Après 12 ans sous la férule de l'ancien président sénégalais Abdou Diouf, l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) se trouve face au casse-tête de sa succession fin novembre à Dakar, pour laquelle les candidats se comptent sur les doigts d'une main.
"Il faut quelqu'un qui soit à la fois secrétaire et général", résume une source proche de l'organisation, qui compte une soixantaine de membres et 20 observateurs pour 220 millions de locuteurs à travers le monde.
Parfois décriée pour son manque de poids, l'OIF est à une période charnière. "L'après-Diouf est crucial pour voir où va aller l'OIF, voir ce qu'elle va devenir", estime un diplomate, soulignant le charisme de M. Diouf qu'on avait fini par confondre avec la fonction. Le profil désiré était celui d'un ancien chef d'Etat ayant "l'oreille" de ses anciens collègues, mais diplomates et hommes politiques ont revu l'objectif à la baisse : aucun candidat ne correspond !
La France, qui n'a pas encore pris position, espérait même l'émergence d'un candidat de la société civile. "Chanteur, écrivain, artiste... Pourquoi pas ? Cette règle d'un ancien chef d'Etat n'est pas inscrite dans le marbre", selon une source au Quai d'Orsay.
Michaelle Jean, une longueur d'avance
La Canadienne Michaelle Jean semble avoir une longueur d'avance sur ses quatre concurrents. Gouverneure générale de son pays de 2005 à 2010, et envoyée spéciale de l'Unesco pour Haïti, cette ancienne journaliste de 57 ans connaît à la fois la maison, puisqu'elle a été grand témoin de la Francophonie aux jeux Olympiques de Londres 2012, et les rouages des grandes organisations mondiales.
Elle a aussi l'avantage d'être du Sud avec ses origines haïtiennes, tout en étant soutenue par un des plus grands bailleurs de l'OIF, le Canada (mais aussi ses provinces de Québec et du Nouveau-Brunswick, membres à part entière).
Mme Jean veut mettre en place "une stratégie économique pour la francophonie". "On ne peut pas penser désamorcer des crises (...) si on ne pense pas aussi au développement", assure-t-elle, soulignant l'importance de l'éducation, "arme de construction massive".
Autre atout, une femme pourrait donner à l'OIF une image plus dynamique. Toutefois, sa candidature de se heurte à un obstacle de taille : elle n'est pas Africaine.
"Défaite diplomatique africaine" ?
Une règle non écrite veut en effet que le secrétaire général soit une personne du Sud --certains estiment même qu'il doit rester une chasse gardée africaine --, alors que de nombreux postes de haut niveau sont occupés par des gens du Nord.
Mme Jean en est consciente et n'hésite pas à évoquer ses origines haïtiennes et l’esclavage : "Je suis reçue comme une soeur, comme une fille de l'Afrique". Une source diplomatique du continent noir souligne: "Un secrétaire général non africain pourrait être perçu comme une défaite diplomatique africaine. En plus cela bouleverserait la géopolitique de l’institution..."
Le Gabonais Jean Ping, ancien président de la commission de l'Union africaine et diplomate reconnu, présentait un profil idéal mais on lui prête des ambitions présidentielles dans son pays et il a décliné les approches.
Médiateur estimé en Afrique, l'ancien président burundais Pierre Buyoya (1987-1993, 1996-2003) devrait être barré, sauf surprise, par son passé d'ancien putschiste dans son pays semble vouer sa candidature à l'échec.
Du coup, l'ex-Premier ministre mauricien, Jean-Claude De Lestrac, secrétaire général de la Commission de l'Océan indien, pourrait tirer son épingle du jeu. Des pays africains ont accepté de tirer un trait sur Buyoya mais pas sur une candidature africaine. "De Lestrac s'est retrouvé en tête de liste", confie-t-on de source africaine.
L'écrivain congolais Henri Lopes, déjà candidat au poste par le passé, joue sur le même registre mais son âge, 77 ans, et ses postes de ministres sous Denis Sassou Nguesso sont un handicap. Il est actuellement ambassadeur du Congo à Paris.
Le cinquième et dernier candidat, l'Equato-Guinéen Agustin Nze Nfumu ne semble avoir aucune chance. Mais, La Guinée largement hispanophone a peut être les moyens de peser avec ses pétrodollars alors que l'OIF a du mal à se financer.
Lors du sommet de Dakar fin novembre, les chefs d'Etat décideront à huis clos. Derrière les portes closes, les règles non écrites pourront alors être adaptées. Ou pas.
(AFP) via Jeune Afrique
"Il faut quelqu'un qui soit à la fois secrétaire et général", résume une source proche de l'organisation, qui compte une soixantaine de membres et 20 observateurs pour 220 millions de locuteurs à travers le monde.
Parfois décriée pour son manque de poids, l'OIF est à une période charnière. "L'après-Diouf est crucial pour voir où va aller l'OIF, voir ce qu'elle va devenir", estime un diplomate, soulignant le charisme de M. Diouf qu'on avait fini par confondre avec la fonction. Le profil désiré était celui d'un ancien chef d'Etat ayant "l'oreille" de ses anciens collègues, mais diplomates et hommes politiques ont revu l'objectif à la baisse : aucun candidat ne correspond !
La France, qui n'a pas encore pris position, espérait même l'émergence d'un candidat de la société civile. "Chanteur, écrivain, artiste... Pourquoi pas ? Cette règle d'un ancien chef d'Etat n'est pas inscrite dans le marbre", selon une source au Quai d'Orsay.
Michaelle Jean, une longueur d'avance
La Canadienne Michaelle Jean semble avoir une longueur d'avance sur ses quatre concurrents. Gouverneure générale de son pays de 2005 à 2010, et envoyée spéciale de l'Unesco pour Haïti, cette ancienne journaliste de 57 ans connaît à la fois la maison, puisqu'elle a été grand témoin de la Francophonie aux jeux Olympiques de Londres 2012, et les rouages des grandes organisations mondiales.
Elle a aussi l'avantage d'être du Sud avec ses origines haïtiennes, tout en étant soutenue par un des plus grands bailleurs de l'OIF, le Canada (mais aussi ses provinces de Québec et du Nouveau-Brunswick, membres à part entière).
Mme Jean veut mettre en place "une stratégie économique pour la francophonie". "On ne peut pas penser désamorcer des crises (...) si on ne pense pas aussi au développement", assure-t-elle, soulignant l'importance de l'éducation, "arme de construction massive".
Autre atout, une femme pourrait donner à l'OIF une image plus dynamique. Toutefois, sa candidature de se heurte à un obstacle de taille : elle n'est pas Africaine.
"Défaite diplomatique africaine" ?
Une règle non écrite veut en effet que le secrétaire général soit une personne du Sud --certains estiment même qu'il doit rester une chasse gardée africaine --, alors que de nombreux postes de haut niveau sont occupés par des gens du Nord.
Mme Jean en est consciente et n'hésite pas à évoquer ses origines haïtiennes et l’esclavage : "Je suis reçue comme une soeur, comme une fille de l'Afrique". Une source diplomatique du continent noir souligne: "Un secrétaire général non africain pourrait être perçu comme une défaite diplomatique africaine. En plus cela bouleverserait la géopolitique de l’institution..."
Le Gabonais Jean Ping, ancien président de la commission de l'Union africaine et diplomate reconnu, présentait un profil idéal mais on lui prête des ambitions présidentielles dans son pays et il a décliné les approches.
Médiateur estimé en Afrique, l'ancien président burundais Pierre Buyoya (1987-1993, 1996-2003) devrait être barré, sauf surprise, par son passé d'ancien putschiste dans son pays semble vouer sa candidature à l'échec.
Du coup, l'ex-Premier ministre mauricien, Jean-Claude De Lestrac, secrétaire général de la Commission de l'Océan indien, pourrait tirer son épingle du jeu. Des pays africains ont accepté de tirer un trait sur Buyoya mais pas sur une candidature africaine. "De Lestrac s'est retrouvé en tête de liste", confie-t-on de source africaine.
L'écrivain congolais Henri Lopes, déjà candidat au poste par le passé, joue sur le même registre mais son âge, 77 ans, et ses postes de ministres sous Denis Sassou Nguesso sont un handicap. Il est actuellement ambassadeur du Congo à Paris.
Le cinquième et dernier candidat, l'Equato-Guinéen Agustin Nze Nfumu ne semble avoir aucune chance. Mais, La Guinée largement hispanophone a peut être les moyens de peser avec ses pétrodollars alors que l'OIF a du mal à se financer.
Lors du sommet de Dakar fin novembre, les chefs d'Etat décideront à huis clos. Derrière les portes closes, les règles non écrites pourront alors être adaptées. Ou pas.
(AFP) via Jeune Afrique