Le ministère de l’Intérieur et de la décentralisation vient de boucler trois journées de concertations avec les partis politiques et la Société civile. Il s’agissait de préparer l’élection présidentielle du 22 Juin prochain et de promouvoir la bonne gouvernance, selon la version officielle. À en croire le ministre de l’Intérieur parrain de ce conclave, « ces journées visaient à développer les conditions propices à l’instauration d’un climat politique apaisé, en vue de permettre le rapprochement des points de vue des acteurs politiques sur les grands enjeux nationaux, […] renforcer la cohésion sociale autour d’un consensus national et consacrer les valeurs du pluralisme démocratique. »
Dans cette optique, les partis ont à « constituer un cadre d’unification des efforts et de représentation de toutes les composantes du spectre national, loin de toute considération étroite ou sectaire, et offrir des alternatives crédibles à ceux qui souhaitent y militer, tout en respectant les orientations et les textes organisationnels des partis ».
Un pari difficile dans la mesure où les agendas des uns et des autres sont, on le sait, divergents. Certains partis de la majorité y sont allés pour être captés par les caméras des télévisions et des réseaux sociaux, tandis que certains de l’opposition – reconnus, en attente de récépissé ou dissous – espéraient l’application de la loi sur les partis et un geste du ministère de l’Intérieur. Il régnait de fait une certaine confusion à la veille de ces rencontres. Dans un communiqué sans en-tête ni cachet ayant circulé dans les rédactions et sur les plateformes des réseaux sociaux, la convocation du MIDRC laissait croire que les partis non reconnus ou dissous allaient simplement recevoir leur sésame.
Les hésitations de leurs interlocuteurs au ministère ont semé le doute et c’est seulement après coup qu’ils ont dû se rendre à l’évidence de ce que l’on attendait en fait d’eux : la participation aux journées de concertations, voire même aux ateliers du Pacte républicain. Du coup, certains d’entre eux ont posé leurs conditions : reconnaissance des nouveaux et retour à la légalité pour ceux qui étaient dissous. Au final, cette espèce de confusion aura prévalu et conduit certains partis à boycotter la séance de clôture de ces journées.
Une présidentielle consensuelle ?
C’est rompu aux préparatifs des consultations électorales depuis 2007 que le ministre y avait convié les partis politiques. Plusieurs de la majorité et de l’opposition, la CENI, divers syndicats et membres de la Société civile y ont donc pris part. Le ministre avait déjà réussi le challenge en 2023. Les journées de concertations d’alors intervenaient quelques mois après l’interruption unilatérale, par le gouvernement, d’un processus de dialogue en phase très avancée.
Très divisées sur la participation ou non à celui-ci, l’opposition avait fini par répondre positivement, montrant une fois encore combien grandes étaient ses divisions. Le caractère et la formation de la CENI arrachée aux forceps et in extrémis les a accentuées. Et c’est dans ce contexte que les partis politiques acceptèrent de participer, en un consensus tout de façade, aux élections locales. En dépit de l’accord intervenu entre les participants à la clôture desdits entretiens, les élections furent contestées, les partis de l’opposition et même de la majorité dénonçant une « fraude » jamais atteinte, même sous le régime d’Ould Taya et de son PRDS. Les demandes d’annulation et de reprise des scrutins en plusieurs circonscriptions restèrent vaines.
Le contexte dans lequel se sont tenues les dernières journées de concertations ressemble quelque peu à celui de la veille des municipales, législatives et régionales de l’an dernier. En effet, les partis signataires du Pacte républicain – INSAF, RFD et UFP – tentent de rallier les autres partis de l’opposition à leur projet dont le lancement est donné pour imminent.
La tenue des ateliers du Pacte sans le reste de l’opposition laisserait, à quelque quatre mois de la présidentielle, comme un goût d’inachevé. Or le pouvoir voudrait, dans le cadre de sa volonté de décrisper l’atmosphère politique et de tenir la présidentielle dans une ambiance apaisée, ratisser large. La reconnaissance de nouveaux partis politiques – mais pas de tous les quatre-vingt-dix-huit prétendants… – et la remise sur orbite de ceux anciennement dissous pourraient-elles sauver la face ?
Dalay Lam
Source : Le Calame (Mauritanie)
Dans cette optique, les partis ont à « constituer un cadre d’unification des efforts et de représentation de toutes les composantes du spectre national, loin de toute considération étroite ou sectaire, et offrir des alternatives crédibles à ceux qui souhaitent y militer, tout en respectant les orientations et les textes organisationnels des partis ».
Un pari difficile dans la mesure où les agendas des uns et des autres sont, on le sait, divergents. Certains partis de la majorité y sont allés pour être captés par les caméras des télévisions et des réseaux sociaux, tandis que certains de l’opposition – reconnus, en attente de récépissé ou dissous – espéraient l’application de la loi sur les partis et un geste du ministère de l’Intérieur. Il régnait de fait une certaine confusion à la veille de ces rencontres. Dans un communiqué sans en-tête ni cachet ayant circulé dans les rédactions et sur les plateformes des réseaux sociaux, la convocation du MIDRC laissait croire que les partis non reconnus ou dissous allaient simplement recevoir leur sésame.
Les hésitations de leurs interlocuteurs au ministère ont semé le doute et c’est seulement après coup qu’ils ont dû se rendre à l’évidence de ce que l’on attendait en fait d’eux : la participation aux journées de concertations, voire même aux ateliers du Pacte républicain. Du coup, certains d’entre eux ont posé leurs conditions : reconnaissance des nouveaux et retour à la légalité pour ceux qui étaient dissous. Au final, cette espèce de confusion aura prévalu et conduit certains partis à boycotter la séance de clôture de ces journées.
Une présidentielle consensuelle ?
C’est rompu aux préparatifs des consultations électorales depuis 2007 que le ministre y avait convié les partis politiques. Plusieurs de la majorité et de l’opposition, la CENI, divers syndicats et membres de la Société civile y ont donc pris part. Le ministre avait déjà réussi le challenge en 2023. Les journées de concertations d’alors intervenaient quelques mois après l’interruption unilatérale, par le gouvernement, d’un processus de dialogue en phase très avancée.
Très divisées sur la participation ou non à celui-ci, l’opposition avait fini par répondre positivement, montrant une fois encore combien grandes étaient ses divisions. Le caractère et la formation de la CENI arrachée aux forceps et in extrémis les a accentuées. Et c’est dans ce contexte que les partis politiques acceptèrent de participer, en un consensus tout de façade, aux élections locales. En dépit de l’accord intervenu entre les participants à la clôture desdits entretiens, les élections furent contestées, les partis de l’opposition et même de la majorité dénonçant une « fraude » jamais atteinte, même sous le régime d’Ould Taya et de son PRDS. Les demandes d’annulation et de reprise des scrutins en plusieurs circonscriptions restèrent vaines.
Le contexte dans lequel se sont tenues les dernières journées de concertations ressemble quelque peu à celui de la veille des municipales, législatives et régionales de l’an dernier. En effet, les partis signataires du Pacte républicain – INSAF, RFD et UFP – tentent de rallier les autres partis de l’opposition à leur projet dont le lancement est donné pour imminent.
La tenue des ateliers du Pacte sans le reste de l’opposition laisserait, à quelque quatre mois de la présidentielle, comme un goût d’inachevé. Or le pouvoir voudrait, dans le cadre de sa volonté de décrisper l’atmosphère politique et de tenir la présidentielle dans une ambiance apaisée, ratisser large. La reconnaissance de nouveaux partis politiques – mais pas de tous les quatre-vingt-dix-huit prétendants… – et la remise sur orbite de ceux anciennement dissous pourraient-elles sauver la face ?
Dalay Lam
Source : Le Calame (Mauritanie)