Hissène Habré, par le truchement de son avocat, Me El Hadji Diouf, compte récuser Guibril Camara qui aurait été retenu par l'Union africaine dans le groupe d'experts juridiques chargés d'examiner les options disponibles afin de juger l'ancien président tchadien. Habré reproche à l'ancien président de la Cour de cassation d'être en collusion avec les Ong qui soutiennent l'accusation.
Wal Fadjri : L'Union africaine avait décidé, lors du sommet de Khartoum, le 25 janvier 2006, de mandater un groupe d'experts juridiques pour examiner les options disponibles afin de juger Hissène Habré. Où en est le dossier de votre client ?
El Hadji Diouf : Ce groupe d'experts commence à s'étoffer. D'ailleurs, nous avons appris que le magistrat Guibril Camara aurait été désigné, on ne sait selon quelle procédure, comme membre du comité d'éminents juristes que l'Union africaine devrait mettre en place au sujet de l'affaire Hissène Habré. Il nous faut préciser que M. Camara a été juge dans cette affaire au niveau de la Cour de cassation. Il est également vice-président du comité des Nations Unies contre la torture, donc très proche des Ong qui appuient l'accusation et auxquelles il n'a jamais caché son soutien dans cette affaire. Partant de ce constat, il ne remplit pas les conditions d'objectivité, d'impartialité et d'indépendance indispensables pour être désigné expert dans une affaire où les motivations politiques sont désormais mises en évidence par les événements qui se déroulent sous nos yeux au Tchad. On a pu constater, encore une fois, combien les procédures engagées contre l'ancien président tchadien sont injustes et absurdes. Ce pays est en guerre civile, à ramifications internationales, quasiment ininterrompue depuis son accesion à l'indépendance. Aujourd'hui, il y a au moins six rébellions et des ingérences étrangères sur fond de positionnemenent pour le contrôle des ressources pétrolières face à un régime qui vit ses derniers jours. En réalité, le Tchad se retrouve être un pays sans Etat, ou, pour paraphraser Jacques Chirac, un territoire et des populations livrées à elles-mêmes. L'on sait que les ennemis du Tchad ne dorment pas à l'idée que M. Habré retourne dans son pays.
Wal Fadjri : Que comptez-vous faire alors ?
El Hadji Diouf : Hissène Habré a décidé de récuser Guibril Camara. Rappelez-vous, dans l'affaire Pinochet, l'arrêt de la Cour d'appel de Londres du 25 novembre 1998 a été cassé parce que l'un des Lords qui siègeait à la cour, en l'occurrence Lord Hoffmann qui était président d'une association liée à Amnesty International pouvait, selon la House of Lords, être légitimement suspecté de partialité. L'affaire Hissène Habré est une affaire politique qui a connu beaucoup de soubresauts, de non-dits et de suspiscion. Et cela continue... A mon sens, si l'on veut faire les choses normalement, ce ne sont pas les juristes non impliqués dans cette affaire qui manquent au Sénégal ! En tout état de cause, ceux qui ont le pouvoir de désigner les éminents juristes devant composer ledit comité, ne peuvent pas ne pas tenir compte, entre autres, des critères d'impartialité, d'objectivité et d'indépendance.
Wal Fadjri : Croyez-vous que ces Ong que vous dites proches de Guibril Camara, aient pu jouer un rôle quelconque dans le choix porté sur l'ancien président de la Cour de cassation ?
El Hadji Diouf : Guibril Camara a milité dans certaines organisations internationales qui coiffent ces Ong, soi-disant défenseurs des Droits de l'homme. Et, ces dernières ont dû proposer sa candidature à l'Union africaine pour siéger dans le groupe d'experts juridiques. Nous saisissons l'occasion pour demander au président de la Commission de l'Ua, Alpha Omar Konaré, de désigner un autre juriste sénégalais. Parce qu'il faut que l'on cesse de faire du dossier d'Hissène Habré un fonds de commerce. Les Ong qui s'agitent autour de cette affaire ne cherchent que le profit matériel. Elles poursuivent des objectifs financiers et se font de la publicité sur l'affaire Habré pour exister. Je voudrais dire à Wade qu'il ne doit pas avoir peur de ces Ong qui disent que s'il ne livre pas Habré, le Sénégal n'aura pas le siège qu'il brigue au Conseil de sécurité des Nations-Unies. Ces gens ne représentent rien. L'aura de Wade les dépasse de loin. Ce sont de petits manipulateurs, des lobbyeurs. Rien d'autre.
Wal Fadjri : Qu'est-ce qui vous permet d'affirmer cela ?
El Hadji Diouf : J'ai rencontré Alioune Tine de la Raddho et Brodi de Human rights watch à Khartoum en train de faire du lobbying contre Habré. A Bamako, lors du sommet France-Afrique, j'ai rencontré Demba Ciré Bathily qui faisait la même chose. Ces gens s'agitent partout pour avoir la tête de Habré. Mais, qui est-ce qui finance leurs déplacements ? Qui finance les déplacements des supposées victimes que j'ai rencontrées à Bamako et à Khartoum. Deux seules personnes qui font le tour du monde, logées, nourries et transportées dans les avions. Il faut que les gens se posent des questions. La vérité, c'est que Habré dérange. Ils ont peur qu'il retourne au Tchad où les populations, meurtries par la guerre, le réclament. Et au Sénégal, la justice s'est déclarée incompétente.
Wal Fadjri : C'est pourquoi le président Wade a soumis le dossier à l'Union africaine.
El Hadji Diouf : Encore une fois, il faut que Wade sache qu'il n'a pas compétence à transférer le dossier Habré. Parce qu'au Sénégal, heureusement pour nous, il y a ce que l'on appelle la séparation des pouvoirs. Et le pouvoir judiciaire a tranché. Je demande à Wade de respecter l'institution judiciaire qui a clos ce débat. Les chefs d'Etat afrciains qui ont désigné une commission, ne constituent pas un tribunal au-dessus de la justice sénégalaise. Au surplus, Habré bénéficie d'une immunité présidentielle accordée par l'Etat tchadien. Même s'il avait commis les actes qu'on lui reproche, on ne peut pas le poursuivre. Et puis, celui qui a commis ces actes dont on parle, c'est Idriss Déby qui était le chef de la police.
Propos recueillis par Amadou DIOUF
Wal Fadjri : L'Union africaine avait décidé, lors du sommet de Khartoum, le 25 janvier 2006, de mandater un groupe d'experts juridiques pour examiner les options disponibles afin de juger Hissène Habré. Où en est le dossier de votre client ?
El Hadji Diouf : Ce groupe d'experts commence à s'étoffer. D'ailleurs, nous avons appris que le magistrat Guibril Camara aurait été désigné, on ne sait selon quelle procédure, comme membre du comité d'éminents juristes que l'Union africaine devrait mettre en place au sujet de l'affaire Hissène Habré. Il nous faut préciser que M. Camara a été juge dans cette affaire au niveau de la Cour de cassation. Il est également vice-président du comité des Nations Unies contre la torture, donc très proche des Ong qui appuient l'accusation et auxquelles il n'a jamais caché son soutien dans cette affaire. Partant de ce constat, il ne remplit pas les conditions d'objectivité, d'impartialité et d'indépendance indispensables pour être désigné expert dans une affaire où les motivations politiques sont désormais mises en évidence par les événements qui se déroulent sous nos yeux au Tchad. On a pu constater, encore une fois, combien les procédures engagées contre l'ancien président tchadien sont injustes et absurdes. Ce pays est en guerre civile, à ramifications internationales, quasiment ininterrompue depuis son accesion à l'indépendance. Aujourd'hui, il y a au moins six rébellions et des ingérences étrangères sur fond de positionnemenent pour le contrôle des ressources pétrolières face à un régime qui vit ses derniers jours. En réalité, le Tchad se retrouve être un pays sans Etat, ou, pour paraphraser Jacques Chirac, un territoire et des populations livrées à elles-mêmes. L'on sait que les ennemis du Tchad ne dorment pas à l'idée que M. Habré retourne dans son pays.
Wal Fadjri : Que comptez-vous faire alors ?
El Hadji Diouf : Hissène Habré a décidé de récuser Guibril Camara. Rappelez-vous, dans l'affaire Pinochet, l'arrêt de la Cour d'appel de Londres du 25 novembre 1998 a été cassé parce que l'un des Lords qui siègeait à la cour, en l'occurrence Lord Hoffmann qui était président d'une association liée à Amnesty International pouvait, selon la House of Lords, être légitimement suspecté de partialité. L'affaire Hissène Habré est une affaire politique qui a connu beaucoup de soubresauts, de non-dits et de suspiscion. Et cela continue... A mon sens, si l'on veut faire les choses normalement, ce ne sont pas les juristes non impliqués dans cette affaire qui manquent au Sénégal ! En tout état de cause, ceux qui ont le pouvoir de désigner les éminents juristes devant composer ledit comité, ne peuvent pas ne pas tenir compte, entre autres, des critères d'impartialité, d'objectivité et d'indépendance.
Wal Fadjri : Croyez-vous que ces Ong que vous dites proches de Guibril Camara, aient pu jouer un rôle quelconque dans le choix porté sur l'ancien président de la Cour de cassation ?
El Hadji Diouf : Guibril Camara a milité dans certaines organisations internationales qui coiffent ces Ong, soi-disant défenseurs des Droits de l'homme. Et, ces dernières ont dû proposer sa candidature à l'Union africaine pour siéger dans le groupe d'experts juridiques. Nous saisissons l'occasion pour demander au président de la Commission de l'Ua, Alpha Omar Konaré, de désigner un autre juriste sénégalais. Parce qu'il faut que l'on cesse de faire du dossier d'Hissène Habré un fonds de commerce. Les Ong qui s'agitent autour de cette affaire ne cherchent que le profit matériel. Elles poursuivent des objectifs financiers et se font de la publicité sur l'affaire Habré pour exister. Je voudrais dire à Wade qu'il ne doit pas avoir peur de ces Ong qui disent que s'il ne livre pas Habré, le Sénégal n'aura pas le siège qu'il brigue au Conseil de sécurité des Nations-Unies. Ces gens ne représentent rien. L'aura de Wade les dépasse de loin. Ce sont de petits manipulateurs, des lobbyeurs. Rien d'autre.
Wal Fadjri : Qu'est-ce qui vous permet d'affirmer cela ?
El Hadji Diouf : J'ai rencontré Alioune Tine de la Raddho et Brodi de Human rights watch à Khartoum en train de faire du lobbying contre Habré. A Bamako, lors du sommet France-Afrique, j'ai rencontré Demba Ciré Bathily qui faisait la même chose. Ces gens s'agitent partout pour avoir la tête de Habré. Mais, qui est-ce qui finance leurs déplacements ? Qui finance les déplacements des supposées victimes que j'ai rencontrées à Bamako et à Khartoum. Deux seules personnes qui font le tour du monde, logées, nourries et transportées dans les avions. Il faut que les gens se posent des questions. La vérité, c'est que Habré dérange. Ils ont peur qu'il retourne au Tchad où les populations, meurtries par la guerre, le réclament. Et au Sénégal, la justice s'est déclarée incompétente.
Wal Fadjri : C'est pourquoi le président Wade a soumis le dossier à l'Union africaine.
El Hadji Diouf : Encore une fois, il faut que Wade sache qu'il n'a pas compétence à transférer le dossier Habré. Parce qu'au Sénégal, heureusement pour nous, il y a ce que l'on appelle la séparation des pouvoirs. Et le pouvoir judiciaire a tranché. Je demande à Wade de respecter l'institution judiciaire qui a clos ce débat. Les chefs d'Etat afrciains qui ont désigné une commission, ne constituent pas un tribunal au-dessus de la justice sénégalaise. Au surplus, Habré bénéficie d'une immunité présidentielle accordée par l'Etat tchadien. Même s'il avait commis les actes qu'on lui reproche, on ne peut pas le poursuivre. Et puis, celui qui a commis ces actes dont on parle, c'est Idriss Déby qui était le chef de la police.
Propos recueillis par Amadou DIOUF