Démarré le 11 octobre, ce procès avait été renvoyé dès la première journée, afin de laisser plus de temps à la défense pour se préparer. Côté parties civiles, confiance et impatience s'entremêlent.
Dans cette affaire, il y a 14 accusés dont deux absents : Blaise Compaoré, l'ancien président burkinabè et ami de Thomas Sankara, et Hyacinthe Kafando, son chef particulier de la sécurité. Blaise Compaoré est soupçonné d’avoir commandité l’assassinat et Hyacinthe Kafando de l'avoir exécuté.
Trente-quatre ans après les faits, l’ouverture de ce procès est historique. Reporté dès la première journée, il reprend ce lundi.
Durant cette seconde journée, les parties doivent faire part de leurs exceptions. Il s'agit là, surtout pour la défense, d'exposer d'éventuels vices de forme qui pourraient provoquer un renvoi, ou bien l'annulation de tout ou partie de la procédure. C'est une méthode dilatoire tout à fait classique, et le dossier de l'instruction étant épais de plus de 20 000 pages, l'évocation de toutes les exceptions pourrait prendre plusieurs jours.
Confiance et déceptions chez les parties civiles
« Nous sommes confiants, nous sommes prêts depuis longtemps et l'instruction est bien ficelée », rassure toutefois Ambroise Farama, avocat de la famille Sankara. « Le forum sur la réconciliation nationale est prévu pour janvier, personne n'a envie de faire traîner les choses », ajoute une source proche du dossier.
Même détermination chez Smockey, porte-parole du Balai citoyen.
« On sait que les avocats de ces gens-là vont tout faire pour retarder le plus possible le procès [...] Ceci dit, si l'on a pu attendre 34 ans, l'essentiel c'est que le droit soit dit et que la décision juste soit prise. C'est un dossier emblématique, historique, extrêmement important pas seulement pour le Burkina mais pour le continent africain [...] Cela permettrait de rouvrir d'autres dossiers encore dans les tiroirs, pas seulement de la période dite révolutionnaire, je parle de tous les crimes économiques et de sang qui ont été commis de 1960 à nos jours. Si l'on veut que les Burkinabè ait un tant soit peu confiance en leur justice de donner l'exemple et [...] même si ça fait mal de sanctionner tous les coupables. »
Du côté des familles cependant, on s'impatiente. Bien que prévisible, le renvoi dès l'ouverture du procès a mis un coup au moral. « On sait que c'est un marathon, alors on se dit que chaque kilomètre compte, mais ça reste long » se résout un proche de victime.
Autre déception : la certitude de l'absence de Blaise Compaoré et Hyacinthe Kafando. Les deux accusés avaient dix jours à compter du 11 octobre pour se présenter à la cour. Ce délai expiré, ils seront donc jugés par contumace. Renversé par une insurrection populaire en 2014, l'ancien président vit désormais en Côte d'Ivoire. Son avocat, maître Pierre-Olivier Sur, confirme qu'il ne viendra pas.
« Le dossier, on ne l'a toujours pas et donc nous sommes dans l'impossibilité de le défendre dans le cadre de ce que l'on appelle un procès équitable. Qui accepterait d'ailleurs qu'un avocat puisse arriver à un procès sans qu'on lui ait notifié les charges reprochées à son client et sans qu'il ait pu avoir accès au dossier [...] C'est un simulacre de procès. On ne peut pas nous accuser de lâcheté à ne pas nous présenter au procès dès lors qu'on n'a pas reçu la copie du dossier. »
Thomas Sankara, ancien président et leader de la révolution, a été tué avec douze de ses collaborateurs le 15 octobre 1987.
Par RFI
via cridem
Dans cette affaire, il y a 14 accusés dont deux absents : Blaise Compaoré, l'ancien président burkinabè et ami de Thomas Sankara, et Hyacinthe Kafando, son chef particulier de la sécurité. Blaise Compaoré est soupçonné d’avoir commandité l’assassinat et Hyacinthe Kafando de l'avoir exécuté.
Trente-quatre ans après les faits, l’ouverture de ce procès est historique. Reporté dès la première journée, il reprend ce lundi.
Durant cette seconde journée, les parties doivent faire part de leurs exceptions. Il s'agit là, surtout pour la défense, d'exposer d'éventuels vices de forme qui pourraient provoquer un renvoi, ou bien l'annulation de tout ou partie de la procédure. C'est une méthode dilatoire tout à fait classique, et le dossier de l'instruction étant épais de plus de 20 000 pages, l'évocation de toutes les exceptions pourrait prendre plusieurs jours.
Confiance et déceptions chez les parties civiles
« Nous sommes confiants, nous sommes prêts depuis longtemps et l'instruction est bien ficelée », rassure toutefois Ambroise Farama, avocat de la famille Sankara. « Le forum sur la réconciliation nationale est prévu pour janvier, personne n'a envie de faire traîner les choses », ajoute une source proche du dossier.
Même détermination chez Smockey, porte-parole du Balai citoyen.
« On sait que les avocats de ces gens-là vont tout faire pour retarder le plus possible le procès [...] Ceci dit, si l'on a pu attendre 34 ans, l'essentiel c'est que le droit soit dit et que la décision juste soit prise. C'est un dossier emblématique, historique, extrêmement important pas seulement pour le Burkina mais pour le continent africain [...] Cela permettrait de rouvrir d'autres dossiers encore dans les tiroirs, pas seulement de la période dite révolutionnaire, je parle de tous les crimes économiques et de sang qui ont été commis de 1960 à nos jours. Si l'on veut que les Burkinabè ait un tant soit peu confiance en leur justice de donner l'exemple et [...] même si ça fait mal de sanctionner tous les coupables. »
Du côté des familles cependant, on s'impatiente. Bien que prévisible, le renvoi dès l'ouverture du procès a mis un coup au moral. « On sait que c'est un marathon, alors on se dit que chaque kilomètre compte, mais ça reste long » se résout un proche de victime.
Autre déception : la certitude de l'absence de Blaise Compaoré et Hyacinthe Kafando. Les deux accusés avaient dix jours à compter du 11 octobre pour se présenter à la cour. Ce délai expiré, ils seront donc jugés par contumace. Renversé par une insurrection populaire en 2014, l'ancien président vit désormais en Côte d'Ivoire. Son avocat, maître Pierre-Olivier Sur, confirme qu'il ne viendra pas.
« Le dossier, on ne l'a toujours pas et donc nous sommes dans l'impossibilité de le défendre dans le cadre de ce que l'on appelle un procès équitable. Qui accepterait d'ailleurs qu'un avocat puisse arriver à un procès sans qu'on lui ait notifié les charges reprochées à son client et sans qu'il ait pu avoir accès au dossier [...] C'est un simulacre de procès. On ne peut pas nous accuser de lâcheté à ne pas nous présenter au procès dès lors qu'on n'a pas reçu la copie du dossier. »
Thomas Sankara, ancien président et leader de la révolution, a été tué avec douze de ses collaborateurs le 15 octobre 1987.
Par RFI
via cridem