Selibaby, 12 mai (AMI) - Le colonel Ely Ould Mohamed Vall, président du Conseil militaire pour la justice et la démocratie, chef de l'Etat, a présidé vendredi en fin d'après-midi un meeting populaire à Selibaby.
Au cours de ce meeting, le chef de l'Etat a prononcé le discours suivant:
"Citoyens du Guidimakha,
Habitants de Sélibaby,
Je voudrai tout d’abord vous remercier pour votre présence massive ici afin de prendre connaissance des questions que nous aborderons. Je voudrai vous remercier, tous, quelle que soit la motivation de votre présence ici: que vous soyez affiliés à une formation politique, à une organisation de la société civile, ou que vous soyez venus, de vous-mêmes.
Je répèterai, ici, que je suis content de voir venir à ce rassemblement, les mauritaniens de tous bords, de tous les partis, de toutes les organisations de la société civile ainsi que les citoyens indépendants. Je remercie les partis dont les responsables sont parmi nous dans cette tribune, je remercie ceux de la société civile ainsi que les notables, présents à ces retrouvailles nationales où nous avons, tous, le devoir d’apporter notre contribution en vue de trouver des solutions aux problèmes nationaux posés.
Quelles sont aujourd’hui les préoccupations dans la wilaya du Guidimakha ?
La préoccupation essentielle des populations du Guidimakha et qui est légitime, concerne le désenclavement de la région.
A ce propos, je vous assure que tous les efforts sont consentis pour trouver une solution à ces problèmes. Ainsi, des projets routiers ont déjà été retenus et leur exécution sera entamée au cours de cette année. C’est le cas de la route Kaédi-Sélibaby-Gouraye. L’autre tronçon reliant Kiffa, Kankossa, Ould Yengé et Sélibaby figure, lui, dans le programme national d’infrastructures routières. Le troisième projet, qui concerne le désenclavement de la région, entre dans le cadre des programmes de l’OMVS dont les Etats membres ont décidé de rétablir la navigabilité du Fleuve, de Saint Louis jusqu’en amont de cet important cours d’eau. La wilaya du Guidimakha, de par sa position géographique, profitera de ce projet qui contribuera, lui aussi, à la désenclaver.
Grâce à ces projets, la ville de Sélibaby sera connectée au réseau routier national en direction de Kaédi, du Brakna, du Trarza, de Nouakchott et de Nouadhibou pour être, enfin, reliée aux routes transmaghrébines et, au-delà, aux routes internationales. Toujours, dans le registre du désenclavement du Guidimakha, Sélibaby sera relié à l’Assaba, au Tagant, à l’Adrar, au Tiris Zemour et, de là, à l’Algérie et à l’ensemble du Maghreb. Dans la direction sud, Sélibaby sera connecté, à partir de Rosso, au réseau sénégalais et aux routes africaines et, en ce qui concerne le Mali, les liaisons feront l’objet de concertations entre les deux pays.
L’autre point, réjouissant pour les populations du Guidimakha, sera la connexion de Sélibaby aux lignes de transport de l’électricité de l’OMVS qui, auparavant, s’arrêtaient à la localité de Gouraye. S’agissant de ce projet, l’effet induit le plus important sera la forte probabilité de raccordement, au réseau électrique, de toutes les localités mauritaniennes situées sur un rayon de 100 kilomètres à partir du tracé des lignes haute tension.
Pour ce qui est de la route Sélibaby-Kaédi, les appels d’offres seront lancés en juillet 2006 et le commencement des travaux est prévu trois mois plus tard. Le projet électrification sera, lui, pour l’année 2007. Les autres questions, liées au développement régional, seront examinées dans un cadre plus large et trouveront certainement les solutions les plus convenables.
En ce qui concerne les questions d’intérêt national qui intéressent le Guidimakha au même titre que les autres régions, j’aborderai les amendements constitutionnels qui font l’objet de ma visite actuelle. Mais auparavant, j’évoquerai certains points qui me semblent être essentiels.
Le premier se rapporte à la liberté qui constitue un acquis fondamental. Il est certain qu’un peuple, qui jouit de la liberté au sens large, peut valablement espérer résoudre la majeure partie des problèmes qui lui sont posés. Mais, la liberté se mérite, elle doit être codifiée et le peuple doit en user de manière convenable sous peine de sombrer dans l’anarchie et la régression qui peuvent le ramener à des situations pires que celles vécues, par le passé. Pour le cas de notre peuple, nous ne souhaitons pas qu’il y ait une remise en question des libertés déjà acquises. Le vrai gardien des libertés ne peut être ni la police, ni la gendarmerie mais plutôt le peuple lui-même. Il faut que les mauritaniens, la classe politique et la société civile mauritaniennes soient, eux-mêmes, les gardiens du temple afin le pays réalise les progrès souhaités. Cela relève, avant tout, de la responsabilité de tous les mauritaniens, étant entendu que l’Etat assumera, en tout état de cause, les missions qui lui incombent, dans ce domaine. Il faut, pour cela, que le peuple soit mûr, qu’il sache discerner ses véritables intérêts et opposer un cinglant refus à tous ceux qui essayent de l’entraîner sur des voies, déjà explorées par le passé et qui mènent inexorablement au chaos. Là, je serai précis en disant que la citoyenneté suppose l’allégeance à une patrie unique qui est, pour notre cas, la Mauritanie.
Et quelles que soient nos origines, raciales ou ethniques, c’est à ce même pays que nous appartenons. La diversité ethnique ne devrait pas être une entrave au sentiment d’appartenance à une même patrie car, dans ce domaine, la Mauritanie n’a rien de particulier, elle est semblable à tous les pays voisins, au nord, comme au sud, à l’Est et à l’Ouest. Je dirai ici pour être plus précis que la citoyenneté c’est l’appartenance de l’individu à la patrie et non à l’ethnie ou à la tribu. Les allégeances sectaires sont incompatibles avec la démocratie et ne conduisent qu’aux tiraillements et conflits.
Là, je dirai que certains compatriotes taxent inconsidérément le pays d’être raciste. Mais il faut souligner ici que le racisme n’est pas le propre d’une tribu, d’une ethnie ou d’une religion donnée. Le racisme n’est pas un monopole de quiconque. Il s’agit d’un mal qui affecte l’individu et que celui-ci doit soigner. Pour nous, poser, en Mauritanie, des problèmes sous cet angle, ce n’est tout simplement pas acceptable car nous ne pouvons admettre que notre pays soit qualifié de raciste parce qu’il ne l’a jamais été en réalité. Ce vocable a été introduit indûment chez nous et à desseins. A travers cela, l’objectif visé est d’entretenir, de nouveau, une certaine propagande malsaine, de diviser notre peuple, de porter atteinte à notre pays et d’y engendrer des conflits. Je vous interpelle tous sur cette question là qui est fondamentale pour notre pays et pour notre peuple. Nous ne pouvons pas accepter que des gens utilisent ce genre de choses pour détruire notre pays, notre espoir et notre avenir. Nous ne pouvons pas accepter que ces gens utilisent ces subterfuges pour des raisons qui leur sont propres et qui n’ont rien à voir avec le peuple mauritanien et la Mauritanie.
Nous avons concédé les libertés, nous continuerons à le faire et nous ne le regrettons pas. Il existe des milieux qui, malheureusement, continuent de poser les problèmes sous cet angle. Ces milieux irresponsables sont connus de tous ; je les connais comme vous, tous, vous les connaissez. Le peuple les connaît et a déjà vu les conséquences stériles de leurs approches nuisibles que nul ne peut tolérer. Oui à la démocratie, oui aux libertés ! Non au racisme, non aux thèses racistes, non aux thèses extrémistes !
Je ne saurai admettre que quelqu’un entraîne notre pays sur une voie qui ne soit pas appropriée, qu’il compromette l’avenir de notre nation ou qu’il trahisse nos espérances en usant de thèses totalement étrangères à nos mœurs. Si, en définitive, ces milieux persistent dans leur volonté de défier les constantes de notre pays, ils se verront exposés à la rigueur de la loi. Je voudrai dire aux mauritaniens qu’ils disposent d’acquis à préserver et qu’ils ne devraient, en aucun cas, permettre à des milieux irresponsables de compromettre l’avenir. Il nous appartient, dès lors, de faire prévaloir la sagesse sinon nous n’aurions pas mérité les libertés, encore moins le processus que nous voulons suivre et les espérances qu’il suscite.
C’est de ces réalités que j’ai voulu entretenir les mauritaniens pour mettre chacun devant ses responsabilités.
En dehors de cela, je veux souligner que notre pays se trouve devant des perspectives politiques et économiques spécifiques. Le pays était considéré comme une nation pauvre et nul ne prêtait suffisamment attention à ce qui s’y passe. Aujourd’hui, par contre, il y a une mutation qui s’opère avec les perspectives qui se dessinent grâce aux richesses qui s’annoncent. Ces richesses, étant génératrices de convoitises, nous devons veiller scrupuleusement à la préservation de notre souveraineté pour que nous puissions servir efficacement notre peuple. C’est ce qui nous a amenés à mettre en œuvre toutes les réformes économiques et politiques en cours. Parmi ces réformes, les amendements constitutionnels occupent une place centrale. La constitution représente l’épine dorsale de la mutation politique envisagée dans notre pays. De ce fait, si nous ne votons pas massivement en faveur de la constitution, cette mutation ne sera menée à terme de façon satisfaisante.
Je rappelle que nous avions un régime politique qui, s’il était acceptable par le passé, dans les années 60, 70 et 80, ne l’est plus de nos jours. Il est inconcevable que nous restions figés au moment même où notre environnement régional est en proie à de profondes évolutions. Il faut alors que nous sachions aller dans le sens de cette évolution pour ne pas rester à la traîne et péricliter. C’est ce qui nous a amenés à proposer les amendements constitutionnels dont je vais expliquer la finalité. Nous avons proposé que le mandat présidentiel soit de cinq ans et soit renouvelable une seule fois. Qu’est ce que cela veut dire et quelle est l’importance de ces dispositions ? Nous savons que nous avons eu à souffrir de l’exercice prolongé du pouvoir par des dirigeants animés par la volonté de s’éterniser à la tête du pays. Ainsi, des dirigeants qui ont la possibilité de rester au pouvoir 18, 20, 25 ou 30 ans avant de le céder, le moment voulu, à la personne de leur choix, peuvent gérer le pays à leur guise, sans avoir à en répondre à qui que soit. Quand ce dirigeant aura été éjecté du pouvoir au terme de toute cette période, les dégâts subis par le pays ne seront plus réparables et cette situation se soldera par une perte sèche.
Le deuxième avantage que nous pouvons tirer des amendements proposés, c’est qu’ils favorisent l’émergence d’une classe politique alternative. Si un seul dirigeant ou un seul régime reste au pouvoir pendant 30 ou 20 ans, il aura tendance à avoir la même approche aux problèmes nationaux posés, à les aborder sous le même angle et, peut-être, avec les mêmes complexes, ce qui réduit les chances de leur trouver les solutions appropriées. Ainsi, ces problèmes iront en s’exacerbant pour finir par dégénérer et provoquer l’implosion. C’est cela qui généralement conduit aux coups d’Etat. Or, les coups de force ne réussissent pas obligatoirement et peuvent, le cas échéant, conduire aux guerres civiles.
Le troisième avantage des amendements constitutionnels, c’est que tout exercice du pouvoir cristallise une certaine haine à l’égard des dirigeants. Or, ce sentiment est naturellement appelé à s’accentuer au fur et à mesure que les mêmes dirigeants resteront à la tête de pays. A terme, cela peut engendrer des guerres civiles alors qu’en cas d’alternance, ce sentiment de haine n’aura plus sa raison d’être et disparaîtra.
Le quatrième profit que nous pouvons tirer de la révision de la constitution, c’est l’alternance pacifique. Malheureusement, notre pays n’a jamais connu d’alternance pacifique. Le pouvoir chez nous a toujours changé par le biais de coups de force. En 1978, il y eut un coup d’Etat, entre 78 et 84, il y en eut trois, en 84, il y en eut un. En 1991, la constitution a été détournée et on nous a ramenés au régime monopartisan. Il a encore fallu, en 2005, un nouveau coup d’Etat pour changer de régime. Il faut qu’on se pose la question de savoir comment en est-on arrivé là ?
C’est tout simplement parce que le système politique en place n’est pas propice au changement pacifique du pouvoir. Mais aussi parce qu’il n’y a pas de classe politique alternative, ce qui est l’un des critères essentiels pour une alternance pacifique. En effet, chez nous, les régimes en place ne laissaient pas à l’opposition la possibilité de prendre corps. C’est le régime et lui seul qui a le droit d’exister et par conséquent, le changement ne pouvait s’opérer que par la force. Il fallait alors nécessairement réviser notre système politique pour favoriser une alternance pacifique au pouvoir.
En fait, un peuple où l’alternance peut se faire, seulement, par la force n’est pas un peuple civilisé et est exposé, en permanence, aux risques de guerres civiles. En conséquence, si nous voulons nous en sortir, nous devons prévoir, comme c’est le cas, des dispositions constitutionnelles sur la durée du mandat présidentiel qui a été fixée à 5 ans et qui est renouvelable une seule fois. C’est pourquoi il est nécessaire pour notre peuple que la révision constitutionnelle soit convenablement approuvée afin que notre pays suive une voie qui lui garantisse la survie.
Je vous convie alors à un sursaut national en faveur d’un plébiscite de la constitution pour que nous ne rations pas l’opportunité politique qui nous est offerte aujourd’hui.
Le dernier point que je vais évoquer concerne ceux que d’aucuns appellent les réfugiés. Je veux évoquer ce problème, devant vous tous et, peut-être, que certains parmi les concernés sont à l’écoute, ici parmi nous ou de l’autre côté du fleuve. Je souligne ici que tout problème posé à un mauritanien, quel qu’il soit, est une question qui intéresse l’ensemble du peuple ainsi que l’Etat mauritaniens. Un problème de ce genre ne saurait être exclusivement celui d’un groupuscule, d’une tribu ou d’une ethnie. Si c’est un problème qui nous concerne tous, il doit être examiné par tous dans la perspective de lui trouver une solution. Nous rejetons les approches sectaires à ces problèmes qui sont, à priori, des problèmes concernant la nation dans son ensemble.
Je considère que la question des réfugiés, abstraction faite des effectifs de ceux-ci, est une question qui nous interpelle tous et que nous devons lui apporter la solution convenable entre mauritaniens, sans autres interférences.
Je vous remercie encore une fois pour votre présence massive à ce meeting."
Au cours de ce meeting, le chef de l'Etat a prononcé le discours suivant:
"Citoyens du Guidimakha,
Habitants de Sélibaby,
Je voudrai tout d’abord vous remercier pour votre présence massive ici afin de prendre connaissance des questions que nous aborderons. Je voudrai vous remercier, tous, quelle que soit la motivation de votre présence ici: que vous soyez affiliés à une formation politique, à une organisation de la société civile, ou que vous soyez venus, de vous-mêmes.
Je répèterai, ici, que je suis content de voir venir à ce rassemblement, les mauritaniens de tous bords, de tous les partis, de toutes les organisations de la société civile ainsi que les citoyens indépendants. Je remercie les partis dont les responsables sont parmi nous dans cette tribune, je remercie ceux de la société civile ainsi que les notables, présents à ces retrouvailles nationales où nous avons, tous, le devoir d’apporter notre contribution en vue de trouver des solutions aux problèmes nationaux posés.
Quelles sont aujourd’hui les préoccupations dans la wilaya du Guidimakha ?
La préoccupation essentielle des populations du Guidimakha et qui est légitime, concerne le désenclavement de la région.
A ce propos, je vous assure que tous les efforts sont consentis pour trouver une solution à ces problèmes. Ainsi, des projets routiers ont déjà été retenus et leur exécution sera entamée au cours de cette année. C’est le cas de la route Kaédi-Sélibaby-Gouraye. L’autre tronçon reliant Kiffa, Kankossa, Ould Yengé et Sélibaby figure, lui, dans le programme national d’infrastructures routières. Le troisième projet, qui concerne le désenclavement de la région, entre dans le cadre des programmes de l’OMVS dont les Etats membres ont décidé de rétablir la navigabilité du Fleuve, de Saint Louis jusqu’en amont de cet important cours d’eau. La wilaya du Guidimakha, de par sa position géographique, profitera de ce projet qui contribuera, lui aussi, à la désenclaver.
Grâce à ces projets, la ville de Sélibaby sera connectée au réseau routier national en direction de Kaédi, du Brakna, du Trarza, de Nouakchott et de Nouadhibou pour être, enfin, reliée aux routes transmaghrébines et, au-delà, aux routes internationales. Toujours, dans le registre du désenclavement du Guidimakha, Sélibaby sera relié à l’Assaba, au Tagant, à l’Adrar, au Tiris Zemour et, de là, à l’Algérie et à l’ensemble du Maghreb. Dans la direction sud, Sélibaby sera connecté, à partir de Rosso, au réseau sénégalais et aux routes africaines et, en ce qui concerne le Mali, les liaisons feront l’objet de concertations entre les deux pays.
L’autre point, réjouissant pour les populations du Guidimakha, sera la connexion de Sélibaby aux lignes de transport de l’électricité de l’OMVS qui, auparavant, s’arrêtaient à la localité de Gouraye. S’agissant de ce projet, l’effet induit le plus important sera la forte probabilité de raccordement, au réseau électrique, de toutes les localités mauritaniennes situées sur un rayon de 100 kilomètres à partir du tracé des lignes haute tension.
Pour ce qui est de la route Sélibaby-Kaédi, les appels d’offres seront lancés en juillet 2006 et le commencement des travaux est prévu trois mois plus tard. Le projet électrification sera, lui, pour l’année 2007. Les autres questions, liées au développement régional, seront examinées dans un cadre plus large et trouveront certainement les solutions les plus convenables.
En ce qui concerne les questions d’intérêt national qui intéressent le Guidimakha au même titre que les autres régions, j’aborderai les amendements constitutionnels qui font l’objet de ma visite actuelle. Mais auparavant, j’évoquerai certains points qui me semblent être essentiels.
Le premier se rapporte à la liberté qui constitue un acquis fondamental. Il est certain qu’un peuple, qui jouit de la liberté au sens large, peut valablement espérer résoudre la majeure partie des problèmes qui lui sont posés. Mais, la liberté se mérite, elle doit être codifiée et le peuple doit en user de manière convenable sous peine de sombrer dans l’anarchie et la régression qui peuvent le ramener à des situations pires que celles vécues, par le passé. Pour le cas de notre peuple, nous ne souhaitons pas qu’il y ait une remise en question des libertés déjà acquises. Le vrai gardien des libertés ne peut être ni la police, ni la gendarmerie mais plutôt le peuple lui-même. Il faut que les mauritaniens, la classe politique et la société civile mauritaniennes soient, eux-mêmes, les gardiens du temple afin le pays réalise les progrès souhaités. Cela relève, avant tout, de la responsabilité de tous les mauritaniens, étant entendu que l’Etat assumera, en tout état de cause, les missions qui lui incombent, dans ce domaine. Il faut, pour cela, que le peuple soit mûr, qu’il sache discerner ses véritables intérêts et opposer un cinglant refus à tous ceux qui essayent de l’entraîner sur des voies, déjà explorées par le passé et qui mènent inexorablement au chaos. Là, je serai précis en disant que la citoyenneté suppose l’allégeance à une patrie unique qui est, pour notre cas, la Mauritanie.
Et quelles que soient nos origines, raciales ou ethniques, c’est à ce même pays que nous appartenons. La diversité ethnique ne devrait pas être une entrave au sentiment d’appartenance à une même patrie car, dans ce domaine, la Mauritanie n’a rien de particulier, elle est semblable à tous les pays voisins, au nord, comme au sud, à l’Est et à l’Ouest. Je dirai ici pour être plus précis que la citoyenneté c’est l’appartenance de l’individu à la patrie et non à l’ethnie ou à la tribu. Les allégeances sectaires sont incompatibles avec la démocratie et ne conduisent qu’aux tiraillements et conflits.
Là, je dirai que certains compatriotes taxent inconsidérément le pays d’être raciste. Mais il faut souligner ici que le racisme n’est pas le propre d’une tribu, d’une ethnie ou d’une religion donnée. Le racisme n’est pas un monopole de quiconque. Il s’agit d’un mal qui affecte l’individu et que celui-ci doit soigner. Pour nous, poser, en Mauritanie, des problèmes sous cet angle, ce n’est tout simplement pas acceptable car nous ne pouvons admettre que notre pays soit qualifié de raciste parce qu’il ne l’a jamais été en réalité. Ce vocable a été introduit indûment chez nous et à desseins. A travers cela, l’objectif visé est d’entretenir, de nouveau, une certaine propagande malsaine, de diviser notre peuple, de porter atteinte à notre pays et d’y engendrer des conflits. Je vous interpelle tous sur cette question là qui est fondamentale pour notre pays et pour notre peuple. Nous ne pouvons pas accepter que des gens utilisent ce genre de choses pour détruire notre pays, notre espoir et notre avenir. Nous ne pouvons pas accepter que ces gens utilisent ces subterfuges pour des raisons qui leur sont propres et qui n’ont rien à voir avec le peuple mauritanien et la Mauritanie.
Nous avons concédé les libertés, nous continuerons à le faire et nous ne le regrettons pas. Il existe des milieux qui, malheureusement, continuent de poser les problèmes sous cet angle. Ces milieux irresponsables sont connus de tous ; je les connais comme vous, tous, vous les connaissez. Le peuple les connaît et a déjà vu les conséquences stériles de leurs approches nuisibles que nul ne peut tolérer. Oui à la démocratie, oui aux libertés ! Non au racisme, non aux thèses racistes, non aux thèses extrémistes !
Je ne saurai admettre que quelqu’un entraîne notre pays sur une voie qui ne soit pas appropriée, qu’il compromette l’avenir de notre nation ou qu’il trahisse nos espérances en usant de thèses totalement étrangères à nos mœurs. Si, en définitive, ces milieux persistent dans leur volonté de défier les constantes de notre pays, ils se verront exposés à la rigueur de la loi. Je voudrai dire aux mauritaniens qu’ils disposent d’acquis à préserver et qu’ils ne devraient, en aucun cas, permettre à des milieux irresponsables de compromettre l’avenir. Il nous appartient, dès lors, de faire prévaloir la sagesse sinon nous n’aurions pas mérité les libertés, encore moins le processus que nous voulons suivre et les espérances qu’il suscite.
C’est de ces réalités que j’ai voulu entretenir les mauritaniens pour mettre chacun devant ses responsabilités.
En dehors de cela, je veux souligner que notre pays se trouve devant des perspectives politiques et économiques spécifiques. Le pays était considéré comme une nation pauvre et nul ne prêtait suffisamment attention à ce qui s’y passe. Aujourd’hui, par contre, il y a une mutation qui s’opère avec les perspectives qui se dessinent grâce aux richesses qui s’annoncent. Ces richesses, étant génératrices de convoitises, nous devons veiller scrupuleusement à la préservation de notre souveraineté pour que nous puissions servir efficacement notre peuple. C’est ce qui nous a amenés à mettre en œuvre toutes les réformes économiques et politiques en cours. Parmi ces réformes, les amendements constitutionnels occupent une place centrale. La constitution représente l’épine dorsale de la mutation politique envisagée dans notre pays. De ce fait, si nous ne votons pas massivement en faveur de la constitution, cette mutation ne sera menée à terme de façon satisfaisante.
Je rappelle que nous avions un régime politique qui, s’il était acceptable par le passé, dans les années 60, 70 et 80, ne l’est plus de nos jours. Il est inconcevable que nous restions figés au moment même où notre environnement régional est en proie à de profondes évolutions. Il faut alors que nous sachions aller dans le sens de cette évolution pour ne pas rester à la traîne et péricliter. C’est ce qui nous a amenés à proposer les amendements constitutionnels dont je vais expliquer la finalité. Nous avons proposé que le mandat présidentiel soit de cinq ans et soit renouvelable une seule fois. Qu’est ce que cela veut dire et quelle est l’importance de ces dispositions ? Nous savons que nous avons eu à souffrir de l’exercice prolongé du pouvoir par des dirigeants animés par la volonté de s’éterniser à la tête du pays. Ainsi, des dirigeants qui ont la possibilité de rester au pouvoir 18, 20, 25 ou 30 ans avant de le céder, le moment voulu, à la personne de leur choix, peuvent gérer le pays à leur guise, sans avoir à en répondre à qui que soit. Quand ce dirigeant aura été éjecté du pouvoir au terme de toute cette période, les dégâts subis par le pays ne seront plus réparables et cette situation se soldera par une perte sèche.
Le deuxième avantage que nous pouvons tirer des amendements proposés, c’est qu’ils favorisent l’émergence d’une classe politique alternative. Si un seul dirigeant ou un seul régime reste au pouvoir pendant 30 ou 20 ans, il aura tendance à avoir la même approche aux problèmes nationaux posés, à les aborder sous le même angle et, peut-être, avec les mêmes complexes, ce qui réduit les chances de leur trouver les solutions appropriées. Ainsi, ces problèmes iront en s’exacerbant pour finir par dégénérer et provoquer l’implosion. C’est cela qui généralement conduit aux coups d’Etat. Or, les coups de force ne réussissent pas obligatoirement et peuvent, le cas échéant, conduire aux guerres civiles.
Le troisième avantage des amendements constitutionnels, c’est que tout exercice du pouvoir cristallise une certaine haine à l’égard des dirigeants. Or, ce sentiment est naturellement appelé à s’accentuer au fur et à mesure que les mêmes dirigeants resteront à la tête de pays. A terme, cela peut engendrer des guerres civiles alors qu’en cas d’alternance, ce sentiment de haine n’aura plus sa raison d’être et disparaîtra.
Le quatrième profit que nous pouvons tirer de la révision de la constitution, c’est l’alternance pacifique. Malheureusement, notre pays n’a jamais connu d’alternance pacifique. Le pouvoir chez nous a toujours changé par le biais de coups de force. En 1978, il y eut un coup d’Etat, entre 78 et 84, il y en eut trois, en 84, il y en eut un. En 1991, la constitution a été détournée et on nous a ramenés au régime monopartisan. Il a encore fallu, en 2005, un nouveau coup d’Etat pour changer de régime. Il faut qu’on se pose la question de savoir comment en est-on arrivé là ?
C’est tout simplement parce que le système politique en place n’est pas propice au changement pacifique du pouvoir. Mais aussi parce qu’il n’y a pas de classe politique alternative, ce qui est l’un des critères essentiels pour une alternance pacifique. En effet, chez nous, les régimes en place ne laissaient pas à l’opposition la possibilité de prendre corps. C’est le régime et lui seul qui a le droit d’exister et par conséquent, le changement ne pouvait s’opérer que par la force. Il fallait alors nécessairement réviser notre système politique pour favoriser une alternance pacifique au pouvoir.
En fait, un peuple où l’alternance peut se faire, seulement, par la force n’est pas un peuple civilisé et est exposé, en permanence, aux risques de guerres civiles. En conséquence, si nous voulons nous en sortir, nous devons prévoir, comme c’est le cas, des dispositions constitutionnelles sur la durée du mandat présidentiel qui a été fixée à 5 ans et qui est renouvelable une seule fois. C’est pourquoi il est nécessaire pour notre peuple que la révision constitutionnelle soit convenablement approuvée afin que notre pays suive une voie qui lui garantisse la survie.
Je vous convie alors à un sursaut national en faveur d’un plébiscite de la constitution pour que nous ne rations pas l’opportunité politique qui nous est offerte aujourd’hui.
Le dernier point que je vais évoquer concerne ceux que d’aucuns appellent les réfugiés. Je veux évoquer ce problème, devant vous tous et, peut-être, que certains parmi les concernés sont à l’écoute, ici parmi nous ou de l’autre côté du fleuve. Je souligne ici que tout problème posé à un mauritanien, quel qu’il soit, est une question qui intéresse l’ensemble du peuple ainsi que l’Etat mauritaniens. Un problème de ce genre ne saurait être exclusivement celui d’un groupuscule, d’une tribu ou d’une ethnie. Si c’est un problème qui nous concerne tous, il doit être examiné par tous dans la perspective de lui trouver une solution. Nous rejetons les approches sectaires à ces problèmes qui sont, à priori, des problèmes concernant la nation dans son ensemble.
Je considère que la question des réfugiés, abstraction faite des effectifs de ceux-ci, est une question qui nous interpelle tous et que nous devons lui apporter la solution convenable entre mauritaniens, sans autres interférences.
Je vous remercie encore une fois pour votre présence massive à ce meeting."