains leaders de partis politiques se sont rencontrés ces derniers jours pour mettre en place une coalition pour le changement. Peut-on en avoir plus de précision?
Mohamed Ould Maouloud : Oui, il s'agit en fait d'une option qui a été prise par certains partis pou discuter de la possibilité de créer une coalition qui vise à garantir un véritable changement à l'issue de la période de transition et à ce qu'on empêche ainsi politiquement et démocratiquement l'ancien système de revenir au pouvoir. Voilà l'objectif de cette coalition. Il nous reste, cependant, à définir ses grandes lignes d'action une fois qu'elle sera au pouvoir, son mode d'organisation et également ses formules d'alliances électorales.
E-H : Ce qui veut dire que le principe de sa mise en place est accepté ?
M.O.M : Effectivement, le principe est acquis. Maintenant comme je l'ai dit tantôt, c'est le comment qui fait l'objet de discussions. Cette coalition pourrait regrouper une douzaine de partis politiques qui se sont réunis au siège du parti Sawab. Il s'agit pratiquement de tous les partis de la coalition des huit et puis, avec eux, le Hatem, les réformistes centristes, le mouvement de la démocratie directe, les islamistes et le parti unioniste. Bien évidemment, d'autres formations étaient invitées, mais elles n'ont pas répondu à l'appel.
E-H : Il semble que vous nourrissez un sentiment de crainte quant au retour probable de l'ancien régime aux affaires ?
M.O.M : Ecoutez, il est normal de le prévoir parce qu'il était là ; il reste même en partie. Il n'y a pas eu de révolution et non plus l'avènement d'un nouveau régime. Il y a eu un intermède ou une parenthèse qui a l'objet d'organiser la compétition électorale. L'ancien système peut revenir, démocratiquement. C'est pourquoi le fait d'envisager la possibilité de créer une coalition est tout à fait raisonnable. Il est tout autant raisonnable de se préparer à y faire face et à ouvrir surtout la voie à un véritable changement. Parce que c'est cela le challenge en définitive. Il ne s'agit pas d'être contre telle ou telle personne. Ce que nous voulons, c'est de produire un changement réel et de garantir un mode de gouvernement autre que celui qui a été jusqu'à présent fait. Nous disons donc la bienvenue au sein de la coalition à tous ceux qui sont qualifiés à œuvrer dans le même sens que nous.
E-H : Selon vous, l'ancien régime ne peut pas se repentir et être porteur ainsi de changement ?
M.O.M : L'ancien système est condamné historiquement par les événements. S'il a été renversé, c'est qu'il ne pouvait plus tenir. Je pense que c'est plutôt une mauvaise voie que de chercher à le ramener. C'est évidemment le point de vue de notre parti. Les ténors de l'ancien régime pensent peut-être qu'il est possible de rétablir le clientélisme pour revenir au pouvoir. Mais je crois que c'est une mauvaise voie parce que même si un tel système réussissait à gagner formellement les élections, c'est quand même dangereux pour la stabilité du pays. Parce qu'il est clair que, politiquement, les citoyens ne veulent plus de ce mode de gouvernement. Il leur sera très difficile de se soumettre longtemps au retour d'un tel régime.
E-H : Mais s'il revient par des moyens démocratiques, ça veut dire qu'il a réussi à convaincre les électeurs ?
M.O.M : C'est vrai que s'il revient aux affaires, ça peut vouloir dire qu'il y a des gens qui le soutiennent. Nous le savons d'ailleurs qu'il y a beaucoup d'électeurs qui peuvent voter en sa faveur. Mais sa réussite probable peut vouloir dire également qu'on a utilisé les gros moyens décriés par le passé. Mais dans ce cas de figure, la légitimité ne coïncide pas avec la victoire formelle. Une telle victoire, obtenue par l'achat des voix, ne permet pas non plus de dire qu'il y a une adhésion populaire réelle. En tout cas, si l'ancien régime gagne les élections, on se retrouvera dans une situation politique dangereuse.
E-H : Pour beaucoup, ce retour des ténors du régime déchu est à prendre au sérieux, compte tenu des moyens d'influence dont ils disposent toujours. Quelle est la portée dans ce cas des actions du CMJD ?
M.O.M : Je pense que nous nous éloignons de la question de la coalition. Mais je dois vous répondre que l'interrogation existe dans l'esprit de tous les acteurs de la vie politique nationale qui ne souhaitent pas qu'on réédite les mêmes méthodes pour gagner les élections. Il y a quand même un risque réel parce que l'ancienne opposition est dans des conditions déterminées, ainsi que les partisans de l'ancien pouvoir. Si l'on va dans une compétition de moyens, il n'y aura pas de commune mesure. Ce qu'on doit tous chercher à faire pour garantir le succès de la transition, qui doit se traduire par l'avènement d'un régime stable, accepté et reconnu légitime par la majorité de la population, c'est de veiller à ce que l'argent joue le rôle le moins important possible et que l'adhésion politique soit un facteur déterminant pour départager les candidats.
E-H : D'après vous, aucun parti politique, pris singulièrement, n'est capable d'apporter le changement attendu ?
M.O.M : Non, je pense que la carte politique nationale est éclatée. Cela commande donc des regroupements. C'est d'ailleurs une bonne chose pour les électeurs de se retrouver devant des choix plus précis. S'il y a une coalition de partis qui prônent le changement contre une autre qui veut reconduire l'ancien système, on se retrouvera dans une compétition entre les réformateurs et les conservateurs. Cette situation incite à créer des coalitions et peut même jouer un rôle positif dans la stabilité du pays. Car, le dialogue sera possible entre les pôles bien délimités. Ce qui permettrait de surmonter les crises entre les blocs et de canaliser aussi les événements et les tensions. A mon avis, il vaut mieux, opter pour cette approche qui ne veut pas dire cependant que nous allons faire une candidature unique. La confusion s'installe dans l'esprit de beaucoup de gens qui pensent que la coalition est synonyme de candidature unique. Non, nous coalisons nos forces pour qu'au total nous ayons la majorité au parlement.
E.H : La coalition regroupe des partis qui n'ont rien en commun, constatent certains. Qu'en répondez-vous ?
M.O.M : Ah, non ! Ce sont des partis politiques qui se sont toujours retrouvés par moment pour s'entendre sur des actions communes d'opposition avant le 3 août 2005. Ces partis ont eu à travailler ensemble dans le cadre de la lutte politique contre l'ancien système. Qu'ils cherchent à fédérer leurs actions dans le changement actuel, cela s'inscrit dans la logique des choses. L'essentiel, c'est de nous entendre sur le programme du changement. C'est seulement après que tout le reste suivra et de façon beaucoup plus simple.
E-H : Certains partis politiques étaient habitués à commenter le discours l'ancien président à l'occasion de ses visites à l'intérieur du pays. Avec l'actuel, les communiqués ne fusent pas. Quelle appréciation faites-vous aujourd'hui de son discours ?
M.O.M : Il n'y a pas à dire qu'il faut traiter le président actuel comme on traitait son prédécesseur. Si on le faisait, ce serait injuste. Mais je rectifie qu'on n'a jamais eu à faire des déclarations à chaque déplacement de l'ancien chef de l'Etat. On le faisait lorsqu'il y avait un grand événement politique significatif. Dans le cadre de la tournée actuelle du président du CMJD, nous sommes présents ou représentés par le fédéral de notre parti. C'est beaucoup plus significatif, à mon sens. Cette tournée me semble importante dans la mesure où le chef de l'Etat attire l'attention sur la consultation référendaire alors qu'il n'est pas évident de le faire avec des électeurs. Le discours tenu par le chef de l'Etat semble tout à fait pertinent.
E -H : Vous adhérez donc à tous les éléments du discours ?
M.O.M : Ce qu'il a dit sur le référendum est tout à fait important pour mobiliser les électeurs et on souhaite que cette constitution passe démocratiquement. La tournée du chef de l'Etat est sans doute un événement quia montré qu'il y a un problème dans ce pays. Il a abordé aussi d'autres points sur lesquels nous avons des opinions qui, parfois, ne coïncident pas avec celles développées.
E-H : Que pensez-vous par exemple de la gestion du dossier du passif humanitaire ?
M.OM : Sur cette question, notre position a toujours été claire. Nous avons toujours pensé que c'est une affaire qui requiert l'adhésion de tous les acteurs de la vie nationale mauritanienne pour chercher un consensus mauritanien sur la nécessité de trouver des solutions. Ce consensus faisait progressivement son chemin jusqu'avant le 3 août 2005. Vous vous souvenez d'un événement qui a prouvé qu'il existe dans ce pays beaucoup de gens qui souhaitent que cette question soit soldée. C'est bien entendu le forum organisé parle RDU. Et depuis le changement, toutes les grandes concertations ont confirmé aujourd'hui qu'un niveau de consensus national est maintenu sur l'urgence et la nécessité de régler le dossier en vue de libérer les esprits. Sur la question des déportés, vous savez très bien que tout le monde est unanime là-dessus. Donc je pense que dans tous les cas de figure, il n'y a pas de raison que ce ne soient pas les mauritaniens qui règlent leurs problèmes. Car il ne faut pas donner à d'autres l'occasion de s'en mêler peut-être de bonne foi, mais qui risquent de nous compliquer les choses avec leur maladresse et leurs visions particulières.
E-H : Vous aviez effectué une visite en France. Pour certains, vous étiez parti chercher l'argent?
M.O.M : La presse n'a peut-être pas d'argent et pense que chaque fois qu'un leader politique voyage, c'est pour en chercher. Écoutez, l'objet de ma visite en France, c'était de prendre contact avec la communauté mauritanienne qui ne doit pas être laissée pour compte dans ce processus de transition. Les mauritaniens de l'étranger sont concernés par ce qui se passe et doivent par conséquent être informés. Nous devons tous oeuvrer à ce qu'ils obtiennent le droit de vote. Car nous les considérons comme des mauritaniens. Nous venons les voir pour leur expliquer notre vision du devenir de la Mauritanie. En plus de cela, nous essayons de faire connaître notre parti et son projet de société à l'opinion publique internationale et aux forces politiques partenaires de la Mauritanie. Je pense que ce n'est pas du bon journalisme de faire l'amalgame ou des insinuations gratuites. Par contre, si vous avez des doutes de X ou Y, osez être précis.
Propos recueillis par Wane Abdoulaye