Kafer Naum - Cher Aziz, tout d’abord permettez-moi de m’excuser auprès de vous pour n’avoir pas eu le privilège de vous rencontrer quand vous assuriez la brève et enrichissante présidence de l’Union Africaine, j’ai fui mon pays à ce même moment, le peuple venant me lyncher… Ces peuples qui, pour une petite révision constitutionnelle, vous mènent la vie dure.
Cher Aziz, on m’a dit que c’est votre dernier mandat et que votre constitution mauritanienne interdit la révision du mandat présidentielle ? Mon conseil, n’essayez pas changer cela. Voyez où j’en suis depuis que j’ai voulu modifier l’article 37 de la Constitution burkinabé.
Et surtout, faîtes attention, le peuple peut avoir des réactions inattendues. Moi, par exemple je ne pensais pas que le peuple burkinabé pouvait être si réactif, lui pacifique même gentil à tous égards. Voilà qu’il brûle tout, saccage tout, me jetant dehors comme un malappris, alors qu’hier il criait « vive Blaise ! », j’en suis meurtri.
Et cela pour une petite révision, une toute petite, me permettant de rester au chaud dans mon fauteuil pour quelques petites années. Et dire qu’en novembre 2010, j’ai été réélu dès le premier tour de scrutin à la tête du Burkina Faso, avec 80,15 % des suffrages exprimés, pour un dernier mandat ! Mieux que le score que vous avez réalisé vous-même en 2009 (52,47 %) !
Et dire que ce peuple a failli me lyncher !
Je ne sais pas ce qu’il en est du peuple mauritanien. On m’a dit que c’est un peuple fier et guerrier, comme les Tansoba du Burkina Faso. Alors si c’est le cas, attention mon ami. Le feu couve sous la cendre. Cher Aziz, si j’ai pris la peine de vous écrire cette lettre, c’est que des putschistes comme nous se doivent de savoir que même légalisés, ils ne peuvent effacer la mémoire du peuple.
Dans un discours du 4 août 1985 Thomas Sankara disait : « il s’agit pour nous, de vivre, d’agir et de vaincre de prouver ainsi que nous savons réfuter la défaite, en susciter l’homme de la liberté contre l’homme du destin ». Et je ne l’ai pas écouté.
Nous putschiste avons voulu imposer au peuple un destin (par les armes et la violence), il s’est révolté pour gagner sa liberté ; et contre cela, nous ne pourrons jamais rien. Tôt ou tard, il saura prendre sa liberté.
Aussi, cher Aziz, gardez-vous de vouloir passer par les voies institutionnelles obliques pour contrecarrer la légalité, tels que les référendums et autres plébiscites. Même si ceux que vous auriez consultés (aux niveaux civil et militaire) vous ont donné leur bénédiction, vous serez tout seul pour en assumer les conséquences.
En effet, si tout comme le peuple burkinabé (hélas ! je l’ai su trop tard ), le peuple mauritanien est fatigué des promesses non tenues, de la pauvreté, de la misère et des frustrations , alors ne pas chercher à rester au pouvoir. Ne pas toucher à la constitution. Organiser des élections démocratiques, en ne se représentant pas soi-même et faire une passation de pouvoir honorable. En somme, quitter le pouvoir dignement. Cela n’est-il pas plus préférable que de se faire chasser et aller au bout du monde ?
Avec l’expression de mes salutations fraternelles.
Signé :
Blaise Compaoré
Ancien putschiste. Président, deux fois légalisés. « Tentateur » d’une troisième légalisation échouée. Cible de lynchage par le peuple. En fuite depuis. Quartier résidentiel – Commune de Cocody (première rue à droite, villa luxueuse.). Abidjan Nord.
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PS : Cette lettre est fictive. Cependant, toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé n’est pas fortuite.
Pr Ely Mustapha
Cocody - Abidjan, 5 mars 2015
Source:cridem.org
Cher Aziz, on m’a dit que c’est votre dernier mandat et que votre constitution mauritanienne interdit la révision du mandat présidentielle ? Mon conseil, n’essayez pas changer cela. Voyez où j’en suis depuis que j’ai voulu modifier l’article 37 de la Constitution burkinabé.
Et surtout, faîtes attention, le peuple peut avoir des réactions inattendues. Moi, par exemple je ne pensais pas que le peuple burkinabé pouvait être si réactif, lui pacifique même gentil à tous égards. Voilà qu’il brûle tout, saccage tout, me jetant dehors comme un malappris, alors qu’hier il criait « vive Blaise ! », j’en suis meurtri.
Et cela pour une petite révision, une toute petite, me permettant de rester au chaud dans mon fauteuil pour quelques petites années. Et dire qu’en novembre 2010, j’ai été réélu dès le premier tour de scrutin à la tête du Burkina Faso, avec 80,15 % des suffrages exprimés, pour un dernier mandat ! Mieux que le score que vous avez réalisé vous-même en 2009 (52,47 %) !
Et dire que ce peuple a failli me lyncher !
Je ne sais pas ce qu’il en est du peuple mauritanien. On m’a dit que c’est un peuple fier et guerrier, comme les Tansoba du Burkina Faso. Alors si c’est le cas, attention mon ami. Le feu couve sous la cendre. Cher Aziz, si j’ai pris la peine de vous écrire cette lettre, c’est que des putschistes comme nous se doivent de savoir que même légalisés, ils ne peuvent effacer la mémoire du peuple.
Dans un discours du 4 août 1985 Thomas Sankara disait : « il s’agit pour nous, de vivre, d’agir et de vaincre de prouver ainsi que nous savons réfuter la défaite, en susciter l’homme de la liberté contre l’homme du destin ». Et je ne l’ai pas écouté.
Nous putschiste avons voulu imposer au peuple un destin (par les armes et la violence), il s’est révolté pour gagner sa liberté ; et contre cela, nous ne pourrons jamais rien. Tôt ou tard, il saura prendre sa liberté.
Aussi, cher Aziz, gardez-vous de vouloir passer par les voies institutionnelles obliques pour contrecarrer la légalité, tels que les référendums et autres plébiscites. Même si ceux que vous auriez consultés (aux niveaux civil et militaire) vous ont donné leur bénédiction, vous serez tout seul pour en assumer les conséquences.
En effet, si tout comme le peuple burkinabé (hélas ! je l’ai su trop tard ), le peuple mauritanien est fatigué des promesses non tenues, de la pauvreté, de la misère et des frustrations , alors ne pas chercher à rester au pouvoir. Ne pas toucher à la constitution. Organiser des élections démocratiques, en ne se représentant pas soi-même et faire une passation de pouvoir honorable. En somme, quitter le pouvoir dignement. Cela n’est-il pas plus préférable que de se faire chasser et aller au bout du monde ?
Avec l’expression de mes salutations fraternelles.
Signé :
Blaise Compaoré
Ancien putschiste. Président, deux fois légalisés. « Tentateur » d’une troisième légalisation échouée. Cible de lynchage par le peuple. En fuite depuis. Quartier résidentiel – Commune de Cocody (première rue à droite, villa luxueuse.). Abidjan Nord.
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PS : Cette lettre est fictive. Cependant, toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé n’est pas fortuite.
Pr Ely Mustapha
Cocody - Abidjan, 5 mars 2015
Source:cridem.org