Je suis un mauritanien né pendant les années 1970 à Sélibaby, la capitale régionale du Guidimakha. Aujourd’hui, je vis en exil loin de mon pays. C’est comme citoyen que j’ai décidé vous d’adresser cette lettre à la première personnalité du pays que vous êtes.
Je commence d’abord par un rappel historique du contexte politique de la Mauritanie.
Pour les populations ouest africaines, les années 70 ont été une période de grande sécheresse, mais dans le contexte mauritanien, c’est la guerre entre la Mauritanie et le Sahara occidental qui marqua les esprits. Durant cette guerre beaucoup de mauritaniens originaires de la vallée du fleuve Sénégal ont donné leur vie pour la défense de la patrie.
Rapidement la junte militaire d’antan a compris l’absurdité d’un tel conflit où des hassanyas de Mauritanie doivent tuer leurs frères sahraouis. C’est ainsi qu’en 1978, le père fondateur du pays Moctar Ould Daddah fût renversé par un coup d’état militaire, le premier d’une série de reversement du pouvoir par les militaires.
En 1980 Mohamed Khouna accède au pouvoir et sera renversé à son tour par Maouiya Ould Sid’Ahmed Taya en 1984. C’est pendant le règne de ce dernier que les dérives étatiques seront plus criantes. Elles sont marquées en 1986 par la chasse au « kori » (africain en hassanya) suite à la publication du Manifeste du négro-mauritanien Opprimé (source : site Internet du FLAM). Un document produit par des cadres négro-africains patriotes dans lequel on explique clairement la prise en otage du pays par une frange panarabe extrémiste qui rêve d’édifier un état purement arabe débarrassé des Koiri, puissent qu’ils seront jetés dans le fleuve Sénégal à l’image du comportement d’Eugène Terre blanche face aux populations noires d’Afrique du Sud.
Suite à la publication de ce manifeste, la réaction du pouvoir de Taya a été terrible. Le noir mauritanien doit payer pour avoir osé s’exprimer haut et montrer aux yeux de l’opinion publique nationale et internationale le visage d’un APARTHEID sahélien.
Face à la répression aveugle du tyran Taya, un groupe de ressortissants de la vallée ambitionnerait de le reverser (en 1987) afin d’établir l’équilibre entre arabes et africains. Malheureusement la tentative de coup d’état en question n’a pas eu un début d’exécution et les présumés commanditaires Sarr Amadou, Sy Saïdou Daouda et Ba Seydi Amadou ont été pendus le 6 décembre 1987 sans aucune forme de procès.
Cette répression va continuer avec le célèbre mouroir de Walata où d’imminents intellectuels noirs sont morts dont le seul tord est d’avoir une couleur de peau et une culture différente de leur concitoyen maure, parmi ceux-ci l’écrivain et ancien ambassadeur de la Mauritanie aux Nations unies Téné Youssou Gueye.
En 1989, suite à un banal conflit entre éleveurs peulhs mauritaniens et agriculteurs sénégalais soninko, le pouvoir de Nouakchott profita de la situation pour torturer, violer, exécuter et déporter ces propres concitoyens et concitoyennes au Mali et au Sénégal (120 000 déportés). Entre 1990-1991, ce sont plus de 500 militaires négro-mauritaniens qui furent tués dont 28 pendant la nuit du 27 au 28 novembre 1990 à Inal, jour anniversaire de l’accession de notre pays à l’indépendance.
Récemment le 8 juin 2003, le régime de Taya était suspendu au fil d’un rasoir pendant 48 heures suite à une opération commando des cavaliers du changement avec en leur tête le commandant Ould Hanané.
Tout ce détour historique pour dire que je suis issu d’une génération qui a vécu dans l’instabilité et la répression totale. Mais également une génération qui a connu de plein fouet l’exode vers d’autres horizons afin d’exercer leur talent sans marchandage et en toute liberté de conscience.
Avec le coup d’état du 3 août 2005, Monsieur Ely Mohammed Vall chef du Comité militaire pour la justice et la démocratie (CMJD), et président de la Mauritanie, tout le pays a rêvé d’une ère nouvelle. Malheureusement en jugé par vos propos, la transition semble réellement en dérive. Certains signes ne trompent pas notamment lors de votre déplacement du 6 mars au Sénégal, au courant du quel au lieu que vous fassiez une visite surprise aux camps de réfugiés mauritaniens dans ce pays, vous n’aviez rien trouvé de mieux que de leurs traités de vulgaires aventuriers.
De plus vos récentes déclarations dans la vallée (Sélibaby, Aleg et Kaédi) n’ont de rien de rassurant.
Comme dit l’adage, il n’est JAMAIS tard pour mieux faire, mon colonel, prenez les choses en main, pour cela vous disposez de quelques mois encore avant les élections présidentielles de mars 2007. Pour se faire, je pense que le pouvoir actuel sous votre impulsion doit mettre en place une plateforme avec tous les partis politiques et organisations civiles de défense de droit humain afin de prendre des engagements officiels pour le règlement de principales entraves au développement de notre pays :
1- retour organisé de nos déportés du Sénégal et Mali et leur insertion effective
2- établissement d’un plan crédible pour l’éradication de l’esclavage en Mauritanie
3- commission vérité et réconciliation sur les crimes commis par l’ancien régime
4- audit crédible sur les détournements de fonds publiques et déférer les délinquants financiers devant les tribunaux du pays
5- établir un mécanisme de partage cohérent du pouvoir entre les entités arabophone et négro-africaine du pays
Sans ces préalables, Monsieur le président, je pense que la transition née du renversement de Ould Taya aura accouchée d’une souris. Et les vrais tenanciers du pouvoir d’antan continueront à sévir tel le serpent à sept têtes de notre ancien et prestigieux Empire du Ghana qui engloutissait toutes les belles filles du royaume. À la différence, le système démon de Ould Taya dévore sans distinction fils et filles de notre cher pays.
Les exemples de charniers ne manquent malheureusement pas, je cite : Walata, Inal, Jreïda etc.
Il est vrai qu’une des têtes du serpent est tombée le 3 août passé, cependant il reste encore six et aussi plusieurs tentacules parmi lesquelles on a :
- une gestion solitaire de la transition par le CMJD;
- un président qui régurgite le discours de son ancien parton qui est aujourd’hui en exil doré au Qatar, à savoir le refus de reconnaître les événements douloureux de 1986, 1989-1992 qui ont frappés principalement la communauté négro-africaine.
- un chef de gouvernement qui est du recyclé de l’ancien régime;
- un PRDS qui devient PRDR comme un caméléon et continue à infiltrer d’autres partis politiques qui n’ont d’objectifs que l’accession au pouvoir et ont l’espoir de voler d’avantage des ressources naturelles de la Mauritanie.
- des nominations tribales aux postes stratégiques dans l’administration centrale, locale et dans les chancelleries, sans oublier les gouverneurs et préfets. Ces derniers présentent pour les régions de la vallée le visage de la colonisation car la plupart ces autorités locales ne comprennent un iota des langues des populations du sud et le plus souvent ils les méprisent.
- des présumés islamistes croupissent dans nos prisons sans aucun jugement.
Monsieur le président, plusieurs voix vous ont demandé de rectifier le tir. Si vous continuer à ne pas tenir compte de ces opinions, je pense que vous auriez une grande responsabilité face aux générations futures notamment sur le risque de guerre civile au pays.
Je suis convaincu que plusieurs patriotes n’attendent qu’un signe de votre ami et compagnon le Lieutenant de Vaisseau Diop Moustapha pour entrer en dissidence et cette fois il y aura une vraie transition, pour cela peu importe le coût.
Que Dieu protège la Mauritanie!
Hadiétou Diadié Camara
Chimiste, Ph. D
Canada
Je commence d’abord par un rappel historique du contexte politique de la Mauritanie.
Pour les populations ouest africaines, les années 70 ont été une période de grande sécheresse, mais dans le contexte mauritanien, c’est la guerre entre la Mauritanie et le Sahara occidental qui marqua les esprits. Durant cette guerre beaucoup de mauritaniens originaires de la vallée du fleuve Sénégal ont donné leur vie pour la défense de la patrie.
Rapidement la junte militaire d’antan a compris l’absurdité d’un tel conflit où des hassanyas de Mauritanie doivent tuer leurs frères sahraouis. C’est ainsi qu’en 1978, le père fondateur du pays Moctar Ould Daddah fût renversé par un coup d’état militaire, le premier d’une série de reversement du pouvoir par les militaires.
En 1980 Mohamed Khouna accède au pouvoir et sera renversé à son tour par Maouiya Ould Sid’Ahmed Taya en 1984. C’est pendant le règne de ce dernier que les dérives étatiques seront plus criantes. Elles sont marquées en 1986 par la chasse au « kori » (africain en hassanya) suite à la publication du Manifeste du négro-mauritanien Opprimé (source : site Internet du FLAM). Un document produit par des cadres négro-africains patriotes dans lequel on explique clairement la prise en otage du pays par une frange panarabe extrémiste qui rêve d’édifier un état purement arabe débarrassé des Koiri, puissent qu’ils seront jetés dans le fleuve Sénégal à l’image du comportement d’Eugène Terre blanche face aux populations noires d’Afrique du Sud.
Suite à la publication de ce manifeste, la réaction du pouvoir de Taya a été terrible. Le noir mauritanien doit payer pour avoir osé s’exprimer haut et montrer aux yeux de l’opinion publique nationale et internationale le visage d’un APARTHEID sahélien.
Face à la répression aveugle du tyran Taya, un groupe de ressortissants de la vallée ambitionnerait de le reverser (en 1987) afin d’établir l’équilibre entre arabes et africains. Malheureusement la tentative de coup d’état en question n’a pas eu un début d’exécution et les présumés commanditaires Sarr Amadou, Sy Saïdou Daouda et Ba Seydi Amadou ont été pendus le 6 décembre 1987 sans aucune forme de procès.
Cette répression va continuer avec le célèbre mouroir de Walata où d’imminents intellectuels noirs sont morts dont le seul tord est d’avoir une couleur de peau et une culture différente de leur concitoyen maure, parmi ceux-ci l’écrivain et ancien ambassadeur de la Mauritanie aux Nations unies Téné Youssou Gueye.
En 1989, suite à un banal conflit entre éleveurs peulhs mauritaniens et agriculteurs sénégalais soninko, le pouvoir de Nouakchott profita de la situation pour torturer, violer, exécuter et déporter ces propres concitoyens et concitoyennes au Mali et au Sénégal (120 000 déportés). Entre 1990-1991, ce sont plus de 500 militaires négro-mauritaniens qui furent tués dont 28 pendant la nuit du 27 au 28 novembre 1990 à Inal, jour anniversaire de l’accession de notre pays à l’indépendance.
Récemment le 8 juin 2003, le régime de Taya était suspendu au fil d’un rasoir pendant 48 heures suite à une opération commando des cavaliers du changement avec en leur tête le commandant Ould Hanané.
Tout ce détour historique pour dire que je suis issu d’une génération qui a vécu dans l’instabilité et la répression totale. Mais également une génération qui a connu de plein fouet l’exode vers d’autres horizons afin d’exercer leur talent sans marchandage et en toute liberté de conscience.
Avec le coup d’état du 3 août 2005, Monsieur Ely Mohammed Vall chef du Comité militaire pour la justice et la démocratie (CMJD), et président de la Mauritanie, tout le pays a rêvé d’une ère nouvelle. Malheureusement en jugé par vos propos, la transition semble réellement en dérive. Certains signes ne trompent pas notamment lors de votre déplacement du 6 mars au Sénégal, au courant du quel au lieu que vous fassiez une visite surprise aux camps de réfugiés mauritaniens dans ce pays, vous n’aviez rien trouvé de mieux que de leurs traités de vulgaires aventuriers.
De plus vos récentes déclarations dans la vallée (Sélibaby, Aleg et Kaédi) n’ont de rien de rassurant.
Comme dit l’adage, il n’est JAMAIS tard pour mieux faire, mon colonel, prenez les choses en main, pour cela vous disposez de quelques mois encore avant les élections présidentielles de mars 2007. Pour se faire, je pense que le pouvoir actuel sous votre impulsion doit mettre en place une plateforme avec tous les partis politiques et organisations civiles de défense de droit humain afin de prendre des engagements officiels pour le règlement de principales entraves au développement de notre pays :
1- retour organisé de nos déportés du Sénégal et Mali et leur insertion effective
2- établissement d’un plan crédible pour l’éradication de l’esclavage en Mauritanie
3- commission vérité et réconciliation sur les crimes commis par l’ancien régime
4- audit crédible sur les détournements de fonds publiques et déférer les délinquants financiers devant les tribunaux du pays
5- établir un mécanisme de partage cohérent du pouvoir entre les entités arabophone et négro-africaine du pays
Sans ces préalables, Monsieur le président, je pense que la transition née du renversement de Ould Taya aura accouchée d’une souris. Et les vrais tenanciers du pouvoir d’antan continueront à sévir tel le serpent à sept têtes de notre ancien et prestigieux Empire du Ghana qui engloutissait toutes les belles filles du royaume. À la différence, le système démon de Ould Taya dévore sans distinction fils et filles de notre cher pays.
Les exemples de charniers ne manquent malheureusement pas, je cite : Walata, Inal, Jreïda etc.
Il est vrai qu’une des têtes du serpent est tombée le 3 août passé, cependant il reste encore six et aussi plusieurs tentacules parmi lesquelles on a :
- une gestion solitaire de la transition par le CMJD;
- un président qui régurgite le discours de son ancien parton qui est aujourd’hui en exil doré au Qatar, à savoir le refus de reconnaître les événements douloureux de 1986, 1989-1992 qui ont frappés principalement la communauté négro-africaine.
- un chef de gouvernement qui est du recyclé de l’ancien régime;
- un PRDS qui devient PRDR comme un caméléon et continue à infiltrer d’autres partis politiques qui n’ont d’objectifs que l’accession au pouvoir et ont l’espoir de voler d’avantage des ressources naturelles de la Mauritanie.
- des nominations tribales aux postes stratégiques dans l’administration centrale, locale et dans les chancelleries, sans oublier les gouverneurs et préfets. Ces derniers présentent pour les régions de la vallée le visage de la colonisation car la plupart ces autorités locales ne comprennent un iota des langues des populations du sud et le plus souvent ils les méprisent.
- des présumés islamistes croupissent dans nos prisons sans aucun jugement.
Monsieur le président, plusieurs voix vous ont demandé de rectifier le tir. Si vous continuer à ne pas tenir compte de ces opinions, je pense que vous auriez une grande responsabilité face aux générations futures notamment sur le risque de guerre civile au pays.
Je suis convaincu que plusieurs patriotes n’attendent qu’un signe de votre ami et compagnon le Lieutenant de Vaisseau Diop Moustapha pour entrer en dissidence et cette fois il y aura une vraie transition, pour cela peu importe le coût.
Que Dieu protège la Mauritanie!
Hadiétou Diadié Camara
Chimiste, Ph. D
Canada