Des électeurs et électrices dans une file d'attente devant un bureau de vote pour le référendum à Nouakchott (Mauritanie), le 25 juin 2006.
ans ce quartier populaire, les files d'attente s'étirent au soleil. D'un côté les femmes, assises par terre, de l'autre, les hommes, comme le veut la tradition en République islamique de Mauritanie. Les gens se parlent sans réserve.
"Voter oui (au référendum constitutionnel de dimanche 25 juin) nous permet de ne plus laisser un président trente ans ou quarante ans au pouvoir, deux mandats suffisent largement, c'est même un peu trop", confie cet habitant, originaire de la vallée du fleuve Sénégal.
"Nous avons été victimes de l'obscurité durant 25 ans, maintenant il faut que le peuple se réveille. Notre système d'éducation est pourri, l'administration est fatiguée, nous sommes un peuple d'ignorants", s'énerve ce Maure, pour qui le nouveau chef de l'Etat, Ely Ould Mohammed Vall, a "libéré les Mauritaniens" en prenant le pouvoir en août 2005.
Si les plus avisés veulent croire au changement et disent avoir lu les amendements constitutionnels, beaucoup ont aussi voté par mimétisme, sans conviction. La veille du scrutin, certains croyaient élire un homme politique. Le bulletin unique testé pour la première fois dans le pays a déstabilisé plus d'un électeur, surtout les illettrés. Ils posaient parfois "trop de questions auxquelles les membres du bureau de vote ne doivent pas accepter de répondre", raconte un observateur de la commission électorale nationale indépendante.
GARANTIR L'ALTERNANCE
Sensibilisés par une campagne officielle de plusieurs semaines à laquelle il faut ajouter les consignes des partis politiques - lesquels ont en majorité appelé à voter pour les amendements constitutionnels -, les Mauritaniens ont voté en masse.
La participation annoncée frise les 70 % d'après les grandes tendances données dans la nuit de dimanche à lundi par le ministère de l'intérieur. Les partisans du oui réuniraient 90 % des votes.
Ces chiffres inespérés sonnent comme une victoire pour la junte militaire qui a concocté ce projet de Constitution pour empêcher les hommes d'Etat de rester trop longtemps au pouvoir. La nouvelle Constitution, si elle est adoptée, réduit la durée du mandat présidentiel à cinq ans (contre six actuellement) et n'autorise qu'un renouvellement.
"Si le président reste au pouvoir pendant 18, 20 ou 30 ans et qu'il projette de le passer à son fils ou à une personne de son choix, il s'agira alors d'un pouvoir personnel et d'une manière de diriger qui ne tient pas compte de l'intérêt du pays ni de l'intérêt du citoyen", a expliqué le colonel Ely Ould Mohammed Vall, président du Conseil militaire pour la justice et la démocratie, au pouvoir.
Plusieurs verrous ont été ajoutés par précaution. Un garde-fou religieux d'abord. Le futur élu devra prêter serment devant Allah, et assurer qu'il n'appuiera aucun projet de révision de la Constitution qui porterait atteinte aux attributs du mandat présidentiel.
Un verrou juridique ensuite. Selon l'article 99, aucune procédure de révision de la Constitution ne peut être engagée si elle remet en cause le quinquennat présidentiel renouvelable une seule fois.
Pour rompre avec les pratiques du président déchu Maaouya Ould Taya, au pouvoir de 1984 à 2005, et éviter l'émergence d'un parti-Etat, la nouvelle Constitution interdit au chef de l'Etat de diriger un parti politique.
Idéalement, ces mesures doivent garantir l'alternance pacifique, dans un pays qui n'a connu de changement de président que par des coups d'Etat depuis son indépendance, en 1960. Une élection présidentielle devrait se tenir en mars 2007.
Marie-Pierre Olphand
"Voter oui (au référendum constitutionnel de dimanche 25 juin) nous permet de ne plus laisser un président trente ans ou quarante ans au pouvoir, deux mandats suffisent largement, c'est même un peu trop", confie cet habitant, originaire de la vallée du fleuve Sénégal.
"Nous avons été victimes de l'obscurité durant 25 ans, maintenant il faut que le peuple se réveille. Notre système d'éducation est pourri, l'administration est fatiguée, nous sommes un peuple d'ignorants", s'énerve ce Maure, pour qui le nouveau chef de l'Etat, Ely Ould Mohammed Vall, a "libéré les Mauritaniens" en prenant le pouvoir en août 2005.
Si les plus avisés veulent croire au changement et disent avoir lu les amendements constitutionnels, beaucoup ont aussi voté par mimétisme, sans conviction. La veille du scrutin, certains croyaient élire un homme politique. Le bulletin unique testé pour la première fois dans le pays a déstabilisé plus d'un électeur, surtout les illettrés. Ils posaient parfois "trop de questions auxquelles les membres du bureau de vote ne doivent pas accepter de répondre", raconte un observateur de la commission électorale nationale indépendante.
GARANTIR L'ALTERNANCE
Sensibilisés par une campagne officielle de plusieurs semaines à laquelle il faut ajouter les consignes des partis politiques - lesquels ont en majorité appelé à voter pour les amendements constitutionnels -, les Mauritaniens ont voté en masse.
La participation annoncée frise les 70 % d'après les grandes tendances données dans la nuit de dimanche à lundi par le ministère de l'intérieur. Les partisans du oui réuniraient 90 % des votes.
Ces chiffres inespérés sonnent comme une victoire pour la junte militaire qui a concocté ce projet de Constitution pour empêcher les hommes d'Etat de rester trop longtemps au pouvoir. La nouvelle Constitution, si elle est adoptée, réduit la durée du mandat présidentiel à cinq ans (contre six actuellement) et n'autorise qu'un renouvellement.
"Si le président reste au pouvoir pendant 18, 20 ou 30 ans et qu'il projette de le passer à son fils ou à une personne de son choix, il s'agira alors d'un pouvoir personnel et d'une manière de diriger qui ne tient pas compte de l'intérêt du pays ni de l'intérêt du citoyen", a expliqué le colonel Ely Ould Mohammed Vall, président du Conseil militaire pour la justice et la démocratie, au pouvoir.
Plusieurs verrous ont été ajoutés par précaution. Un garde-fou religieux d'abord. Le futur élu devra prêter serment devant Allah, et assurer qu'il n'appuiera aucun projet de révision de la Constitution qui porterait atteinte aux attributs du mandat présidentiel.
Un verrou juridique ensuite. Selon l'article 99, aucune procédure de révision de la Constitution ne peut être engagée si elle remet en cause le quinquennat présidentiel renouvelable une seule fois.
Pour rompre avec les pratiques du président déchu Maaouya Ould Taya, au pouvoir de 1984 à 2005, et éviter l'émergence d'un parti-Etat, la nouvelle Constitution interdit au chef de l'Etat de diriger un parti politique.
Idéalement, ces mesures doivent garantir l'alternance pacifique, dans un pays qui n'a connu de changement de président que par des coups d'Etat depuis son indépendance, en 1960. Une élection présidentielle devrait se tenir en mars 2007.
Marie-Pierre Olphand