ANTANANARIVO: Le chef d'Etat malgache sortant, Marc Ravalomanana, a été reconduit pour un mandat de cinq ans à Madagascar après avoir remporté l'élection présidentielle dès le premier tour du 3 décembre, lors d'un scrutin qui n'a pas passionné ses compatriotes.
Selon les résultats officiels proclamés samedi par la Haute Cour constitutionnelle (HCC) lors d'une cérémonie au ministère des Affaires étrangères à Antananarivo, M. Ravalomanana a été réélu avec 54,79% des voix, loin devant les autres candidats.
M. Ravalomanana, un chef d'Etat sûr de lui et un entrepreneur à succès, était donné grand favori depuis plusieurs semaines de cette élection. Le "self-made man" s'était déclaré à plusieurs reprises "convaincu" de l'emporter dès le premier tour, après une campagne atone.
"Je suis très content, cela confirme notre confiance avec le peuple malgache et la communauté internationale", a commenté M. Ravalomanana samedi dans une déclaration à l'AFP.
"Nous allons continuer notre chemin, je suis optimiste pour l'avenir de Madagascar", a-t-il ajouté.
La cérémonie d'investiture de M. Ravalomanana est prévue pour la première quinzaine de janvier.
"C'est un bon résultat pour le président et la démocratie malgache (...) Comme on l'a dit pendant la campagne, on va continuer les efforts durant les prochaines années", a commenté Solofo Razoarimihaja, président national du parti présidentiel TIM (J'aime Madagascar) et vice-président de l'Assemblée nationale.
Le président sortant était largement en tête du scrutin: l'ancien président de l'Assemblée nationale malgache, Jean Lahiniriko, n'a remporté que 11,65% des suffrages, devant Roland Ratsiraka, neveu de l'ex-président Didier Ratsiraka, à 10,14%, et le chef d'entreprise Herizo Razafimahaleo, qui obtient 9,03% des voix. Enfin, le juriste Norbert Ratsirahonana a recueilli 4,22% des suffrages.
Le scrutin a été jugé globalement satisfaisant malgré de nombreuses défaillances observées par l'ensemble des organisations internationales présentes sur cette île de l'océan Indien.
Les principaux rivaux de M. Ravalomanana avaient déposé ces derniers jours de nombreux recours devant la HCC, dénonçant des irrégularités dans l'organisation du scrutin ou la non-conformité des procès-verbaux des résultats.
La HCC a rejeté comme non fondées ou irrecevables la majorité de ces requêtes. Les demandes de confrontation de procès-verbaux ont été acceptées par la HCC qui, après examen, n'a décelé aucune irrégularité.
Madagascar, l'un des pays les plus pauvres du monde, reste hanté par les violences post-électorales de 2002, provoquées en partie par la contestation des résultats du premier tour de la présidentielle de décembre 2001.
A l'issue de ce scrutin, des affrontements entre partisans de M. Ravalomanana et de son prédécesseur Didier Ratsiraka, qui a régné sur l'île pendant près de 30 ans, avaient fait des dizaines de morts et laissé le pays exsangue sur le plan économique.
Le slogan de "changement dans la continuité" prôné par Marc Ravalomanana pendant toute sa campagne a sans doute trouvé un écho chez une population qui voulait à tout prix ne pas revivre les violences et le chaos économique de 2002.
M. Ravalomanana, qui est autorisé par la Constitution à briguer un troisième mandat, aura notamment comme défi ces cinq prochaines années de redresser l'économie malgache. En 2006, deux Malgaches sur trois vivent encore sous le seuil de pauvreté.