LE LIBAN DIVISE LA CFCD ET ISRAËL

Dans notre édition n° 1007 du 16 Juin 2007, sous le titre " Coalition des Forces du Changement Démocratique : Israël divise les partenaires ", nous nous demandions après la sortie du parti Sawab de la Coalition des Forces du Changement Démocratique, sous prétexte qu’"au cours de la réunion des présidents des partis politiques, le dimanche 11 juin 2006, pour entériner le document final devant servir de termes de références futurs à la coalition, la surprise viendra d’un parti (NDLR : le Renouveau Démocratique) qui avouera entretenir, conformément aux décisions de toutes ses instances dirigeantes, des relations avec Israël et a refusé de s’en excuser ", nous nous demandions, disons-nous, si les autres formations de la Coalition des Forces du Changement dont le "Skat-egboul" (qui se tait, accepte) a été mis à nu par Sawab, tiendront longtemps ou plutôt s’exprimeront volontiers sur les questions de la langue arabe comme langue officielle et Israël".

Force est de constater que depuis, bien des choses ont changé dans les esprits de la dizaine de partis politiques composant la CFCD. Non seulement, quelques jours après la signature, mardi 21 juin 2006, de sa déclaration de naissance, au siège du Front Populaire, la CFCD a marché, mais elle a décidé pour, sa première manifestation, d’organiser une marche, le 04 juillet, pour dénoncer l’injustice faite aux frères palestiniens.


A cette date du 04 juillet, les bombardements israéliens contre le Liban n’avaient pas encore commencé et donc la manifestation de la CFCD était plus une récupération politicienne qui visait plutôt à cacher aux populations mauritaniennes son "pro-sionisme" clairement affiché par un des leurs, que de venir au secours d’une Palestine victime des "exactions terroristes perpétrées par l’Etat sioniste" dans un contexte qui ne sortait pas de l’ordinaire.

Mais comme le dit si bien la citation "à quelque chose malheur est bon", une semaine plus tard, Israël lançait sa sale guerre contre le Liban et la CFCD se trouvait dans l’obligation de prolonger son soutien palestinien au peuple et au gouvernement libanais.

Certes le parti Sawab avait mis ses ex-amis de la CFCD dans une position délicate mais le retournement de situation né des massacres des populations libanaises a été en faveur de la Coalition qui semble prendre l’initiative avant même le Gouvernement mauritanien de condamner et dénoncer la lâche manœuvre israélienne.

D’ailleurs, la CFCD ira plus loin lors de sa conférence de presse du 14 juillet en déclarant qu’elle "condamne fermement cette barbarie agressive contre les peuples libanais et palestinien; proclame son entière solidarité avec nos frères du Liban et de la Palestine; exhorte le peuple mauritanien à soutenir avec force ses frères du Liban et de la Palestine; dénonce les déclarations du ministre mauritanien des Affaires étrangères louant les relations avec l’entité sioniste et réitère son appel à la rupture immédiate de ces relations inopportunes" !

Doit-on comprendre alors qu’elle va exclure le Renouveau Démocratique ou du moins lui demander des excuses comme l’avait exigé le parti Sawab ? La dizaine des partis politiques qui constituent la CFCD ont-ils décidé ainsi de reprendre à leur charge le slogan du Ribat contre la normalisation avec Israël ?

Quoiqu’il en soit une chose est sûre : la CFCD aura rapidement évolué et même radicalement.

Mais elle aura, qu’elle le veuille ou non, rejoint le Sawab dans son analyse selon laquelle "rester dans un projet d’une coalition dont toutes les parties ne respectent pas les principes fondamentaux et sacrés du peuple mauritanien relatifs à la place de sa langue et de sa position vis à vis de la question palestinienne qui est principale pour les arabes et les musulmans, n’est pas efficace et ne se justifie pas".

En vérité la diversité des courants politiques regroupés dans la Coalition des Forces du Changement Démocratique, notamment la présence des Islamistes Réformateurs Centristes aux côtés des ex-kadihines, des "nasséristes-Horistes" et autres Mndéistes voire des Flamistes rénovateurs (dès aujourd’hui) condamnait celle-ci à prendre tôt ou tard une position contre Israël et contre le rétablissement des relations diplomatiques de la Mauritanie avec l’Etat hébreu.

Le Liban aura donc précipité cette décision inéluctable.

Mohamed Ould Khattat
mmkhattatt@hotmail.com