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Le bureau exécutif de l'AVOMM

"L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous." Jean-Paul Sartre

"L'Association d'aides aux veuves et aux orphelins de mauritanie (AVOMM) qui nous rassemble, a été créée le 25/12/95 à PARIS par d'ex-militaires mauritaniens ayant fui la terreur, l'oppression, la barbarie du colonel Mawiya o/ sid'ahmed Taya ......
Ces rescapés des geôles de ould Taya, et de l'arbitraire, décidèrent, pour ne jamais oublier ce qui leur est arrivé, pour garder aussi la mémoire des centaines de martyrs, de venir en aide aux veuves, aux orphelins mais aussi d'engager le combat contre l'impunité décrétée par le pouvoir de Mauritanie."
E-mail : avommavomm@yahoo.fr

Bureau exécutif

*Ousmane SARR, président
*Demba Niang, secrétaire général
*Secrétaire général Adjt; Demba Fall
*Alousseyni SY, Chargé des relations extérieures
*Mme Rougui Dia, trésorière
*Chargé de l’organisation Mariame Diop
*adjoint Ngolo Diarra
*Mme Mireille Hamelin, chargée de la communication
*Chargé de mission Bathily Amadou Birama
Conseillers:
*Kane Harouna
*Hamdou Rabby SY










AVOMM

Le Nigeria déstabilisé par une vague de kidnappings de masse


Quelque 300 filles et garçons ont été enlevés dans leur école de l’Etat de Kaduna le 7 mars par des « bandits ». Au début du mois, c’est entre 200 et 400 personnes qui ont été kidnappées dans le nord-est du pays.


Combien vaut la vie d’un écolier dans le nord du Nigeria ? Pour les quelque 300 filles et garçons kidnappés le 7 mars, dans leur école de l’Etat de Kaduna, par une bande d’hommes armés, une rançon d’1 milliard de nairas (quelque 600 000 euros) serait exigée, selon les témoignages de proches des familles d’otages recueillis par l’agence de presse Reuters. Un pactole à remettre aux ravisseurs dans un délai de vingt jours à compter de la date du rapt, sans quoi « ils ont dit qu’ils les tueraient tous », a indiqué Jubril Aminu, un leader communautaire du village de Kuriga, où s’est déroulé l’enlèvement.

Malgré le compte à rebours, les autorités nigérianes affirment tout haut que « pas un centime » ne sera déboursé. Depuis 2022, une loi interdit officiellement le paiement de rançons aux auteurs de kidnappings, sous peine de quinze ans d’emprisonnement. « Il s’agit de décourager les potentiels ravisseurs d’agir pour de l’argent. Mais des rançons continuent d’être versées et cette mesure n’a en rien permis d’endiguer le phénomène », tempère toutefois Malik Samuel, chercheur nigérian affilié à l’Institute for Security Studies (ISS).

De fait, le pays le plus peuplé d’Afrique est déstabilisé depuis plusieurs semaines par une recrudescence des enlèvements de masse. Début mars, des centaines de personnes – entre 200 et 400 selon les sources –, en majorité des femmes et des enfants, ont été kidnappées dans l’Etat du Borno, dans le nord-est du pays. Les victimes, des déplacées résidant dans des camps protégés par l’armée, à proximité de la frontière camerounaise, avaient pris le risque de s’aventurer dans la forêt pour collecter du bois de chauffe. Elles auraient alors été capturées par des djihadistes, probablement des militants de Boko Haram, actifs dans cette région.

C’est précisément dans le Borno qu’il y a dix ans, en avril 2014, le groupe djihadiste avait revendiqué le rapt de plus de 270 lycéennes scolarisées à Chibok, provoquant une indignation internationale. Parmi ces jeunes filles, près de 100 sont toujours portées disparues une décennie plus tard, selon Amnesty International.

Des gangs criminels

Mais entre-temps, l’épicentre des enlèvements s’est déplacé vers le nord-ouest et le centre-nord du pays, des régions placées sous la coupe de « bandits », comme l’on nomme au Nigeria ces hordes de pillards qui soumettent les habitants à un régime de terreur continu. Ces groupes, qui peuvent compter des milliers de membres, se déplacent à moto, lourdement armés, multipliant les vols de bétail, les attaques et les embuscades, et imposant de multiples taxes aux villageois.

Le kidnapping des écoliers de Kuriga le 7 mars est attribué à ces gangs criminels, tout comme les autres enlèvements qui se sont succédé depuis : quinze élèves d’une école coranique de l’Etat de Sokoto le 9 mars ; une soixantaine d’adultes du district de Kajuru dans l’Etat de Kaduna le 12 mars ; puis entre le 16 et le 18 mars une centaine de personnes kidnappées lors de deux attaques distinctes, dans le même district de Kajuru.

Dans un pays miné par une crise économique profonde et dont les régions septentrionales, négligées par le pouvoir fédéral, sont frappées par le sous-emploi, les kidnappings se sont transformés en une véritable industrie. « Les enlèvements contre rançon ont éclipsé les autres motifs d’enlèvement, en particulier les motifs politiques », indiquait le cabinet de conseil nigérian SBM Intelligence dans un rapport paru en août 2023.


Selon les données de SBM, à manier avec précaution car de nombreux incidents ne sont jamais signalés, plus de 3 600 personnes ont été enlevées entre juillet 2022 et juin 2023 à travers le Nigeria, et les demandes de rançons se sont élevées à « au moins 5 milliards » de nairas. Malgré les interdits de la loi, les familles font leur possible pour réunir l’argent nécessaire à la libération de leurs proches et négocier directement avec les preneurs d’otages, ne comptant guère sur l’assistance des forces de sécurité.

Le président Bola Tinubu mis à l’épreuve

Les femmes et les enfants se révèlent une monnaie d’échange particulièrement prisée. « Ils sont plus faciles à capturer que les hommes et leur enlèvement choque davantage l’opinion publique et met donc plus de pression sur les autorités en cas de revendication, résume Malik Samuel. Enfin, les femmes peuvent aussi être employées pour des travaux domestiques ou comme esclaves sexuelles. »

Selon le chercheur, les djihadistes ayant kidnappé des centaines de personnes dans l’Etat du Borno étaient vraisemblablement en quête de cuisinières pour la période du ramadan. D’autres facteurs pourraient avoir joué dans certaines prises d’otage des dernières semaines, dont les circonstances demeurent troubles : démonstration de force face à l’armée, représailles contre les villageois sur fond de tensions intercommunautaires…


« La série d’enlèvements n’a pas forcément de cohérence générale, mais elle rappelle que depuis Chibok le kidnapping de masse s’est banalisé au Nigeria, constate le chercheur au CNRS Vincent Foucher. Tout cela démontre aussi l’incapacité de l’Etat à contrôler les zones rurales. » Malgré les opérations lancées par le gouvernement contre ces « bandits » qualifiés de « terroristes » en 2022, notamment des frappes aériennes visant leurs campements, l’activité criminelle n’a cessé de prospérer. « L’armée n’arrive pas à aller les chercher sur le terrain, dans leurs enclaves, dont ils ont miné les accès », poursuit Vincent Foucher.

Cette vague de rapts de masse met à l’épreuve le président nigérian Bola Tinubu, qui avait érigé la sécurité intérieure en « priorité absolue » lors de son entrée en fonction, en mai 2023. S’il a ordonné aux forces de sécurité de tout faire pour ramener les élèves de l’école de Kuriga et les déplacés des camps du Borno, son gouvernement a jusqu’ici échoué à élaborer une stratégie efficace face aux multiples foyers d’insécurité qui minent le pays. Tout comme il n’a pas encore trouvé la recette pour stabiliser l’économie et juguler une inflation galopante.

Dans ce contexte, la séquence des prises d’otages ne semble pas près de se refermer. « Le nombre d’enlèvements de masse et de personnes kidnappées est déjà plus élevé au premier trimestre 2024 que pour toute l’année 2019, fait remarquer Ifeyinwa Antoinette Onyekwelu, analyste au cabinet SBM. On doit s’attendre à ce que les chiffres continuent à augmenter si le gouvernement ne fait pas le nécessaire. »

Marie de Vergès

Source : Le Monde
Mardi 19 Mars 2024 - 20:40
Mardi 19 Mars 2024 - 20:48
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