Les Forces de Libération Africaines de Mauritanie (FLAM), une organisation qui prônait la lutte armée, sont nées on se le rappelle en 1983 (14 mars) dans un contexte marqué par de graves restrictions à la liberté dans le pays.
En réaction à la publication du Manifeste du Négro-mauritanien opprimé, un pamphlet au vitriol distribué à l’époque lors d’un sommet de l’OUA, le pouvoir émergeant de Ould Taya n’y était pas allé de main morte en procédant à une vaste campagne d’arrestations et d’exactions contre la communauté négro-mauritanienne dont une bonne partie des cadres furent victimes de cette répression aveugle. C’est en réaction à cette répression que les FLAM - dont les dirigeants ont été parmi les principales victimes - sont nées.
Ainsi après près de vingt ans de clandestinité, les FLAM qui, entre temps, ont connu une scission ont profité à la chute de leur bête noire pour rentrer enfin au bercail à la faveur d’une nouvelle main tendue par le CMJD.
C’est dans ce cadre que s’inscrit le retour de la branche modérée des FLAM dénommée FLAM-Rénovation dont la mission exploratoire qui vient d’être reçue par les nouvelles autorités a donné une conférence de presse ce dimanche matin à Nouakchott pour clarifier ses positions.
L’approche du mouvement à l’égard de la situation du pays est consignée dans un document de FLAM-Rénovation datant d’avril 2006, un document qui a été distribué à la presse et aux partis politiques. Des précisions seront apportées au cours de la conférence de presse animée par des dirigeants du mouvement. Il s’agit de son Président Bâ Mamadou Moctar, du porte-parole Diagana Boubacar, de Hamedine Kane, chargé des relations extérieures et de deux membres du Conseil national, Diagana Ousmane et Thierno Diako. On notait au cours de cette conférence de presse une forte présence de la classe politique qui a été dans sa quasi-totalité représentée au plus haut niveau. C’est ainsi qu’en dehors du FP dont le président M. Chibh a fait une intervention très remarquée et très appréciée, on notait la présence dans la salle des représentants de l’APP, du Hatem, de l’UFP, du RFD, de l’AJD, de l’UNDD, des islamistes… La société civile était également très bien représentée sans parler de la presse qui ne tenait pas à manquer une telle sortie.
Les grands axes du mémorandum
Le mémorandum de FLAM-Rénovation tourne autour de 3 axes dont le premier fait un diagnostic de la " crise profonde et multiforme " que traverse le pays.
Ce passage dresse un constat de la crise multidimensionnelle que vit la Mauritanie depuis plusieurs décennies. " Cette crise peut-on lire a une dimension culturelle, identitaire et raciale et recouvre l’ensemble des secteurs de la vie de notre pays".
Sur le plan politique, on note qu’après près de 20 années sous le règne du parti unique suivi d’un quart de siècle de régime d’exception et de pouvoirs personnels, " le peuple était privé de toute perspective de liberté, de justice et de démocratie".
Au plan économique, le développement du pays était bloqué, dit-on, non seulement par un environnement hostile mais aussi et surtout par " la mauvaise gestion des ressources, des choix d’investissement hasardeux engagés dans les années 80 et une mauvaise politique de redistribution des richesses engagées par l’Etat".
Au plan social, le document souligne la persistance de l’esclavage et le manque d’une réelle volonté pour son éradication. Il s’agit là fait-on remarquer d’un mauvais service pour l’image du pays. On souligne par ailleurs la crise des valeurs, la généralisation du chômage, les différences de traitement en matière culturelle et éducative et le statut quo actuel autour de la gestion des terres irrigables de la vallée.
Le " pacte de réconciliation nationale ", second point développé dans ce document. Là on peut lire qu’"en Mauritanie comme dans toutes les sociétés post-conflits, la réconciliation nationale est nécessaire. Celle-ci requiert d’abord la manifestation de la vérité et l’établissement de la justice sans complaisance aucune, mais aussi sans haine, ni esprit de vengeance", une belle leçon de tolérance qui préconise qu’il ne s’agit que de réparer et de pardonner. Pour ce faire, le document qui souligne que la réconciliation demande un minimum de volonté souhaite que les conditions soient créées pour l’établissement d’une culture de tolérance.
Enfin, le dernier point du document est axé sur les revendications des FLAM-Rénovation qui demandent, entre autres, l’urgence et la nécessité de connaître la vérité sur les violations perpétrées par les forces armées et de sécurité notamment les viols, les disparitions, les déportations, les exécutions sommaires et les massacres des populations.
Autre revendication, c’est l’organisation du retour des déportés au Sénégal et au Mali et leur intégration dans leurs droits. La nécessité de mettre fin à l’impunité. Enfin, la nécessité de mettre en place un organisme de surveillance et de lutte contre toute forme de discrimination. La décentralisation et le système éducatif figurent en bonne place parmi ces revendications.
Déroulement de la conférence de presse
Prenant le premier la parole, Diagana Boubacar, porte-parole du mouvement a remercié le public présent notant au passage qu’il s’agissait là de la première sortie des FLAM-Rénovation qui, disent-il en faveur du putsch du 3 août, ont profité de la brèche entrouverte par les nouvelles autorités pour rentrer au bercail. Nous revenons, dit-il, à un moment important dans l’histoire du pays.
S’adressant à l’assistance à son tour, Bâ Mamadou Moctar après avoir remercié la presse, les dirigeants politiques et les associations de la société civile pour leur présence massive qui, dit-il nous va tout droit au cœur, affirme qu’ils sont contents de revenir au pays après près de 20 ans d’exil. Revenant sur la création des FLAM le 14 mars 1983, il dit que l’objectif du mouvement c’était de faire prendre conscience à la communauté noire de sa situation de marginalisée. Donc c’est le fait d’avoir prôné un débat national et la nécessité d’une cohabitation que les FLAM avaient à l’époque provoqué l’ire des autorités. La répression qui s’en suivra allait inciter les dirigeants du mouvement -dont M. Bâ qui avait purgé plus de 3 ans en prison - à prôner la lutte armée contre le pouvoir en place. Fustigeant au passage ceux qui, à la veille de la chute de Taya, l’applaudissaient encore et n’eurent pas froid aux yeux de le vouer aux gémonies juste après sa chute, Bâ a vivement dénoncé la bassesse d’un tel comportement qui dénote d’une malhonnêteté flagrante et d’une déliquescence morale certaine.
Donc, conclura Bâ, avec le CMJD, les FLAM-R ont compris que leur place est ici pour contribuer à la construction d’une société juste et pacifique. Bâ note que leur objectif présentement est de porter les problèmes d la communauté noire au rang de problèmes nationaux qui concernent toute la nation qui doit contribuer à les résoudre. Il affirma au passage qu’ils ne disposent pas de moyens et que leur principale arme se sont leurs convictions. Bâ a prôné la mise en place d’un pacte de réconciliation nationale pour penser la déchirure que vit le pays. Le rôle du politicien n’est pas, dit-il de pérorer à longueur de journée sur le problème des déportés et le passif humanitaire mais de contribuer à la solution des problèmes en s’impliquant totalement et en prenant des initiatives courageuses et constructives.
Après cette intervention très applaudie du président des FLAM-R c’est autour de M. Chibh, président du FP qui tenait à témoigner son soutien et sa solidarité qui, dit-il, ne date pas d’aujourd’hui aux dirigeants de ce mouvement pour qui il a souhaité la bienvenue en Mauritanie. Chbih s’est empressé de souligner, nous ne sommes pas plus mauritaniens qu’eux. Au contraire, ils ont eu le courage de dire non à l’arbitraire à un moment où aucun n’osait lever le petit doigt. A ce titre, nous devons leur rendre hommage. Les FLAM poursuit Chbih, ont toujours été diabolisées et ses membres présentés comme des ennemis de la nation et pour être mauritanien aux yeux des ex-dirigeants, il fallait enfoncer les FLAM. Nous au FP dit Chbih, nous avons refusé cette voie.
Présentant les FLAM comme le plus important des mouvements contemporains en Mauritanie, M. Chbih affirme que trois mois durant, il a eu à discuter avec les dirigeants de ce mouvement à Paris pour créer un front de lutte commun ; ce qui lui avait d’ailleurs coûté très cher. Il est impossible de faire la Mauritanie sans eux, clama Chbih. Depuis 60, dit-il, on a commencé à faire une politique d’exclusion d’une partie des Mauritaniens. Pour Chbih qui n’a pas manqué de rappeler ses origines et ses liens étroits avec les Négro-mauritaniens, cette exclusion ne nous a pas été léguée par nos ancêtres et c’est une mauvaise voie. Il faut accepter ces gens, conclut-il, c’est là un premier pas. Nous sommes à un tournant dans la politique d’unification de ce pays.
Après ce vibrant témoignage du président du FP, on fit la place aux questions des journalistes.
A la question de savoir si les dirigeants des FLAM-R ont été reçus par les autorités, Bâ répondra par l’affirmative, disant qu’ils ont été bien reçus par les plus hautes autorités du pays à commencer par le président du CMJD. On a discuté à cœur ouvert des problèmes du pays. La diabolisation des FLAM, ils ont compris que c’était du bluff souligna-t-il.
A une question sur leur nouveau cadre de lutte, Bâ dira que les FLAM-R sont une structure provisoire qui n’a pas de légitimité. Pour le moment, ils entreprennent cette mission exploratoire. Deux options seront ensuite possibles soit intégrer un parti politique ou en créer un.
A la question de savoir s’ils vont tourner la page en faisant table rase de leurs vieilles revendications, M. Bâ a prôné le réalisme en politique en sachant affronter les problèmes en tentant toujours de les dépasser.
A la question de savoir s’il est vrai que les divergences avec l’autre branche des FLAM avaient porté sur la question, de l’autonomie, il affirma que pour arriver à une solution des problèmes de la communauté noire, plusieurs options étaient envisagées dont l’autonomie effectivement et même le fédéralisme. Par ailleurs, il a jugé ridicule la position de leurs adversaires qui les accusent de légitimer et de crédibiliser le CMJD.
Un journaliste a posé la question de savoir si le problème mauritanien est un problème de race ou de classe. En réponse, le porte-parole du mouvement a souligné que le manifeste du négro-mauritanien opprimé ne traitait pas spécifiquement une question identitaire mais il se trouve qu’il a été mal compris. Pour Bâ ce texte a été falsifié et fut l’objet de manipulations dans le but de discréditer ses initiateurs. En conclusion à cette question, Bâ a appelé à œuvrer pour abattre les barrières entre les communautés du pays qui vivent en autarcie repliée chacune sur elle-même. C’est très grave, dit-il, car le temps presse.
Intervenant à son tour, un ancien dirigeant d’une association de réfugiés a souligné que 32.500 réfugiés sont déjà rentrés au pays, la majorité, précise-t-il. Mais le problème reste entier. Ils sont marginalisés. Sur les 539 fonctionnaires rentrés au pays seuls 5 ont été réintégrés car disposant de bras longs. Près de 150 fonctionnaires du ministère de l’Intérieur et 200 agents de santé courent toujours derrière une réintégration au moment où le pays qui a cruellement un manque de ressources humaines a besoin d’eux. Ce dirigeant appelle les FLAM-R à orienter leur lutte sur ce terrain là ce que ces derniers ont promis de faire.
C’est ainsi que les rideaux sont tombés sur cette conférence de presse qui a montré qu’il faudrait désormais compter avec les FLAM-R qui en décidant de ranger leurs Kalach et en acceptant d’arborer une tenue politique prouvent par là qu’il est toujours possible d’avancer pacifiquement.
Bakari Guèye
En réaction à la publication du Manifeste du Négro-mauritanien opprimé, un pamphlet au vitriol distribué à l’époque lors d’un sommet de l’OUA, le pouvoir émergeant de Ould Taya n’y était pas allé de main morte en procédant à une vaste campagne d’arrestations et d’exactions contre la communauté négro-mauritanienne dont une bonne partie des cadres furent victimes de cette répression aveugle. C’est en réaction à cette répression que les FLAM - dont les dirigeants ont été parmi les principales victimes - sont nées.
Ainsi après près de vingt ans de clandestinité, les FLAM qui, entre temps, ont connu une scission ont profité à la chute de leur bête noire pour rentrer enfin au bercail à la faveur d’une nouvelle main tendue par le CMJD.
C’est dans ce cadre que s’inscrit le retour de la branche modérée des FLAM dénommée FLAM-Rénovation dont la mission exploratoire qui vient d’être reçue par les nouvelles autorités a donné une conférence de presse ce dimanche matin à Nouakchott pour clarifier ses positions.
L’approche du mouvement à l’égard de la situation du pays est consignée dans un document de FLAM-Rénovation datant d’avril 2006, un document qui a été distribué à la presse et aux partis politiques. Des précisions seront apportées au cours de la conférence de presse animée par des dirigeants du mouvement. Il s’agit de son Président Bâ Mamadou Moctar, du porte-parole Diagana Boubacar, de Hamedine Kane, chargé des relations extérieures et de deux membres du Conseil national, Diagana Ousmane et Thierno Diako. On notait au cours de cette conférence de presse une forte présence de la classe politique qui a été dans sa quasi-totalité représentée au plus haut niveau. C’est ainsi qu’en dehors du FP dont le président M. Chibh a fait une intervention très remarquée et très appréciée, on notait la présence dans la salle des représentants de l’APP, du Hatem, de l’UFP, du RFD, de l’AJD, de l’UNDD, des islamistes… La société civile était également très bien représentée sans parler de la presse qui ne tenait pas à manquer une telle sortie.
Les grands axes du mémorandum
Le mémorandum de FLAM-Rénovation tourne autour de 3 axes dont le premier fait un diagnostic de la " crise profonde et multiforme " que traverse le pays.
Ce passage dresse un constat de la crise multidimensionnelle que vit la Mauritanie depuis plusieurs décennies. " Cette crise peut-on lire a une dimension culturelle, identitaire et raciale et recouvre l’ensemble des secteurs de la vie de notre pays".
Sur le plan politique, on note qu’après près de 20 années sous le règne du parti unique suivi d’un quart de siècle de régime d’exception et de pouvoirs personnels, " le peuple était privé de toute perspective de liberté, de justice et de démocratie".
Au plan économique, le développement du pays était bloqué, dit-on, non seulement par un environnement hostile mais aussi et surtout par " la mauvaise gestion des ressources, des choix d’investissement hasardeux engagés dans les années 80 et une mauvaise politique de redistribution des richesses engagées par l’Etat".
Au plan social, le document souligne la persistance de l’esclavage et le manque d’une réelle volonté pour son éradication. Il s’agit là fait-on remarquer d’un mauvais service pour l’image du pays. On souligne par ailleurs la crise des valeurs, la généralisation du chômage, les différences de traitement en matière culturelle et éducative et le statut quo actuel autour de la gestion des terres irrigables de la vallée.
Le " pacte de réconciliation nationale ", second point développé dans ce document. Là on peut lire qu’"en Mauritanie comme dans toutes les sociétés post-conflits, la réconciliation nationale est nécessaire. Celle-ci requiert d’abord la manifestation de la vérité et l’établissement de la justice sans complaisance aucune, mais aussi sans haine, ni esprit de vengeance", une belle leçon de tolérance qui préconise qu’il ne s’agit que de réparer et de pardonner. Pour ce faire, le document qui souligne que la réconciliation demande un minimum de volonté souhaite que les conditions soient créées pour l’établissement d’une culture de tolérance.
Enfin, le dernier point du document est axé sur les revendications des FLAM-Rénovation qui demandent, entre autres, l’urgence et la nécessité de connaître la vérité sur les violations perpétrées par les forces armées et de sécurité notamment les viols, les disparitions, les déportations, les exécutions sommaires et les massacres des populations.
Autre revendication, c’est l’organisation du retour des déportés au Sénégal et au Mali et leur intégration dans leurs droits. La nécessité de mettre fin à l’impunité. Enfin, la nécessité de mettre en place un organisme de surveillance et de lutte contre toute forme de discrimination. La décentralisation et le système éducatif figurent en bonne place parmi ces revendications.
Déroulement de la conférence de presse
Prenant le premier la parole, Diagana Boubacar, porte-parole du mouvement a remercié le public présent notant au passage qu’il s’agissait là de la première sortie des FLAM-Rénovation qui, disent-il en faveur du putsch du 3 août, ont profité de la brèche entrouverte par les nouvelles autorités pour rentrer au bercail. Nous revenons, dit-il, à un moment important dans l’histoire du pays.
S’adressant à l’assistance à son tour, Bâ Mamadou Moctar après avoir remercié la presse, les dirigeants politiques et les associations de la société civile pour leur présence massive qui, dit-il nous va tout droit au cœur, affirme qu’ils sont contents de revenir au pays après près de 20 ans d’exil. Revenant sur la création des FLAM le 14 mars 1983, il dit que l’objectif du mouvement c’était de faire prendre conscience à la communauté noire de sa situation de marginalisée. Donc c’est le fait d’avoir prôné un débat national et la nécessité d’une cohabitation que les FLAM avaient à l’époque provoqué l’ire des autorités. La répression qui s’en suivra allait inciter les dirigeants du mouvement -dont M. Bâ qui avait purgé plus de 3 ans en prison - à prôner la lutte armée contre le pouvoir en place. Fustigeant au passage ceux qui, à la veille de la chute de Taya, l’applaudissaient encore et n’eurent pas froid aux yeux de le vouer aux gémonies juste après sa chute, Bâ a vivement dénoncé la bassesse d’un tel comportement qui dénote d’une malhonnêteté flagrante et d’une déliquescence morale certaine.
Donc, conclura Bâ, avec le CMJD, les FLAM-R ont compris que leur place est ici pour contribuer à la construction d’une société juste et pacifique. Bâ note que leur objectif présentement est de porter les problèmes d la communauté noire au rang de problèmes nationaux qui concernent toute la nation qui doit contribuer à les résoudre. Il affirma au passage qu’ils ne disposent pas de moyens et que leur principale arme se sont leurs convictions. Bâ a prôné la mise en place d’un pacte de réconciliation nationale pour penser la déchirure que vit le pays. Le rôle du politicien n’est pas, dit-il de pérorer à longueur de journée sur le problème des déportés et le passif humanitaire mais de contribuer à la solution des problèmes en s’impliquant totalement et en prenant des initiatives courageuses et constructives.
Après cette intervention très applaudie du président des FLAM-R c’est autour de M. Chibh, président du FP qui tenait à témoigner son soutien et sa solidarité qui, dit-il, ne date pas d’aujourd’hui aux dirigeants de ce mouvement pour qui il a souhaité la bienvenue en Mauritanie. Chbih s’est empressé de souligner, nous ne sommes pas plus mauritaniens qu’eux. Au contraire, ils ont eu le courage de dire non à l’arbitraire à un moment où aucun n’osait lever le petit doigt. A ce titre, nous devons leur rendre hommage. Les FLAM poursuit Chbih, ont toujours été diabolisées et ses membres présentés comme des ennemis de la nation et pour être mauritanien aux yeux des ex-dirigeants, il fallait enfoncer les FLAM. Nous au FP dit Chbih, nous avons refusé cette voie.
Présentant les FLAM comme le plus important des mouvements contemporains en Mauritanie, M. Chbih affirme que trois mois durant, il a eu à discuter avec les dirigeants de ce mouvement à Paris pour créer un front de lutte commun ; ce qui lui avait d’ailleurs coûté très cher. Il est impossible de faire la Mauritanie sans eux, clama Chbih. Depuis 60, dit-il, on a commencé à faire une politique d’exclusion d’une partie des Mauritaniens. Pour Chbih qui n’a pas manqué de rappeler ses origines et ses liens étroits avec les Négro-mauritaniens, cette exclusion ne nous a pas été léguée par nos ancêtres et c’est une mauvaise voie. Il faut accepter ces gens, conclut-il, c’est là un premier pas. Nous sommes à un tournant dans la politique d’unification de ce pays.
Après ce vibrant témoignage du président du FP, on fit la place aux questions des journalistes.
A la question de savoir si les dirigeants des FLAM-R ont été reçus par les autorités, Bâ répondra par l’affirmative, disant qu’ils ont été bien reçus par les plus hautes autorités du pays à commencer par le président du CMJD. On a discuté à cœur ouvert des problèmes du pays. La diabolisation des FLAM, ils ont compris que c’était du bluff souligna-t-il.
A une question sur leur nouveau cadre de lutte, Bâ dira que les FLAM-R sont une structure provisoire qui n’a pas de légitimité. Pour le moment, ils entreprennent cette mission exploratoire. Deux options seront ensuite possibles soit intégrer un parti politique ou en créer un.
A la question de savoir s’ils vont tourner la page en faisant table rase de leurs vieilles revendications, M. Bâ a prôné le réalisme en politique en sachant affronter les problèmes en tentant toujours de les dépasser.
A la question de savoir s’il est vrai que les divergences avec l’autre branche des FLAM avaient porté sur la question, de l’autonomie, il affirma que pour arriver à une solution des problèmes de la communauté noire, plusieurs options étaient envisagées dont l’autonomie effectivement et même le fédéralisme. Par ailleurs, il a jugé ridicule la position de leurs adversaires qui les accusent de légitimer et de crédibiliser le CMJD.
Un journaliste a posé la question de savoir si le problème mauritanien est un problème de race ou de classe. En réponse, le porte-parole du mouvement a souligné que le manifeste du négro-mauritanien opprimé ne traitait pas spécifiquement une question identitaire mais il se trouve qu’il a été mal compris. Pour Bâ ce texte a été falsifié et fut l’objet de manipulations dans le but de discréditer ses initiateurs. En conclusion à cette question, Bâ a appelé à œuvrer pour abattre les barrières entre les communautés du pays qui vivent en autarcie repliée chacune sur elle-même. C’est très grave, dit-il, car le temps presse.
Intervenant à son tour, un ancien dirigeant d’une association de réfugiés a souligné que 32.500 réfugiés sont déjà rentrés au pays, la majorité, précise-t-il. Mais le problème reste entier. Ils sont marginalisés. Sur les 539 fonctionnaires rentrés au pays seuls 5 ont été réintégrés car disposant de bras longs. Près de 150 fonctionnaires du ministère de l’Intérieur et 200 agents de santé courent toujours derrière une réintégration au moment où le pays qui a cruellement un manque de ressources humaines a besoin d’eux. Ce dirigeant appelle les FLAM-R à orienter leur lutte sur ce terrain là ce que ces derniers ont promis de faire.
C’est ainsi que les rideaux sont tombés sur cette conférence de presse qui a montré qu’il faudrait désormais compter avec les FLAM-R qui en décidant de ranger leurs Kalach et en acceptant d’arborer une tenue politique prouvent par là qu’il est toujours possible d’avancer pacifiquement.
Bakari Guèye