MAURITANIE SANTÉ : LA MÉDECINE DU TRAVAIL À LA DÉRIVE

Le service de la médecine du travail, depuis 1976 a été géré par la caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). Après la naissance de l’ONMT, la direction générale de la CNSS a, selon les travailleurs du service médical du travail, mis, unilatéralement fin à cette gestion en expliquant que les travailleurs ne relèvent plus de sa compétence. Les travailleurs se tournent alors vers le ministère de la fonction publique. Selon eux, " le ministre a promis depuis quatre mois de débloquer la situation mais sans suite ".

Les employés du service médical du travail ont alors fait le pied de grue devant la permanence du CMJD pour exposer leurs problèmes. " Depuis quatre mois nous sommes plongés dans un vide. On ne sait à qui s’adresser " dit Diallo Mamadou Falil, affilié au syndicat professionnel des infirmiers et sages femmes de Mauritanie. Le ministre de la fonction publique aurait dit qu’il ne reconnaît pas le chef de service actuel de la médecine du travail qui fait office d’intérimaire. " Ce qui nous intéresse, ce n’est pas la nomination d’un directeur, ce sont les difficultés quotidiennes " ajoute Bamba Ould Ahmed Salem, délégué du personnel et secrétaire général du syndicat professionnel des infirmiers et sages femmes.

Ces difficultés quotidiennes sont, entre autres, la gestion des congés du personnel, les soins des travailleurs, le blocage des heures supplémentaires, le refus de la direction générale de CNSS de rencontrer les délégués du personnel sous prétexte qu’ils ne relèvent plus de son autorité. Les employés du service médical du travail font également état du manque d’eau dans tous les dispensaires, de la rupture totale des médicaments et matériel de soins même pour assurer la prise en charge des urgences et la non assurance des soins.
Il est cité par les employés quatre cas d’épilepsie et celui du fils d’une infirmière portant une valve dans le crâne. Selon les employés, pour cause de continuité de l’Administration, cet arrêt brutal de leurs activités ne se justifie pas.

Service médical du travail, haut lieu d’insalubrité
Les employés du service médical de la santé, après leur sit in, ont été reçus par la directrice de cabinet du permanent du CMJD. Ils ont été ensuite orientés au secrétariat général du ministère de la fonction publique. Ils seront reçus lundi prochain par le ministre de la fonction publique. Plus que le sit in des employés, c’est le dispensaire central du service médical du travail qui renseigne sur l’Etat de ce secteur. Ce dispensaire, situé en face des jardins maraîchers de Sebkha, est un haut lieu d’insalubrité. A droite du bâtiment, se trouvent des arbres touffus dont l’ombre sert de toilettes publiques aux passants et vendeurs ambulants. Le bassin du dispensaire est à sec depuis des lustres. Pour l’eau, il est fait recours aux charretiers. Les salles de garde et de soins, tous les bureaux, les toilettes…tout est dans un état de délabrement avancé.

La porte du dispensaire est toujours béante et laisse passer chèvres, ânes, chiens… Le manque d’hygiène est tel que les patients, à l’intérieur du service de la médecine du travail, ont toutes les chances de chopper une infection. L’ambulance garée dans la cours est à l’image du matériel médical du service ; il est bon pour la casse. Le premier souci d’une structure sanitaire, c’est l’hygiène. Au service médical du travail, ce n’est pas une priorité.

Khalilou Diagana
khalioubi@yahoo.fr