Ratifier des conventions internationales à un rythme plus rapide que ne dégaine Lucky Luke (qui tire plus vite que son ombre), organiser des séminaires régionaux ou sous-régionaux pour engloutir des sommes faramineuses dont ne profite la moindre victime. Tel est hélas le crédo de nombreuses institutions publiques mauritaniennes aussi inutiles pour la collectivité qu’elles ne lui sont nuisibles en termes d’image et de respect de l’engagement donné.
Mauritanie, 2ème pays africain signataire de la convention contre la torture
En effet, la Mauritanie fait partie des premiers et rares pays à avoir ratifié en 2016, ce mécanisme de lutte contre la torture, comme d’ailleurs elle est championne en matière de ratification de tout, même si c’est elle aussi la championne en pourfendeur de ces mêmes conventions.
Parmi ces institutions fantômes qui ne bandent ses muscles qu’au détour de colloques régionaux où des invités étrangers sont pris dans un tourbillon de discours creux sans résonnance, le Mécanisme National de Prévention de la Torture (MNP) tient actuellement le haut du pavé.
Depuis sa nomination à la tête de cette important outil de lutte contre la torture, l’éminent professeur et ancien ministre, Bekaye Abdel Maleck, a enterré ’institution et brisé l’élan certes timide que cet organe avait pris ces dernières années.
Un politique à la tête du MNPT
En homme politique aux réflexes encore partisans ( il fut ancien ministre et membre du bureau exécutif du parti-Etat, l’UPR devenu INSAF), incapable de contrarier les tenants du pouvoir politique, Bekaye Abdel Maleck n’a, à son actif, aucune réalisation depuis qu’il a pris les rênes du MNP le 16 mai 2022, contrairement à son prédécesseur, Mohamed Lemine Haless.
Pire, depuis qu’il a pris la direction de cet organe de prévention de la torture, il y a plus d’un an, Bekaye Abdel Maleck a plombé les activités du MNP qui se sont réduites à des audiences accordées à des délégations par ci et par là.
Le MNPT, à côté de la plaque
Mais là où cet organe devait concentrer ses actions, c’est-à-dire, dans les lieux de détention, le MNP est resté absent durant tous ces longs et douloureux mois, où les arrestations arbitraires, les tortures et les morts dans les commissariats de police se sont multipliés.
Aucune visite du MNP n’a été acceptée par l’ancien président Mohamed Abdel Aziz, malgré les nombreuses exactions subies tout au long de sa détention, privation du droit de voir le soleil, de recevoir de la visite, d’avoir accès à de simples commodités, parce qu’il n’avait pas confiance à cet organe. Politique du deux poids deux mesures, ses co-accusés sont logés dans une prison hôtel 5 étoiles, le service avec.
Deux cas de torture mortelle, le MNPT absent
Le MNP est le plus grand absent dans les deux plus grands drames qu’a connu la Mauritanie ces derniers temps, le meurtre de l’activiste Souvi Ould Cheine en février 2023 dans les bureaux du commissariat de Dar Naïm 2, puis la mort suite à la torture de Oumar Diop en mai 2023 au commissariat de Sebkha.
Alors que dans le premier cas, la mobilisation populaire fut telle que l’appareil d’Etat a été obligé de rectifier son narratif sur une mort naturelle, les manifestations violentes qui ont accompagné la mort de Oumar Diop, n’ont pu hélas retenir le motif avancé par plusieurs témoins sur une mort faisant suite à une interpellation policière.
Dans l’un comme dans l’autre cas, le MNP est resté aussi invisible qu’un fantôme dans les jardins d’El Mina.
Pas de contrôle des lieux de détention
En l’absence de tout contrôle dans les lieux de détention, le président du MNP a préféré le calfeutrage tranquille dans les fauteuils moelleux de son bureau climatisé, se contentant de distribuer des communiqués résultant de soi-disantes enquêtes menées par ses collaborateurs sans qu’aucune conclusion n’ait été présentée à l’opinion publique.
Détentions et interpellations arbitraires
Contrairement aux dispositions des textes, tout le monde sait que les interpellations et les durées de détentions légales sont bafouées. Les exemples d’interpellation abusive sont légions, cas de Souvi et de Oumar Diop, les plus vulgarisés et Allah seul sait combien d’anonymes en sont victimes.
Les détentions à durée allant au-delà des prescriptions de la loi pullulent au point de devenir la règle. Aucun respect des textes en ce qui concerne la présence de l’avocat. La plupart du temps, et pour des délits d’opinion, l’interpelé est empêché de voir son avocat et sa famille, contrairement aux dispositions de la loi. Cas de l’homme politique, Dellahi, et Allah seul sait combien de citoyens mauritaniens en ont souffert.
Il faut remorquer le MNPT
Au moment où le MNP convoque un colloque international à Nouakchott avec des invités venus de la Tunisie, du Sénégal et de la Suisse, et au moment où il vient de signer un partenariat avec son homologue sénégalais, l’ONLPL, il est permis de croire que cet instrument de contrôle des agissements des autorités judiciaires, OPJ et magistrats, ainsi que les régisseurs, va permettre enfin de redresser la barre et d’imprimer une indépendance d’action à une structure qui doit agir en toute impartialité et en toute objectivité.
Cheikh Aïdara
Source :Thaqafa (Mauritanie)
Mauritanie, 2ème pays africain signataire de la convention contre la torture
En effet, la Mauritanie fait partie des premiers et rares pays à avoir ratifié en 2016, ce mécanisme de lutte contre la torture, comme d’ailleurs elle est championne en matière de ratification de tout, même si c’est elle aussi la championne en pourfendeur de ces mêmes conventions.
Parmi ces institutions fantômes qui ne bandent ses muscles qu’au détour de colloques régionaux où des invités étrangers sont pris dans un tourbillon de discours creux sans résonnance, le Mécanisme National de Prévention de la Torture (MNP) tient actuellement le haut du pavé.
Depuis sa nomination à la tête de cette important outil de lutte contre la torture, l’éminent professeur et ancien ministre, Bekaye Abdel Maleck, a enterré ’institution et brisé l’élan certes timide que cet organe avait pris ces dernières années.
Un politique à la tête du MNPT
En homme politique aux réflexes encore partisans ( il fut ancien ministre et membre du bureau exécutif du parti-Etat, l’UPR devenu INSAF), incapable de contrarier les tenants du pouvoir politique, Bekaye Abdel Maleck n’a, à son actif, aucune réalisation depuis qu’il a pris les rênes du MNP le 16 mai 2022, contrairement à son prédécesseur, Mohamed Lemine Haless.
Pire, depuis qu’il a pris la direction de cet organe de prévention de la torture, il y a plus d’un an, Bekaye Abdel Maleck a plombé les activités du MNP qui se sont réduites à des audiences accordées à des délégations par ci et par là.
Le MNPT, à côté de la plaque
Mais là où cet organe devait concentrer ses actions, c’est-à-dire, dans les lieux de détention, le MNP est resté absent durant tous ces longs et douloureux mois, où les arrestations arbitraires, les tortures et les morts dans les commissariats de police se sont multipliés.
Aucune visite du MNP n’a été acceptée par l’ancien président Mohamed Abdel Aziz, malgré les nombreuses exactions subies tout au long de sa détention, privation du droit de voir le soleil, de recevoir de la visite, d’avoir accès à de simples commodités, parce qu’il n’avait pas confiance à cet organe. Politique du deux poids deux mesures, ses co-accusés sont logés dans une prison hôtel 5 étoiles, le service avec.
Deux cas de torture mortelle, le MNPT absent
Le MNP est le plus grand absent dans les deux plus grands drames qu’a connu la Mauritanie ces derniers temps, le meurtre de l’activiste Souvi Ould Cheine en février 2023 dans les bureaux du commissariat de Dar Naïm 2, puis la mort suite à la torture de Oumar Diop en mai 2023 au commissariat de Sebkha.
Alors que dans le premier cas, la mobilisation populaire fut telle que l’appareil d’Etat a été obligé de rectifier son narratif sur une mort naturelle, les manifestations violentes qui ont accompagné la mort de Oumar Diop, n’ont pu hélas retenir le motif avancé par plusieurs témoins sur une mort faisant suite à une interpellation policière.
Dans l’un comme dans l’autre cas, le MNP est resté aussi invisible qu’un fantôme dans les jardins d’El Mina.
Pas de contrôle des lieux de détention
En l’absence de tout contrôle dans les lieux de détention, le président du MNP a préféré le calfeutrage tranquille dans les fauteuils moelleux de son bureau climatisé, se contentant de distribuer des communiqués résultant de soi-disantes enquêtes menées par ses collaborateurs sans qu’aucune conclusion n’ait été présentée à l’opinion publique.
Détentions et interpellations arbitraires
Contrairement aux dispositions des textes, tout le monde sait que les interpellations et les durées de détentions légales sont bafouées. Les exemples d’interpellation abusive sont légions, cas de Souvi et de Oumar Diop, les plus vulgarisés et Allah seul sait combien d’anonymes en sont victimes.
Les détentions à durée allant au-delà des prescriptions de la loi pullulent au point de devenir la règle. Aucun respect des textes en ce qui concerne la présence de l’avocat. La plupart du temps, et pour des délits d’opinion, l’interpelé est empêché de voir son avocat et sa famille, contrairement aux dispositions de la loi. Cas de l’homme politique, Dellahi, et Allah seul sait combien de citoyens mauritaniens en ont souffert.
Il faut remorquer le MNPT
Au moment où le MNP convoque un colloque international à Nouakchott avec des invités venus de la Tunisie, du Sénégal et de la Suisse, et au moment où il vient de signer un partenariat avec son homologue sénégalais, l’ONLPL, il est permis de croire que cet instrument de contrôle des agissements des autorités judiciaires, OPJ et magistrats, ainsi que les régisseurs, va permettre enfin de redresser la barre et d’imprimer une indépendance d’action à une structure qui doit agir en toute impartialité et en toute objectivité.
Cheikh Aïdara
Source :Thaqafa (Mauritanie)