Le roi des Pays-Bas Willem-Alexander a présenté samedi ses excuses officielles pour l'implication de son pays et de sa dynastie dans l'esclavage, se déclarant "personnellement et extrêmement" touché.
Le roi des Pays-Bas Willem-Alexander a présenté samedi ses excuses officielles pour l'implication de son pays et de sa dynastie dans l'esclavage, se déclarant "personnellement et extrêmement" touché.
"Aujourd'hui, je me tiens devant vous en tant que roi et membre du gouvernement. Aujourd'hui, je vous présente mes excuses personnellement", a déclaré Willem-Alexander sous les acclamations lors d'un événement marquant les 150 ans de l'affranchissement des esclaves dans les anciennes colonies néerlandaises, à l'Oosterpark d'Amsterdam.
Des milliers de descendants de personnes réduites en esclavage dans l'ancienne colonie sud-américaine du Suriname ainsi que dans les îles caribéennes d'Aruba, Bonaire et Curaçao assistaient à ces célébrations.
"Je ressens cela profondément dans mon coeur et dans mon âme", a déclaré le roi, avant d'ajouter: "La traite des esclaves et l'esclavage sont reconnus comme crimes contre l'humanité".
"Les rois de la maison d'Orange (dont descend le monarque actuel, ndlr) n'ont rien fait pour l'empêcher. Aujourd'hui, je demande pardon pour cette inaction", a encore ajouté Willem-Alexander.
Les commémorations marquant la fin réelle de l'esclavage dans les colonies ont lieu chaque année à Amsterdam, une célébration appelée "Keti Koti", soit "briser les chaînes" en sranantongo (l'une des langues du Suriname).
Elles prennent un relief particulier cette année après la présentation en décembre par le gouvernement d'excuses officielles pour le passé esclavagiste des Pays-Bas.
"Réparations"
"Il a demandé pardon aux gens du Suriname", s'est félicité auprès de l'AFP Abmena Ryssan, 67 ans, présent à la cérémonie, en tunique bariolée et portant une coiffe traditionnelle ornée du drapeau surinamien. "Peut-être peut-il maintenant faire quelque chose pour les Noirs", a-t-il ajouté.
"C'est un début", a estimé Lulu Helder, enseignante et descendante d'esclaves, qui a regardé à quelques kilomètres de là le discours du roi, retransmis en direct à la télévision nationale. "Il nous faut des réparations", a-t-elle dit.
"Il a assumé ses responsabilités, alors je lui pardonne", a déclaré Arnolda Vaal, 50 ans, vêtue de l'habit traditionnel des esclaves.
Des descendants de personnes réduites en esclavage avaient demandé au roi de présenter des excuses officielles.
En parallèle, le ministre des Affaires étrangères néerlandais Wopke Hoekstra était au Suriname pour les commémorations dans l'ancienne colonie. Il s'est recueilli devant le monument Kwakoe -statue d'un esclave brisant ses chaînes- de la capitale Paramaribo et a assisté à une messe dans une église construite en 1778, où l'abolition aurait officiellement été annoncée il y a 160 ans.
"Je présente mes excuses au nom du gouvernement néerlandais (...) L'esclavage est un crime contre l'humanité dans lequel les Pays-Bas ont joué un rôle important. Dans de nombreux endroits du monde, les traces de ce passé douloureux sont encore visibles", a-t-il lancé, évoquant à plusieurs reprises les excuses du roi.
"C'est un signe de bonne volonté que de reconnaître l'ampleur des souffrances (...) Notre réponse aux excuses doit avoir une valeur historique aussi grande que les excuses des Pays-Bas. Nous n'avons pas le choix, car les blessures de trois cents ans d'esclavage ne peuvent pas être guéries facilement", a quant à lui répondu le président du Suriname Chan Santokhi.
"Crime contre l'humanité"
Depuis l'émergence du mouvement Black Lives Matter aux États-Unis, les Pays-Bas se sont lancés dans un débat souvent difficile sur leur passé colonial qui en a fait l'un des pays les plus riches du monde.
L'esclavage a contribué à financer le "siècle d'or" néerlandais, période de prospérité grâce au commerce maritime aux XVIe et XVIIe siècles. Le pays a procédé à la traite d'environ 600.000 Africains, principalement vers l'Amérique du Sud et les Caraïbes.
Selon un rapport commandé par le ministère néerlandais de l'Intérieur, entre 1675 et 1770, les colonies ont rapporté à la famille royale l'équivalent de 545 millions d'euros, à une époque où l'esclavage était très répandu.
Les lointains ancêtres du roi actuel, Guillaume III, Guillaume IV et Guillaume V d'Orange-Nassau ont fait partie des plus grands bénéficiaires de ce qui est décrit dans le rapport comme une "implication délibérée, structurelle et durable" dans l'esclavage.
Le Premier ministre Rutte avait présenté en décembre les excuses officielles du gouvernement pour le rôle de l'Etat néerlandais en 250 ans d'esclavage, qu'il avait qualifié de "crime contre l'humanité".
Si l'abolition officielle de l'esclavage dans les colonies néerlandaises remonte à 160 ans, son application réelle n'a que 150 ans.
Amsterdam (AFP)
Source : Courrier international
Le roi des Pays-Bas Willem-Alexander a présenté samedi ses excuses officielles pour l'implication de son pays et de sa dynastie dans l'esclavage, se déclarant "personnellement et extrêmement" touché.
"Aujourd'hui, je me tiens devant vous en tant que roi et membre du gouvernement. Aujourd'hui, je vous présente mes excuses personnellement", a déclaré Willem-Alexander sous les acclamations lors d'un événement marquant les 150 ans de l'affranchissement des esclaves dans les anciennes colonies néerlandaises, à l'Oosterpark d'Amsterdam.
Des milliers de descendants de personnes réduites en esclavage dans l'ancienne colonie sud-américaine du Suriname ainsi que dans les îles caribéennes d'Aruba, Bonaire et Curaçao assistaient à ces célébrations.
"Je ressens cela profondément dans mon coeur et dans mon âme", a déclaré le roi, avant d'ajouter: "La traite des esclaves et l'esclavage sont reconnus comme crimes contre l'humanité".
"Les rois de la maison d'Orange (dont descend le monarque actuel, ndlr) n'ont rien fait pour l'empêcher. Aujourd'hui, je demande pardon pour cette inaction", a encore ajouté Willem-Alexander.
Les commémorations marquant la fin réelle de l'esclavage dans les colonies ont lieu chaque année à Amsterdam, une célébration appelée "Keti Koti", soit "briser les chaînes" en sranantongo (l'une des langues du Suriname).
Elles prennent un relief particulier cette année après la présentation en décembre par le gouvernement d'excuses officielles pour le passé esclavagiste des Pays-Bas.
"Réparations"
"Il a demandé pardon aux gens du Suriname", s'est félicité auprès de l'AFP Abmena Ryssan, 67 ans, présent à la cérémonie, en tunique bariolée et portant une coiffe traditionnelle ornée du drapeau surinamien. "Peut-être peut-il maintenant faire quelque chose pour les Noirs", a-t-il ajouté.
"C'est un début", a estimé Lulu Helder, enseignante et descendante d'esclaves, qui a regardé à quelques kilomètres de là le discours du roi, retransmis en direct à la télévision nationale. "Il nous faut des réparations", a-t-elle dit.
"Il a assumé ses responsabilités, alors je lui pardonne", a déclaré Arnolda Vaal, 50 ans, vêtue de l'habit traditionnel des esclaves.
Des descendants de personnes réduites en esclavage avaient demandé au roi de présenter des excuses officielles.
En parallèle, le ministre des Affaires étrangères néerlandais Wopke Hoekstra était au Suriname pour les commémorations dans l'ancienne colonie. Il s'est recueilli devant le monument Kwakoe -statue d'un esclave brisant ses chaînes- de la capitale Paramaribo et a assisté à une messe dans une église construite en 1778, où l'abolition aurait officiellement été annoncée il y a 160 ans.
"Je présente mes excuses au nom du gouvernement néerlandais (...) L'esclavage est un crime contre l'humanité dans lequel les Pays-Bas ont joué un rôle important. Dans de nombreux endroits du monde, les traces de ce passé douloureux sont encore visibles", a-t-il lancé, évoquant à plusieurs reprises les excuses du roi.
"C'est un signe de bonne volonté que de reconnaître l'ampleur des souffrances (...) Notre réponse aux excuses doit avoir une valeur historique aussi grande que les excuses des Pays-Bas. Nous n'avons pas le choix, car les blessures de trois cents ans d'esclavage ne peuvent pas être guéries facilement", a quant à lui répondu le président du Suriname Chan Santokhi.
"Crime contre l'humanité"
Depuis l'émergence du mouvement Black Lives Matter aux États-Unis, les Pays-Bas se sont lancés dans un débat souvent difficile sur leur passé colonial qui en a fait l'un des pays les plus riches du monde.
L'esclavage a contribué à financer le "siècle d'or" néerlandais, période de prospérité grâce au commerce maritime aux XVIe et XVIIe siècles. Le pays a procédé à la traite d'environ 600.000 Africains, principalement vers l'Amérique du Sud et les Caraïbes.
Selon un rapport commandé par le ministère néerlandais de l'Intérieur, entre 1675 et 1770, les colonies ont rapporté à la famille royale l'équivalent de 545 millions d'euros, à une époque où l'esclavage était très répandu.
Les lointains ancêtres du roi actuel, Guillaume III, Guillaume IV et Guillaume V d'Orange-Nassau ont fait partie des plus grands bénéficiaires de ce qui est décrit dans le rapport comme une "implication délibérée, structurelle et durable" dans l'esclavage.
Le Premier ministre Rutte avait présenté en décembre les excuses officielles du gouvernement pour le rôle de l'Etat néerlandais en 250 ans d'esclavage, qu'il avait qualifié de "crime contre l'humanité".
Si l'abolition officielle de l'esclavage dans les colonies néerlandaises remonte à 160 ans, son application réelle n'a que 150 ans.
Amsterdam (AFP)
Source : Courrier international