Le Ministre de la Justice, Maitre Mahfoudh Ould Bettah vient de faire adopter, par le Gouvernement provisoire, une loi portant révision du statut des magistrats. Les nouvelles dispositions contribuer à moraliser le métier le plus discrédité en Mauritanie.
Le texte stipule que les juges n'exerceront pas d'activité partisane et se garderont de négoces privés, deux cumuls incompatibles avec l'impartialité des arbitres du litige dans la cité.
Par la même occasion mais avec parcimonie, le Ministre lève la règle - implicite mais de poids - des recrutements fondés sur la primat de l'Arabe. Désormais, il ne sera plus obligatoire de connaître la Charia ni de pratiquer la langue officielle pour trancher des contentieux, lesquels, d'ailleurs, débordent, de plus en plus, la sphère des Houdoud ; des juges diront aussi le droit, en fonction de critères de spécialité, de conformité aux besoins de la vie moderne et, surtout, de probité empirique. Enfin, les praticiens arbitres de nos conflits devront, préalablement, déclarer leur patrimoine. Aïe, la lumière brûle les mains lestes du voleur !
Face à la volonté de réforme dont nul ne contesterait la pertinence, quelques uns, parmi les plus compromis dans la corruption et la docilité au pouvoir déchu du Colonel Ould Taya, ont cru bon de se démettre, à titre de protestation, contre "l'atteinte à l'indépendance de la justice". Evidemment, il s'agit d'un prétexte; l'enjeu est à la fois matériel et idéologique.
Depuis la tentative d'épuration raciale de 1989 et le repli ethnocentrique qui la prolongeait, l'administration mauritanienne a été livrée au vandalisme de centaines de cadres, mal formés, revanchards et, mentalité bédouine oblige, profondément imbus de tribalisme et de trafic d'influence. Cet fait accompli, commandé par un contexte dexception, a fini par durer, pour devenir l'assise même du système de domination ethnique. Ainsi, des milliers de fonctionnaires négro-africains furent licenciés sans droit ou ont dû se marginaliser dun univers dont ils ne comprenaient plus les signes. Les épreuves des concours dentrée à la plupart des fonctions de lEtat ne se dérouleront plus quen Arabe, doù la mise à lécart indolore dune catégorie de mauritaniens. Du jour au suivant, des avocats francophones cessèrent de plaider ; ils fermèrent cabinet et renduirent les clefs au diable, dorénavant seul maître à bord du navire en dérive; en quelques brèves années, sans la pédagogie ni la douceur que requièrent de telles évolutions, le pays a changé de gouvernants, sur la base de la préférence identitaire dans la cooptation. Personne ne s'est ému, depuis, de cette transformation autoritaire du mode de renouvellement des élites ; la normalité de la barbarie crée lindifférence qui entretient limpunité qui produit la banalité qui émousse le sens critique ; la faculté du vouloir mieux séteint et la communauté, sans alarme, dérive à sa perdition.
Mais laspect le plus vicieux de la discrimination vient de son arrimage à la religion, sollicitée, ici, pour servir de couverture au nationalisme assabiyen, dont les cercles polycentriques font reculer, de plus en plus loin vers linfini, le projet centripète de lempathie au-delà de la parenté. En 1992, avec des amis du Mouvement des Démocrates Indépendants (MDI), nous développions, devant un auditoire de lUFD/EN passablement ébaubis par tant de hardiesse, la thèse que la « vocation arabo-islamique de la Mauritanie » serait lautre orthographe du racisme. Nos interlocuteurs nous dévisageaient avec leffroi des yeux de la Prêtrise dEgypte, face aux prédictions comminatoires, de Moïse à Pharaon. Il nous manquait le bâton magique mais nos arguments produisaient, sur lassistance, leffet de serpents enchanteurs. Parfois, des vérités semblent si scandaleuses à entendre que lauditeur ny objecte, demblée. Encore, aujourdhui, nul na pu nous opposer une réfutation qui persuade. Quant lon sadosse à la réalité, le contradicteur na plus quune alternative : se taire ou vous loger une balle dans le crâne.
Avant de subir cette extrémité, jaffirme que lostracisme mauritanien féconde lEtat depuis quelques décennies ; il sut y parvenir sous le bouclier dune instrumentalisation de lIslam, aux fins dinstaurer lhomonymie entre Hassanité et préférence de Dieu. Il fallait un personnel dirigeant qui fût homogène par la naissance et la langue. Si les négro-africains souhaitaient rester juges ou avocats, dans la République éponyme, quils apprissent le droit musulman, donc lArabe ! LInstitut Supérieur dEtudes et de Recherches Islamiques (ISERI) leur ouvrait les portes de lassimilation la plus lénifiante. En refusant de franchir le seuil du salut, ils se mettaient, ainsi, hors de la sollicitude de Dieu ; bien sûr, cette divinité-ci se confond avec la puissance du jour ; elle brillait des éclats du mensonge doré, à limage dun certain veau. Cest en son nom que les réalistes édictaient, hier, la vertu pieuse de lobéissance à un Colonel philistin et accablé de mégalomanie. Pour complaire au Prince par accident, ils ont instruit, à charge, contre les quelques mauritaniens encore capables de marcher debout et droit. Ils en livrèrent charretée, pleine, aux ardeurs tempétueuses des préposés à la question. Comment une société de civilisation rétribue de telles gens ? Par égard aux âmes sensibles, jélude la réponse.
Que mes vomisseurs habituels me permettent, cependant, une précaution, sils ne mont déjà condamné : je ne professe dinvective à la foi sacrée de personne. Mon Jihad à moi est séculier ; il poursuit léradication de lincompétence et le rétablissement du mérite, dans le service de la collectivité. Athées, idolâtres, musulmans, hétérodoxes schismatiques de je ne sais quelle croyance panthéiste, il revient, à chacun, le choix de sa dose dopium ou de son bout despérance ici bas.
Je soutiens la loi Bettah et prétends quelle constitue, peut-être, la première fissure dans le socle inégalitaire de la Mauritanie. Je regrette, néanmoins, quelle naille plus avant ; des dizaines de juges, greffiers et avocaillons, tous avortons de lère Ould Taya, polluent encore la minute et les audiences ; lancien bâtonnier nignore, au sou près, la mesquinerie de leurs rapines, commises, sur le pauvre mouton de prétoire. Nous espérons lextension et lachèvement de luvre de salubrité publique. Les marches du Palais de Justice attendent de vibrer sous lavalanche des têtes bouffies de concussionnaires.
Aujourdhui, ils font mine de reconquérir quelque dignité et démissionnent ; de grâce, que personne ne les retienne au bord du précipice ! Allez, soyons charitables, gratifions la vermine dun coup dinsecticide ! Super Baygon amortit la chute.
Abdel Nasser Ould Othman SidAhmed Yessa
Le texte stipule que les juges n'exerceront pas d'activité partisane et se garderont de négoces privés, deux cumuls incompatibles avec l'impartialité des arbitres du litige dans la cité.
Par la même occasion mais avec parcimonie, le Ministre lève la règle - implicite mais de poids - des recrutements fondés sur la primat de l'Arabe. Désormais, il ne sera plus obligatoire de connaître la Charia ni de pratiquer la langue officielle pour trancher des contentieux, lesquels, d'ailleurs, débordent, de plus en plus, la sphère des Houdoud ; des juges diront aussi le droit, en fonction de critères de spécialité, de conformité aux besoins de la vie moderne et, surtout, de probité empirique. Enfin, les praticiens arbitres de nos conflits devront, préalablement, déclarer leur patrimoine. Aïe, la lumière brûle les mains lestes du voleur !
Face à la volonté de réforme dont nul ne contesterait la pertinence, quelques uns, parmi les plus compromis dans la corruption et la docilité au pouvoir déchu du Colonel Ould Taya, ont cru bon de se démettre, à titre de protestation, contre "l'atteinte à l'indépendance de la justice". Evidemment, il s'agit d'un prétexte; l'enjeu est à la fois matériel et idéologique.
Depuis la tentative d'épuration raciale de 1989 et le repli ethnocentrique qui la prolongeait, l'administration mauritanienne a été livrée au vandalisme de centaines de cadres, mal formés, revanchards et, mentalité bédouine oblige, profondément imbus de tribalisme et de trafic d'influence. Cet fait accompli, commandé par un contexte dexception, a fini par durer, pour devenir l'assise même du système de domination ethnique. Ainsi, des milliers de fonctionnaires négro-africains furent licenciés sans droit ou ont dû se marginaliser dun univers dont ils ne comprenaient plus les signes. Les épreuves des concours dentrée à la plupart des fonctions de lEtat ne se dérouleront plus quen Arabe, doù la mise à lécart indolore dune catégorie de mauritaniens. Du jour au suivant, des avocats francophones cessèrent de plaider ; ils fermèrent cabinet et renduirent les clefs au diable, dorénavant seul maître à bord du navire en dérive; en quelques brèves années, sans la pédagogie ni la douceur que requièrent de telles évolutions, le pays a changé de gouvernants, sur la base de la préférence identitaire dans la cooptation. Personne ne s'est ému, depuis, de cette transformation autoritaire du mode de renouvellement des élites ; la normalité de la barbarie crée lindifférence qui entretient limpunité qui produit la banalité qui émousse le sens critique ; la faculté du vouloir mieux séteint et la communauté, sans alarme, dérive à sa perdition.
Mais laspect le plus vicieux de la discrimination vient de son arrimage à la religion, sollicitée, ici, pour servir de couverture au nationalisme assabiyen, dont les cercles polycentriques font reculer, de plus en plus loin vers linfini, le projet centripète de lempathie au-delà de la parenté. En 1992, avec des amis du Mouvement des Démocrates Indépendants (MDI), nous développions, devant un auditoire de lUFD/EN passablement ébaubis par tant de hardiesse, la thèse que la « vocation arabo-islamique de la Mauritanie » serait lautre orthographe du racisme. Nos interlocuteurs nous dévisageaient avec leffroi des yeux de la Prêtrise dEgypte, face aux prédictions comminatoires, de Moïse à Pharaon. Il nous manquait le bâton magique mais nos arguments produisaient, sur lassistance, leffet de serpents enchanteurs. Parfois, des vérités semblent si scandaleuses à entendre que lauditeur ny objecte, demblée. Encore, aujourdhui, nul na pu nous opposer une réfutation qui persuade. Quant lon sadosse à la réalité, le contradicteur na plus quune alternative : se taire ou vous loger une balle dans le crâne.
Avant de subir cette extrémité, jaffirme que lostracisme mauritanien féconde lEtat depuis quelques décennies ; il sut y parvenir sous le bouclier dune instrumentalisation de lIslam, aux fins dinstaurer lhomonymie entre Hassanité et préférence de Dieu. Il fallait un personnel dirigeant qui fût homogène par la naissance et la langue. Si les négro-africains souhaitaient rester juges ou avocats, dans la République éponyme, quils apprissent le droit musulman, donc lArabe ! LInstitut Supérieur dEtudes et de Recherches Islamiques (ISERI) leur ouvrait les portes de lassimilation la plus lénifiante. En refusant de franchir le seuil du salut, ils se mettaient, ainsi, hors de la sollicitude de Dieu ; bien sûr, cette divinité-ci se confond avec la puissance du jour ; elle brillait des éclats du mensonge doré, à limage dun certain veau. Cest en son nom que les réalistes édictaient, hier, la vertu pieuse de lobéissance à un Colonel philistin et accablé de mégalomanie. Pour complaire au Prince par accident, ils ont instruit, à charge, contre les quelques mauritaniens encore capables de marcher debout et droit. Ils en livrèrent charretée, pleine, aux ardeurs tempétueuses des préposés à la question. Comment une société de civilisation rétribue de telles gens ? Par égard aux âmes sensibles, jélude la réponse.
Que mes vomisseurs habituels me permettent, cependant, une précaution, sils ne mont déjà condamné : je ne professe dinvective à la foi sacrée de personne. Mon Jihad à moi est séculier ; il poursuit léradication de lincompétence et le rétablissement du mérite, dans le service de la collectivité. Athées, idolâtres, musulmans, hétérodoxes schismatiques de je ne sais quelle croyance panthéiste, il revient, à chacun, le choix de sa dose dopium ou de son bout despérance ici bas.
Je soutiens la loi Bettah et prétends quelle constitue, peut-être, la première fissure dans le socle inégalitaire de la Mauritanie. Je regrette, néanmoins, quelle naille plus avant ; des dizaines de juges, greffiers et avocaillons, tous avortons de lère Ould Taya, polluent encore la minute et les audiences ; lancien bâtonnier nignore, au sou près, la mesquinerie de leurs rapines, commises, sur le pauvre mouton de prétoire. Nous espérons lextension et lachèvement de luvre de salubrité publique. Les marches du Palais de Justice attendent de vibrer sous lavalanche des têtes bouffies de concussionnaires.
Aujourdhui, ils font mine de reconquérir quelque dignité et démissionnent ; de grâce, que personne ne les retienne au bord du précipice ! Allez, soyons charitables, gratifions la vermine dun coup dinsecticide ! Super Baygon amortit la chute.
Abdel Nasser Ould Othman SidAhmed Yessa