Alors que l’Espagne et la Mauritanie viennent de réactiver un accord de rapatriement des clandestins, les migrants continuent d’affluer à Nouadhibou, la deuxième ville du pays.
Les arrivées par pirogues de clandestins subsahariens, au départ de la Mauritanie et à destination des îles Canaries, se sont multipliées ces dernières semaines.
Du coup, l’Espagne a décidé de réactiver avec la Mauritanie un accord bilatéral de rapatriement des clandestins, signé en 2003. Face à la " pression croissante " des migrants, le Premier ministre mauritanien avait demandé, la semaine dernière, l’aide de la communauté internationale. Selon les autorités locales, plus de 3 000 immigrants clandestins venus d’Afrique sub-saharienne ont été interceptés dans les eaux canariennes entre janvier et mars, soit une augmentation de 200 % par rapport à la même période de l’année dernière. D’après le Croissant Rouge mauritanien, quelque 1 200 personnes se sont noyées entre novembre 2005 et la première semaine de mars 2006, en tentant la périlleuse traversée Nouadhibou-Tenerife. Quant aux autorités mauritaniennes, elles ont annoncé avoir appréhendé 600 candidats au départ au mois de février et évoquent le nombre de 10 000 migrants massés à Nouadhibou.
" Il faut faire attention avec ces chiffres ", précise d’emblée la géographe Armelle Choplin qui a réalisé plusieurs enquêtes de terrain sur les flux migratoires en Mauritanie. " On parle de 10 000 migrants à Nouadhibou, mais tous ne veulent pas aller aux Canaries. Il faut savoir qu’à peine 5 % des gens arrivent à passer. " Pour elle, Nouadhibou n’est plus une ville de transit, mais le mythe du passage a la vie dure, entretenu par les rares personnes qui parviennent à gagner l’autre rive et aussi le coup d’Etat d’août 2005.
Avant, on mettait entre 12 et 36 heures pour parcourir les 500 km de piste sablonneuse. Le récent goudron ramène la durée du voyage à 7 heures. On retrouve à Nouadhibou ces " aventuriers " qui veulent rejoindre l’Europe à tout prix. Mais ils seraient à peine 70 % des étrangers présents dans la ville. Les autres sont des Africains des pays voisins qui choisissent de s’installer en Mauritanie pour des raisons économiques.
Il y a aussi ceux qui, faute de pouvoir s’embarquer sur une pirogue ou un chalutier, se retrouvent coincés dans cette ville. Selon les chiffres récoltés par la chercheuse, les plus nombreux sont les Sénégalais (6 000), suivis des Maliens (5 000) et des Guinéens (3 000). Viennent ensuite les Bissau-Guinéens (3 000), les Gambiens (300), les Sierra leonais (500), les Nigérians (500) ou encore les Ghanéens (200) et les Burkinabés (200). Des réseaux de solidarité et d’entraide se sont mis en place pour accueillir les nouveaux arrivants. Les migrants occupent le centre-ville, où l’on trouve le quartier Accra, apparu en 1990, et Ghana Town…
Nouadhibou a toujours drainé une importante main d’œuvre étrangère du fait de son activité de port de pêche et de débouché pour les activités minières de la Société nationale d’industrie mauritanienne. Pendant ce temps-là, sur les plages de "Nouadhibou-du-monde ", comme l’ont surnommée les migrants, on continue de ramasser les noyés du rêve européen. On les appelle ici les " courbines ", du nom d’un gros poisson pêché dans les environs.
par Habibatou Goloko
horizon
Les arrivées par pirogues de clandestins subsahariens, au départ de la Mauritanie et à destination des îles Canaries, se sont multipliées ces dernières semaines.
Du coup, l’Espagne a décidé de réactiver avec la Mauritanie un accord bilatéral de rapatriement des clandestins, signé en 2003. Face à la " pression croissante " des migrants, le Premier ministre mauritanien avait demandé, la semaine dernière, l’aide de la communauté internationale. Selon les autorités locales, plus de 3 000 immigrants clandestins venus d’Afrique sub-saharienne ont été interceptés dans les eaux canariennes entre janvier et mars, soit une augmentation de 200 % par rapport à la même période de l’année dernière. D’après le Croissant Rouge mauritanien, quelque 1 200 personnes se sont noyées entre novembre 2005 et la première semaine de mars 2006, en tentant la périlleuse traversée Nouadhibou-Tenerife. Quant aux autorités mauritaniennes, elles ont annoncé avoir appréhendé 600 candidats au départ au mois de février et évoquent le nombre de 10 000 migrants massés à Nouadhibou.
" Il faut faire attention avec ces chiffres ", précise d’emblée la géographe Armelle Choplin qui a réalisé plusieurs enquêtes de terrain sur les flux migratoires en Mauritanie. " On parle de 10 000 migrants à Nouadhibou, mais tous ne veulent pas aller aux Canaries. Il faut savoir qu’à peine 5 % des gens arrivent à passer. " Pour elle, Nouadhibou n’est plus une ville de transit, mais le mythe du passage a la vie dure, entretenu par les rares personnes qui parviennent à gagner l’autre rive et aussi le coup d’Etat d’août 2005.
Avant, on mettait entre 12 et 36 heures pour parcourir les 500 km de piste sablonneuse. Le récent goudron ramène la durée du voyage à 7 heures. On retrouve à Nouadhibou ces " aventuriers " qui veulent rejoindre l’Europe à tout prix. Mais ils seraient à peine 70 % des étrangers présents dans la ville. Les autres sont des Africains des pays voisins qui choisissent de s’installer en Mauritanie pour des raisons économiques.
Il y a aussi ceux qui, faute de pouvoir s’embarquer sur une pirogue ou un chalutier, se retrouvent coincés dans cette ville. Selon les chiffres récoltés par la chercheuse, les plus nombreux sont les Sénégalais (6 000), suivis des Maliens (5 000) et des Guinéens (3 000). Viennent ensuite les Bissau-Guinéens (3 000), les Gambiens (300), les Sierra leonais (500), les Nigérians (500) ou encore les Ghanéens (200) et les Burkinabés (200). Des réseaux de solidarité et d’entraide se sont mis en place pour accueillir les nouveaux arrivants. Les migrants occupent le centre-ville, où l’on trouve le quartier Accra, apparu en 1990, et Ghana Town…
Nouadhibou a toujours drainé une importante main d’œuvre étrangère du fait de son activité de port de pêche et de débouché pour les activités minières de la Société nationale d’industrie mauritanienne. Pendant ce temps-là, sur les plages de "Nouadhibou-du-monde ", comme l’ont surnommée les migrants, on continue de ramasser les noyés du rêve européen. On les appelle ici les " courbines ", du nom d’un gros poisson pêché dans les environs.
par Habibatou Goloko
horizon