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Le bureau exécutif de l'AVOMM

"L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous." Jean-Paul Sartre

"L'Association d'aides aux veuves et aux orphelins de mauritanie (AVOMM) qui nous rassemble, a été créée le 25/12/95 à PARIS par d'ex-militaires mauritaniens ayant fui la terreur, l'oppression, la barbarie du colonel Mawiya o/ sid'ahmed Taya ......
Ces rescapés des geôles de ould Taya, et de l'arbitraire, décidèrent, pour ne jamais oublier ce qui leur est arrivé, pour garder aussi la mémoire des centaines de martyrs, de venir en aide aux veuves, aux orphelins mais aussi d'engager le combat contre l'impunité décrétée par le pouvoir de Mauritanie."
E-mail : avommavomm@yahoo.fr

Bureau exécutif

*Ousmane SARR, président
*Demba Niang, secrétaire général
*Secrétaire général Adjt; Demba Fall
*Alousseyni SY, Chargé des relations extérieures
*Mme Rougui Dia, trésorière
*Chargé de l’organisation Mariame Diop
*adjoint Ngolo Diarra
*Mme Mireille Hamelin, chargée de la communication
*Chargé de mission Bathily Amadou Birama
Conseillers:
*Kane Harouna
*Hamdou Rabby SY










AVOMM

La transition s’achève, vive la transition


La transition s’achève, vive la transition
« Ballottage, entre-deux tours, recomptage… » le vocabulaire des commentateurs mauritaniens, ces derniers jours, se fournit dans un lexique bien particulier et peu usité sous nos latitudes. Mais cela ne semble troubler personne. Comme si, pendant toutes ces années de sevrage, chaque Mauritanien s’y entraînait, secrètement, pour que, le jour venu, il puisse faire bonne figure. On manie le langage des élections libres comme le scrutateur moyen de n’importe quelle commune des plus vieilles démocraties du monde.

C’est bien la preuve que la démocratie n’est pas plus une question « d’éducation des masses » que de volonté politique de faire confiance à ces dernières. La démocratie (et la politique en général) n’est pas un métier ni une spécialité. Tout être doué de raison est capable de « faire de la politique » indépendamment de son degré d’instruction. Evidemment il y a les modalités, les procédures techniques qu’il faudra comprendre et utiliser. Cet apprentissage du mode opératoire de la démocratie ne doit en aucun cas, n’en déplaise aux apprentis dictateurs, être un prétexte pour en différer l’exercice parce que c’est en gouvernant que les peuples apprennent à gouverner c'est-à-dire à pratiquer la démocratie.

Il y’a bien eu ces 10% de bulletins nuls. Des gens qui n’y avaient, probablement, rien compris. Des cafouillages par-ci, des confusions par-là. C’est, peut être, la faute à l’analphabétisme, l’intimidation, le manque de pratique. Il faut, cependant, signaler qu’on retrouve ces 10% aussi à Tavragh Zeïna, quartier aisé, peuplé par la noblesse d’Etat et dont le niveau d’instruction devrait être au dessus de la moyenne…

Nous y voilà donc. La transition, décidée par le CMJD, franchit sa première haie, la plus haute mais aussi la plus technique et semble l’avoir fait avec succès. Elle prendra fin au mois de mars prochain quand le futur président sera élu, les deux chambres constituées et le réseau des conseils municipaux installé.

Commencera alors la véritable transition. Celle qui devra roder les institutions, les consacrer. Celle qui devra aussi amener notre société de l’état de blocage, minée qu’elle est par de profondes blessures non traitées et imprudemment différées par le CMJD, vers une normalisation basée sur la justice et le pardon. Celle qui devra nous sortir de la fatalité de la misère en libérant les énergies enfouies sous nos pieds, dans nos plaines, au large de nos côtes et dans nos têtes.

Cette deuxième transition ne pourra être que l’œuvre d’un gouvernement de large coalition. Elle devra s’asseoir sur un socle stable pour ne pas donner l’occasion aux militaires, criant à l’incurie et à l’incapacité des civils, de revenir par la fenêtre après avoir accepté de sortir par la porte. Elle se doit aussi de gagner l’adhésion des populations dès le départ par des réformes audacieuses dont les Mauritaniens pourront rapidement toucher les dividendes. On peut penser, par exemple, à la mise sur pied rapide d’un système de santé et d’assurance maladie (un vrai et pas celui confié à Boidjel), d’une réforme de l’accès à l’éducation mais aussi d’une refonte de l’administration visant à restaurer le prestige de la fonction de gérant de la chose publique.

Espérons seulement que les faiseurs d’opinions ainsi que ceux auxquels les Mauritaniens auront confié leur destin, dimanche prochain et pour les cinq années à venir, en seront conscients.

En attendant, en observateur extérieur, maintenu à l’extérieur du processus comme nombre de Mauritaniens à l’étranger par une absurde et anachronique volonté de l’administration de transition, je ne résiste pas à l’exercice, certes peu cher, du commentaire :

1- les partis politiques et la société civile en général ont eu raison de ne pas faire la fine bouche sur l’occasion que leur offre le CMJD. Il y’a moins de deux ans on hésitait entre résignation prudente et tentation d’aventure lourde de menaces sur l’existence même de la Mauritanie.

2- ces élections municipales et ce premier tour des législatives constituent une occasion unique, offerte aux Mauritaniens pour exprimer leurs véritables préférences politiques du moment. Peu d’interférences administratives mais surtout pas d’effet « parti du pouvoir » qui pourrait conditionner leur choix.

3- cet instantané de l’opinion a montré l’étendu de l’emprise du sentiment identitaire sur le corps électoral. Le vote dans ces consultations était essentiellement un vote identitaire, aussi bien celui en faveur de la plupart des candidats de la CFCD que celui exprimé en faveur du PRDR et de la plupart des « indépendants ». La région, la tribu, le groupe social, l’ethnie et parfois la confrérie religieuse se sont révélés être les référents principaux pour nombre de nos concitoyens.

4- ce vote identitaire est le lègue de notre histoire encore fumante. Ce ne doit pas être une fatalité. Les institutions démocratiques qui l’ont révélé peuvent servir pour le combattre et le transformer, par le travail pédagogique qui revient aux partis politiques et associations de la société civile, en choix de citoyen conscient de son intérêt propre en tant qu’individu acteur de la société et loin de tout déterminisme de naissance, de région ou d’ethnie. Encore faudra-t-il que la solidarité nationale, par les différents canaux de redistribution, puisse prendre le relais de la Assabya, cette assurance-vie tribale qui continue à faire du clan le seul recours de l’individu mauritanien mais aussi sa négation absolue.

5- La CFCD a remporté la majorité des sièges de députés déjà pourvus et les municipalités des grands centres urbains (Nouakchott et Nouadhibou notamment) qui constituent de véritables laboratoires de mutation social et de nouvelle socialisation. L’entre-deux tours doit voir monter en puissance les accords électoraux au sein de la CFCD à fin de transformer, au sens rugbystique, l’essai du premier tour.

Le 3 décembre prochain les forces politiques se seront comptées. Une nouvelle carte et les vrais rapports de forces du moment vont se révéler. Le véritable coup d’envoi des présidentielles sera donné. On sera, probablement, en présence de trois groupes à l’Assemblée : la CFCD, le PRDR et les « Indépendants ». Ces « Indépendants », groupe suscité in extremis par le CMJD, seront tentés de jouer les arbitres entre le PRDR dont ils ont été priés de sortir et les partis de la CFCD qu’on avait défendu d’intégrer. A moins que les Mauritaniens choisissent de se doter d’une majorité claire en faveur du changement. C’est tout le mal que je leur souhaite.


Mohamed Babab
Lundi 27 Novembre 2006 - 12:39
Lundi 27 Novembre 2006 - 12:43
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