La manière dont on a réglé ou dont on a voulu régler le « passif humanitaire » n’est certainement pas, à mon humble avis la solution la plus adéquate. Les actes commis sont du domaine de crimes contre l’humanité. Ces actes constituent UN DRAME NATIONAL.
Ils ont atteint le comble de l’horreur lorsqu’un jour, qui n'est pas comme les autres, à la veille du 28 novembre 1990, on a pendu 28 fils du pays dans une garnison militaire. On voulait ainsi s'adresser à la nation toute entière, en ciblant une communauté entière. C'est une offense à l'ensemble du peuple mauritanien dont on a choisi ce jour hautement symbolique, un jour d’amnistie, de grâce, un jour de décoration et de récompense, un jour de consolidation de l’unité nationale pour humilier des enfants du pays, humilier toute une communauté et faire porter sciemment et indirectement le chapeau à une autre communauté, en un mot léguer à l'ensemble du peuple de Mauritanie cet héritage.
Comment a-t-on pu en arriver là, avec un acte aussi horrible que celui-là : Ternir un jour aussi important sans pour autant que, ni nos responsables politiques, ni nos responsables militaires, ni nos responsables religieux de l’époque, n'aient réagi en conséquence ? Où étaient donc nos oulémas ? Où étaient donc nos hommes politiques de l'époque ? Où étaient donc nos responsables militaires assermentés de l'époque ?
Lâcheté ou immobilisme de par l'effet de la stupeur, de la peur ? Étions-nous sous l'emprise de la stratégie du choc que nous a infligé le système ? Nous venions tout juste de sortir des douloureux événements de 1989. Des sans voix ont crié mais leurs voix sont restés inaudibles, ceux qui eux en avaient, sont restés terrés dans le silence.
Cette affaire n'est pas qu'une affaire d'indemnisation ou de réparations pour les victimes directes de ces barbaries savamment orchestrées par un système. Les conséquences qu'elles ont engendrées dans le pays concernent toute la famille de Mauritanie.
Chaque 28 novembre nous le rappelle et par conséquent au lieu d’être en fête, nous nous retrouvons en DEUIL, car la mémoire, elle, rafraîchit, ne trahit pas, n'occulte pas.
Oui il pourrait y avoir de la compassion, indignation, volonté de réparer, repentance, pardon, mais jamais OUBLI. Les actes ont été commis, c'est fait. Nous l'avons comme héritage et comme héritage aussi le silence de nos responsables de l'époque même si certains d'entre eux sont en train de libérer leur conscience. Quant à nous, prenons acte, et ne nous laissons pas divertir. Continuons notre combat.
La cause est noble, nationale, non communautaire et le combat est un combat citoyen car si un terrain propice à l’exercice de la justice venait à se mettre en place, les responsables de ces crimes devront répondre un jour de ce lourd héritage qu’ils ont bâti, contribué à bâtir ou lâchement observé se laisser bâtir.
Il faut la vérité sur cette période sombre de notre histoire. Elle concerne toute la Mauritanie. Sinon, les questions fondamentales que nous laisserons en suspens, nous rattraperont tôt ou tard et nous reviendront comme un boomerang. Et comme l'injustice ne peut être réparée que par la justice, nous ne pourrons juger que si nous allons à la recherche de la vérité. Il est grand temps qu'il y ait une commission d’enquête digne de ce nom et suivi d'effet pour rétablir la vérité et établir les responsabilités. C'est un préalable pour une Mauritanie réconciliée.
L'Afrique du sud elle aussi a connu une période sombre de son histoire. Un homme avec beaucoup de courage, Nelson MANDELA, l'a sortie de l'abject. Voici un extrait de son discours, prononcé lors de son investiture le 10 mai 1994 :
«Nous devons donc agir ensemble, comme un peuple uni, vers une réconciliation nationale, vers la construction d'une nation, vers la naissance d'un nouveau monde.
Que la justice soit la même pour tous. Que la paix existe pour tous.
Qu'il y ait du travail, du pain, de l'eau et du sel pour tous.
Que chacun d'entre nous sache que son corps, son esprit et son âme ont été libérés afin qu'ils puissent s'épanouir. Que jamais, jamais plus ce pays magnifique ne revive l'expérience de l'oppression des uns par les autres, ni ne souffre à nouveau l'indignité d'être le paria du monde. Que la liberté règne. »
Ce grand homme a pu pardonner ceux qui l'avaient mis en prison 27 ans durant, car il était dans les conditions de le faire après avoir combattu le système et l'avoir terrassé Ce grand homme a eu le courage d'amnistier les tenants de l'apartheid, mais seulement après avoir recherché la vérité sur le système et avoir jugé ce système.
Il faut que nous ayons le courage, ensemble de rechercher la vérité, laisser la justice s'exprimer comme le dit JAMET dans son commentaire sur ce discours et je le cite :
" Il ne faut pas aller au plus court en recouvrant d'une chape de SILENCE et de l’Amnistie un passé plein de sang et de fureur au risque de laisser le ressentiment s'installer et revenir gangrener le corps social.
MANDELA a voulu que la réconciliation se fonda:
NON sur l’oubli mais sur le PARDON,
NON sur l’enfouissement des vérités qui fâchent mais sur la manifestation des vérités qui soulagent;
NON sur le mensonge par omission, mais sur les AVEUX et le REPENTIR;
NON sur le rabibochage de façade mais sur une prise de conscience sincère et profonde.
MANDELA a voulu et fait de sorte que son pays fut lavé de la souillure du CRIME sans être entaché de celle du CHÂTIMENT. "
MR LE PRESIDENT, PRENDRA-T-IL EXEMPLE DE CETTE EXPERIENCE ?
Pourquoi tarde t-il d'autoriser et d’accueillir une commission rogatoire sur les événements qui ont endeuillé et continue d'endeuiller une partie du pays?
Il faut des préalables pour la réconciliation nationale. Ne rusons pas avec les principes de fraternité d'égalité et de justice. Le premier devoir d’un responsable suprême est de veiller à l’exercice de la justice, à la protection, et à la sécurité des ses administrés, éléments fondamentaux pour une paix sociale pérenne.
Les commanditaires savent ce qu’ils ont fait et pourquoi ils l'ont fait. Les Mauritaniens eux par contre savent une chose : c'est qu'ils ont hérité d’une horreur qui empeste les relations intercommunautaires et par conséquent le pays tout entier.
AVOMM, votre combat est donc un combat citoyen. Soyons vigilants et attelons-nous à ce que l'objectif de ce combat soit atteint. Sensibilisons, médiatisons, associons toutes les bonnes volontés et ceci dans le sens d'un intérêt général.
Honneur à ceux qui n'ont jamais baissé les bras, honneur à ceux qui sans arme, sans argent se sont battus et se battent encore sans violence.
Djibril BA
Ils ont atteint le comble de l’horreur lorsqu’un jour, qui n'est pas comme les autres, à la veille du 28 novembre 1990, on a pendu 28 fils du pays dans une garnison militaire. On voulait ainsi s'adresser à la nation toute entière, en ciblant une communauté entière. C'est une offense à l'ensemble du peuple mauritanien dont on a choisi ce jour hautement symbolique, un jour d’amnistie, de grâce, un jour de décoration et de récompense, un jour de consolidation de l’unité nationale pour humilier des enfants du pays, humilier toute une communauté et faire porter sciemment et indirectement le chapeau à une autre communauté, en un mot léguer à l'ensemble du peuple de Mauritanie cet héritage.
Comment a-t-on pu en arriver là, avec un acte aussi horrible que celui-là : Ternir un jour aussi important sans pour autant que, ni nos responsables politiques, ni nos responsables militaires, ni nos responsables religieux de l’époque, n'aient réagi en conséquence ? Où étaient donc nos oulémas ? Où étaient donc nos hommes politiques de l'époque ? Où étaient donc nos responsables militaires assermentés de l'époque ?
Lâcheté ou immobilisme de par l'effet de la stupeur, de la peur ? Étions-nous sous l'emprise de la stratégie du choc que nous a infligé le système ? Nous venions tout juste de sortir des douloureux événements de 1989. Des sans voix ont crié mais leurs voix sont restés inaudibles, ceux qui eux en avaient, sont restés terrés dans le silence.
Cette affaire n'est pas qu'une affaire d'indemnisation ou de réparations pour les victimes directes de ces barbaries savamment orchestrées par un système. Les conséquences qu'elles ont engendrées dans le pays concernent toute la famille de Mauritanie.
Chaque 28 novembre nous le rappelle et par conséquent au lieu d’être en fête, nous nous retrouvons en DEUIL, car la mémoire, elle, rafraîchit, ne trahit pas, n'occulte pas.
Oui il pourrait y avoir de la compassion, indignation, volonté de réparer, repentance, pardon, mais jamais OUBLI. Les actes ont été commis, c'est fait. Nous l'avons comme héritage et comme héritage aussi le silence de nos responsables de l'époque même si certains d'entre eux sont en train de libérer leur conscience. Quant à nous, prenons acte, et ne nous laissons pas divertir. Continuons notre combat.
La cause est noble, nationale, non communautaire et le combat est un combat citoyen car si un terrain propice à l’exercice de la justice venait à se mettre en place, les responsables de ces crimes devront répondre un jour de ce lourd héritage qu’ils ont bâti, contribué à bâtir ou lâchement observé se laisser bâtir.
Il faut la vérité sur cette période sombre de notre histoire. Elle concerne toute la Mauritanie. Sinon, les questions fondamentales que nous laisserons en suspens, nous rattraperont tôt ou tard et nous reviendront comme un boomerang. Et comme l'injustice ne peut être réparée que par la justice, nous ne pourrons juger que si nous allons à la recherche de la vérité. Il est grand temps qu'il y ait une commission d’enquête digne de ce nom et suivi d'effet pour rétablir la vérité et établir les responsabilités. C'est un préalable pour une Mauritanie réconciliée.
L'Afrique du sud elle aussi a connu une période sombre de son histoire. Un homme avec beaucoup de courage, Nelson MANDELA, l'a sortie de l'abject. Voici un extrait de son discours, prononcé lors de son investiture le 10 mai 1994 :
«Nous devons donc agir ensemble, comme un peuple uni, vers une réconciliation nationale, vers la construction d'une nation, vers la naissance d'un nouveau monde.
Que la justice soit la même pour tous. Que la paix existe pour tous.
Qu'il y ait du travail, du pain, de l'eau et du sel pour tous.
Que chacun d'entre nous sache que son corps, son esprit et son âme ont été libérés afin qu'ils puissent s'épanouir. Que jamais, jamais plus ce pays magnifique ne revive l'expérience de l'oppression des uns par les autres, ni ne souffre à nouveau l'indignité d'être le paria du monde. Que la liberté règne. »
Ce grand homme a pu pardonner ceux qui l'avaient mis en prison 27 ans durant, car il était dans les conditions de le faire après avoir combattu le système et l'avoir terrassé Ce grand homme a eu le courage d'amnistier les tenants de l'apartheid, mais seulement après avoir recherché la vérité sur le système et avoir jugé ce système.
Il faut que nous ayons le courage, ensemble de rechercher la vérité, laisser la justice s'exprimer comme le dit JAMET dans son commentaire sur ce discours et je le cite :
" Il ne faut pas aller au plus court en recouvrant d'une chape de SILENCE et de l’Amnistie un passé plein de sang et de fureur au risque de laisser le ressentiment s'installer et revenir gangrener le corps social.
MANDELA a voulu que la réconciliation se fonda:
NON sur l’oubli mais sur le PARDON,
NON sur l’enfouissement des vérités qui fâchent mais sur la manifestation des vérités qui soulagent;
NON sur le mensonge par omission, mais sur les AVEUX et le REPENTIR;
NON sur le rabibochage de façade mais sur une prise de conscience sincère et profonde.
MANDELA a voulu et fait de sorte que son pays fut lavé de la souillure du CRIME sans être entaché de celle du CHÂTIMENT. "
MR LE PRESIDENT, PRENDRA-T-IL EXEMPLE DE CETTE EXPERIENCE ?
Pourquoi tarde t-il d'autoriser et d’accueillir une commission rogatoire sur les événements qui ont endeuillé et continue d'endeuiller une partie du pays?
Il faut des préalables pour la réconciliation nationale. Ne rusons pas avec les principes de fraternité d'égalité et de justice. Le premier devoir d’un responsable suprême est de veiller à l’exercice de la justice, à la protection, et à la sécurité des ses administrés, éléments fondamentaux pour une paix sociale pérenne.
Les commanditaires savent ce qu’ils ont fait et pourquoi ils l'ont fait. Les Mauritaniens eux par contre savent une chose : c'est qu'ils ont hérité d’une horreur qui empeste les relations intercommunautaires et par conséquent le pays tout entier.
AVOMM, votre combat est donc un combat citoyen. Soyons vigilants et attelons-nous à ce que l'objectif de ce combat soit atteint. Sensibilisons, médiatisons, associons toutes les bonnes volontés et ceci dans le sens d'un intérêt général.
Honneur à ceux qui n'ont jamais baissé les bras, honneur à ceux qui sans arme, sans argent se sont battus et se battent encore sans violence.
Djibril BA