« La bonne gestion de nos ressources naturelles est une responsabilité nationale », a déclaré Ely Ould Mohamed Vall, le chef du Conseil militaire pour la justice et la démocratie (CMJD) qui a pris le pouvoir en août 2005, à la faveur d’un coup d’état sans effusion de sang. « Elle est un impératif moral pour chaque citoyen », a-t-il ajouté.
Mais le pétrole en Afrique a souvent engendré des conflits, favorisé la corruption, la dégradation de l’environnement et accentuer la pauvreté, un phénomène connu sous le nom de « resources curse - malédiction des ressources naturelles - ». Et de nombreux mauritaniens craignent de vivre ces expériences. « Cette ressource prendra le chemin qu’ont déjà pris d’autres secteurs comme le fer, le poisson, ou l’or qui n’ont profité qu’à une petite minorité », pouvait-on lire récemment dans les colonnes de La Calame, un des grands hebdomadaires du pays, qui dénonce « la grande arnaque » du pétrole.
La pêche est l’une des principales sources de revenus du pays, mais ses eaux riches en poisson sont largement exploitées par des armateurs européens qui bénéficient de licences de pêche. Mais pour beaucoup de Mauritaniens, les revenus générés par ces accords de pêche ne bénéficient qu’à une minorité.
Et alors que les contrats de pêche avec l’Union européenne sont en cours de renégociation, le gouvernement de transition chercherait à obtenir des conditions plus favorables pour le pays – une démarche qui, de l’avis d’un analyste, illustre bien la volonté du gouvernement de transition d’exploiter judicieusement les ressources du pays.
La nouvelle manne pétrolière bénéficiera-t-elle aux Mauritaniens ?
Commentant le récent contentieux autour des contrats signés entre la société Woodside et le précédent gouvernement, M. Vall a déclaré ce week-end que des avenants ont été conçus dans le seul intérêt de la compagnie australienne et au détriment de la Mauritanie.
Selon les autorités mauritaniennes, ces contrats menacent gravement les ressources maritimes du pays, diminuent la part des revenus pétroliers de l’Etat et réduisent les taxes à payer par l’opérateur australien.
La promesse de bien gérer les ressources naturelles du pays « ne peut être trahi ni par le gouvernement actuel, ni par un gouvernement futur », a ajouté M. Vall. Et pour que cette manne pétrolière puisse bénéficier aux prochaines générations de Mauritaniens qui auront à diriger les pays, les autorités actuelles vont créer un fonds spécial.
« Les surplus qui pourraient être perçus en plus des recettes déjà budgétisées seront placés pour constituer un fonds de solidarité intergénérationnel », a déclaré Habib Ould Hemet, le secrétaire général de la présidence. Mais de telles promesses se sont déjà révélées vaines. En effet, un fonds similaire, créé par le Tchad dans le cadre de l’accord de financement par la Banque mondiale du projet de construction d’un oléoduc, a récemment été supprimé par les autorités tchadiennes.
Un partage équitable des revenus pétroliers pourrait cependant donner un nouvel essor à ce pauvre pays sahélien de 2,9 millions d’habitants où la moitié de la population vit d’une agriculture de subsistance et d’élevage. La richesse du pays – détenue depuis toujours par une minorité - provient des minerais de fer, du poisson, et de l’aide étrangère.
Pétrodollars et pouvoir
Certains observateurs s’inquiètent aussi du fait que la Junte militaire pourrait ne pas respecter sa promesse de restituer le pouvoir aux civils. « De plus en plus de personnes doutent de la promesse faite par le chef de la junte, Ely Ould Mohamed, de rendre le pouvoir après les élections législatives de novembre 2007. L’argent du pétrole et les explorations des gisements de gaz naturel peuvent contribuer à maintenir en place régime militaire », indique le bulletin d’Africa Confidential dans ses prévisions de 2006.
Selon Olly Owen, analyste Afrique au sein de Global Insight, un groupe de recherche basé à Londres, il sera important de voir si CMJD respecte le chronogramme qu’il a défini en vue des élections. « Le leaders pourraient être très tentés de rester en voyant l’argent du pétrole couler à flot », a-t-il déclaré.
L’adhésion de M.Vall à l’Initiative internationale de transparence dans les industries extractives (IITIE) - en vue de garantir une gestion rationnelle et transparente des ressources naturelles - semble rassurer les analystes qui n’ont cependant pas manqué de souligner qu’il ne s’agissait que d’un premier pas.
Pour M. Owen, cette adhésion à l’IITIE est significative, car elle illustre la volonté du gouvernement de transition d’assurer la transparence dans l’exploitation des ressources du pays. Mais il convient de mettre en place un mécanisme permettant d’appliquer ses principes pour qu’une telle adhésion ait réelle un sens. « C’est un geste évident de bonne intention, mais cette mesure ne suffit pas si elle pas appuyée par une loi nationale ».
A en croire Ian Gary, un conseiller politique pour les industries d’extraction au sein d’Oxfam Amérique, la crédibilité dépendra de la transition politique. « Les objectifs de transparence de l’IITIE n’ont de sens que dans un environnement démocratique ». Le principal défi pour tout nouveau pays producteur de pétrole est de créer un ministère du pétrole et d’autres mécanismes institutionnels qui fonctionnent correctement, pense M. Gary. Les bailleurs internationaux seront donc très vigilants.
Dans le programme de réforme élaboré par les autorités mauritaniennes et supervisé par le Fonds monétaire international (IMF), un des volets importants de la réforme sera « la mise en place d’un mécanisme efficace et transparent pour la perception et la gestion des revenus pétroliers », a indiqué l’IMF dans un communiqué de rendu public le 31 janvier dernier.
Selon un expert en pétrole, l’exploitation du site de Chinguetti n’en est qu’à ses débuts. « La Mauritanie n’est qu’au début de son exploitation », a déclaré Ismael Abdel Vetah, un consultant mauritanien. « Dans les prochaines années le pays pourrait avoir une production qui dépasse 200 000 barils par jours ». Mais pour certains Mauritaniens sceptiques, cette nouvelle aventure n’augure rien de bon.
Et alors que le pays s’apprête à produire ses premiers barils d’or noir, il n’est pas rare d’entendre les Mauritaniens dire : « Nous n’avons pas vu l’argent du poisson, seulement l’odeur. On peut donc craindre le pire avec le pétrole qui sent encore plus mauvais ».
Mais le pétrole en Afrique a souvent engendré des conflits, favorisé la corruption, la dégradation de l’environnement et accentuer la pauvreté, un phénomène connu sous le nom de « resources curse - malédiction des ressources naturelles - ». Et de nombreux mauritaniens craignent de vivre ces expériences. « Cette ressource prendra le chemin qu’ont déjà pris d’autres secteurs comme le fer, le poisson, ou l’or qui n’ont profité qu’à une petite minorité », pouvait-on lire récemment dans les colonnes de La Calame, un des grands hebdomadaires du pays, qui dénonce « la grande arnaque » du pétrole.
La pêche est l’une des principales sources de revenus du pays, mais ses eaux riches en poisson sont largement exploitées par des armateurs européens qui bénéficient de licences de pêche. Mais pour beaucoup de Mauritaniens, les revenus générés par ces accords de pêche ne bénéficient qu’à une minorité.
Et alors que les contrats de pêche avec l’Union européenne sont en cours de renégociation, le gouvernement de transition chercherait à obtenir des conditions plus favorables pour le pays – une démarche qui, de l’avis d’un analyste, illustre bien la volonté du gouvernement de transition d’exploiter judicieusement les ressources du pays.
La nouvelle manne pétrolière bénéficiera-t-elle aux Mauritaniens ?
Commentant le récent contentieux autour des contrats signés entre la société Woodside et le précédent gouvernement, M. Vall a déclaré ce week-end que des avenants ont été conçus dans le seul intérêt de la compagnie australienne et au détriment de la Mauritanie.
Selon les autorités mauritaniennes, ces contrats menacent gravement les ressources maritimes du pays, diminuent la part des revenus pétroliers de l’Etat et réduisent les taxes à payer par l’opérateur australien.
La promesse de bien gérer les ressources naturelles du pays « ne peut être trahi ni par le gouvernement actuel, ni par un gouvernement futur », a ajouté M. Vall. Et pour que cette manne pétrolière puisse bénéficier aux prochaines générations de Mauritaniens qui auront à diriger les pays, les autorités actuelles vont créer un fonds spécial.
« Les surplus qui pourraient être perçus en plus des recettes déjà budgétisées seront placés pour constituer un fonds de solidarité intergénérationnel », a déclaré Habib Ould Hemet, le secrétaire général de la présidence. Mais de telles promesses se sont déjà révélées vaines. En effet, un fonds similaire, créé par le Tchad dans le cadre de l’accord de financement par la Banque mondiale du projet de construction d’un oléoduc, a récemment été supprimé par les autorités tchadiennes.
Un partage équitable des revenus pétroliers pourrait cependant donner un nouvel essor à ce pauvre pays sahélien de 2,9 millions d’habitants où la moitié de la population vit d’une agriculture de subsistance et d’élevage. La richesse du pays – détenue depuis toujours par une minorité - provient des minerais de fer, du poisson, et de l’aide étrangère.
Pétrodollars et pouvoir
Certains observateurs s’inquiètent aussi du fait que la Junte militaire pourrait ne pas respecter sa promesse de restituer le pouvoir aux civils. « De plus en plus de personnes doutent de la promesse faite par le chef de la junte, Ely Ould Mohamed, de rendre le pouvoir après les élections législatives de novembre 2007. L’argent du pétrole et les explorations des gisements de gaz naturel peuvent contribuer à maintenir en place régime militaire », indique le bulletin d’Africa Confidential dans ses prévisions de 2006.
Selon Olly Owen, analyste Afrique au sein de Global Insight, un groupe de recherche basé à Londres, il sera important de voir si CMJD respecte le chronogramme qu’il a défini en vue des élections. « Le leaders pourraient être très tentés de rester en voyant l’argent du pétrole couler à flot », a-t-il déclaré.
L’adhésion de M.Vall à l’Initiative internationale de transparence dans les industries extractives (IITIE) - en vue de garantir une gestion rationnelle et transparente des ressources naturelles - semble rassurer les analystes qui n’ont cependant pas manqué de souligner qu’il ne s’agissait que d’un premier pas.
Pour M. Owen, cette adhésion à l’IITIE est significative, car elle illustre la volonté du gouvernement de transition d’assurer la transparence dans l’exploitation des ressources du pays. Mais il convient de mettre en place un mécanisme permettant d’appliquer ses principes pour qu’une telle adhésion ait réelle un sens. « C’est un geste évident de bonne intention, mais cette mesure ne suffit pas si elle pas appuyée par une loi nationale ».
A en croire Ian Gary, un conseiller politique pour les industries d’extraction au sein d’Oxfam Amérique, la crédibilité dépendra de la transition politique. « Les objectifs de transparence de l’IITIE n’ont de sens que dans un environnement démocratique ». Le principal défi pour tout nouveau pays producteur de pétrole est de créer un ministère du pétrole et d’autres mécanismes institutionnels qui fonctionnent correctement, pense M. Gary. Les bailleurs internationaux seront donc très vigilants.
Dans le programme de réforme élaboré par les autorités mauritaniennes et supervisé par le Fonds monétaire international (IMF), un des volets importants de la réforme sera « la mise en place d’un mécanisme efficace et transparent pour la perception et la gestion des revenus pétroliers », a indiqué l’IMF dans un communiqué de rendu public le 31 janvier dernier.
Selon un expert en pétrole, l’exploitation du site de Chinguetti n’en est qu’à ses débuts. « La Mauritanie n’est qu’au début de son exploitation », a déclaré Ismael Abdel Vetah, un consultant mauritanien. « Dans les prochaines années le pays pourrait avoir une production qui dépasse 200 000 barils par jours ». Mais pour certains Mauritaniens sceptiques, cette nouvelle aventure n’augure rien de bon.
Et alors que le pays s’apprête à produire ses premiers barils d’or noir, il n’est pas rare d’entendre les Mauritaniens dire : « Nous n’avons pas vu l’argent du poisson, seulement l’odeur. On peut donc craindre le pire avec le pétrole qui sent encore plus mauvais ».