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Le bureau exécutif de l'AVOMM

"L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous." Jean-Paul Sartre

"L'Association d'aides aux veuves et aux orphelins de mauritanie (AVOMM) qui nous rassemble, a été créée le 25/12/95 à PARIS par d'ex-militaires mauritaniens ayant fui la terreur, l'oppression, la barbarie du colonel Mawiya o/ sid'ahmed Taya ......
Ces rescapés des geôles de ould Taya, et de l'arbitraire, décidèrent, pour ne jamais oublier ce qui leur est arrivé, pour garder aussi la mémoire des centaines de martyrs, de venir en aide aux veuves, aux orphelins mais aussi d'engager le combat contre l'impunité décrétée par le pouvoir de Mauritanie."
E-mail : avommavomm@yahoo.fr

Bureau exécutif

*Ousmane SARR, président
*Demba Niang, secrétaire général
*Secrétaire général Adjt; Demba Fall
*Alousseyni SY, Chargé des relations extérieures
*Mme Rougui Dia, trésorière
*Chargé de l’organisation Mariame Diop
*adjoint Ngolo Diarra
*Mme Mireille Hamelin, chargée de la communication
*Chargé de mission Bathily Amadou Birama
Conseillers:
*Kane Harouna
*Hamdou Rabby SY










AVOMM

Le terrorisme fragilise la démocratisation en Afrique. Entretien avec Mamoudou Gazibo


Mamoudou Gazibo est professeur de sciences politiques à l’Université de Montréal au Canada.

Spécialiste des processus de démocratisation en Afrique, il participe à la conférence ECAS (European Conference on African Studies) qui réunit plus de 1 500 chercheurs à Paris jusqu’au 10 juillet à Paris sur le thème des mobilisations collectives en Afrique.

La défense des droits constitutionnels agite plusieurs pays en Afrique, en quoi ces mobilisations sont-elles comparables à celles des années 1990 ?

Les années 1990 ont connu une vague concentrée de mobilisations. Dans une trentaine de pays, des mouvements plus ou moins vastes se sont formés pour demander la démocratisation des régimes qui étaient alors essentiellement militaires, de partis uniques ou alors des dictatures personnelles. Nous étions dans le contexte de la fin de la guerre froide, avec une forte demande de changement qui s’est propagée presque comme un phénomène de contagion. Aujourd’hui, les mobilisations sont plus circonstancielles et ciblées. Elle arrive le plus souvent à la fin d’un mandat électoral pour s’opposer à des manipulations de la constitution. Il s’agit de renforcer ce qui a été conquis et de ne pas retourner en arrière.

Cette démocratisation est loin d’avoir concerné tous les pays

Tout dépend ce qu’on appelle démocratisation. On fait souvent la distinction entre la libéralisation politique et l’établissement d’un régime démocratique. Si l’on considère le phénomène de libéralisation comme l’ouverture au multipartisme, l’émergence d’une presse privée, le droit d’association, seuls quelques pays sont restés à l’écart du phénomène. Comme l’Erythrée, la Libye ou le Swaziland. Si on parle de démocratisation, c’est-à-dire un processus de libéralisation qui va plus loin, avec l’élection libre et transparente d’ un président, le portrait est moins reluisant. L’indicateur de Freedom House qui fait le classement des pays dans le monde distingue en Afrique : 12 pays libres appartenant à la même catégorie que la France ou les Etats -Unis. Il s’agit par exemple du Sénégal, du Bénin, du Botswana. Une vingtaine est classée « partiellement libres ». Dans ces pays, le multipartisme est ancré mais les élections sont peu crédibles et l’alternance rare. L’opposition et la société civile continuent à y être persécutées. Enfin une vingtaine comme le Soudan et le Rwanda dits « non libres ». Le multipartisme ou la liberté de la presse ne sont que de façade.

La revendication de droits politiques est-elle la principale cause de mobilisation ?

Les actions pour la démocratie dans les années 1990 sont intervenues après ce qu’on a appelé « la décennie perdue », c’est-à-dire une situation d’échec économique, de faillites des Etats et de remise en cause de l’action des institutions internationales et des plans d’ajustement structurel. La dimension économique a donc bien été au cœur des mouvements même si après les revendications sont devenues politiques. Cela est moins vrai des récents mouvements qui sont avant tout portés par la défense des droits et de l’ordre constitutionnel.

Le renforcement de la classe moyenne joue-t-il un rôle dans cette évolution ?

Le développement de classes moyennes denses est souvent considéré comme un bon antidote contre l’autoritarisme car elles sont moins tolérantes à la privation des libertés. Mais la présence de jeunes urbains tournés vers l’étranger, utilisateurs des médias sociaux et porteurs d’engagements transnationaux me semble un facteur crucial pour expliquer ce qui se passe aujourd’hui. Il ne faut pas non plus sous-estimer le fait que vingt-cinq ans de pratiques même brinquebalantes de pluralisme laissent des traces. Beaucoup de ceux qui se mobilisent aujourd’hui ont ces décennies d’engagement. Il existe des structures, des organisations ce qui n’était pas le cas dans les années 1990 où beaucoup de pays ne disposaient pas de plusieurs partis politiques.

Plusieurs pays ont des échéances électorales prochaines – Congo, RDC, Rwanda… Là aussi le respect de la constitution pourrait se poser, qu’anticipez-vous ?

La RDC est un pays déstructuré, rien ne tient debout. Je ne suis pas convaincu que Kabila a les moyens de rester au pouvoir et le pays pourrait bien prendre la voie du Burkina s’il s’entête. La situation au Congo-Brazzaville est moins lisible pour moi. Denis Sassou-Nguesso pense qu’il a les moyens de rester en misant peut-être sur le fait que la population demeure traumatisée par la guerre civile qui l’a fait revenir au pouvoir en 1997. Lui aussi a cependant des failles similaires à celles de Blaise Compaoré. Des proches commencent à le quitter. Quant à Paul Kagame, ce serait une bonne surprise s’il acceptait de passer la main pour pérenniser la stabilité retrouvée du Rwanda. Mais s’il ne veut pas quitter le pouvoir, la probabilité de contestation me semble très faible.

Selon les pays, les mobilisations citoyennes sont vouées à des issues très différentes. Quels sont les facteurs déterminants ?

Un des premiers facteurs repose sur la cohésion de ceux qui gouvernement : quand ils restent unis, ils peuvent résister très longtemps. C’est sur cela que me semble miser Pierre Nkurunziza au Burundi par exemple. De même, lorsque les divisions ethno-régionales sont profondes, il est difficile de mobiliser sur une base nationale.

Troisièmement : l’appareil sécuritaire. Lorsqu’il est puissant et disposé à réprimer les manifestants, il est quasiment impossible de renverser les institutions en place. Au Burundi, l’armée a fait échouer un coup d’Etat pro manifestants. Enfin, il y a les soutiens étrangers. Omar Al-Bachir a pu jouer sur le soutien de la Chine lorsque les Occidentaux ont pris leur distance. Au Burundi, le fait que les Etats-Unis aient soutenu Pierre Nkurunziza au moment du coup d’Etat a eu un effet dévastateur. C’est une aide inespérée pour lui et ceux qui le soutiennent. Il ne faut certes pas encourager les coups d’Etat mais lorsqu’un président élu Nkurunziza bafoue les lois et perpètre lui même un coup d’Etat rampant, il perd sa légitimité.

La lutte contre le terrorisme islamiste en Afrique va-t-elle remodeler la carte des soutiens occidentaux quitte à faire repasser au second plan les aspirations à la démocratie ?

Oui, cela constitue une nouvelle donnée. En Mauritanie, le président Mohamed Ould Abdel Aziz a toujours été vu comme un bon rempart au terrorisme. Au Tchad, Idriss Déby est revenu à l’avant-scène parce qu’il est important dans le dispositif sécuritaire occidental. Les Occidentaux vont privilégier la stabilité et pour longtemps je pense. Les mouvements islamistes prennent de l’ampleur en Afrique et je ne vois pas comment, dans la décennie à venir, on sortira de cette situation. Les interventions étrangères occidentales en Irak, en Libye et en Syrie ont crée un vacuum qui a favorisé l’installation de l’Etat Islamique et d’Al Qaïda. Dans un tel environnement, il est difficile de garantir les libertés. Quand en plus, le régime en place est autoritaire, le cocktail joue contre l’éclosion de la démocratie. On peut même redouter des tours de vis autoritaires, militaires ou civils. C’est un risque dans la plupart des pays du Sahel.

Propos recueillis par Laurence Caramel

Source: Le monde Afrique

Jeudi 9 Juillet 2015 - 20:11
Jeudi 9 Juillet 2015 - 20:45
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