Monsieur Abda WONE
A Monsieur Tamim Ben Ahmad Al Thani, Emir du Qatar
Ampliation au Secrétaire Général de l’ONU
Objet : lettre ouverte
Monsieur,
Je saisis l’occasion de l’organisation de la coupe du monde 2022 par votre pays pour vous interpeller au sujet de mon compatriote Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya que vous accueillez depuis 2005, suite au putsch qui a mis fin à son régime despotique, ethno-génocidaire et esclavagiste.
Je tiens à vous rappeler que l’homme que vous accueillez, protégez et entretenez est sous le coup d’au moins deux procédures judiciaires pour crime contre l’humanité : l’une engagée par l’AVOMM (Aide aux Veuves et Orphelins de Mauritanie) en Belgique, et l’autre par moi-même devant les juridictions américaines.
Pour rappel, entre 1986 et 1992 que nous autres appelons les « années de braises », le racisme d’Etat structurel en Mauritanie, largement amplifié par le régime de Ould TAYA, a fait des centaines de victimes civiles et militaires, ainsi que des dizaines de milliers de déportés vers le Sénégal et le Mali, pays frontaliers. Leur appartenance à la communauté noire du pays, à l’ethnie Peul en particulier, est l’unique point commun de toutes ces victimes. A partir de 1986, des intellectuels, hommes politiques, enseignants, officiers et sous-officiers militaires de cette communauté, ont été envoyés en prison, au pénitencier- mouroir de Walata où ils ont été torturés et placés dans d’horribles conditions de détentions. Certains y ont laissé leur vie avant d’être inhumés, loin de leurs familles, sans possibilité de deuil digne de ce nom.
Durant toute cette période, le long de la vallée du fleuve Sénégal habitée par les Mauritaniens noirs, ce sont des centaines de personnes qui ont été lâchement assassinées par les forces armées. Certaines seront retrouvées dans les fosses communes de Wotihe et de Sorimalé. D’autres portées disparues à jamais. Parmi elles, des dizaines de femmes sauvagement violées.
Mais c’est au mois de novembre 1990 que le comble de l’horreur a été atteint. Le régime de votre protégé, après avoir arrêté de manière arbitraire des soldats, officiers et sous-officiers noirs et presqu’exclusivement peuls, les a soumis à une véritable mise à mort. Plus de 500 d’entre eux seront tout simplement exécutés. Le pouvoir de l’homme à qui vous donnez l’hospitalité s’adonna ensuite à un jeu macabre avec la date de l’indépendance du pays. Ainsi, le 28 novembre 1990, date anniversaire de l’accession à la souveraineté internationale, ce sont 28 soldats qui seront choisis pour être portés à la potence.
Et pour effacer tous ces crimes, de la mémoire collective – vaine tentative, bien sûr – Ould Taya fit le choix de faire voter une loi amnistiant les auteurs de ces crimes, en lieu et place de la Justice due aux victimes et ayants-droits de victimes,
Monsieur l’Emir, c’est donc cet homme que, depuis des années, vous avez fait le choix de protéger au mépris des veuves et orphelins qui tous les jours, réclament justice. J’entends bien que votre complicité fait échos au silence lamentable de la communauté internationale au sujet des horreurs qui se passent en Mauritanie. Mais la justice immanente, vous le savez, transcende et finit toujours par terrasser l’arrogance des grands de ce monde.
Cette Lettre ouverte vient en tous cas s’ajouter aux multiples protestations que vous n’avez eu de cesse de recevoir de la part des organisations de défense des droits humains. Ces dernières vous pointent du doigt à l’occasion de ce Mondial, pour rappeler au monde entier que votre pays ne fait pas que maltraiter des travailleurs étrangers sur son territoire. Il s’est également rendu complice de crimes de génocide et de crimes contre l’humanité, en accueillant et en protégeant Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya, auteur de tant de malheurs parmi les miens.
Votre conscience d’homme et votre devoir de chef d’un Etat membre de la communauté internationale devraient vous incliner à entendre le cri du cœur des veuves et orphelins de Mauritanie, et à livrer Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya afin qu’il soit jugé des horribles crimes dont son régime s’est rendu coupable.
Source: Abda WONE
A Monsieur Tamim Ben Ahmad Al Thani, Emir du Qatar
Ampliation au Secrétaire Général de l’ONU
Objet : lettre ouverte
Monsieur,
Je saisis l’occasion de l’organisation de la coupe du monde 2022 par votre pays pour vous interpeller au sujet de mon compatriote Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya que vous accueillez depuis 2005, suite au putsch qui a mis fin à son régime despotique, ethno-génocidaire et esclavagiste.
Je tiens à vous rappeler que l’homme que vous accueillez, protégez et entretenez est sous le coup d’au moins deux procédures judiciaires pour crime contre l’humanité : l’une engagée par l’AVOMM (Aide aux Veuves et Orphelins de Mauritanie) en Belgique, et l’autre par moi-même devant les juridictions américaines.
Pour rappel, entre 1986 et 1992 que nous autres appelons les « années de braises », le racisme d’Etat structurel en Mauritanie, largement amplifié par le régime de Ould TAYA, a fait des centaines de victimes civiles et militaires, ainsi que des dizaines de milliers de déportés vers le Sénégal et le Mali, pays frontaliers. Leur appartenance à la communauté noire du pays, à l’ethnie Peul en particulier, est l’unique point commun de toutes ces victimes. A partir de 1986, des intellectuels, hommes politiques, enseignants, officiers et sous-officiers militaires de cette communauté, ont été envoyés en prison, au pénitencier- mouroir de Walata où ils ont été torturés et placés dans d’horribles conditions de détentions. Certains y ont laissé leur vie avant d’être inhumés, loin de leurs familles, sans possibilité de deuil digne de ce nom.
Durant toute cette période, le long de la vallée du fleuve Sénégal habitée par les Mauritaniens noirs, ce sont des centaines de personnes qui ont été lâchement assassinées par les forces armées. Certaines seront retrouvées dans les fosses communes de Wotihe et de Sorimalé. D’autres portées disparues à jamais. Parmi elles, des dizaines de femmes sauvagement violées.
Mais c’est au mois de novembre 1990 que le comble de l’horreur a été atteint. Le régime de votre protégé, après avoir arrêté de manière arbitraire des soldats, officiers et sous-officiers noirs et presqu’exclusivement peuls, les a soumis à une véritable mise à mort. Plus de 500 d’entre eux seront tout simplement exécutés. Le pouvoir de l’homme à qui vous donnez l’hospitalité s’adonna ensuite à un jeu macabre avec la date de l’indépendance du pays. Ainsi, le 28 novembre 1990, date anniversaire de l’accession à la souveraineté internationale, ce sont 28 soldats qui seront choisis pour être portés à la potence.
Et pour effacer tous ces crimes, de la mémoire collective – vaine tentative, bien sûr – Ould Taya fit le choix de faire voter une loi amnistiant les auteurs de ces crimes, en lieu et place de la Justice due aux victimes et ayants-droits de victimes,
Monsieur l’Emir, c’est donc cet homme que, depuis des années, vous avez fait le choix de protéger au mépris des veuves et orphelins qui tous les jours, réclament justice. J’entends bien que votre complicité fait échos au silence lamentable de la communauté internationale au sujet des horreurs qui se passent en Mauritanie. Mais la justice immanente, vous le savez, transcende et finit toujours par terrasser l’arrogance des grands de ce monde.
Cette Lettre ouverte vient en tous cas s’ajouter aux multiples protestations que vous n’avez eu de cesse de recevoir de la part des organisations de défense des droits humains. Ces dernières vous pointent du doigt à l’occasion de ce Mondial, pour rappeler au monde entier que votre pays ne fait pas que maltraiter des travailleurs étrangers sur son territoire. Il s’est également rendu complice de crimes de génocide et de crimes contre l’humanité, en accueillant et en protégeant Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya, auteur de tant de malheurs parmi les miens.
Votre conscience d’homme et votre devoir de chef d’un Etat membre de la communauté internationale devraient vous incliner à entendre le cri du cœur des veuves et orphelins de Mauritanie, et à livrer Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya afin qu’il soit jugé des horribles crimes dont son régime s’est rendu coupable.
Source: Abda WONE