LE LEADER DU PLEJ , MR BA MAMADOU ALASSANE CANDIDAT AUX PRESIDENTIELLES DE 2007

Le référendum constitutionnel du 25 juin dernier qui avait mobilisé toutes les forces vives de la nation s’est finalement déroulé dans de bonnes conditions avec une issue très favorable qui a reçu l’aval des observateurs et de la classe politique dans son ensemble et ce malgré quelques réserves émises dès le départ par certains partis comme le PLEJ qui avaient opté pour le boycott de cette consultation.

Donc au lendemain de ce que d’aucuns considèrent comme un événement politique majeur, la voie était ouverte pour la préparation des consultations suivantes dont la présidentielle est de loin celle qui suscite le plus grand intérêt. L’on se rappelle que l’UFP avait déjà pris les devants en présentant la candidature de Mohamed Ould Maouloud, il y a quelques semaines déjà.

Début juillet c’est M. Sidi Ould Cheikh Abdallahi, un ancien ministre qui annonçait en grande pompe sa candidature sous la bannière des indépendants dans un palais des congrès qui avait refusé du monde. Pour d’aucuns M. Sidi Ould Cheikh Abdallahi qui serait le candidat des Smacides bénéficie de soutiens solides au sein de certains milieux du pouvoir et les supputations vont bon train.

Aujourd’hui, c’est autour de M. Bâ Mamadou Alassane, président du Parti pour la Liberté, l’Egalité et la Justice (PLEJ) d’annoncer sa candidature à la présidentielle de mars 2007. Dans un communiqué signé par le Comité Exécutif du PLEJ en date du 10 juillet 2006 on peut lire que : " Le PLEJ a toujours boycotté les élections antérieures pour des raisons liées : aux déportés, au passif humanitaire, au refus d’enseigner toutes nos langues nationales, au manque de neutralité de l’administration dans les élections.


Compte tenu de l’existence de la Commission Nationale Electorale Nationale Indépendante, le PLEJ a pris la décision de participer non seulement aux élections présidentielles mais à toutes les élections municipales , législatives et sénatoriales. "

Notons que M. Bâ Mamadou Alassane, ancien ministre et ancien ambassadeur, ancien maire de Maghama et qui a un curriculum fort respectable n’est pas un inconnu sur la scène politique nationale où il s’était distingué par le passé par des positions fort courageuses en faveur des négro-africains dont il est incontestablement l’un des porte-drapeaux. Mais cela est-il suffisant pour prétendre à briguer la magistrature suprême. Rien n’est moins sûr. Et la première question que l’on se pose c’est : est-ce que réellement M. Bâ a les moyens de ses ambitions ? Et quel serait le projet de société autour duquel il pourrait mobiliser un électorat potentiellement significatif ?

A toutes ces interrogations, la candidat s’expliquera sans doute en donnant de plus amples détails lors de la conférence de presse qu’il envisage d’organiser autour de cette candidature. En attendant M. Bâ qui était dans nos murs ce mardi après midi nous a affirmé qu’il proposera aux électeurs une nouvelle voie fondée sur une démocratie consensuelle d’essence islamique qui selon lui est meilleure que la démocratie pluraliste fondée sur la loi de la majorité qui à l’entendre parler est un échec cuisant.

Pour le candidat du PLEJ, nous nous sommes trompés depuis 30 ans et la solution à nos problèmes réside dans nos valeurs islamiques. Le coran conclut-il est la meilleure constitution qui peut assurer bonheur, paix et prospérité. Dans son programme, il prône une égalité de chance devant le logement, l’éducation, la santé, l’eau, l’électricité, l’emploi, etc. Ce programme qui laisse une bonne place pour la cohabitation inter communautaire et la résolution de la question de l’esclavage est également axé sur la lutte contre la pauvreté, une meilleure répartition des chances et la formation des hommes de paix.

Reste maintenant à savoir sur quels soutiens concrets le président du PLEJ pourrait-il compter?
Quoiqu’il en soit, ce n’est pas sur le Bloc des Partis du Changement (BPC) une coalition de petits partis sans envergure nationale dont il est membre que ce candidat devrait compter. Et il va falloir de solides arguments à faire valoir face aux nombreux candidats potentiels issus notamment de la Coalition des Forces du Changement (CFC) qui regroupe de grosses pointures comme l’UFP, l’APP, le FP et le RFD pour ne citer que ceux-là.

La tâche sera donc ardue pour le candidat du PLEJ, un parti qui n’a pas brillé jusque-là par une présence significative sur l’échiquier politique national. Et mis à part des revendications de type identitaire et le thème tant rabâché et vidé de sa substance du passif humanitaire, on ne connaît pas pour ce parti d’autres chevaux de bataille plus mobilisateurs et pouvant susciter une forte adhésion des électeurs. De ce fait, face à une élection aussi capitale, il va falloir à ce parti mettre en place un nouveau discours et élargir son horizon en se départissant de l’étiquette fort préjudiciable de parti ethnique qui lui colle à la peau. Ce n’est qu’à ce prix que ce parti qui se cherche encore pourrait intégrer la scène nationale et prétendre à la magistrature suprême comptant ainsi sur de solides arguments. En attendant, beaucoup de progrès restent encore à faire et le PLEJ a du pain sur la planche.

Bakari Guèye