La classe politique mauritanienne se livre depuis quelques jours à une bataille électorale de grande envergure. Pourtant les questions essentielles attendent et attendront encore des réponses et des actions urgentes pour sortir le peuple de plus d'un demi siècle de domination politico-féodale.
De l'archaïsme " primaire " à la domination militaire le mauritanien n'a connu que les injustices politiques et sociales. La crise de confiance qui s'est instaurée entre lui et ses dirigeants est le résultat d'une mauvaise gestion qui date depuis l'indépendance du pays. L'insécurité, la crise énergétique, la santé, l'enseignement, entre autres jusqu'à l'intégrité humaine sont des points sur lesquels tous les projets de société doivent mettre l'accent.
La classe politique mauritanienne nous a de tout temps habitué à une constante : biaiser le débat, l'orienter vers le dérisoire, le quelconque, or le peuple, attend des réponses à l'essentiel. Ce comportement repose la question de la relation de la classe politique aux populations et de celle qui existe entre les différentes institutions politiques de notre pays. Il est de tradition que seuls les intellectuels participent à ce genre de débats. Il n'est pas dans les coutumes de la maison de faire dans les sous entendus mais cette fois on va dire que c'était la vision d'une tendance politique qui appartenait au mouvement communément connu sous le nom Kadihine.
Des rencontres entre intellectuels de grands talents mais je vais me permettre c'est un discours vieillot qui ne touche pas la masse. A-t-on changé méthode ? Possible. D'habitude, ces débats touchent le peuple lorsque survient un événement politique d'une grande importance comme c'est le cas aujourd'hui. Vaut mieux tard que jamais, mais tout peut venir à point sans se faire attendre. Un déficit de débat politique.
L'engagement en politique est le signe que l'on a des idées à défendre. Et l'adversaire politique n'est pas un ennemi. Faire de la politique, c'est pour moi entrer et accepter les débats d'idées, contradictoires, c'est savoir défendre les siennes sans porter atteinte à l'intégrité de l'adversaire. Car, l'homme politique, c'est celui qui a du respect pour ses adversaires. Le respect.
Le peuple attend de la classe politique des débats sereins et de fond, qui apportent un éclairage sérieux aux questions essentielles et qui répondent à ses préoccupations de l'heure et non qu'elle l'entraîne comme c'est le cas chaque fois dans des tournures stériles qui n'honorent d'ailleurs personne. Entre autres préoccupations, un projet de société unissant toutes les couches sociales de la Mauritanie. Nous ne le disons pas assez notre pays a marché longtemps sur des oeufs. Quelles solutions aux problèmes récurrents d'ordre sociaux, quelles stratégies pour lutter efficacement contre les maladies dont la plus terrible est l'ignorance de notre peuple, quelles solutions au problème énergétique, la religion, l'expatriation pour ne pas s'oublier ?
Le peuple a besoin d'un éclairage : qu'on lui rappelle ce que prévoit la Constitution, quels cas semblables connus dans le monde et quelles solutions pour sortir la tête de l'eau. C'est quoi la démocratie, c'est une constitution ? Ceci peut être banal mais je peux parier que les 7/10 voire plus des électeurs ne savent rien de tout cela. A-t-on sauté une étape ? Comment éviter le recul du processus démocratique en cours ?
L'importance du questionnement laisse la porte ouverte à des propositions venant aussi bien de la classe politique que de la société civile. Il est bien entendu que dans un tel débat, les propositions de l'un des camps peuvent être rejetées par l'autre. C'est le droit de tout parti. Et ce camp peut réagir par des contre-propositions , brandir la Constitution par exemple qui doit s'appliquer à ceux qui ont voté pour ou contre ce projet de loi fondamentale. C'est une des premières lois de toute démocratie. Que ce soit dans le milieu politique ou associatif, toute critique passe ici pour une tentative de déstabilisation, une convoitise de poste. Or, une démocratie sans débat d'idées n'est pas une démocratie. Ce n'est qu'un simulacre de démocratie qui ne sert personne.
Aujourd'hui, le pouvoir présidentiel demeure la préoccupation principale des chefs des partis politiques dans notre pays. Cela est légitime… Car c'est le fondement majeur de l'existence ou de la création des partis politiques en Mauritanie. Mais, le processus électoral ne doit pas seulement se résumer à la présidence de la République. Les élections communales et législatives sont aussi importantes que les présidentielles. Tout est lié pour un parti qui veut diriger de manière démocratique. L'on peut se poser effectivement cette question de savoir si le droit aux élections libres transparentes et démocratiques a acquis ou est en train d'acquérir dans notre pays la place qu'il doit occuper c'est-à-dire comme dans toutes les démocraties ? Le peuple mauritanien est-il préparé et prêt à entrer dans une communauté de pratiques politiques qu'on appelle "le patrimoine constitutionnel commun des sociétés politiques" ?
En Mauritanie la notion de coup d'Etat n'a pas encore évolué, parce qu'elle est toujours militaire, mais il ne faut pas manquer l'occasion d'expliquer au peuple que le coup d'état électoral est le plus efficace au monde. Les armes du peuple ont plus d'importance que celles du militaire. Dans ce pays fragilisé par des inégalités sociales énormes et diverses, qu'exploite l'opposition étrangère, il faut faire renaître la confiance tant au niveau national qu'international. A ce propos je vais me permettre d'inclure dans le champs d'analyse des faits locaux un acteur dont l'influence est non moins importante dans les pays en voie de développement : les multinationales. La présence de ces sociétés aura sûrement son impact dans cette aventure électorale. Il est bien prudent pour les candidats de ne pas parler de ce sujet puisqu'il peut être trop sensible. Que pensez-vous de leur présence sur le sol mauritanien ?
Je vous serais reconnaissant Messieurs les politiques de bien vouloir répondre à mes interrogations.
Permettez-moi de m´adresser à vous de la sorte. Ce procédé n´est pas courtois j´en conviens, mais personne n´a pu me communiquer vos adresses électroniques.
SLEIMANE OULD M'BARECK
SLEIMANE.MBARECK@ YAHOO.FR
Source: NOUAKCHOTT-INFO