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Le bureau exécutif de l'AVOMM

"L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous." Jean-Paul Sartre

"L'Association d'aides aux veuves et aux orphelins de mauritanie (AVOMM) qui nous rassemble, a été créée le 25/12/95 à PARIS par d'ex-militaires mauritaniens ayant fui la terreur, l'oppression, la barbarie du colonel Mawiya o/ sid'ahmed Taya ......
Ces rescapés des geôles de ould Taya, et de l'arbitraire, décidèrent, pour ne jamais oublier ce qui leur est arrivé, pour garder aussi la mémoire des centaines de martyrs, de venir en aide aux veuves, aux orphelins mais aussi d'engager le combat contre l'impunité décrétée par le pouvoir de Mauritanie."
E-mail : avommavomm@yahoo.fr

Bureau exécutif

*Ousmane SARR, président
*Demba Niang, secrétaire général
*Secrétaire général Adjt; Demba Fall
*Alousseyni SY, Chargé des relations extérieures
*Mme Rougui Dia, trésorière
*Chargé de l’organisation Mariame Diop
*adjoint Ngolo Diarra
*Mme Mireille Hamelin, chargée de la communication
*Chargé de mission Bathily Amadou Birama
Conseillers:
*Kane Harouna
*Hamdou Rabby SY










AVOMM

Mauritanie : Les paradoxes de la transition démocratique


Mauritanie : Les paradoxes de la transition démocratique
La transition démocratique, enclenchée à la suite du coup d’Etat militaire du 3 août 2005 dirigé par le colonel Ely Ould Mohamed Vall, a fait naître beaucoup d’espoir dans le cœur des Mauritaniens qui l’ont approuvée dans leur majorité, en s’exprimant favorablement au referendum constitutionnel du 25 juin 2006. L’engagement solennel des militaires de céder le pouvoir aux civils, au terme du respect d’un agenda qui s’achève par l’organisation d’élections présidentielles en mars 2007, a dissipé les réserves émises par la communauté internationale sur la méthode à la hussarde utilisée pour réussir le changement politique. Cependant, les déclarations du chef du Comité militaire pour la justice et la démocratie (Cmjd), en visite de travail en France (voir le Monde du 27/09/06 et interview Rfi) et les manœuvres politiciennes pour contourner les partis politiques sèment le doute sur la volonté initialement exprimée pour ancrer la Mauritanie dans la voie de la démocratie. La rencontre du lundi 16 octobre 2006 avec la plupart des partis (35 reconnus officiellement) suffit-elle pour faire retomber la fièvre ?
La transition en action

Face à la pression des organisations continentales et internationales mais aussi des puissances occidentales peu enclines à soutenir des pouvoirs arrachés par des coups d’Etat, la junte militaire a concocté une feuille de route pour accélérer la transition démocratique. Certes, l’initiative, qui résulte de l’enfermement d’un régime autoritaire, a permis de lénifier temporairement un climat au bord de l’explosion, en considérant les différentes tentatives de renversement sans parler de la fracture communautaire et de la mauvaise gouvernance politique et économique. Mais, les questions de fond ont été volontairement, semble-t-il, extirpées du débat pour ne retenir que celles qui intéressent les animateurs de spectacles politiques. Par exemple, l’exploration du problème, que l’on qualifie pudiquement de ‘passif humanitaire’ qui traduit l’ensemble des atteintes aux Droits de l’homme dont la composante négro-africaine a été la principale victime dans les années 90, se trouve renvoyée aux calendes grecques ou comme viatique pour le prochain gouvernement issu des élections à venir, voire les générations futures. Il faut dire que la résolution de cette question dépendra d’une volonté politique clairement affirmée dans un processus de construction d’un espace sociétal et politique apaisé et réconcilié. En effet, la dégradation des rapports intercommunautaires, entre Arabes et Négro-Africains, sous l’effet d’une politique sectaire et répressive sous le règne de Ould Taya, n’a pas favorisé l’émergence d’une conscience citoyenne et d’un compromis nécessaire à l’équilibre d’une société multiculturelle.

En contournant la difficulté pour diverses raisons, les autorités militaires ont opté pour des réformes institutionnelles et politiques qui demeurent sans doute importantes, mais pas prioritaires à la mesure des défis auxquels le pays est confronté. Elles sont focalisées sur trois axes à savoir : la bonne gouvernance, la transition démocratique et la justice. La Constitution a été révisée pour limiter le mandat présidentiel (quinquennat, renouvelable une fois) et ériger des garde-fous dans l’optique de dissuader les ‘tripatouillages’ constitutionnels pour se fossiliser au pouvoir à l’image de bon nombre de dirigeants africains.

Malgré ces réformes très médiatisées pour ravir les observateurs étrangers, les transformations profondes tardent à se manifester en termes de pratiques sociales et politiques. Il est vrai que la symbolique Ould Taya n’est plus, mais le système qu’il a instauré, a survécu en raison de la présence massive de ses hommes dans tous les rouages de l’Etat et de la bureaucratie, perpétuant ainsi, de manière peu visible, les habitudes d’antan.

Force est de constater d’ailleurs la recrudescence du tribalisme dans cette période de bouillonnement politique. On ne peut changer une société par des réformes institutionnelles, la grandeur d’un Etat et surtout sa consistance résident dans sa capacité à reconnaître ses erreurs et à les corriger en toutes responsabilités. En effet, la démocratie est un état d’esprit et un comportement. Elle s’adosse sur une dynamique socio-culturelle et politique mais aussi sur des acteurs qui en respectent scrupuleusement les règles et les principes cardinaux.

Les paradoxes des acteurs

Aujourd’hui, une étape importante de la transition démocratique a été franchie selon le calendrier fixé par les militaires pour quitter le pouvoir. Par conséquent, les formations politiques anciennes et nouvelles ont saisi cette opportunité pour se lancer dans les compétitions électorales (municipales et législatives, sénatoriales et présidentielles) qui marqueront la fin du processus démocratique tel qu’il a été configuré par les initiateurs. Dès lors, on assiste à une fragmentation des forces politiques avec la naissance d’une multitude de partis ou de regroupements attestant la fragilité de la vie politique mauritanienne. L’ancien parti majoritaire de Ould Taya, le Parti républicain démocratique et social (Prds) devenu le Parti républicain pour la démocratie et le renouveau (Prdr) depuis la chute de son leader, n’a pas résisté à l’effet du changement au sommet de l’Etat. Il est traversé par des querelles de personnes et touché profondément par le phénomène de la transhumance politique. Les autres formations de l’opposition à savoir : le Rassemblement des forces démocratiques (Rfd ), l’Union des forces de progrès (Ufp), l’Alliance populaire et progressiste (App), le Front populaire (Fp), etc., en dépit de leurs divergences idéologiques et de positionnement par rapport ‘au passif humanitaire’ et à l’épineux problème de l’esclavage, tenteront de se regrouper à travers la ‘coalition des forces du changement démocratiqu’ pour faire face aux échéances électorales. Ce regroupement hétéroclite est miné par des rivalités de leadership et rencontre des difficultés à trouver un chef charismatique porteur de projet susceptible d’accélérer la modernisation de la société et de créer des conditions pour un développement durable par une bonne gouvernance des différentes richesses nationales (poisson, pétrole…).

Cela dit, l’ouverture démocratique prônée par le régime militaire générera une modulation de ton et d’attitude de l’opposition qui jouera la partition du compromis, du dialogue et de la concertation avec les nouveaux maîtres du pouvoir dans le souci d’un dialogue politique dépouillé de toutes arrière-pensées, d’autant que la neutralité des partenaires était affichée et prouvée. Toutefois, à l’approche du calendrier électoral, des actions nouvelles douteuses se dessinent et enveniment la sérénité qui entourait jusque-là les orientations politiques. En intervenant peu ou prou dans le parrainage des ‘candidatures indépendantes’, le Cmdj a provoqué l’inquiétude grandissante au sein de la classe politique, convaincue de la stratégie de contournement animée par certains groupes proches du comité militaire.

Cette nouvelle donne engendre, à tous points de vue, un climat de suspicion, de méfiance et cristallise les tensions entre le pouvoir militaire et les partis politiques traditionnels qui, pour parer à toutes éventualités, s’acheminent vers la désignation d’une candidature unique aux élections présidentielles. En tout état de cause, la persistance d’une crise ouverte entre les principaux acteurs de la vie politique en Mauritanie pourrait être interprétée comme un pavé dans la mare, orchestré par les militaires pour garder le pouvoir et s’inscrire dans la durée en réactivant la logique de la prédation, au regard de la manne pétrolière.

Si le chef de l’Etat est déterminé à quitter le pouvoir en conformité avec les engagements pris, en revanche la plupart de ses compagnons d’armes ne semblent pas partager cette vision. Les manipulations tribales de grande dimension et la campagne de désacralisation des formations politiques corroborent les velléités des militaires à vouloir préserver les acquis au mépris de leurs promesses. Il s’agira alors d’une rupture du contrat de la neutralité sur lequel le Cmdj a sous-tendu son action pour donner sens au processus de démocratisation dans un pays qui porte encore les stigmates de vingt ans de pouvoir sans partage et de gestion patrimoniale des ressources publiques.

Moussa DIAW Professeur de Science politique à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis du Sénégal. Il est l’auteur de ‘La politique étrangère de la Mauritanie’. L’Harmattan, 1999.

source : walf
Lundi 6 Novembre 2006 - 12:32
Lundi 6 Novembre 2006 - 12:37
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